Récit de la course : Marathon de Rome 2016, par Knet

L'auteur : Knet

La course : Marathon de Rome

Date : 10/4/2016

Lieu : Rome (Italie)

Affichage : 1488 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Pas d'objectif

3 commentaires

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Marathon de Rome... Dur !!!

En guise de préambule : lorsque je prépare un marathon, je pars sur 12 semaines d'entraînement spécifique, avec entre 4 et 5 sorties par semaine. Grosso modo j'arrive le jour J avec presque 600km dans les pattes.

En m'inscrivant pour Rome, initialement l'objectif était de passer sous les 3h30 (mon record à 3h33). Sauf que les choses ne se sont pas passées comme prévues : des déplacements pros très nombreux depuis le début d'année qui m'ont empêchée de faire une grosse partie de mes séances de Vma, et une blessure en début de prépa aussi... Bref...

Ce matin, jour J, j'avais derrière moi 260km en prépa, sur moi 2kg que je n'avais pas réussi à perdre (et 2kg sur un marathon, c'est pas rien) et dans la tête un objectif ajusté vues les conditions : finir, en bon état. En moins de 4h c'était bonus. Ça fait toujours suer quand on sait qu'on peut faire bien mieux, mais il faut savoir aussi s'écouter et ne pas faire n'importe quoi. Style partir en se disant "allez, ça passe, je pars sur la cadence des 3h30 et je vois jusqu'où je peux aller" . Ça m'a effleuré l'esprit, mais heureusement ça s'est arrêté là. 

Départ cette année en 3 vagues. Avec mon chrono donné à l'inscription, je suis dans la première. Il fait déjà bien chaud à 8h40. Le soleil est grandiose. Pas de vent. Le Colisée est derrière nous au lancement de la course. 
L'avantage de partir dans cette première vague, c'est que ça ne piétine pas et qu'on trouve immédiatement sa cadence. Je me cale sur un rythme à 5"15 au km. Peut être un peu trop rapide mais je me sens vraiment bien. Je me fais même un km à 4"50 vers le 10eme, un peu entraînée par le rythme de certains coureurs autour, mais je me recale rapidement. 
À partir du 7eme km, les distributions d'éponge sont déjà accueillies avec bonheur. La température est vraiment montée. On finira d'ailleurs avec un beau 22°C vers midi. 


Jusqu'au km 15 tout va bien. Les spectateurs sont au rdv, Saint Pierre nous accueille (certains lui demandent de l'aide!) , bref courir dans cette ville reste un plaisir immense. 
Vers le semi, je commence à sentir que les jambes réagissent moins bien. Normal, le manque de prépa est réel et c'est le premier signe. Je lève un peu le pied (c'est toujours le dilemne : ou garder son rythme, courir moins longtemps mais risquer l'explosion. Ou courir moins vite mais donc plus longtemps... ). 
Le rythme cardio est au top, je ne souffre pas du tout à ce niveau là. C'est juste que les muscles ne sont pas assez préparés. 


Vers le 25eme je ressens une première douleur au dessus du tendon gauche. Ah, je ne la connais pas celle la, une petite nouvelle qui m'inquiète un peu... J'essaye de ne pas trop y penser et c'est là que mon aine me dit : "bah tiens, t'as qu'à penser à moi !". Des deux côtés, je commence à sentir la douleur. Moi qui croyais que la pubalgie de début de prépa était belle et bien finie... Elle refait surface au mauvais moment... 
j'ai donc la première pensée négative : je ne vais pas finir. Je sais que le prochain point secours est au 30eme, alors je décide de ralentir encore (bah oui...) et modifie un peu la foulée pour moins ressentir la douleur. C'est en plus à ce moment là qu'un couple que je suivais depuis le départ s'arrête de courir.. Merde, même plus mes 2 lièvres...

Au 30eme, je vois les secours. Je vois aussi le ravito plus loin. On est au bord du Tibre. Il fait beau. Chaud. Ma petite voix me dit "tu as mal, arrête toi". Sauf qu'autour de moi, tout le monde a mal, et tout le monde continue à courir. Alors fais pas ta chochotte. 12 bornes à courir, c'est quoi ? Et là, je fous une rouste à ma petite voix et je lui dis " même si je dois finir en marchant, je passe l'arrivée" . Du coup, je marche pour la première fois, une 30aine de secondes et je repars. ça m'a fait du bien. Je passe le 35eme et l'idée d'abandonner repart définitivement aux oubliettes. 


La Piazza Navona me sauve, j'oublie la douleur à l'aine (mon tendon, c'est passé) et j'admire. Les gens encouragent. Par contre j'ai chaud, et les éponges, ce n'est pas encore tout de suite ! 
Piazza Venezia avant de tourner vers la Via del Corso. C'est long. Et c'est difficile. Ces foutus sanpietrini, je les maudis pour la première fois de ma vie . En colère je me dis "mais bétonnez moi donc ça !" Ça ne dure que quelques secondes : Rome sans ces pavés, ce n'est pas la ville Éternelle. Je continue à me parler : "Non je ne marche pas avant la Piazza del Popolo !" Arrivée sur la place : "tu ne vas quand même pas marcher sur cette place !!!" . J'attends la via del babunio pour marcher quelques secondes et je repars avec du béton dans les cuisses. "tu ne vas quand même pas marcher devant les escaliers de la Trinité des Monts ?". Bah si, ça me laisse le temps de l'admirer ! Je repars pour la dernière montée, où l'on passe dans le tunnel Umberto I. Là, c'est un peu comme l'hécatombe : on est nombreux à alterner course et marche, un gars vomit, un autre doit s'arrêter en express sur le trottoir pris de crampes d'estomac. La chaleur n'est jamais un allié pour un coureur... 

Au 41eme, j'ai le sourire malgré les muscles lourds et ce sentiment étrange dans le tunnel. On retrouve la Piazza Venezia, et le voilà, le Colisée que nous avions laissé quelques heures plus tôt. Complètement rénové, éclatant, il nous attend. 
Je passe cette ligne d'arrivée en 3h54, mon plus mauvais chrono sur un marathon, mais une course vécue comme une épreuve splendide malgré tout. Je récupère la médaille avec la gorge serrée, cette envie de chialer que j'ai parfois avec l'impression d'avoir tout donné. De ne rien avoir à regretter. 

En conclusion : un marathon ça se prépare !! Je pensais honnêtement ne pas avoir autant de difficulté mais sur ce format de course, il est impossible de compter sur la chance. On peut faire illusion jusqu'au semi, mais après c'est la préparation qui fait la différence. 
Maintenant, une autre course m'attend, un beau morceau aussi et je ne pêcherai pas sur la prépa !!! (80km du Mont Blanc)

merci de m'avoir lue ! 

3 commentaires

Commentaire de Laurent V posté le 11-04-2016 à 09:33:21

Merci pour cette belle visite guidée de Rome et bravo pour cette belle lutte et ce (quand même) bon chrono.

Commentaire de chris78 posté le 11-04-2016 à 17:22:34

Très sympa ton récit !! Tellement vrai. Bravo tout de même pour ce chrono !! Bonne récupération

Commentaire de Phénix posté le 14-04-2016 à 23:02:12

Merci pour ton récit. J'y étais aussi... Et je dois t'avouer que tu as eu de la chance de pouvoir partir dans la première vague... La gestion des deux autres a été catastrophique... En tout cas c'est bien que tu aies tenue. Bravo a toi et bonne recup !

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