Récit de la course : Marathon de Provence Luberon - 21.1 km 2014, par Zorglub

L'auteur : Zorglub

La course : Marathon de Provence Luberon - 21.1 km

Date : 5/10/2014

Lieu : Pertuis (Vaucluse)

Affichage : 1151 vues

Distance : 21.1km

Objectif : Pas d'objectif

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Le Luberon, c'est pour les bons...

Cela faisait deux ou trois ans que, mon épouse et moi, avions envie de retourner dans le Lubéron pour nous aligner à nouveau sur semi-marathon. En 2006, nous avions déjà participé à cette épreuve et nous avions gardé tous les deux un grand souvenir de ce week-end méridional que nous avions prolongé, le lundi, pour aller nous promener dans la jolie petite ville de Lourmarin. Nous avions donc envie de profiter à nouveau de l’ambiance vraiment sympathique régnant au départ des différentes épreuves, du parcours proposé sympa et pas très difficile, de la collation d’après-course dans le cadre superbe du château de la Tour d’Aigues, des charmes de l’hôtel Sevan et du restaurant « La Ferme » où nous nous étions régalés.

Le samedi 4 octobre, nous avons donc pris la route en direction de Pertuis. Comme en 2006, j’ai choisi de quitter l’autoroute à Cavaillon et de gagner notre destination en passant par Cadenet et Lourmarin. Comme si en marchant dans mes pas d’antan, j’accomplissais un geste magique qui nous permettrait de retirer autant de satisfaction de ce voyage que du précédent.

Avant même de monter à l’hôtel, nous allons à Pertuis car c’est dorénavant son centre-ville  qui accueille la course. Comme j’ai autant le sens de l’orientation qu’une clé à molette et qu’il n’est pas si facile de se retrouver dans le dédale des petites rues de Pertuis, j’ai avec moi des plans « Mappy ». Des plans qui ne seront pas indispensables finalement, le fléchage étant digne d’un travail de pro. Nous récupérons nos dossards à la salle des fêtes, visitons un peu le village-expo de la course que je trouve beaucoup plus pauvre qu’en 2006. Il est vrai que cette année-là nous avions été gâtés : j’avais acheté du miel excellent à un producteur local et nous avions rencontré des Bretons venus faire la promotion du marathon de Vannes. Nous nous promenons sur le Cours de la république où nous nous élancerons bientôt pour notre semi-marathon. Nous repérons aussi le parking du « Grand Cros » recommandé à juste titre par l’organisation car il sera périlleux d’entrer en voiture dans Pertuis, dimanche matin.

Puis, quand tout est réglé et localisé, nous gagnons l’hôtel Sevan qui est toujours aussi agréable et confortable. Et le soir nous allons prendre un très bon repas au sympathique restaurant « La Paillotte » qui est toujours aussi… bruyant.

Le lendemain, nous n’avons aucun problème pour garer la voiture et rejoindre le départ de la course. Une chance pour nous, le temps est un peu gris mais pas pluvieux comme cela avait été annoncé les jours précédents. En outre, je suis confiant car notre préparation s’est très bien déroulée. Autre raison d’être optimisme, le parcours de la course n’est en principe pas difficile. Je me souviens qu’en 2006, il était est vallonné sur la première partie mais quasiment plat dans la dernière. Et puis, sur le site Internet de la course, l’organisation ne parle du tout d’un quelconque « vallonnement » concernant le semi-marathon qui est en fait à peu près ignoré. Il y est surtout question  du profil du marathon « extra plat »  pendant 20 km. Donc, on ne s’inquiète pas ! Pour nous, cet aspect-là des choses est très important car nous sommes de modestes coureurs qui avons tous les deux dépassé les 60 ans et dorénavant les montées à répétition nous « flinguent » les jambes rapidement.

Finalement, nous prenons le départ pile à l’heure prévue. Notre bonne forme est confirmée par les passages aux premières balises kilométriques. Ainsi, malgré les grimpettes ou faux-plats montants, nous franchissons le 8ème après 47’55 d’une course très agréable. C’est du 10km/h. Pour nous c’est parfait ! Ensuite, nous arrivons à la mi-course et nous nous sentons toujours aussi bien. En revanche, j’attends avec impatience que le parcours s’aplanisse un peu car raidillons et montées se succèdent toujours. De plus, le terrain devient accidenté. Nous empruntons parfois des chemins caillouteux où je me tords un peu les chevilles. A vrai dire, je ne reconnais pas le parcours de 2006 et cela commence à m’inquiéter.

Et j’ai raison de me faire du souci car ça grimpe toujours ! Si bien qu’au 12ème km, notre moyenne de 10 km/h n’est déjà plus qu’un souvenir. Surtout, nous commençons à souffrir des guiboles et ce n’est pas bon signe, si loin du but ! Puis, nous empruntons un sentier longeant l’étang de la Bonde. Il est plein de racines affleurantes, de trous et de bosses. Les organisateurs ont pris soin  de peindre tous les racines trop saillantes. C’est une très bonne idée ! Malgré ça, un monsieur devant moi perd l’équilibre. Et il est tout près d’aller manger un peu de la terre du Vaucluse.

Quand nous arrivons vers le 16ème km, en 1h42’00 environ, nous sommes déjà bien caramélisés physiquement. C’est fini pour nos vieilles jambes, fini pour un semi autour de 2h06, fini pour les frites chez Eugène !  Il faut terminer comme on peut ! C’est frustrant ! Il est de bon ton de laisser croire que les anciens sont devenus des « sages » et s’arrêtent volontiers à tous les ravitaillements pour tailler une bavette avec les bénévoles ou qu’ils comptent les marguerites sur le bord du chemin, se souciant de leur performance comme d’une guigne. C’est faux en ce qui nous concerne. Tout en étant bien conscients de nos possibilités, nous faisons le maximum à chaque course. A condition que je me sente bien dans une compétition, j’adore guerroyer contre le chronomètre et tenter de repousser un chouia mes modestes limites. En essayant de le faire intelligemment, cela va sans dire. Malgré mes 61 ans, j’espère toujours qu’un jour de grâce me verra aller chatouiller les 2 heures sur semi-marathon. Et il m’arrive encore de me « faire minable » pour aller chercher dans le dernier km un copain qui a 20 mètres d’avance sur moi, afin de terminer 472ème à la place de 473ème .

Un peu plus tard, nous rejoignons la route toute plate qui mène à la Tour d’Aigues et dont je me souviens bien. Ces retrouvailles avec le bitume me comblent d’aise car si le goudron n’est pas « fun » pour certains, il nous permet de nous « refaire la cerise ». Sur le plat, nos jambes se portent en effet bien mieux et nous parvenons à retrouver un rythme de course digne de ce nom.

Malheureusement, cela ne dure pas car voilà que nous sommes orientés vers un chemin qui part à gauche et c’est reparti à grimper et à tournicoter ! Comble de misère, à 1 ou 2 kilomètres de l’arrivée un dernier raidillon vient nous achever. Alors là, nous nous mettons à marcher et tout le monde également autour de nous. Tous les petits coureurs du dernier tiers du peloton ! Le monsieur qui avait failli tomber adresse quelques noms d’oiseaux à cette ultime grimpette : « P…… de montée de m…….. » Une dame est plus nuancée dans son propos : « Ah, les vaches ! » Au sommet de cette petite côte, les bénévoles nous encouragent : « C’est bientôt fini ! » Cela fait cinq bornes qu’on nous dit que c’est bientôt fini. Les bénévoles de cette course, baliseurs et « ravitailleurs »  ainsi que les spectateurs auront été formidables, d’un bout à l’autre des 21 km ! Pour ma part, je déteste marcher dans une course. C’est pour moi une petite défaite, une manière de hisser le drapeau blanc. Mais je suis trop nase pour passer cette bosse en courant. Je ne pourrais même pas lever la jambe pour monter dans mon bac à douche.

Finalement, nous franchissons la ligne d’arrivée en courant aussi vite que deux vieux qui s’évadent de la maison de retraite, après 2 heures et 18 minutes d’efforts. Mon épouse me dit que « c’est bien compte tenu du parcours». Elle a raison. Mais moi, je suis déçu et tout prêt à me punir en n’allant pas récupérer la bouteille de vin offerte. Et la collation  dans la cour du château de la Tour d’Aigues me reste un peu en travers de la gorge. Ce qui a du mal à passer, c’est surtout de ne n’avoir pas pu concrétiser les espoirs nés de notre excellente préparation.

Au lieu de chercher quelque chose d’ouvert à la Tour d’Aigues, pour prendre un petit repas, nous grimpons dans la navette qui nous ramène à Pertuis. C’était une erreur car la ville est maintenant désertée, plongée dans le coma provincial d’un dimanche après-midi. Uniquement deux bars sont ouverts mais ils n’ont pas la moindre cacahuète à nous proposer. Avec beaucoup de chance, nous trouvons un petit restaurant encore ouvert, « La couscoussière », où nous prenons un léger repas. Puis, nous regagnons l’hôtel pour la douche, le repos de  l’après-midi avant de faire une petite promenade en soirée que nous effectuons comme si nous avions les quadriceps en bois et des bouts de fer à la place des genoux.   

Le soir, nous apprécions à sa juste valeur l’excellent repas pris à nouveau à « la Paillotte », « La Ferme » ayant disparu depuis longtemps semble-t-il. Il n’est pas question en effet de dramatiser et de laisser la déception me gâcher la fin du week-end. En vérité, ce n’est pas la première claque que je me prends en course, ni la dernière. J’ai terminé un 30 km en titubant et j’ai fini un Marvejols-Mende au bord du malaise. J’aurais simplement apprécié d’être averti que ce semi-marathon n’était pas « extra-plat ». De toute façon, mieux vaut souffrir mille morts que de ne plus connaître la douceur du dossard épinglé sur la poitrine.

 

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