par Sac d'os » 08 Août 2008, 09:04
Le bénévolat est-il en crise ?
Source : La lettre de l'économie sociale n°101
date 19-04-2002
Etymologiquement, le mot « bénévolat » vient de « bien » et « vouloir ». Le bénévole est celui qui veut bien : à la fois bienveillant et volontaire. C’est aussi celui qui fournit une prestation à titre gratuit. Les participants aux 2èmes Assises du sport en Ile-de-France ont tenu, unanimement, à rappeler cette vérité : sans les bénévoles, il n’y aurait pas de sport. Et tous ont clamé, parfois avec vigueur, l’absolue nécessité de valoriser le travail des bénévoles, d’aider et de soutenir ces femmes et ces hommes qui donnent leurs temps pour les autres. On a pu le constater au cours de ce débat : quel que soit le sport pratiqué, l’immense majorité des personnes présentes en décembre dernier, partageait les mêmes préoccupations, et se reconnaissait dans le constat établi par le groupe de travail sur le bénévolat sportif en Ile-de-France.
D’un côté, on assiste à une réduction du temps de travail et une augmentation du temps de loisirs. Les bénévoles sont de plus en plus sollicités. Parallèlement au temps qu'’is consacrent au sport qu'ils aiment, ils consentent aussi un investissement financier personnel parfois important. D’autre part, cela peut sembler paradoxal, mais, à l’époque des nouvelles technologies, les bénévoles sportifs vivent dans un certain isolement ; ils sont souvent cloisonnés dans leur discipline. Enfin, la responsabilité des dirigeants, tant au plan civil que pénal, est fortement engagée. Le besoin de protection juridique se fait sentir de façon cruciale, particulièrement pour le corps arbitral. De plus, les responsables de clubs ou de ligues croulent sous les tâches administratives, qu’ils ne parviennent quelquefois plus à assumer. Estimant qu’on leur demande aujourd’hui de ses conduire comme des chefs d’entreprise, aptes à tout gérer et à résoudre tous les problèmes, ils veulent rappeler qu’ils n’en ont pas forcément ni les moyens matériels, ni la capacitié, ni le désir. Logiquement, la question du développement du bénévolat dans les associations et clubs sportifs a été posée. Confrontés à ces difficultés, comment les responsables sportifs peuvent-ils assurer la relève ? Comment susciter des vocations auprès des jeunes pour garantir la pérennité du bénévolat ? Cela semble primordial pour tous les participants : il faut faire savoir ce que le mouvement sportif réalise. Trop peu de personnes savent exactement ce qu'il représente. Les sportifs ne sont vus par le grand public que comme des pourvoyeurs de médailles. Or, le rôle du mouvement sportif va bien au-delà ; il est essentiel à la société. Les militants du sport sont d'accord sur ce point : si on mettait en avant leur rôle social, la perception que la population et les décideurs politiques, économiques et médiatiques ont du bénévolat sportif pourrait radicalement changer. Certains l'ont exprimé : c'est peut-être à l'intérieur du mouvement sportif lui-même qu'il faudra accomplir le plus d'efforts de communication. Les bénévoles sont tellement habitués à agir, parce qu'ils sont passionnés, qu'ils ont parfois du mal à faire prendre conscience aux autres de la force qu'ils représentent et du rôle qu'ils jouent dans la société.
SALARIES ET BENEVOLES
Le problème se devait d'être évoqué par les participants à ces deuxièmes Assises du sport : faut-il avoir peur du professionnalisme dans le sport ? De nombreux intervenants ont revendiqué haut et fort le bénévolat, expliquant que cela n'exclut pas de travailler avec des professionnels. Certains ont tenu à souligner que le professionnalisme n'est pas l'apanage des salariés : les bénévoles sportifs font preuve de tech-nicité, de compétences, de savoir-taire, mais il leur faut des moyens pour les exercer. Pour beaucoup, il ne faut pas opposer professionnalisme et bénévolat, mais on doit cependant s'adapter à une situation relativement nouvelle : l'arrivée de salariés dans les associations sportives. Une tâche délicate est l'amalgame entre ces salariés et les bénévoles, car certains de ces derniers se déchargent en voyant les salariés arriver. D'autre part, les salariés ne doivent pas prendre la place des bénévoles et surtout pas le pouvoir. Les dirigeants doivent être vigilants, et prendre des précautions pour parvenir à une bonne cohésion entre les deux catégories. D'autres inquiétudes ont surgi au cours du débat :
. le développement des emplois-jeunes est une bonne chose, mais quelle sera leur pérennisation ? Les grosses structures ont les moyens financiers, mais que devien-dront ces emplois-jeunes dans cinq ou huit ans au sein des petites associa-tions ?
. quelle retraite pour les bénévoles ? Des femmes s'investissent dans le bénévolat sportif, elles élèvent leurs enfants et n'ont souvent aucun emploi ; pourtant, elles exercent des postes haut placés. Dans le cas du décès de l'époux, la femme se retrouve totalement désemparée, parce qu'elle n’a aucune compensation financière. Des hommes quittent aussi leur emploi pour assurer des postes importants dans des fédérations ou de gros clubs omnisports. Au moment de la retraite, ils s'aperçoivent qu'ils n'ont pas assez cotisé et qu'ils n'ont pas droit à la retraite.
. il faut aider les responsables sportifs à gérer des salariés, donc à être des "patrons". Cette situation n'est pas facile pour un dirigeant, il peut se retrouver devant les Prud'hommes. Il doit être couvert sur le plan juridique, il a besoin d'outils pour alléger les charges de gestion, notamment des personnels.
On l’a clairement vu au cours de cette journée : les attentes du mouvement sportif et les analyses du groupe de travail se recoupent parfaitement. Christian Auger, président de la ligue ldF de basket-ball, a ainsi détaillé les actions que les bénévoles du sport appellent de leurs voeux, et en premier lieu un statut du bénévole. Tous souhaitent aussi un prolongement de ces assises à travers, par exemple, l'organisation d'une journée annuelle du bénévo-lat sportif. Les bénévoles du mouvement sportif ont besoin de disposer de lieux de rencontre, d'échange et de partage d'expériences. Autre proposition très concrète, la création d'un livret du bénévole sportif, reconnu par les institutionnels (Direction régionale et départementale Jeunesse et Sports, Conseil régional d'Ile-de-France), le mouve-ment sportif à travers le CROSIF et les chambres de commerce et d'industrie. Son objectif est de regrouper le parcours du bénévole, afin de le faire valoir, en particulier comme apport d'expérience dans sa vie professionnelle. Evidemment, pour répondre au besoin de protection exprimé tout au long de ce débat, la troisième requête émise en direction de la Région est de contribuer à la mise en place d'une oeuverture juridique pour les dirigeants bénévoles. Les bénévoles du sport attendent également de la Région qu'elle poursuive ses actions en matière d'information et de formation. Mais pour pouvoir se former, il faut du temps, de la disponibilité. Si les adminis-trations, d'une manière générale, acceptaient de simplifier les formalités auxquelles les responsables sportifs doivent se plier au quotidien, un pas important serait franchi. Dernier point mis en avant dans les conclusions du groupe de travail : il faut indemniser le déplacement des bénévoles, et tout particulièrement ceux qui accompagnent des équipes lors de compétitions à caractère régional.
Kikour avant que le temps ne le rattrape