Récit de la course : FestaTrail - Ultra Draille 2012, par PaL94

L'auteur : PaL94

La course : FestaTrail - Ultra Draille

Date : 19/5/2012

Lieu : St Mathieu De Treviers (Hérault)

Affichage : 1878 vues

Distance : 120km

Objectif : Pas d'objectif

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UltraDraille : Du buis, du thym, des asphodèles, des cailloux et beaucoup d’eau

 

Le Marathon de l’Hortus, fini à la peine pour sa premiere edition, en cause ma petite forme, l’enorme chaleur et la technicité des terrains m’avait convaincu qu’il ne fallait pas trop que je me confronte à ce genre d’exercice. D’autant que le Canari beaucoup plus en forme avait rendu les armes à St Jean de Bueges pour cause deshydratation sur l’Utradrailles. Il faut dire que les conditions climatiques etaient caniculaires.

Forts de ces expériences PAM et moi avions laissé dans les cartons une nouvelle tentative. 2012 ayant très mal commencé professionnellement et donc moralement, loin de moi était l’idée de revenir rapidement à St Mathieu autrement que pour voir Jef et Jojo. Et c’est justement ce fichu Jef qui va m’y faire revenir et pas pour une visite de courtoisie. Voilà-t-y pas que notre papy trailer du GRP s’est mis en tête de s’inscrire sur le 120 km. Il sera le seul V4 et veut finir à tout prix. Je l’ai plusieurs fois eu téléphone et il m’assure qu’il fait par petit bout une reconnaissance du parcours. Je lui explique néanmoins que c’est technique mais lui me rassure en me disant qu’il sait ce qu’il fait et que de toute façon il ne sera jamais seul car il y aura toujours le serre-file avec lui. Je me méfie quand même car il a beau être v4, il part toujours comme un jeune homme pour un 10 bornes.

Du coup comme la course aura lieu le we de l’Ascencion l’idee de l’accompagner a fait peu à peu son chemin dans ma tête. Même si je ne suis pas au top, j’arrive cependant à régulièrement boucler notre parcours long de 21,5 le we. Je me dis que je pourrais partir avec Jef lui donner un petit rythme suffisant pour finir mais pas trop rapide pour éviter qu’il ne se sèche avant la fin. Je finir par lui proposer ce deal et cela à l’air de lui plaire. Marché conclu donc.

Nous voilà donc tous les deux en train de prendre un thé et à écouter le souffleur australien en attente du départ à Causse-de-la-Celle.


 

Top Départ nous sommes à l’arrière pas pressés et je renouvelle mes recommandations à Jef : pas s’emballer il faut juste être dans le temps de la barrière de St Guilhem, soit faire au minimum 5.3 de moyenne. Comme toujours m’accompagne mon tableau de marche et le profil pour toujours savoir où j’en suis. On quitte la petite route et on emprunte un chemin véritable début du trail. Bises à Jojo qui nous attendait à cette intersection et à qui je remet ma polaire du Mercantour car il ne faisait pas si chaud que cela ce matin.

 

On attaque les choses sérieuses après Gervais et les Courreges, progression vers le Monthaut nous détache de nos prédécesseurs mais comme je vérifie régulièrement mon GPS je ne suis pas inquiet nous sommes dans les temps et l’important n’est pas de tracer mais d’être capable d’aller au bout.  Le soleil est arrivé depuis un moment et nous devoile le paysage :

 


Premier ravito au mas d’Agre et premier coca et surtout Salvetat. Besoin de sel, surtout qu’il commence à faire beau et même si nous sommes loin des températures de l’an dernier il ne faut pas jouer avec les risques de déshydratation.

 

 

 

Au Roc de la Vigne maintenant. Parti technique il faut y mettre les mains parfois et sinon c’est très caillouteux. Je commence à me dire que c’est encore plus technique que l’Hortus. Ça promet sur 120km !  Je vois que mon Jef Grimace par moment et je m’inquiète qu’il ne puisse aller plus vite. Il m’indique qu’il commence déjà à avoir mal au pied et râle de ne pouvoir progresser plus vite. Nous attaquons maintenant la descente tout en cailloux et en marches et nous nous faisons doubler par deux féminines dont une a pris une sacré gamelle sur le coude si bien qu’elle sera arretée pour etre soignée. Pas étonnant car même en faisant attention j’en ai pris une aussi que je noterais à 14/20 et qui m’a arraché mon sifflet ce dont je m’apercevrais à la fin.

 

 

 

 

 

Nous finissons par un chemin empierré plus roulant et j’essaye d’aspirer Jef mais il me fait signe continuer. Comme St Guilhem n’est pas loin je deroule pour souffler au ravito. Je pointe et indique au benevoles qu’il y en a d’autre derriere même si nous sommes dans les derniers. Jojo est là qui s’occupe du ravito et prend des nouvelle de son mâle. Je lui indique qu’il râle ce qui chez lui est signe de bonne santé. Et justement le voilà qui arrive et commence une discussion avec ses potes dont le responsable de l’Hortus. Finalement il a trop mal aux pied et ne peut pas courir et prefere jeter tout de suite l’éponge.

 

Ce n’était pas du tout comme cela  que je voyais notre promenade binomiale. J’avais plutôt imaginé que ce serai moi qui ne pourrait pas suivre et lui laisserait finir seul. L’objectif premier étant une sortie longue pour moi  et supporter Jef sur la suite après mon abandon. Du coup comme nous sommes qu’au 22ème km je me dis je peux essayer d’aller jusqu’à St Jean de Buèges explorer ce que m’a décrit le Canari et peut être tester le Roc Blanc si j’arrive à être dans les temps.

 

Je repars donc en trottinant et reviens au bout de 5 mn car j’ai oublié mes bâtons ce qui me fait passer pour un drole de compétiteur et Jef encore présent ne loupe pas l’occasion de me charrier avec ses potes. Je repasse devant la petite dame assise au bord de la rivière à truites et qui elle aussi se marre en me voyant passer une troisième fois et j’attaque enfin la montée vers les Fenestrelles et le cirque de L’Infernet

 

 

 Malgré une température clémente (pas plus de 24°) j’ai l’impression de manquer d’air dans la montée je commence à comprendre ce qu’a enduré PAM avec 34 °c. J’y vais cependant d’un bon pas afin de ne pas baisser la moyenne et ça le fait. Les deux photographes me tirent le portrait juste avant le sommet.

 

Au sommet j’aperçois le prochain gros objectif qu’est le mont St Baudille avec son antenne. Allons-y ! Quelques asphodèles et buisson de buis  nous invitent à la promenade et l’odeur du thym me donne des envies de lapin sauté.

 

 

La descente se fait assez bien vers la font Griffe mais sur la route je suis contraint 2 ou 3 fois de faire demi-tour car le balisage est chiche et parfois très distant du coup je perds un peu de temps à vérifier. Je tombe sur les pompiers qui me demandent s’il en reste apres moi mais je n’en sais rien. En fait il semblerait que j’étais le dernier en course à ce stade.

 

Montée au St Baudille avec un bon coup de chaud mais je suis en forme et la cadence des bâtons ne varie pas. Peu avant le sommet je double un concurrent étonné de mon énergie (sic). Je ne flambe pas mais si je veux etre dans les temps pour Pégairolles je n’ai pas intérêt à trainer. 

 

Le sommet puis le ravito plus bas où quelques concurrents s’attardent et d’autres abandonnent. Pointage et je note mon temps qui est meilleur de 10mn que mon tableau. Tant mieux, ça me donne le temps de souffler et de bien refaire les niveaux exclusivement avec de la Salvetat car malgré que j’utilise mes cachets de sel j’ai toujours l’impression d’en manquer. Coca évidemment pour mon estomac, j’ai déjà assez vomi comme cela et je me risque même, après bananes et pommes sur quelques rondelles de saucisson qui passent assez bien.

 

Bon on n’est pas de là on nous annonce une quinzaine de km jusqu’à la prochaine barrière et mentalement je calcule que j’ai de la marge. Pas une raison néanmoins de flâner d’autant qu’au départ il faut suivre une piste assez roulante sur laquelle je trottine prudemment car je commence à ressentir quelques signes du manque d’entrainement. Cela reste cependant gérable et la moyenne est conforme aux barrières horaires.

 

J’aperçois au loin le Roc Blanc qui ne semble pas si impressionnant que cela mais méfiance : on m’a déjà fait ce coup-là.

 

Je passerai pres de quelques vieilles bicoques semble-t-il refuge du Maquis Valmy comme en atteste une stèle plantée là.  Plus loin j’aperçois en contre-bas Pégairolles-de-Bueges

 

 

 

 

Je rattrape un coureur Allemand avec qui je fais un brin de causette en anglais car il parle peu le francais et moi sa langue. Il trouve les terrains très techniques rien à voir avec les chemins de la CCC où il s’entraine. C’est vrai que c’est tres caillouteux et qu’il vaut mieux éviter l’inattention.

 

Finalement de cailloux en cailloux de virage en virage j’atteins la départementale pour être accueilli  par Jef comme il me l’avait promis. On marche ensemble sur le macadam et il m’explique que la douleur aux pieds qui l’a fait abandonner est due à une erreur de materiel car il n’avait pas mis les bonnes semelles dans ses chaussures. Au lieu des orthopédiques il en avait mis d’autres qui ne lui ont pas convenu. De fait il commence tout juste à avoir un peu moins mal à marcher. Sacré Jef ! Dommage mais je le console en lui disant qu’il n’aurait pas aimé le mont St Baudille et les cailloux.

 

Pour l’heure entrée dans Pégairolles en remontant. Les serre-files sont dans les starting-blocks et s’enquièrent s’il en reste derrière. Parcours très sympa dans les petites rues du village mais je n’ai pas la présence d’esprit de faire des photos. Il me manque mon Christian reporter-trailer qui vous sort au moins 100 clichés pour un trail de 25 km.

 

Ravito tout le monde descend; à commencer par les verres de coca, de salvetat, les morceaux de banane et de pommes.  Jef me laisse en me donnant rdv à St Jean où je me sens sûr d’arriver. Je marque mes temps et constante que sur mon 310xt le km est plus elevé de 2km que sur la feuille de route, 120 c’est déjà beaucoup alors s’il y a du rab’… On y va ! J’enfile mon gore-tex car la pluie fait son apparition, ça menaçait depuis quelque temps. Je vide mes chaussures pleines de cailloux, j’embarque toujours autant, et je repars  à l’assaut de Peyre Martine qui me semble être un gros morceau et où PAM l’an dernier a serré.

 

Apres Le Méjanel, je comprends mieux  dans le fond du vallon qu’il va me falloir remonter, il n’y a pas d’air, ça stagne et c’est lourd. J’imagine avec la température de l’an dernier. Heureusement pour moi c’est voilé et le vent agite les arbustes plus haut. La montée dans le cirque de la Seranne est assez pentue mais se fait sans trop de mal car plus on monte et plus il y a de vent ce qui rafraichit bien le trailer. Sous le cagnard ce serait une autre paire de manches. Sommet du cirque dominé par une croix

 

 

Ce n’est pas terminé car il nous faudra plus de 100m de d+ pour atteindre Peyre Martine mais sur un sentier moins pentu.

 

Apres le sommet vue sur St Jean de Bueges dans halot.

 

 

 

La descente va être longue je le sais mais je ne m’en inquiete pas trop car je suis dans les temps et mieux que prévu. J’aurais le temps de me changer. Apres bien des virages et cela va sans dire de cailloux et de gamelles rattrapés de justesse, j’aborde le ravito de St Jean sous quelques applaudisements des rares spectateurs encore présents. Il faut dire qu’il fait de plus en plus gris.

 

Pas de Jef au ravito. Tant pis ! Je pointe on me demande si je continue je confirme, je suis dans les temps pour le roc Blanc. Je récupère mon sac et entreprend de changer de tee shirt et de chaussettes. Pour ce qui est du collant comme il en faut un long et que j’en ai qu’un léger déjà sur moi, je prends le parti de le garder. J’appelle mon Jef pour savoir où il est : il est en train de supporter les premiers du côté de la carrière de la  Suque. Tartinage de pied en règle, je n’aurais aucune velléités de massage pourtant les kinés sont disponibles et les tables vides. Apres une bonne soupe et quelques morceaux de pommes que j’arrive à avaler, je me prépare à repartir. J’ajoute dans mon sac la petite polaire qui m’attendait à la base vie. Je me dis prudence, ce n’est pas de la haute montagne mais comme ils prévoient de la pluie cette nuit autant ne pas avoir froid. Au pire ce n’est pas le poids qu’elle pèse qui m’handicapera. Pour une fois j’ai eu le nez creux ! 

 

C’est reparti. Non sans faire demi-tour au bout de 100m, j’ai mes bâtons mais ce sont les gants que j’ai oubliés sur la chaise. Remontée dans le village puis direction le Déves et ensuite la départementale. Sur la route C’est Jef qui m’accueille une nouvelle fois et m’indique le chemin dans les vignes. Je le reconsole en lui disant Peyre Martine, aussi il n’aurait pas aimé. Il me donne rdv à Brissac mais je ne sais pas trop quand j’y serai. Dans les vignes ça patine un peu sur les petits graviers mais rapidement on atteint un chemin plus empierré mais aussi plus raide pour nous faire rejoindre la Coupette. Un concurrent me suit à  quelques centaines de mètres mais semble se faire distancer.  C’est raide mais ce n’est que 400m de D+ on arrive assez rapidement au sommet de la Combe Belle mais où souffle un vent fort avec des rafales qui nous bouscule.  Encore quelques asphodèles ici ou là

 

 

 

 Si ensuite il n’y presque plus de pente il faut zigzaguer dans les massifs de buis sans oublier de ne pas s’accrochez dans la caillasse. Peine perdue et gamelle magistrale juste devant le bénévole de la Coupette. Elle devait valoir plus de 15/20 car il se précipite à mon secours. Je me suis fait un petite entorse au genou gauche mais je ne me pose même pas la question, ça tiendra. Pointage et il m’indique d’être prudent sur la portion qui suit pour relier le Roc Blanc au loin et son antenne. J’enfile mon gore-tex, le vent est trop froid.

 

Ce tronçon-là pardon ! Je comprends mieux les recommandations précédentes, bien technique et exigeant pas une seconde d’inattention n’est excusée sous peine d’y laisser une cheville ou un tibia. Ce n’est pas le moment. Du coup la moyenne s’en ressent, je n’ai pas les bons terrains d’entrainement pour allumer la dedans. Quand ce ne sont pas des trous à sauter ce sont des rochers à escalader, Chapeau aux premiers qui auront sur tout le parcours fait une moyenne de 10 km/h. Je comprends pourquoi les organisateurs veulent qu’on atteigne le Roc Blanc avant la nuit. Apres une dernière escalade, le sommet et les pompiers qui font le pied de grue. Il reste calfeutrés dans leur véhicule tellement le vent est glacial. Je redescends maintenant vers le ravito. PAM m’appelle et je lui décris le tronçon qu’il n’a pu voir. Il m’encourage et je sens qu’il aimerait bien être lui aussi en course. On se laisse des que j’arrive au ravito. Les bénévoles sont frigorifiés et m’interrogent s’il en reste, pressés qu’ils sont de fermer boutique. Ils m’alimentent cependant et un me prépare une pomme poussant la sollicitude jusqu’à la peler ce qui me permettra de mieux la digérer.

 

Me voilà parti un beau chemin forestier me tend les bras et va me permettre de refaire ma moyenne car celle-ci s’est effondrée dans le tronçon précédent. Je trottine tranquille mais avec au début quelques inquiétudes car le balisage est assez clairsemé. En revanche, je ne peux pas louper l’ancienne intersection de l’an dernier car elle est bien signalée comme condamnée. Les pompiers me doublent avec leur vehicule, ce qui voudrait dire que les derniers sont passés. Du coup je repars de plus belle tout en faisant des calculs mentaux de moyenne et en me laissant porter par cette portion descendante et roulante. Un peu trop même car je finis par réaliser que cela fait un moment que je n’ai pas vu de marques oranges. Je continue un peu en marchant et je suis obligé d’admettre que je ne suis plus sur le parcours. En pestant je remonte en marche rapide et croise la camionnette du ravito qui a plié les gaules. Ils me disent qu’il fallait tourner à droite mais il y a longtemps. Bon ben faut y aller. En me traitant de tous les noms et dans la nuit qui tombe je remonte tout la portion inutile : deux km aller-retour soit quatre de plus au compteur pour rien. Je fini par trouver l’embranchement très proche du précédent condamné et je réattaque car je ne suis pas rassuré si les serres files sont déjà passés, peut être qu’ils en profitent pour débaliser et si je ne les rattrape pas je vais avoir des soucis au prochain ravito. Au bout de quelques temps je finis par rattraper  un groupe de 4 avec un serre-file. Plus de temps à perdre, il faut y aller. Vite dit car avec la nuit et la caillasse, pas évident pour moi de bruler la piste. Un moment on rejoint la piste pour une centaine de mètre et je m’apercois que j’avais fait demi-tour juste avant. De quoi m’énerver un peu plus. Mais bon je continue pour reprendre un chemin aussitôt et retrouver la caillasse.  

 

Je finis par débouler en bas et  pour me faire accueillir une nouvelle fois par Jef, fidèle au poste. Il me laisse pour aller direct au ravito.  Petit parcours dans le village pour rejoindre la salle du ravito où tout le monde semble rassurer de me voir. En effet les bénévoles du Rocs Blanc avaient prévenus que je m’étais perdu mais n’avait pas pris mon numéro. Le Jef me connaissant leur avait donné le mien, sûr qu’il s’agissait de moi. Je me serais bien fait charrier encore une fois. Bon j’enfile maintenant ma polaire en plus et je repars. Jef m’assure être dispo pour me récupérer dès que j’arrêterai, je le remercie et on se souhaite bonne nuit.  La suite sera plus reposante pour lui.

 

Direction Brissac le haut et dans les hauts, je trouve encore le moyen de louper un embranchement, je regardais de l’autre côté. Je ne regarde plus mon tableau de marche mais les environs afin de ne pas louper d’autre embranchement. J’aperçois derriere des frontales qui me filent le train. Je n’ai pas envie de me laisser doubler donc j’accélère et du coup je me plante deux fois de direction. Et je me fais rattraper par un couple qui me double, que je redouble. Qui me rattrape lors d’une pose technique et que je redouble avant de finir seul pour aborder le prochain  ravito que j’aperçois et qui me fait encore tromper de direction. Descente sur la plaque glissant et je réalise au pont que c’est l’endroit que nous avions repéré avec Jef.

 

Ravito de St Etienne d’Issensac. Dommage qu’il fasse nuit car le coin est magnifique. Le couple fini par arriver et ensuite un troisième concurrent déjà aperçu au début. Le couple repart rapidement et je le suis peu de temps après. Direction carrière de la Suque. Je n’avais pas regardé mon tableau qui commence à être trempé malgré le plastique de protection. Du coup j’ai complètement oublié le ravin des arcs.

 

Chemin assez roulant au début et je trace si bien que je redouble le couple dont la femme me semble avoir du mal à suivre le rythme de son binôme. Passage au roc Rouge sans vraiment que je m’en doute. Et idem pour le ravin des Arcs pourtant splendide mais comme il a trop plu nous ne faisons que l’effleurer. J’arrive un peu cassé et sous une pluie battante au ravito  de la carrière où les pompiers tentent de faire un barbecue sous un feu de bois. Je me pose et c’est le troisième concurrent (Joel) qui nous rejoint bien avant le couple qui semble marquer le pas. Après 10mn de repos je repars et un pompier court me montrer là où il faut tourner un peu plus loin. Merci à lui car c’est sûr je me serais encore planté.

 

La pluie est bien présente sur ce tronçon et le brouillard fait son apparition. Il faut une attention de tous les instants pour repérer le balisage parfois espacé. La fatigue se fait elle aussi bien sentir car nous sommes au milieu de la nuit. Toujours est-il qu’à un moment je me retrouve perdu sans balise. Je fais demi-tour et j’aperçois dans un arbre une rubalise au loin, je ré-explore le coin et comme c’est de plus en plus brouillardeux, je jardine à tout va ce qui fait que je ne retrouve plus de marques. Je commence à m’inquiéter et je gueule pour me faire repérer par d’autres possibles concurrents. A force de courir un peu partout je repère l’arbre de tout-à-l'heure et découvre que ce que j’ai pris pour de la rubalise est en fait une petite branche cassé agitée par le vent. La rogne ! Je repars explorer dans les 4 directions à fond la caisse pour retrouver des marques. Au bout de bien des explorations j’en retrouve et me voilà rassuré. Je retrace à mort pour rattraper mon retard et sous le coup de l’énervement. Ceci dit les envies de dormir sont loin maintenant. Mais pas les conneries ! Je contourne un gros rocher qui me dit quelque chose. Evidemment je l’ai déjà passé. Je suis depuis un km en train de faire la route en inverse. Décidemment je les accumule. Demi-tour et je repars de plus belle.  Je finis par arriver à l’endroit où je me suis planté et trouve la bifurcation. Le jour commence à poindre et bientôt je pourrai éteindre ma frontale.

 

Je trace et finis par rattraper Joel qui, évidemment m’avait doublé pendant mon jardinage. Comme on n’est pas loin de St Martin de Londres nous faisons route ensemble en faisant un brin de causette.  Arrivée dans le village et sous les arcades et l’église ça pourrait être splendide mais dans la bruine du petit matin ça perd un peu de son charme. Le ravito enfin. Pas beaucoup de coureurs, quelques-uns attendent la navette suite à abandon, on sent qu’ils en ont plein les bottes. Pour ma part je ne me pose pas la question car l’adrénaline de l’énervement coule à flot dans mes veines. Pose technique, soupe, changement de chaussette, j’ai les pieds trempés. Après deux morceaux de pomme et malgré les différents produits que les bénévoles au petit soin me proposent mais ne peut avaler (j’ai encore vomi deux fois), je repars en proposant à Joel de faire route ensemble. Il n’est pas encore prêt et comme je suis un peu excité je décide de partir.

 

Je double un concurrent qui relace ses chaussures et nous longeons la grosse départementale. Il me semble avoir vu un éclair. Effectivement le tonnerre vient confirmer et malheureusement une pluie battante également. On est loin de la bruine de tout à l’heure. Plus ça va et moins ça va ! Je ne pensais pas cela possible mais la pluie s’intensifie. Au détour d’une maison je me goure encore de direction. Demi-tour et le concurrent précédent est maintenant devant. J’aperçois son poncho plastique malmené par le vent. Je ne l’envie pas. Le gore-tex est  efficace et indispensable dans ces conditions. Pour les chaussures c’est une autre paire de manches j’ai beau essayer d’éviter les flaques c’est de pire en pire et les pieds macèrent.

 

Il n’y presque plus de possibilité d’évitement car le chemin se transforme en ruisseau et parfois en torrent par endroit. Je ne me casse plus la tête, j’ai les pieds sensibles à l’humidité mais tant pis il faudra qu’ils tiennent jusqu’au bout je n’ai plus le goût des mouvements acrobatiques qui se soldent désormais par des échecs, vu l’état des chemins maintenant. Le trailer de devant trace bien car je ne le vois plus. Pas question de se tirer la bourre, l’important c’est de finir maintenant. Je me vois déjà à l'arrivée.

 

Téléphone, c’est Jef qui s’enquière d’où je suis car la course est neutralisée à St Martin. Il veut venir me chercher. Pas la peine que je lui dis, je suis parti depuis longtemps. Et le Mas de Londres ? Idem c’est loin derriere. Bon ben on verra tout à l’heure. Je le laisse car je suis pressé d’en finir et pleut trop pour téléphoner. L’orage fait rage et la pluie s’intensifie encore. C’est le déluge ! Ce n’est plus un trail mais du canyoning ! Je débouche sur l’embranchement commun avec le marathon de l’Hortus qui ne se courra  pas cette année. Je connais maintenant la suite. L’an dernier il faisait une chaleur à crever la dedans mais aujourd’hui la temperature est ok mais ce n’est plus un chemin mais un torrent qu’il faut gravir. Même pas l’idée de faire des photos, je n’ai qu’une idée en tête finir. Mais Jef m’a mis le doute peut être vont-ils m’arrêter à Cazevielle ? Faut pas trainer !  Ca pleut, ça tonne de partout mais je m’en fous je trace comme je peux, je me gamelle, me tords le doigt mais je repars. Je ne sens plus rien, je veux finir c’est tout. Ce n’est pas cela qui va m’arrêter. J’ai connu la même chose au Mercantour en 2009 et j’avais été au bout. Et de nuit en plus.  Pas ce déluge qui va me stopper! Je ne sais pas de combien auront été les précipitations ce jour-là mais ça tombe de plus en plus. J’arrive enfin au replat et j’aperçois le ravito et le chemin à gauche pour le Pic. J’ai un moment l’envie de ne pas m’arrêter au ravito, j’ai assez d’eau dans ma poche pour finir. Je pourrais obliquer directement.

 

Bon ils me font signe, il y a un pointage. Relevé de la puce et un bénévole m’annonce la mauvaise nouvelle : on ne peut pas continuer. Trop dangereux. Je ne peux pas donner tort à l’organisation je connais le passage du Pic et sous les torrents de flotte ce serait risqué.  Mais ça ne fait rien, je suis déçu, je voulais aller au bout, je suis encore chaud bouillant et tout-à-fait capable de dévorer les malheureuses 9 bornes qui restent. C’est au moins ce que j’ai déjà fait en rab’ alors le final…

 

Il faut que je me résigne et un pompier m’emmène dans la camionnette pleine déjà de trailers qui grelottent sous leur couverture de survie. Je n’ai pas froid tout encore sous le coup de la course.

 

Fin de l’épisode, Jef viens me chercher en voiture et nous sommes contraint d’emprunter une autre route pour redescendre car celle de l’aller va etre bloquée par la pluie. Passage au Galion pour récupérer le teeshirt finisher car nous étions largement dans les temps pour finir.

 

Bilan : j’aurais fait quand même 120 bornes avec mes erreurs de parcours. Une entorse au genou, un coude en vrac, une entorse à l’annulaire et deux pieds au père Lachaise. Une belle course qui n’usurpe pas ses 4 points UTMB et qui est très technique à bien des égards. Paysage et villages magnifiques, bénévoles au petit soin. Un bémol pour le balisage surtout pour la nuit, certains endroits auraient mérité plus de rubalise.  Mais si l’on croit que parce que les dénivelés ne sont pas importants, cette course serait plus facile que d’autres de montagne, on fait une grosse erreur. Il faut l’aborder comme un objectif à part entière et bien préparer ses chevilles.

 

Restera pour moi l’odeur du thym et du buis et la grâce muette des asphodèles.


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