Récit de la course : Trail du pays de Herve 2003, par Mogwaï

L'auteur : Mogwaï

La course : Trail du pays de Herve

Date : 8/6/2003

Lieu : Herve (Belgique)

Affichage : 1467 vues

Distance : 104km

Matos : Sac à dos 20l Lafuma
Poche à eau 2l
Barres énergétiques et croques monsieurs
T-shirts et chaussettes

Objectif : Terminer

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Pas d'autre récit pour cette course.

Le récit

Préparation

Ce trail de 104 Km et 1000 D+ est une organisation des coureus célestes,
groupe de mordus de trails et autres ultras. Il fait suite à d'autres
épreuves telles les Gladiateurs en 2000, la Fagna run en 2001 et le
trail des menhirs en 2002. Vous pourrez consulter tout cela sur le site
suivant : http://ibelgique.ifrance.com/lescoureurscelestes/

Pour préparer cette course, il m'a fallu attendre le trail des
Chapeliers (57Km, 900 D+), couru le 21 avril pour me rendre compte que
j'étais loin d'être en forme optimale (quel euphémisme!). Un mois de
300km plus tard, dont la participation au Tour de Belgique, m'a quand
même permis de prendre la décision de participer. Afin de ne pas renier
quelques préparations mémorables (voir CR antérieurs, liés à des
AAB de grande mémoire), la veille de l'épreuve est consacrée à un barbecue
familial avec rosé de Listel. On ne savait jamais, que ce soit mon
dernier…

Nous décidons avec Pascal Baltus (co-participant au Chapelier et une
moyenne de plus de 500Km par mois depuis 6 mois) de rejoindre le lieu de
départ la veille et de dormir dans : 1. la salle de sport de Herve; 2.
un sac de couchage. L'avantage certain en est le concert de ronflements
et de pétomanie diverses, l'inconvénient étant la chaleur moite
empêchant de dormir convenablement. Néanmoins, c'était mieux que de se lever à 3 heures du mat' pour rejoindre le départ, prévu à 0500Hr.

En guise de ravitaillement, j'avais prévu du Caloreen à 85 Gr/L. C'est
là que je remarquais la perfidie de mon ennemi intime dit le hareng saur
qui, non content de me forcer à participer et qui s'était désinscrit
à la dernière minute, m'avait conseillé de "préparer les parts de Caloreen dans des sachets plastiques, dans lesquels on verserait de l'eau pour
mélanger et éviter des grumeaux et qu'on reverserait ensuite dans le
camel-back dans lequel on verserait l'eau"… Vous imaginez d'ici le drame
de la situation à 0430Hr du mat' sur le parking près du hall de sport
quand j'essayais de vider le contenu du sachet plastique dans le camel!.

Dorénavant, la préparation de la première dilution se passera dans une
bouteille plastique de 50cc... Egalement au menu, 2 sachets d'ORS à noyer dans de l'eau (pour les puristes : glucose, chlorure de sodium, citrate trisodique, chlorure de potasse) et qui est une préparation salée à destination d'enfants en phase de déshydratation, mais aussi barres énergétiques, bananes et
… 2 croques-monsieurs préparés la veille.

Le programme consistera en quelques gorgées toutes les 10' et du solide
1 fois par heure. A 0500Hr, 158 inscrits prennent le départ; 81 seront
classés, le dernier bouclera le parcours en 17h38'.

Herve – Tillet; 0-25Km;

Nous pensions que les conditions climatiques étaient idéales et c'était
un leurre car se sentir bien avec un T-shirt à 0500Hr indiquait une
température déjà anormalement élevée. 5' après le départ et c'est la
confirmation : je dégouline et le T-shirt est trempé,… en partie à
cause du camel-back qui n'a pas apprécié ma tentative de nettoyage la veille
et qui me régurgite quelques trops-pleins. Ce sera assurément la partie
la moins agréable de la journée avec une PDT de derrière les fagôts,
également appelée "à la papy" : "que fais-je ici, je n'y arriverai pas,
il fait trop chaud, ce *** de camel-back,…".
Au Km 8, nous passons sur un ouvrage d'art à Soumagne, à savoir la
construction d'un tunnel de la liaison TGV Liège – Cologne (durée des
travaux : 1100 jours ouvrables). Un premier moment de détente survient
au Km 14, à Olne, endroit jusqu'où les trailers pouvaient être
accompagnés et où un déjeûner était offert aux joggeurs lève-tôt qui
s'arrêteraient là. Une musique d'un piano électronique dynamisait les
coureurs,… au grand dam des riverains ensommeillés. Au Km 21, c'est
Soiron après un passage le long d'un ruisseau où il ne faut pas oublier
de refermer la clôture.

Le ravitaillement est atteint en 2h40'. Le Camel est presque vide (2L)
et une banane est la bienvenue tout autant que l'arrêt de 15'…

Tillet – Walhorn; 25 – 51,5Km;

Je repars avec un mélange ORS et, suprême bonheur, un T-shirt sec.
Depuis Olne, c'est le 1er moment où je me sens bien. Le parcours devient
plus vallonné mais aussi plus chaud, la température montant
inexorablement. Depuis le ravitaillement, la casquette est de mise.
L'assistance extérieure étant possible, nous retrouvons la voiture
conduite par le frère de Pascal à Baelen (Km 42). Ce bref moment de
répit nous permet de recharger quelques batteries vieillissantes et de
repartir vers le 2ème rav officiel.

Arrive alors un long passage de +/- 9 Km dans les champs, entièrement
dégagés, sans air, sous le soleil tapant et avec de légers faux plats.
Je ne crois pas avoir eu une fois l'envie réelle d'abandonner (la
famille étant prévue à l'arrivée!), mais c'est certainement le moment où j'en suis passé le plus près. Bizarrement, j'ai à ce moment presque
parcouru la distance des Chapeliers où j'avais eu si difficile…
Psychosomatique, I presume…

Le ravitaillement est atteint en 6h05' et l'arrêt durera 20 bonnes
minutes. Il est difficile de trouver un coin d'ombre mais heureusement
un riverain a sorti le tuyau d'arrosage. La fatigue est bien présente
mais je pense à me lancer dans la mastication – difficile – d'un
croque-monsieur. A posteriori, je suis certain que cela m'a été
salutaire même si sur le moment, je trouve celui-ci assez "papier à
mâcher". Je remarque aussi une hydratation moins régulière car la poche
à eau est encore bien remplie; ma montre quant à elle rend l'âme sous
le jet du tuyau. C'est assez embêtant car elle me bipait toutes les 10'
pour penser à boire… Enfin, avant de repartir, je prends le temps
d'écouter mes quelques messages GSM où mon ennemi intime m'arrache
quelques sourires : "Cher Olivier, je m'inquiète, voilà environ 5Hr que
tu es parti, tu devrais être presque arrivé. Tiens-moi au courant".
Espèce de *** de hareng aveugle.


Walhorn – Hombourg; 51,5 – 79 Km

Le départ est fort laborieux, les jambes sont lourdes et le soleil
continue à monter. Le parcours, toujours régulièrement valloné, devient
à certains moments des plus agréables : une longue portion de sous-bois
vers La Calamine rafraîchit avant de descendre vers Moresnet et son
viaduc ferroviaire en pleine reconstruction. Là, nous traversons une
fête de village où un rallye de vieilles voitures et motos rassemble la
foule. Nous devons nous frayer un passage difficile vers la sortie de
Moresnet où la voiture nous attend. Je plonge sur un coca qui me fera le
plus grand bien. Je réitérerai d'ailleurs l'expérience au Km 79 pour
un rôt "des familles" comme nous dirait le papy et un vrai coup de fouet
pour la suite.

A ce moment, il fait 32°. ¾ Hr plus tard, 6 Km plus loin et 200m + de
dénivelé, nous atteignons le point culminant du parcours : Les 3
frontières. Ah oui, dans les statistiques, j'oubliais un orage violent
et 10° en moins au thermomètre. Je suis trempé jusqu'au os et il fait
encore aussi étouffant. La suite vers le ravitaillement se déroule dans
un groupe de 5 où l'allure a sensiblement augmenté. Cette difficulté
supplémentaire est accompagnée d'une quasi impossibilité d'avaler le
moindre gramme de sucre. Là où le caloreen passe encore, les barres
énergétiques trépassent… Après un peu moins de 10Hr de course, nous
atteignons Hombourg où on signale déjà 22 abandons connus. Une banane
délicieuse, 15' de pause et… surtout … un changement complet de
vêtements et de chaussures avant d'entamer la dernière partie.

Hombourg – Herve; 79-104 Km

Là où le changement de vêtements était logique au vu de l'orage subi, le
changement de chaussures avait comme but d'entamer la dernière partie
dans les meilleures conditions. En effet, nous attendaient 25Km en ligne
droite, pratiquements plats, sur un chemin en cendrée d'une ancienne
voie de chemin de fer. Un espoir de sensations de légèreté, dans mes
habituelles "pantoufles", ne pouvait qu'être profitable. Je me suis
lourdment trompé, heureusement sans conséquence. En effet, le pied a
été nettement moins bien soutenu, d'où un effort supplémentaire, des
douleurs naissantes à la voûte plantaire et un début de mal aux genoux
et de crampes sur la fin du parcours. Erreur à ne plus commettre…

Par ailleurs, ce long final nous avait tous fait peur car certainement
redoutable aussi bien psychologiquement que physiquement : aucune montée
pour se "reposer", la course s'imposait d'office sous peine de…. euh, je
ne sais pas quoi. C'est ainsi que nous avons Pascal et moi alterné la
course (10 à 15' d'affilée) et la marche (environ 5'). Et puis, le
changement de vêtements avait tellement fait du bien, qu'au départ du
ravitaillement, pour la première fois, l'idée – la certitude - de
terminer cette course m'est apparue. Ce sentiment de légèreté et de
bien-être m'a soutenu … 5 bonnes minutes avant que la dure réalité
musculaire ne se rappelle à mon bon souvenir. Un 2ème orage, bref mais
mouillant, ne nous a pas facilité la fin de course.

Au Km 89, un sentiment de déjà vu me saisit. Quelques secondes
d'hésitation et… me voilà au point de départ d'une étape du Tour
de Belgique que j'avais foulé une semaine auparavant. Froidthier et déjà
ce jour-là, un soleil lourd, autant que les jambes. Si j'avais pu imaginer…

Néanmoins, au fur et à mesure que l'arrivée se rapproche, nous sentons
l'écurie et l'allure augmente. Pascal qui m'a encouragé et tiré les 90
premiers Km commence à coincer et je peux enfin l'aider à mon tour en
nous obligeant à reprendre la course après quelques minutes de marche.
Au Km 98, la voiture nous encourage une dernière fois avec quelques
gorgées de Lipton thé vert, traînant sur le capot.

Nous dépassons de plus en plus de concurrents pour parcourir ces 25
derniers Km en 2h30' avec certains Km en moins de 5'. A 4 Km de
l'arrivée, nous rejoignons un membre des coureurs céleste que l'on
surnomme le "coureur fou". Il s'agit ni plus ni moins de Didier
Cougneau, ancien vainqueur de trails identiques, mais aujourd'hui moins
entraîné. C'est un réel honneur pour les novices que nous sommes et nous
terminerons cette épreuve ensemble. Et ce moment où nous arrivons sur la
piste, tous les trois bras dessus, bras dessous, avec les
applaudissements des spectateurs et de la petite famille au grand
complet… INOUBLIABLE! Pour la toute première fois, je suis rempli de
frissons de bonheur et de fatigue à l'arrivée d'une course. Rien que
pour ce moment, 104 fois "oui"…


Conclusions

Pêle-même, quelques idées et tout d'abord le fait que ce GR est bien
entretenu (par les organisateurs, spécialement pour la course?) et assez
lisible. Nous ne nous sommes trompés que 2 à 3 fois, d'environ 200m. Il
faut cependant ajouter qu'un marquage complémentaire des GO nous a
facilité grandement la tâche.

En ce qui concerne les paramètres culinaires, je pense que Caloreen me
convient bien et il faudra tester un dosage légèrement supérieur. L'ORS
est bien passé et j'aurais certainement du en reprendre une 2ème fois
afin d'éviter ma période glucide-beurk. Pour les solides, c'est une
autre paire de manches car il me faudra trouver autre chose que la barre
céréales ou le nougat fruit qui m'ont écoeuré. Enfin, je crois ne pas
avoir bu assez (environ 7L sur la durée totale d'une course où la
chaleur a joué un grand rôle), mais je n'aurais pas pu ingugiter
beaucoup plus.

La préparation aurait pu être nettement améliorée. Non seulement pour
l'entraînement mais pour son déroulement aussi. L'appui du
ravitaillement extérieur a été déterminant et spécialement pour les
points suivants : vaseline pour les frottements du sac après l'orage,
l'éponge et le bassin rempli d'eau pour se "laver" aux ravitaillements,
l'appui psychologique d'une présence sur le parcours et les 2 cannettes
de coca pour "booster". Je ne peux oublier le bien-être intégral les 2
fois où je suis reparti avec un T-shirt propre.

J'ai terminé certainement moins fatigué, physiquement comme
psychologiquement, qu'au Chapelier. Bien sûr, 4 jours plus tard, j'ai
toujours mal aux jambes quand je monte un escalier mais je considère
cela comme normal. Très positivement, je note avoir couru une seconde
partie presque aussi rapide que la première, en tous cas plus facile,
pour terminer en 12h 35' 36" (la prochaine thèse d'un zanimo sera : "du
negative split dans les trails"). J'étais peut-être dans un état un peu
second où j'avais "simplement" mal aux jambes. Cependant, je retiens
avoir passé plus de temps à me dire "aller, tu y arriveras" plutôt qu'à
regarder le superbe paysage proposé.

Une petite comparaison avec les "grandes" courses qui pour 10€ nous
proposent du bitume et un peu d'eau; ici, une participation gratuite,
organisée par des passionnés avec : logement, p'tit dej' d'avant-course,
ravitos, repas d'après, T-shirt. Cela me permet de revenir sur la
question du T-shirt souvenir : chacun en pense ce qu'il veut; j'entends
déjà des réflexions du genre "course de tafiolles", "vanitas vanitatum,
et omnia vanitas" (non, mon cher hareng saur, ce n'est pas de Boileau),
mais cela fait 4 jours que je le porte et il faudra me l'arracher pour
me l'enlever. Na!

En résumé, merci aux coureurs célestes GO, merci à Pascal car sans lui
je n'y serais pas arrivé et si un jour vous avez l'envie et l'hésitation
de vous lancer là-dedans, suivez la première intuition, vous ne le
regretterez pas…

Olivier_dit_"le_mogwaï"

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