Récit de la course : Val d'Aran by UTMB - CDH 2023, par shef

L'auteur : shef

La course : Val d'Aran by UTMB - CDH

Date : 7/7/2023

Lieu : Vielha (Espagne)

Affichage : 614 vues

Distance : 110km

Objectif : Pas d'objectif

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Fin 2022, à la recherche d'un objectif pour le début d'été, ce Val d'Aran présente quelques intérêts : cela fait déjà quelques années que je me dis qu'il faudrait aller courir dans les Pyrénées. Le calendrier ne manque pas d'épreuves (PicaPica, GRP, 100 Miles du sud de la France pour les plus connues) mais je n'ai jamais franchi le pas jusque là, soit par incompatibilité de date, ou aussi parce que certaines courses sont réputées franchement difficiles. Ce Val d'Aran 110k me paraît plutôt jouable, dans un coin que je ne connais pas, joli, et Yan qui l'a fait l'an dernier en a donné de bons retours. En outre, même si c'est le mal, il maximise la récolte de tickets pour la tombola UTMB, en cas de refus.

Le parcours semble assez joli, principalement en deux parties, la première plutôt minérale, avec traversée d'anciennes mines de fer (d'où le nom de la course - Chemins de Fer en Catalan), et la seconde partie avec beaucoup de lacs.

Début 2023, nous sommes recalés au tirage au sort UTMB en groupe avec Yan. Tant pis. Il faudra voir pour un objectif à la fin de l'été, si l'envie est là. Mais pour la saison hivernale, c'est donc cette CDH qui sera ma motivation principale. La préparation se passe bien, je fais les courses du coin habituelles avec toujours autant de plaisir (Balcons d'Azur, Marathon de la Vésubie, les Millefonts, l'Escalapa...), et quelques séances de piste bien bavantes.

Pour la course même, il y aura un peu de famille "sur place" : ils ont loué un gîte vers Bagnères de Luchon et passé la semaine précédente à randonner dans le coin. Ils prendront la petite, et Clémence pourra faire le suivi un peu plus tranquillement. Nous rejoignons le départ en deux jours, l'occasion d'une petite visite aux amis Toulousains.

Après récupération du dossard rapide et sans histoire à Vielha (village d'arrivée de toutes les courses, et notamment départ du VDA, le 100 miles), nous filons poser le van à Les, village départ (situé après environ 60km sur la VDA, les deux courses suivant le même parcours ensuite, un peu à l'image de la CCC et UTMB). Ce n'est pas très glamour. Le village n'est pas très vivant, le "centre" réduit à la portion congrue. On se pose près du cimetière avec quelques autres vans. Il n'y a aucun panneau, aucun fléchage, on n'est même pas certains de l'endroit où sera la ligne de départ. Repas et soirée tranquille. A côté de nous, Rémi Berchet, élite Scott, qui finira 6ème. Son sac est ridicule, mais à priori il y a tout le matos obligatoire. On discute un peu, et je le vois préparer minutieusement toute son assistance avec sa femme. Un autre monde.

Les - départ

Vendredi le départ de la course est donné à 6h00, avec un deuxième sas à 6h30. J'imagine que le but est d'éviter les bouchons qui se forment lorsque 1000 coureurs arrivent groupés à l'entrée d'un sentier étroit avec des belles marches. La réputation du départ de la CDH n'est plus à faire. Yan m'a averti sur ce point. J'ai donc essayé de me placer assez proche dans le sas départ, et je pars vite (2 premiers kilomètres à 4'15). Je dois arriver au sentier aux alentours de la 120è place, il y a un court ralentissement, on imagine bien que pour les suivants ça va boucher comme sur l'A7 un samedi du mois d'août.

Il faut parler du public Catalan, c'est quelque chose. Tout le long du parcours, la moindre rencontre s'accompagne de quelques mots (Animo! qui doit se traduire par "courage" ou quelque chose comme ça), et les traversées de village déclenchent aux terrasses des applaudissements et encouragements, quelque soit l'heure du jour ou de la nuit. Une ferveur comme j'en ai rarement connu, même autour du Mont Blanc.

Le début de course se fait le long de la Garonne, via un sentier plutôt sympathique, puis ça monte tranquillement sur un chemin très large jusqu'au premier ravitaillement dans un petit village avec maisons en pierres typiques du coin. Le large chemin se transforme ensuite en sentier pour une première petite bosse qui permet de rejoindre Sant Joan de Troan. C'est encore assez roulant, petits faux plats entre-coupés de portions plus raides, on termine par une descente rapide vers le 2ème ravito. Je prends le temps de faire quelques réserves car l'étape suivant va prendre 3 heures environ, et mérite donc une flasque supplémentaire. Je fais connaissance avec l'infâme bouillon de poulet en brique et autres barres céréales aux fruits rouges qui vont m'accompagner les 15 prochaines heures (manque un peu de diversité).

Après ce prologue de 12km, les choses sérieuses commencent avec une grosse montée pour s'extraire un peu du fond de vallée. On sort de la forêt vers 1500m et le paysage commence à être vraiment superbe. Nous sommes dans un vallon plutôt encaissé, au milieu des rhododendrons en fleur et des pieds de myrtilles qui sont déjà mûres (et bonnes !). On longe un torrent pendant un bon moment, la montée est plutôt sèche avec quelques lacets.

Après un petit KV on débouche sur une sorte de plateau beaucoup plus ouvert, avec quelques lacs et étangs, il y a pas mal d'eau, et de la caillasse aussi, rouge foncée. Quelques anciennes constructions abandonnées (qui font partie de l'ancienne mines de fer de Liat). Un dernier petit effort et nous basculons par un petit col sur la descente vers le 3è ravitaillement : Coth de Varrados. Nous sommes encore dans de superbes paysages, dans les alpages qui sont traversés par de petits ruisseaux ocre, avec une belle vue ouverte au loin. La fin de la descente se fait sur un sentier un peu merdique, au milieu des mottes d'herbe-pièges-à-chevilles.

3è ravito, il faut encore prendre du rab de liquide pour affronter les 18 bornes jusqu'à Montgarri. J'innove en coupant le bouillon de poulet dégueu à la St Yorre (enfin, l'équivalent local). C'est pas bon, mais je vais faire encore mieux plus tard. Je sature un peu des goûts sucrés des barres céréales, je pioche allègrement dans une sorte de mélange apéro de graines salées (genre maïs, cacahuètes, je ne me souviens plus exactement).

La section suivant ressemble pas mal à ce qu'on vient de faire, toujours dans les alpages et petits torrents, les pierres rouges. Vraiment superbe. C'est toujours plutôt roulant, avec pas mal de sections de faux plats (même si on arrive à prendre 500m à l'altimètre), il y a une section assez originale où on se prendre pour un wagon dans les mines (attention la tête, ça va je suis plutôt petit).

L'impression globale est quand même qu'on fait un immense tour du vallon, puis c'est la descente sur Montgarri, environ 1000m, ça descend correctement au début, puis assez vite ça paraît un peu longuet, surtout qu'au fur et à mesure qu'on perd de l'altitude, la chaleur, elle, augmente pas mal. Le petit hameau est joli (enfin, vu de loin, car on n'y passe pas). Clémence est là pour faire un petit coucou (elle a pris le vélo depuis Beret). Pour moi ça va pas trop mal, j'ai réussi à terminer ma St Yorre-poulet sans soucis. Il fait chaud mais je gère, pas d'alerte.

Il y a ensuite une petite section (assez roulante pour changer) qui conduit à la station de Beret. Je pensais que ça serait moche, mais en fait, ça va, les pistes ne sont pas trop visibles, il y a beaucoup de pâturages, des chevaux en liberté, c'est pas si mal. Le fan-club est là avec la petite, ça fait plaisir de les voir avec les cloches et tout !

Beret - 52km

Clémence m'accompagne ensuite. Yan m'avait décrit une base-vie apocalyptique. C'est vrai que c'est pas génial. Soit on a de la place en plein cagnard, sinon il faut entrer, et là il faut trouver un coin pour se poser même si je commence à avoir l'habitude de croiser des assistances qui prennent une table complète. Je ne sais pas si c'est le "by utmb". Il y a quand même un type qui traverse la salle en courant avec ses bâtons dans tous les sens, au milieu des tables et des autres coureurs (je rappelle, on se trouve vers la 150è place, donc aucun enjeu de quoi que ce soit). Je reste là 30 minutes, le temps de récupérer ce dont j'ai besoin dans le drop-bag (une paire de chaussettes propres), s'alimenter un peu (interdit à l'assistance de gérer le buffet, ce qui en fin de compte n'est peut-être pas un mal).

Départ en début d'après-midi sous les encouragements nombreux des accompagnants et touristes locaux. Pour changer, c'est du roulant. Au moins ça permet de digérer tranquillement. La plongée dans le fond de vallée va bien m'user. Je commence à avoir bien mal aux pieds. J'ai changé de t-shirt à Beret, et le nouveau (bien que je l'ai déjà porté en course) me génère un frottement très désagréable au niveau de l'omoplate, et je me focalise là-dessus (erreur de débutant mais bon). En fait, cette descente me rappelle exactement le four à traileurs de Bourg-Saint-Maurice sur la TDS. Même type de chemin roulant, même chaleur qui monte qui monte qui monte. L'arivée dans Salardu est vraiment sympa avec énormément de monde aux terrasses avec beaucoup d'encouragements. Au ravito, je continue sur les fruits secs salés, et je pars avec un reste de bouteille de 50cl de St-Yorre, en me disant que je vais la terminer rapidement. En fait il en reste pas mal, et le temps que je finisse, je suis sorti du village. Le débile ! Donc je me trimballe cette bouteille pendant quelques kilomètres jusqu'à enfin croiser une poubelle à Tredos.

On commence ensuite la remontée dans la partie Sud du massif (par rapport à la vallée de la Garonne) par le chemin de la Sorcière, un endroit à faire visiter par les enfants, avec petite cabane à cheminée tordue, chaudron à potion, etc. C'est le milieu d'après-midi, il fait assez chaud, c'est roulant pour changer. Mais je commence à accuser le coup. Le cardio plafonne et la plupart des relances, je les fais... à la marche. Pas très efficace, donc. Autour de moi c'est à peu près la même salade. Je fais le dos rond en attendant la fin d'après-midi. Je manque quand même un peu de lucidité car j'aurais pu mouiller la casquette plusieurs fois, mais je ne l'ai aps fait (je ne sais plus pourquoi, peut-être que j'avais peur de mouiller mon sac à dos, réflexion complètement stupide car il était bien sûr trempé de transpiration, mais allez demander à un traileur standard d'être lucide après 10h de course). 

J'arrive quand même à me motiver pour trottiner les sections les "plus plates". Au ravit de Banhs de Tredos, je décide de m'accorder une petite pause. Notamment je découpe un morceau de strap pour le coller au point de frottement du sac à dos, ce qui arrangera un peu les choses. Heureusement côté alimentation et hydratation, ça tourne. Je n'ai plus vraiment d'appétit mais je mange correctement sans problème. Du coup, autant innover, et je mélange cette fois St Yorre, bouillon de poulet avec (sans le faire exprès), un reste de boisson électrolytes goût fruits rouges. Le mélange est digne de figurer au guide Michelin. C'est mon "plat signature" comme on dit maintenant. 11 minutes plus tard, quand faut y'aller...

Pour la suite, je continue sur le même rythme. J''arrive à "courir" la section de piste chiante, puis on entame la montée vers les lacs. Je suis toujours "bloqué" niveau cardio, mais ça monte, certes tranquillement.  Cette portion au milieu des lacs n'est pas très longue, mais vraiment très jolie.

C'est un mélange de minéral, de rhododendrons et de torrents, qui rappelle beaucoup vers le lac de Vens dans la Tinée (Mercantour). D'ailleurs à bien y réfléchir, la section matinale ressemblait aussi à un autre endroit de la Tinée : le chemin de l'énergie. Avis aux touristes potentiels. Des nuages commencent à monter, voire même à foncer fortement, voire même à tonner (pas dans notre secteur). Si nous échappons aux éclairs et à la grêle, nous avons quand même une belle averse qui nous oblige à sortir les vestes et nous trempe rapidement short et chaussures. Ca dure un petit quart d'heure, puis avec la chaleur, ça sèche rapidement.

La redescente vers le ravito de Colomers (Yan m'a averti qu'il ne se situe pas au refuge du Lac, mais en contrebas) est un peu interminable. Surtout on a l'impression que le traceur a ajouté tous les détours et boucles possibles avant de revenir vers le lac. Ma montre ne s'y trompe pas, car d'un coup on se retrouve avec 2km de plus qu'escompté. Clémence avait évoqué la possibilité de venir à vélo mais l'approche avec le van semble malaisée. Ce qui n'est pas un mal, car le ravito est infesté de moustiques ! Du coup je n'y traîne pas trop, juste le temps de préparer la frontale.

La sortie se fait sous une légère pluie avec un coureur Kazakh qui me demande si je connais ma place. Il aimerait savoir et les bénévoles ne parlent pas anglaisNous rejoignons ensuite le ravito de Mont-Romies, via une bonne section de piste (chiante), puis un sentier à flanc avec une jolie vue de fin de journée dans les nuages, et le début de descente vers Arties. Il reste dans les 20 bornes, je commence un peu à voir le bout. La descente qui suit le ravito est rude, avec quelques passages vraiment vraiment vraiment raides et poussiéreuses, ça doit être bien délicat si c'est humide. D'ailleurs, il commence à pleuvoir, mais en sous bois on se passe encore de la veste. Ca s'intensifie bien et je finis par l'enfiler. C'est parti pour la deuxième trempette. La nuit tombe  à peu près quand je rejoins le bas de la vallée. Il y a encore un peu de sentier à plat pour rejoindre la base-vie, et c'est un beau déluge qui s'abat alors que j'allume la frontale. Cette pluie ne douche pas l'enthousiasme des supporters, et je croise le fan club juste avant le grand préau qui sert de base vie.

Clémence me rejoint, et on arrive aussi à faire entrer la petite pour qu'elle soit à l'abri. Le reste du fan-club reste dehors pour mettre l'ambiance sous des trombes d'eau pendant qu'au dessus ça claque quand même pas mal.

Arties - 95km - fin de l'aventure

Je retrouve mon Kazakh assis en face de moi, je mange 2 3  trucs, plein d'eau, et finalement il me dit que la course est suspendue 40 minutes le temps que l'orage se calme. Bon. Puis il commence à râler que ça va lui faire perdre des places. Je vais vérifier l'info auprès des bénévoles, c'est confirmé. S'ensuit donc une longue attente (je m'habille un peu, je me repose un peu comme je peux). Le préau est assez grand et heureusement car les coureurs arrivent sans discontinuer. Je passe les détails, mais au bout de 1h40, la direction annonce, sous les applaudissements, que la course est définitivement stoppée.

L'avantage d'être en fond de vallée avec assistance, c'est que nous rejoignons le van en 5 minutes et nous rejoignons le gîte aec le fan club familial).

Sentiments mitigés en ce qui me concerne. J'ai fait une grosse partie de la course (95k pour 4800m, pas tant de déniv finalement, quand je dis que c'est roulant), donc clairement moins de frustration que lors de la TDS 2021. J'aurais quand même aimé finir bien sûr, surtout qu'il ne restait plus grand chose, mais je pense que les derniers 15km auraient un peu piqué, en tout cas à la sortie du ravito après quasi 2h où le corps a bien commencé à se mettre en pause). Je me dis que peut-être l'orga aurait pu envisager un parcours de repli reliant Arties à Vielha en fond de vallée, un peu à l'image de l'Echappée Belle qui propose plusieurs portions de repli (souvenirs EB 2018 - décidément je cumule, et j'étais également de la partie à la Montagn'hard 2019). Cela aurait aussi permis à Clémence et la petite d'avoir le passage de la ligne tous ensemble. Ca sera donc une autre fois.

Le lendemain après une nuit au sec, nous sommes partis écumer le coin en rando (lac d'Oô, pic Estaragnet, Campbiel) et à vélo (Aspin, Tourmalet, Portet, Val Louron), histoire de ramener plein de souvenirs du coin. On reviendra sûrement, c'est beau !

1 commentaire

Commentaire de laulau posté le 03-08-2023 à 22:36:34

Effectivement, c'est dommage pour cette fin de course que tu semblais pouvoir faire sans problème. Et tu as raison, cette région est magnifique à pied ou à vélo !

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