L'auteur : OhZenithO
La course : Grand Raid des Pyrénées - Le Tour des Cirques
Date : 22/8/2025
Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)
Affichage : 47 vues
Distance : 126km
Objectif : Terminer
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Ce samedi 23 août en fin de journée, j’ai l'impression d'avoir plané pendant plus de 37 heures au retour du GRP 120.
Avant
Un voyage intérieur entamé le mercredi, jour d’arrivage au Camping Le Rioumajou pour participer à ma deuxième tentative, après celle avortée de 2023 : hors délai et bon dernier au refuge de la Glère.
J'ai joué la carte du transport collectif de A à Z pour rallier le camp de base. Du train depuis Toulon, puis du bus sur la "section" Lannemezan - Bourisp. Le temps s'est gâté au fil de cette journée transport. Au point que j'en étais à me demander, dans le bus qui roulait sous des trombes d'eau, si le camping qui jouxte la rivière la Neste n'allait pas sonner l'évacuation. Bref, je commençais un mauvais film. Heureusement que j'avais de quoi puiser des ressources imaginaires dans la version originale de Conan, le Cimmérien grattée en 1932. De l'heroic fantasy de cette veine avant un trail, ça colle 👌
A la faveur d'une accalmie, je marche 1,5 km pour rallier le camping où tout est normal (Il en faut beaucoup plus pour en arriver à l'inondation, m'assure l'accueil). Je monte ma tente rapidos avant que ça ne retombe dans la foulée. Me voilà en mode barbare. Une pizza et au dodo. Les averses sont régulières pendant la nuit. Un plaisir à entendre mais c'est la caillade dans un duvet trop léger. On est à 800 m et l'humidité est à donf. Au cours de la nuit, je me suis résolu à passer la première couche chaude et longue, prévue dans mon sac de course.
Le jeudi, plus sec, on va vers le mieux. Récupération de mon dossard, dépose de mon mini sac de délestage avec paire de chaussette, t-shirt et de l'alimentation complémentaire. Dans la tente dédiée se tient en bonne place, à la sortie, le panneau de sécurité de la bonne conduite à tenir en cas de rencontre avec un ours.
Le spray au gaz poivré ne fait pas encore partie du matos obligatoire.
Bon sinon, pas vu d'Ours, pas plus que de Patous (merci les bergers). Pour rester dans le registre animalier, j'ai beaucoup apprécié la belle ronde des vautours fauves lors de la montée du vendredi après de la Hourquette d'Alans.
Départ donc vendredi matin, à Piau Angaly, après 30 min de bus dans une ambiance ou l'on se met en confiance en entamant des échanges à basse voix ou en prolongeant le coma. Dans ma bulle, je reste.
Décollage
Départ. Il fait autour de 10 degrés. On sent que cela va se dégager. Je reste en t-shirt et veste imperméable semi-ouverte, tandis que la majorité passe en t-shirt, avec souvent des manchettes. La première grimpette bien large est parfaite pour prendre son rythme. La vue sur la station de Piau me projette sur la base Alpha de la série Cosmos 1999 (cuvée 1975).
Le temps est couvert sur le début de la montée du Port de Campbiel, avant de percer la mer de nuage pour contempler le panorama qui se présente sur la petite dernière demi-heure de la grimpette.
Celle-ci se passe tranquillement, sans ressentir l'essoufflement certainement lié à l'altitude éprouvée en 2023. Sous le soleil, je passe en t-shirt. La descente est très agréable et je prends garde de ne pas m'enflammer. On plonge alors dans la forêt, noyée dans un brouillard fantasmagorique.
Je repasse la veste. Un excellent changement de tableau par rapport à celui du vol au-dessus des nuages. On tombe sur Gèdre où j'apprécie mon premier bouillon. Cap sur Gavarnie dont l'approche est très progressive pour prendre le temps de déguster...Un vrai travelling. La cascade était au meilleur de sa forme, sous le soleil. Merci la pluie honnie du mercredi.
Et voilà qu'arrive le plus beau ravito, celui du Chalet de Pailla. En lisière de forêt, on y est bien sur cette aire de repos verdoyante et ombragée. Le soleil est là mais il ne fracasse pas sur la montée sur la Hourquette d'Alans. Je garde le t-shirt pour la descente avec vue grand large sur le cirque d’Estaubé. C’est beau ok mais je commence à ressentir quelques nausées. Il me faudra avoir des frissons pendant un peu trop de temps pour comprendre qu'il faut passer la veste, même si quasiment tout le monde reste en t-shirt. C'est un confort salvateur. Le solide repasse. Effet kiss cool.
En 2023, j'étais passé par le lac des Gloriettes de nuit et avait fait un cul par-dessus tête en franchissant un grand rocher plat, un peu incliné. La poche d'eau avait fait office d'amortisseur, sans éclater. Une chute tout en douceur sans aucun bobo...De jour, je l'ai cherché, sans l'identifier formellement, ce rocher de la bonne étoile.
Les barrages à moitié vide qui découvrent des stratifications grisâtres de sédiments, c'est glauque. Passons celui des Gloriettes...
Entre Gèdre 2 et la base de vie de Luz, c'est la nuit. Les deux côtes qui s'enchaînent sont bien éprouvantes (le ressenti du D+ est bien plus élevé que l’officiel) et je ne compte plus le nombre de fois où, dans les descentes, il a fallu rattraper des glissades sur du rocher humide. Fatiguant, à la longue. Avec déjà 700 km au compteur, le grip de mes Hoka Mafate 4 était déjà bien entamé mais je ne suis pas persuadé que celui d'une pompe quasi neuve aurait changé radicalement la donne. Même combat pour tout le monde.
Très sensible au vertige, heureusement que je n'ai pas eu l'occasion de visualiser plus largement certains passages. Celui où une corde est installée avec un bénévole en veille. Merci Jujuhrc pour l'info, délivrée à posteriori à la faveur de notre rencontre du retour en gare de Lannemezan.
Le ravito surprise, non officiel, proposé entre les deux bosses de cette section est juste formidable. Une tonnelle éclairée, un phare dans la nuit, installée directement sur la trace avec des sièges pour apprécier du thé, du café servis dans des verres. Le grand luxe. En 2023, la joyeuse équipe était déjà là pour redonner de la force, jusqu'aux derniers.
Il m'en fallait car pas longtemps après, me voilà allongé avec des spasmes. Besoin d'énergie. Je déverrouille une purée Baouw à la patate douce que je me force à ingurgiter très progressivement. Elle fait son effet. Premier et dernier petit vomito qui me fait un bien fou. Les gommes Tā m'ont d'ailleurs été précieuses pour passer les moments digestifs délicats.
A la base vie de Luz, je passe trois plombes à finir ma portion de pattes bouillonnées. Le trop de fromage fondu n'aide pas. C'est du temps de pris sur la mini sieste qui durera 11 mn chrono, accoudé sur la table. Le gars avec qui je blablate régulièrement depuis Gavarnie lâche malheureusement l'affaire à cause de son genoux qui part inexorablement en vrille. On avait bien partagé nos expériences respectives du trail des gorges de l'Ardèche de juin dernier. Il n'avait pas de bâtons, sans pour autant préparer la diag. Le choix de la liberté quitte à en payer le prix. Il observe que de plus en plus d’organisations interdisent le bâton (Perso, à part sur une section de l'UTPMA, ne n'ai pas encore vu des interdictions). Reste que je suis reparti de Luz en oubliant…mes bâtons et en me sentant très léger. Trop, Retour maison pour repartir avec cette charge cognitive de plus mais qui s’impose pour s’économiser.
Je me colle dans les pas d'une participante pour la grimpette infernale de 1600 D+, en deux parties, qui nous amène au refuge de la Glère. Un wagon se forme. J'y reste. Un plaisir car en 2023 je ne parvenais à accrocher aucun des groupes qui me passaient successivement, en silence.
En 2023, j'avais cru tomber fou dans l'interminable montée finale vers le refuge de la Glere. C'était de jour. Là, c'était parfait de ne rien voir de ce chaos. Le jour se lève. Et encore une mer de nuages rosacée pour faire le plein d'énergie mentale.
Le gardien du refuge me reconnait (effet barbabulle). Il se souvient de m'avoir photographié dégustant la bière célébrant mon hors délai. Il est content de me voir de retour avec plus de marge sur la BH. Sympa.
Le balisage était rassurant. Ça donne confiance. Les balises apparaissaient juste au moment où je commençais à me poser la question de leur présence. De l'art du placement. J'en ai pourtant loupé une dans la descente vers Tournabout, tandis que je papotais sur un chemin carrossable avec un gars du coin qui avait couru l'UTMB version 2006 💪. Be oui, il fallait prendre à droite, dans un gentil pierrier. On s'en est rendu compte après environ 300m tandis que des gars nous alertaient de notre erreur. Il était possible de rejoindre les fanions en zappant cette petite mignardise de l'orga. Nous sommes remontés, histoire d'afficher une trace propre.
Fait chaud sous la tente à Tounebout. Une étuve. Je préfère en sortir pour manger au soleil un nouveau plat de patte au bouillon, sans fromage cette fois. Ça passe nickel. 20 minutes de déconnexion sur un lit picot sous la tente des kiné, mieux aérée. Je commençais à glisser dans un sommeil de plomb quand la kiné a sonné, en douceur, la trêve.
Bonne énergie mais l'annonce de l'absence de ravito à la cabane d’Aygues Cluses me met en stress hydrique. 17 km avec 2l et plus de 1000 D+ est synonyme d'une grosse gestion pour moi. D'autant qu'il fait chaud . Regret de ne pas avoir pris une paire de lunettes de soleil. La luminosité m'attaque. Au bon moment, avec un grand sourire, une randonneuse qui descend m'annonce qu'ils ont réussi à monter de l'eau bien fraîche au refuge. J'ai dès lors apprécié chaque gorgées, sans craindre d'en manquer.
Atterrissage
Bascule de la Hourquette Nère, claque de la vue des lacs du Néouvielle. Dans la descente, c'est le début de la souffrance aux pieds, faute d'avoir fait un stop podo à Tournabout ou j'ai un peu crémé mais en me refusant à regarder de trop près ("traumatisme" de 2023 où mon gros orteil gauche étant en sang pour cause d’ongle martyr). Les deux ampoules qui germaient sur chaque patte auraient peut-être pu se traiter...Ne pas oser voir, je connais. Lors des arrêts pipi, je garde les yeux vers le ciel pour ne pas voir la couleur. Tant que ça vidange, c'est ok. Pas besoin de se stresser inutilement sur la teinte.
Dans cette avant dernière descente, je chute pour la première fois. Directement sur le cul mais toujours avec mon sac à eau qui fait le job d'amortisseur. Elle est solide cette poche Decathlon, décidément toujours pleine au bon moment.
La descente devient longue, j'attends avec impatience la grimpette vers Merlans. La vue sur la tronche basse du lac de l'Oule (et de son barrage) ne me motive vraiment pas. Vivement le changement de tableau. Merlans passe, place à la descente finale de 1300 D- sur 10 km. Ça va être l'enfer.
Trop mal aux pieds pour courir malgré les essais. Le panorama est XXL. Le village de Saint-Lary-Soulan est bien visible. Il est tout petit et il va mettre un temps infini à grossir. Impossible de percevoir ma progression vers le bas. Démoralisant. Grosse souffrance. Je m'occupe l'esprit en faisant l'effort de laisser la place aux coureurs du 160, 80 et 120 qui filaient vers la ligne avant qu'ils ne s’annoncent. Alors que ça tangue, je "trottine" en Z sur le dernier kilomètre. Délivrance. Le plein d’émotions gravées. Dodo. Bus demain matin à 7h50...Retour Toulouse-Paris.
Merci aux bénévoles très proactifs avec toujours les bons mots. ClapClap aux randonneurs qui laissaient place. Tous l’ont fait avec un mot d'encouragement bienvenu. Ravitos toujours bien fourni pour la fin du peloton. Si c’est avant tout un voyage solo, cela aurait été sympa de le partager avec un pote pour profiter davantage de l'ambiance avant et après. L’occasion d’une rencontre très sympa avec Jujuhrc, sur les rails du retour. Merci enfin à l’ambiance Kikourou de m’avoir amené à ce récit. A TCHAOum
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