Récit de la course : Raid Montpellier-Valence 2005, par hprsverdier

L'auteur : hprsverdier

La course : Raid Montpellier-Valence

Date : 30/4/2005

Lieu : Montpellier (Hérault)

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Distance : 500km

Objectif : Pas d'objectif

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Le récit

Vendredi 28 avril vers 19h00, je pars du boulot de Monaco, accompagné par l’une de mes collaboratrices qui vient passer la semaine de vacances à Montpellier chez ses parents : c’est pratique pour moi (elle me ramènera également), mais je dois me fader le repas du soir chez ses parents de 22h00 à 23h30 mais ce fut sympathique tout de même;
J’arrive donc à l’hôtel où logent les coureurs vers minuit (heureusement que mes affaires étaient prêtes dans les 2 sacs) pour me coucher aussitôt … et phénomène rare, je dors assez bien sans stress, ce qui est plutôt étonnant pour moi avant une course dont la dureté m’est inconnue.
Réveil avant 7h pour le petit déjeuner et rencontre de la plupart des inscrits dont nous découvrons les identités (une des surprises de l’épreuve, les participants ne sont connus des coureurs que lors du départ !).
Un salut heureux à lolo et gégé qui devisent déjà gaiement et bruyamment, puis mon regard se porte sur une figure que j’ai vu de nombreuses fois dans les mags spécialisés, le célèbre Mohammed Magroun (Momo pour les intimes), 3ième aux mondiaux 2004 des 24h et champion de France des 100 km. Ca va être dur pour Gégé de gagner son pari, lui qui me prédisait une victoire et qui m’a motivé pour venir participer au RMV ! !
Je fais connaissance avec d’autres possédant de beaux pedigrees, tels Christian Mainix, worldrecordman notamment des 48h dans 2 catégories d’âge.
Tout le monde monte ensuite dans les mini bus pour rejoindre la ligne de départ devant l’hôtel de Région où je retrouve avec joie 2 compagnons de la 333 en Inde, le célèbrissime couple Grizzard, Marianne (Blangy) venant d’être opérée des pieds et Philippe ayant une belle prothèse de la hanche depuis 2,5 mois (et oui, ils sont fous ! !)
Je fais rapidement la connaissance de Léonard, finisher 2004, d’Ernesto 3ieme en 2004 et me sens un peu petit devant ces coureurs expérimentés ; je découvre un coureur sympa Gilles Rostollan de Vars, un autre bleu Stéphane Ruhlmann, nouveau venu à l’ultra et Fabrice Rosa, physique de catcheur plutôt que de coureur, mais un palmarès d’ultras finis impressionnant (Spartathlon, Nove Colli, UTMB, 24h00,… et bientôt transgaulle).
Je fais également la connaissance de l’Elu UFO, Cyril Klein qui va tenter de faire le maxi d’étapes malgré une blessure récente.
Un 2ième espagnol Vincente est également sur le départ ainsi que 2 habitués d’ultras que je ne connais pas encore, Daniel Müller et Romain Valle.
Un journaliste-photographe de jogging, Francois nous accompagne tout au long de l’épreuve ainsi que France 3 région et Fadi, notre toubib qui va essayer de faire la totale.
J’oublie enfin de citer un dernier sur demande de mes gentils camarades.

Côté forme, tout est OK même si j’ai de très grosses courbatures dans les mollets (mauvaise récupération après les 100 km de St Nazaire et reprise d’un entraînement important pour moi avec les 2 dernières semaines de plus de 110 km ? ?) ; mes mollets sont très douloureux, cela va s’aggraver pendant les 5 premiers jours de course, mais curieusement cela ne me gêne absolument pas quand je cours, sauf dans certaines descentes sur goudron quand ça tape fort, allez comprendre ! ! !



1ere étape : la mise en jambes

Après 2 heures de palabres et formalités pseudo-médicales, le départ de la 1ere étape est enfin donné : une des particularités du RMV consiste à ne connaître les caractéristiques de l’étape que sur la ligne de départ, soit 57 km de Montpellier à Marseillan dont 10 km de plages.
Les coureurs s’éloignent gaiement à 10-11 km/h le long du canal quelque peu nauséabond du Lez, Ernesto étant parti très vite devant comme à son habitude (RMV 2004).
Gégé nous accompagne sur les 2 premières étapes et en profite pour musarder et surtout papoter dans le groupe de poursuivants composé de lolo, momo, fifi, et gilles (ça vous rappelle pas quelque chose ?); les autres coureurs étant répartis derrière nous.
Avant l’arrivée à Palavas, momo part devant impressionnant de facilité, je le rejoindrai au CP suivant à la cathédrale de Maguelone car je ne m’arrête pas à ce 1er ravitaillement.
Commence ensuite un chemin de terre rectiligne longeant un canal de 14 km de long, je vois la silhouette de momo s’éloigner inexorablement de moi, Gilles restant sur mes talons pendant ce trajet ; au bout de 33 km, juste avant le CP2, je retrouve Ernesto qui s’était perdu, puis momo au CP2 en train d’être interviewé par France 3.
L’étape se déroule ensuite le long de divers étangs et villages de pêcheurs, l’étape est un peu plus variée, le balisage est OK et le road book bien détaillé : je me force et le ferai toujours par la suite (je ne me suis jamais perdu) de le consulter à tout moment pour savoir exactement où je suis situé, notamment pour contrôler ma vitesse par rapport aux km indiqués sur le road book.
Je vois parfois Momo devant qui me précède de quelques minutes, je ne vois plus personne derrière moi.
On finit par 8 km de sable sur la plage, dont 2 km difficiles et je termine à 15 minutes de Momo qui a finit fort en 5h05’; j’ai un peu mal aux jambes, mais dans l’ensemble tout est OK.

Nous découvrons comme nous le ferons pendant 7 soirs notre superbe bivouac installé avec soin comprenant un dortoir, une tente réfectoire et une cuisine équipée. Nous apprenons à connaître chaque bénévole, la logistique étant irréprochable et les organisateurs aux petits soins avec nous. Une grande famille est née et une bonne ambiance s’est installée immédiatement : BRAVO à Christophe et à son équipe.
Un couple de jeunes et sympas podologues était présent, je peux vous dire que j’ai passé des heures post-course avec eux, d’abord pour mes multiples ampoules dès le 1er jour et ensuite pour mes nombreux soins et straps à partir de la 3ième étape !
Dès la ligne franchie, petite trempette des jambes dans la mer pour vérifier les bienfaits de l’eau froide salée et faciliter ainsi la récupération. Après, je suis prêt à repartir (quoique …)



2ieme étape : l’hécatombe

63 km de Valreas plage à la Franqui dont 25 km de plages et un petit massif à traverser (400 m dénivelée)
départ sur 5 km de sable et déjà les 1ers dégâts se font sentir au niveau des jambes, surtout lorsque l’on tombe comme moi dans un trou de sable mouvant jusqu’aux mollets et que l’on a de suite les pieds mouillés et remplis de sable ; ensuite longues routes goudronnées le long d’un fleuve avec beaucoup de vent de face sur plus de 3 km ; dès le départ Momo est parti devant, j’essaie de maintenir un écart de quelques minutes, mais dès qu’il y a du goudron, il s’envole ; passage au CP1 après 11km en 1h03’, puis 10 km de plage (je vois Momo à environ 4 ‘ devant moi)
on entre ensuite dans le petit massif de la Clape avec de superbes châteaux perdus dans les vignes, un peu de dénivelée, mais de la chaleur pour arriver au CP2 en 2h04’ après 22 km de course (le tiers) ; j’en profite pour nettoyer les pieds et retirer environ 100 gr de sable par chaussure, ce qui me fait stopper tout de même 5’27 secondes (admirez la précision!)
une fois le massif dépassé après une petite descente trail sympathique et à partir du 29ieme km, on va avoir que du goudron, et des lignes droites interminables avec beaucoup de vent, très fatigant pour mes genoux et moralement car cela n’avance pas, on rame ; j’ai les jambes lourdes et courbaturées (j’ai du mal à ramasser ma gourde de squeezy qui tombe par terre en moyenne 4 fois par étape) ; au CP3, 37ieme km, j’ai déjà 12 minutes de retard sur Momo qui est passé en 3h27’ ;
commence alors le pire moment du RMV, une piste cyclable de 13 km coincée entre un canal et la mer et avec un vent de face à décorner les bœufs et bourrins comme nous ; des bornes km étaient en plus visibles sur la piste VTT, au départ j’arrivais à assurer un petit 6’ au km, mais ensuite je me prenais 6’10, voire 6’20 au km ; je me demandais à ce moment là ce que je foutais ici et comment je pourrai parcourir encore 400 bornes dans ces conditions alors que j’avais mal dans les jambes et des cloques au pieds (ce sera d‘ailleurs mon seul moment d’incertitude et d’abandon durant le RMV) ;
arrive enfin le CP4 en 5h16’ pour le km 52 et j’éprouve même de la joie à devoir finir les 11 derniers km sur la plage en dévers et dans du sable parfois mou ! ! !… France 3 me stoppe pour un petit interview (Momo a du négocier avec eux pour me faire encore plus retarder) et je termine épuisé les 63 km en 6h28 à 25 minutes de Momo.
Les écarts sont déjà importants avec les suivants et se comptent le plus souvent en heures.
Sur cette étape très difficile, surtout en début de raid où les organismes ne sont pas encore habitués à ces efforts renouvelés alors qu’il reste les ¾ à faire, 3 abandons sont survenus (ce seront les seuls du RMV ! !), Cyril, Gilles et Stéphane.
Le premier rejoint sa famille dès le lendemain et je le comprends fort bien, les 2 autres vont nous suivre jusqu’à la fin du RMV et parcourront avec certains coureurs divers CP lors des 6 étapes ultérieures, ce qui leur apporte une expérience certaine pour les prochains raids même si Gilles a déjà réussi la GTA en 2004.
Et toujours la petite trempette des jambes dans la mer juste après l’arrivée…



Etape 3 : la montagne, quel régal ! !

70 km annoncés pour 1100 m dénivelée (en fait, nous en ferons 1525 ! ! mystère des calculs de l’organisation). enfin de la montagne, de la diversité, des relances et de beaux paysages entre le Boulou et Figueras ;
3 km après le départ se forme un trio soudé qui va courir jusqu’à la dernière étape de façon immuable et remarquable : momo, fabrice et moi ; nous allons, excepté la dernière étape parcourir ensemble 2, 3, voire même 4 CP par étape pour ensuite se séparer lors des derniers CP ; j’ai beaucoup appris et observé lors des dizaines d’heures passées ensemble avec ces 2 personnes hors normes, momo et son palmarès unique et fabrice au tempérament de guerrier ;
momo, dans les sentiers de montagne se contentera de suivre le train souvent imposé par ma pomme car moins à l’aise que sur le plat et fabrice impressionnant de souplesse et d’agilité malgré sa carrure de catcheur.
Avec un rythme rapide, nous allons creuser de gros écarts sur nos poursuivants tout en ayant le temps de prendre des photos, de papoter ; l’intérêt évident de courir à plusieurs provoque une émulation, augmente l’efficacité et la lucidité (on a moins de chance de se perdre et on réfléchit plus pour trouver les solutions quand on a des doutes sur l’orientation), bref, c’est tout « bénéf » pour nous.
Nous grimpons tout de suite pour passer les Pyrénées dans des superbes forêts jusqu’au CP 2 au 26 km que nous atteignons en 2h44’, Gilles nous ayant accompagné pendant les 20 premiers km. A la frontière, surprise, de superbes sandwiches nous attendaient au ravitaillement ainsi que la garde civile espagnole.
Commence alors ensuite une belle descente sur goudron de plus de 4 km, je pars seul rejoint par le seul momo car fabrice ne peut suivre le rythme dans la descente. La descente continue sur de beaux sentiers et pistes pendant 6 km (on passe même devant un dolmen)
Nous atteignons le CP 3 au 42km en 4h05 après un parcours de 3 km accidenté et chaud sur goudron le long d’une retenue d’eau et retrouvons Marianne et un beau chien qui l’a suivie pratiquement depuis le CP 2 (elle avait commencé sa journée de course/marche à ce CP) ; nous repartons suivi du chien qui va faire 10 km avec nous ; sur le chemin, momo tue un serpent (nous pensions vipère), mais il s’agissait en fait d’une couleuvre, et oui nous ne sommes que de braves citadins ! !
Toujours des chemins, du dénivelée, momo est un peu à la peine et il m’offre de finir l’étape ensemble, ce que j’accepte avec joie ; on arrive au CP 4 au 57 km dans un superbe village « Les Escaules » en 5h15.
Après 2 km de goudron, nous arrivons au dessus d’une cimenterie avec du balisage RMV 2005 mais aussi 2004 ! ; en observant bien le lieu et en lisant avec soin le road book, nous avons réussi à trouver notre chemin en quelques minutes alors que certains ont perdu plus d’une heure comme le pauvre fabrice, ce qui le mettra dans une rage bleue, mais qui le motivera pour les étapes futures.
Nous arrivons au terme de l’étape en franchissant heureux la ligne en 6h27 ; je me sentais en pleine forme et aurais pu continuer à ce rythme ce jour pendant au moins 15 km supplémentaires.
L’observation importante pour moi a été de constater que j’avais plus de facilités que momo dans ce type d’étape et surtout qu’il ne maîtrisait pas trop la lecture du road book, raison pour laquelle il préférait se contenter de me suivre et de me contrôler (je ne pouvais pas d’ailleurs physiquement le lâcher).
La trempette dans la mer se transforme en douche froide car nous sommes loin de la mer.


Etape n°4 : une des plus belles et variées, 62 km de Palamos à Blanes pour 800 m dénivelée annoncé (en fait 65 km et 1565 m dénivelée positif, ça change pas mal au final, surtout au niveau des pattes !)
Nous allons faire 16 km jusqu’au CP 1 en sentiers de bord de mer : rochers, plages et paséos de toute beauté, quel plaisir que de courir dans ce cadre avec des maisons somptueuses surplombant de belles petites falaises ; quel régal pour les yeux ; notre trio magique, momo, fabrice et moi a pris beaucoup de photos ; nos poursuivants ont réussi à nous suivre pendant quelques km, mais ont ensuite ralenti le rythme.
Seuls les arrêts pipi nous séparent quelques instants, certains seront déterminants pour la course par la suite ; d’ailleurs, je remets, après l’une de mes pauses pipi, dans le bon chemin momo et fabrice qui partaient jardiner pour au moins 10 minutes dans le port chinguito alors qu’ils avaient 200 m d’avance sur moi ; ce scénario se répétera encore une fois, comme quoi les arrêts pipi font réfléchir !
Arrivée au CP 1 en 1h53, pour ensuite monter dans la montagne ; dès le départ du CP, une douleur au genou droit se fait sentir (aïe, j’ai peur de revivre la 333) ; il s’agira en fait d’une inflammation de l’aileron, dixit le podologue qui me fera par la suite des soins et des straps ; je sentirai cette douleur pendant tout le reste de la course, mais sans aggravation, l’aileron du genou gauche se fera également sentir lors de la 5ieme étape et suivantes ! !
Nous suivons de grandes pistes et parfois de petits sentiers de chèvres surtout en descentes et arrivons après une belle bosse tous les 3 au CP 2, 31 km en 3h30. il fait chaud, nous prenons le temps (5’23) de nous rafraîchir et nous voilà repartis après une courte montée dans une belle descente sur piste ; comme d’habitude, fabrice ne pourra nous suivre dans ce type de descente même si momo me demande de freiner dans les descentes car je vais trop vite, il faut me répète t’il souvent en garder sous le pied car la course est encore longue !
Nous doublons Stéphane qui se fait un ou 2 petits CP en off, ça fait plaisir de le voir reprendre la course et atteignons par la suite une portion accidentée sur 2,5 km annoncés qui seront en fait 5,5 km ! ! ! ça démoralise, et on se pose des questions même les plus saugrenues (ne serait-ce pas le parcours 2004 que nous suivons ?).
Nous atteignons enfin à court d’eau (surtout momo qui n’a qu’un bidon de 50 cl ! ! ? ? ce qui lui jouera des tours par la suite) le CP 4 annoncé à 46 km en 5h31 (putain, 2 heures pour se taper 15 bornes, on rame … alors qu’il y avait bien 18 km)
Nous retrouvons pour les 16 derniers km les sentiers et routes en bord de mer avec quelques hésitations sur le parcours ; je peine un peu dans certaines montées goudronnées, momo m’attend souvent devant lorsqu’il hésite sur le chemin à suivre, mais veut terminer avec moi cette étape ; dès que le sentier est escarpé ou des marches présentes (au moins 3000 dans l’étape), je distance momo, ce dernier rattrapant le retard sur les parties planes des paséos.
Enfin nous abordons les 2 derniers km de la plage de Blanes et franchissons ensemble et heureux la ligne en 7h39’, ce qui constituera notre plus longue étape, mais également l’une des plus belles. Et c’est la moitié de la course, champagne ! ! ! on a fait le plus dur.
Et toujours la petite trempette des jambes dans la mer juste après l’arrivée…


Etape n°5 : la galère des paséos, de Casteldefells à Tarragona; 64 km dont plus de 25 km sur des paséos très éprouvants pour les jambes car sols bétonnées ou carrelés.
Om m’appelle la momie ou Ramsès, car mes jambes sont déjà bien strappées ; nous partons de la montagne et allons grimper puis descendre sur route goudronnée et larges pistes pendant 18 km , Gilles accompagnant le trio infernal ; nous arrivons au CP 1 au 18 km en 1h40 (le CP n’était pas encore monté, on a failli le rater) dans le superbe village côtier de Sitges.
Dès le départ du CP 1, et les 1ers paséos, fabrice va ralentir la cadence, solution raisonnable pour lui car il aura du mal à finir cette étape (mais ne vous inquiétez pas, il va se rattraper par la suite).
Nous allons longer ensuite la voie ferrée pendant plusieurs km et la côte, lieux de rencontres superbes entre créatures de même sexe ; la mer est bizarrement boueuse ; arrivée au CP 2 après un paséo horrible de 3 km dans une zone plus ou moins industrielle, km 36 en 3h11.
Ensuite, pendant 28 km, grosse galère sur ces paséos qui font mal aux genoux : un seul objectif, mettre un pied devant l’autre et le plus vite possible, si aller à 10 km/h sur ce type de terrain peut être considéré comme rapide ! ! ; passage au CP 3 en 4h51, km 50, j’en chie, surtout que l’environnement n’est pas fait pour nous remonter le moral : béton, béton, béton à perte de vue, les immeubles étant vraiment horribles.
Voyant mes capacités et ma vélocité, momo part seul devant, pour me dit-il, me motiver à aller plus vite, d’autant plus que le parcours n’est que côtier avec peu de chance de se perdre ;
Enfin, les 2 derniers kms arrivent, c’est du sable, ça fait du bien, j’aimerai presque courir pieds nus, je vois la ligne d’arrivée sous le superbe château d’Alatafula que je franchis en 6h14, 5 minutes après momo.
Et toujours la petite trempette des jambes dans la mer juste après l’arrivée…


Etape 6 : 67 km entre l’Hospitalet et le delta de l’Ebre ; comment j’ai vaincu momo l’invincible…
Etape superbe car variée : sentiers côtiers type trail puis en final 17 km de plat dans le delta et ses rizières, paysages de toute beauté.
Nous partons pour 3 km de plage, le trio se formant dès les premières centaines de mètres.
Le rythme est rapide, le CP 1 au km10 est vite passé ; nous grimpons une petite montagne de 300 m dénivelée, Gilles nous rejoignant facilement ; descente technique en traces directes et de visu, momo prenant plus de 2 minutes de retard ; nous longeons une voie ferrée un peu trop longtemps et devons escalader le grillage « SNCF » pour rejoindre notre chemin ; après quelques km dans des beaux lotissements en bord de mer, nous arrivons au CP2, km23 (je ne peux indiquer les temps intermédiaires, un problème avec mon chrono vers les fins d’étapes qui se réinitialisait au 01.01.2000 rien que pour nous emmer…).
Pendant ensuite 27 km, succession de cala, plages, petits ports, pinède, que du plaisir pour les yeux et du repos pour les jambes ; je trace le chemin, fabrice me suit sans sourciller et momo se ballade quelques dizaines de mètres en arrière. Passage au CP 3, km37, puis 500 m avant l’arrivée au CP 4, km 52, vent arrière, je me prends pour forest gump et coure a plus de 14 km/h laissant sur place momo, fabrice ayant lâché depuis 2 km mais qui nous suivait à moins de 4 minutes.
Malgré mes douleurs aux genoux et mon releveur droit qui commençait à se faire sentir, j ‘avais la patate et décidais de m’arrêter au minimum au CP 4 pour repartir aussi vite.
Le reste des 15 km dans le delta de l’ebre, tout plat, se résumait en 9 km de pistes entre les rizières puis 4 km de plage et 2 km de paséos avant l’arrivée au camping.
J’attaque donc momo qui est parti du ravitaillement 150 m derrière moi ; l’écart se creuse (et oui même sur du plat) à plus de 500 m après quelques km à 13km/h. Incroyable !
Une route goudronnée (qui me fait mal) de 2 km et momo revient à moins de 100 m ; il veut couper pour me rejoindre, mais lui indique une partie marécageuse certainement mauvaise ; à nouveau vent dans le dos, je reprends un bon avantage sur momo en doublant marianne qui se faisait 2 CP en off ; entrée sur la plage, je vois mon avance augmenter fortement (en fait à court d’eau, momo va même boire de l’eau de mer), j’arrive sur le paséo en sachant que j’allais gagner le jour de l’anniversaire de Sacha, mon 3ieme fils de 3 ans et passe la ligne en même temps que Philippe qui doit encore parcourir un aller/retour entre le CP4 car le début de l’étape était trop dangereuse pour lui et surtout pour sa hanche (parcours judicieusement aménagé pour lui, quel courage ce type ! !). Momo arrive 7 minutes plus tard, épuisé, un peu vexé et furieux car il s’est perdu autour du camping ; il restera allongé sans bouger sous la tente pendant plus de 30 minutes pour récupérer.
Je suis étonné de ma forme, malgré les douleurs supportables, et de pouvoir courir à plus de 13 km/h après plus de 5 heures de course, et ce pendant plus d’une heure : la faculté de récupération est immense et était insoupçonnable pour moi qui venait sur un raid dans l’inconnu.
Les écarts derrière sont très importants, fabrice, 3ième, mettant plus de 40 minutes que moi pour faire les 15 derniers km. J’ai un moral d’enfer, je sais que je finirais la course sur le podium car plus de 8 heures d’avance sur le quatrième alors qu’il ne reste » plus que 110 km ».



Etape n°7 : de Benicarlo à Benicassim

66 km dont 8 km de plage de galets et 2 km de ballast de voie ferrée et ses cailloux acérés.
Mon visage est fermé ce matin depuis le réveil car j’ai vraiment mal au releveur ; je demande à Fadi, notre toubib, juste avant le départ de me faire un superbe strap et j’avais pris soin de prendre un bâton télescopique que m’avait prêté Philippe au cas où je devais marcher en me soulageant (non pas la vessie …).
Et divine surprise, dès les 1er pas de course, la douleur est supportable et ne s’aggravera pas ;
Le scénario des étapes précèdentes se rejoue ; le trio a tout de même un peu plus de mal à se détacher sur les 8 premiers km de plages (en fait moins de 7 km car on passe en effet le km 10 en 41 minutes, pas mal pour de la plage ! !)
Dès la 1ère montée, les écarts se creusent et juste avant une belle tour en pierre, nous avons la divine surprise de voir revenir Daniel … une petite erreur sur le parcours nous obligera à couper à travers les broussailles et distancera malheureusement Daniel enrageant de se faire griffer ses belles jambes bronzées; une longue piste accidentée de 13 km nous amène au CP 2, km 30, accompagné par notre journaliste de jogging François qui nous fait une petite démo en VTT. Nous doublons le courageux Stéphane sur cette piste et sous une chaleur éprouvante.
Succession de petits paséos, plages, routes de bord de mer (François nous offre même un coca) ; fabrice décroche légèrement mais nous l’apercevons de temps en temps à peine 5 minutes derrière nous. 1ère portion de galets de 2,5 km assez facile.
Arrivée au CP 3, km 42 puis longue plage de galets de 8 km pour arriver au CP 4 au km 51. Nous allons faire plusieurs essais entre le bord de mer (parfois sablonneux grâce à une marée opportune), un petit replat de galets mais de tailles modestes (on s’enfonce comme dans du sable) ou les gros galets en sommet de plage prônant une souplesse des chevilles mais un enfoncement moins important ; parfois, un petit sentier entre les galets et les marécages nous offre un léger répit mais qu’il est difficile de grimper sur les galets quand on essaie de passer d’un endroit de la plage à l’autre !
Nous arrivons moins d’une heure après le CP 3 au CP 4, fabrice nous rejoignant, momo et moi, après quelques minutes de pause. Momo propose de finir l’étape ensemble, fabrice nous indiquant qu’il ira à son rythme, ce que je souhaite également car il est difficile de suivre quelqu’un après 5 h de course (on a chacun des phases difficiles ou plus faciles mais à des moments divers) ; par ailleurs, mon rythme personnel de croisière (m’arrêter le moins souvent et longtemps) me fait moins souffrir au niveau des inflammations que si je devais m’adapter à un rythme d’un autre coureur ; j’en suis désolé pour Fabrice.
Nous arrivons après un long paséo en bois sur un promontoire rocheux avec un joli phare et redescendons vers une plage et un port ; ensuite montée très rude de 1,5 km sous la chaleur pour découvrir 300 m plus haut une superbe vue sur Oropesa de Mar ; la descente sur route goudronnée fait mal aux jambes et nous attaquons le ballast de l’ancienne voie ferrée sur 2,5 km ; le site est assez irréel, nous courons entre 2 falaises creusées par l’homme ; nous prenons plusieurs photos, tranquilles, avec Mono ; 3 km avant l’arrivée présumée, profitant de mon dernier arrêt pipi, momo part à l’attaque sans se retourner ; étonné (est ce le fait de ma victoire la veille qui le fait réagir de la sorte ?), je ne m’en laisse pas conter et arrive à maintenir une distance de moins de 30 m alors que nous déboulons à plus de 15 km/h sur le paséo de Benicassim ; surprise, l’arrivée a été avancée d’un km pour des raisons logistiques, nous arrivons à donf dans cet ordre, Momo se retournant enfin, étonné de me voir si prêt de lui ; l’organisation nous classe dans le même temps, fabrice arrivant moins de 15 minutes après nous.
Et toujours la petite trempette des jambes dans la mer juste après l’arrivée…
Et de bonnes bières et panachés sur la plage, l’arrivée ayant été installée de façon optimale juste devant un bar, la grande classe ! !…


Etape n°8 : coup de théâtre

Réveil en fanfare après une grasse matinée pour la petite étape finale de 37 km entre la cité antique de Sagundo et les hauteurs de Valencia, dénivelée environ 1200 m (en fait environ 40 km).
Je me sens en pleine forme malgré mes quelques douleurs aux genoux et au releveur, mais je sais que cela ne s’aggravera pas ; je décide de ne plus courir avec le bâton de secours et prend la décision de tenter un coup, à savoir partir à fond (du style 13km/h) pour lâcher mono … et avoir l’infime espoir qu’il se perde, jardine et arrive plus de 40 minutes après moi (on peut toujours rêver, n’est-ce pas, ce sont les surprises et incertitudes du sport …).
Dès les 1ers km, je tape fort, fabrice suit à 50 m, je vois momo peiner 100 m derrière moi.
Gilles nous accompagne et suit toujours le 1er.
A nouveau arrêt pipi pour moi en bas de la 1ère côte sérieuse (rassurez-vous, ce sera le dernier stratégique !), fabrice et gilles me dépassent, puis Momo qui ralentit et m’attend ; au passage, il me dit que gilles part trop vite et qu’il ne faut pas le suivre, mais lui rétorque que le tempo était donné par moi ; par ailleurs, je lui indique que si au CP2, nous arrivions ensemble tous les 3, fabrice lui et moi, je serai OK pour neutraliser la course pour faire une arrivée commune et permettre à fabrice de gagner une étape.
Puis j’accélère et dépose Momo ; je rattrape très vite Fabrice, le dépasse en lui disant que j’attaque momo et me lance dans un trail à fond avec Gilles.
Au CP1 (km 10), je ne vois plus personne derrière moi, j’ai déjà fait un beau trou ; vers le km 12, on rejoint une route de montagne empruntée par le dernier tour d’Espagne vélo, les paysages sont superbes ; au détour d’un virage, je vois Fabrice à plus de 10 minutes, mais pas de momo en vue, ça me donne encore plus de pêche ; on descend ensuite une large piste entre 14 et 15 km/h, j’ai l’impression de faire un sprint, je double Stéphane, puis Philippe ;
Nous suivons une belle trace d’huile… nous apprendrons à l’arrivée qu’il s’agit de la voiture de Christophe, carter explosé par un caillou.
Au CP 2, on me confirme que Fabrice est très loin ; pas de nouvelles de momo.
8 km séparent CP2 et CP3, piste et route, beaucoup de dénivelée et de chaleur ; parfois je suis obligé d’arrêter de courir pour marcher vite ; Gilles en profite pour faire quelques photos ;
Christophe arrive en voiture et se fait déposer pour faire les 4 ou 5 derniers km avec moi avant le CP3 km 30 ; cela me fait plaisir de courir avec lui; ces km sont interminables, j’escomptais 8 km mais pas les 11 réellement faits, c’est dur pour le moral car on a l’impression de ramer ;
Enfin dernier ravitaillement avant 7 km de descente et la délivrance ; je suspecte quelque problème vis à vis de momo, on me parle de fabrice, mais pas de notre momo national.
Je descends à fond de train dans un paysage sauvage typique méditerranéen et arrive à suivre des VTT en goguette ; j’arrive enfin en vue d’un monastère ; Gilles, malgré mon insistance, désire que je franchisse la ligne en solo … ce que je fais en 3h58, heureux et fier d’avoir terminer cette épreuve de 500 km que je pensais inaccessible il y a encore quelques mois ! ! ! ! ! ! ! ! ! quel soulagement, quel plaisir …. (même si les organisateurs m’ont fait croire quelques secondes que j’avais encore 5 km à faire …)
J’apprends par la suite que les organisateurs n’ont plus de nouvelles de momo depuis le CP1 ; il a oublié son road book au ravitaillement, mais il était très facile de se diriger sans ce support car le balisage était correct.
Fabrice arrive plus de 30 minutes derrière moi, je sais que j’ai en plus gagné le RMV grâce à mon coup d’audace : momo étant en effet derrière fabrice et en difficulté au moment où j’ai démarré, je pense que j’ai pu lui reprendre les 40 minutes d’avance qu’il avait sur moi) ; momo avait raison, tant que la ligne d’arrivée de la dernière étape n’est pas franchie, il peut se passer plein d’évènements et de retournement de situations.
Les 3ièmes arrivent plus d’une heure après moi : cette courte étape aura en fait enregistré les plus gros écarts de la course, est-ce en raison de la dernière, les concurrents en ont-ils profité pour se languir au soleil ? ?
Vincente arrive dernier après 7h11 de souffrances et passe la ligne tel un zombie ; tout le monde est transféré à Valencia pour une arrivée fictive sur le parvis d’une centre culturel.
Entre-temps, toujours pas de nouvelles de momo, les organisateurs préviennent la garde civile, le consulat…
Nous apprendrons vers 20h qu’il s’est rendu auprès d’un commissariat et arrivera en taxi à notre hôtel peu de temps après ; que s’est-il passé, nul ne le saura ? personne n’a compris pourquoi il n’a jamais fait demi tour quand il s’est aperçu de son erreur de parcours, pourquoi est-il descendu au bord de la mer à plus de 2 heures de notre parcours ? pourquoi après avoir rencontré l’équipe du bivouac (pas au courant de notre parcours) au bord de la plage en train de pic niquer ne leur avoir pas indiqué qu’il cherchait son chemin ? voilà bien des mystères que chacun interprétera à sa façon ;
Momo a bénéficié de pénalités (2h + temps du dernier, soit 9h11 pour parcourir la dernière étape) ; compte tenu de l’avance acquise avec nos poursuivants (plus de 8 h ! !), Momo intègre la 2ième place du général à plus de 4h de moi.

je boucle le RMV en moins de 50h, soit une moyenne de plus de 10km/h.

FIN d’une belle aventure humaine et sportive : expérience unique et rencontre d’êtres exceptionnels qui ont su se surpasser ; séquence émotion lors de la remise des prix quand Philippe (et sa prothèse de hanche de moins de 3 mois) a évoqué le courage de Robert suite à son terrible accident de moto il y a 4 ans … ce souvenir lui ayant permis de se surpasser pour boucler les 500 km du raid 2005 : Bravo à toi Philippe, tu es fou, mais on t’aime comme cela, ne change pas ! ! !

Bravo à tous les concurrents, et au vainqueur 2004, lolo, j’ai pu apprécier ton flegme ardéchois : bon courage pour la trans gaule, je penserai à toi quand je siroterai mon pastis au bord de la piscine cet été.




Enfin, pour terminer (et après vous pourrez vous endormir), juste les quelques produits que je prenais pour la récupération et l’alimentation :

- pendant la course, environ 3 sportenine par étape,
- 3 fois par jour (matin, AM et soir), 3 granules d’arnica, china ruba, phosphoricum acidum et sarcolatic acidum 9CH,
- le matin et 20 minutes après l’arrivée, 1 sachet de sels minéraux ACM 20
- après l’arrivée et pendant la nuit, un bidon d’un litre de carbonload
- pendant la course, chaque heure un gel squeezy ou une barre i-diet (barres qui ont beaucoup plus aux autres coureurs, pour info vous pouvez les commander de ma part auprès de jean-pierre, idiet@monaco377.com au 0610028642) ; je courrais avec un camel de 1,5 l que je complétais tous les 1 ou 2 CP en fonction rapidité course et chaleur.

1 commentaire

Commentaire de gdraid posté le 17-01-2008 à 02:04:00

Philippe , ton récit est époustouflant.
Comment ai-je pu raté un tel CR sur Kikourou, au sujet d'un raid qui m'impressionne tant.

Je connais un peu Momo, Mohamed Magroum, pour l'avoir vu à l'oeuvre, à la Mauritanienne Race200 de mars 2004.
Du grand art.
Momo semblait s'entrainer gentiment, pour une prochaine épreuve.
Il oublia même une ravitaillment d'eau entre 2 CP distants de 20km, sans trop en souffrir. (Apparemment...)
Il consomma essentiellement des petits casse-croûtes de pain garnis de son harissa tunisienne, durant son record de 31h00, jamais égalé à ce jour.
Seul un coureur comme toi, me semble en mesure de lui ravir ce record .
Mais pas avant mars 2009, car l'édition de mars 2008 est annulé, comme te l'a dit, l'autre jour au téléphone, Jean-Pierre DELHOTAL.
Ria Buiten m'a confirmé son intention de courir le prochain RMV.
Cette sympathique hollandaise, devrait surprendre son monde !
Je vais fouiller d'avantage les forum, pour y découvrir d'autres , de tes exploits.
Tu m'intéresses beaucoup, avec de telles qualités.
Encore chapeau et respect Philippe.
Jean-Claude_marcheur_aux_bâtons_des_8_jours_NFL_2007

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