Récit de la course : Raid de l'Estuaire St-Nazaire Couëron 2006, par La Tortue

L'auteur : La Tortue

La course : Raid de l'Estuaire St-Nazaire Couëron

Date : 15/4/2006

Lieu : St Nazaire (Loire-Atlantique)

Affichage : 1219 vues

Distance : 83km

Objectif : Pas d'objectif

1 commentaire

Partager :

6 autres récits :

une première édition prometteuse

Salut les gaminous !

Auray-vannes, septembre 2005, je me ballade avec l’ourson dans le village de départ et je tombe sur le stand du raid du golfe du Morbihan ! j’en ai déjà entendu parler et ça me tenterait bien ! seulement voilà, ça me paraît un peu fou de me taper 185 bornes comme ça sans trop savoir où je mets les papattes, aussi je me cherche sur le net des courses de préparation sur du long ! et oui, car sur du long, je n’ai que très peu d’expérience en fait : certes j’ai quelques raid orientation, dont le raid 28, dans les cannes, mais il s’agit de CO et en équipe donc rien à voir avec une course en ligne sur le plat et tout seul. J’ai bien aussi le Mercantour où j’ai encaissé sans trop de gros problème les 27h de course, mais là encore, c’est bien différent du golfe du Morbihan. Non, je pense qu’il me faut une course « référence » sur le plat et en farfouillant, je tombe sur le Raid de l’estuaire, première édition, qui me tente bien, d’abord sur la topographie, ensuite sur la distance (85 km) et aussi je dois bien l’avouer parce que c’est tout prêt de chez moi ! finalement, pour des raisons extra-sportives, je ne pourrais pas faire le tour du golfe cette année, mais tant pis, l’inscription est déjà partie et je me dit que ça peut pas me faire du mal en vue de la cro-magnon, car même si ce ne sera pas du tout le même effort, ça me fera toujours des bornes dans les cannes ! alors, zou, en route pour le raid de l’estuaire !

Depuis février, ma préparation a été plus que perturbée par différents bobos, rhumes, sinusites et autres soucis, mais qu’à cela ne tienne, je me suis concocté des mois d’avril/mai d’enfer, avec pas mal de vélo et quelques courses longues, dont le marathon de nantes, couru en 4h20 la semaine précédente. C’est donc à demi rassuré que je retrouve raztaboule, ou plutot l’hippopotame en gare de st nazaire ce samedi soir. Après un petit AAB sympa chez son beauf (merci encore à eux pour leur sympathique accueil), nous nous retrouvons au gymnase de départ. Comme toujours lorsque je me pointe avec mon bérêt et ma valise à roulette, je sens pointer sur moi des regards à la fois amusés, étonnés et un poil moqueurs, voir inquiets en se demandant bien qui est ce gugusse et jusqu’où il va aller ! bof, pas grave, j’ai l’habitude. D’ailleurs, ce sont les même regards qui m’accueilleront le lendemain à l’arrivée avec des « ah, c’est vous le bérêt ! ah ça alors, bravo ! », sous entendu : « et ben, on aurait pas misé une vieille chaussette sur votre arrivée ! » mouarff ;-) C’est quand même pas compliqué de comprendre qu’il est possible de faire les choses à peu près sérieusement sans pour autant se prendre au sérieux ! non ?

Je me fais une méga patatoide sur les chaussures à prendre ! initialement, j’avais prévu de courir en running pour gros ! mais les trombes d’eau tombées depuis 24h me font craindre un terrain très gras et je pars finalement avec mes trail « montagne » ! ce sera une grosse erreur sur la première partie très roulante où ces grosses godasses sans amorti et très lourdes m’ont autant miné les jambes que la tête. Corsaire, maillot kikourou ML et coupe-vent kikourou, me voilà transformé en « traileur », mais je garde encore mon béret de peur qu’on me prenne pour un des favoris ! mouarffff !

Avec quelques minutes d’avance, le peloton s’ébranle tout douuuuucement, nous traversons un petit lac très rigolo pour repasser sous la banderole de départ encouragés par la foule en délire ;-))

Avec l’hippo, nous faisons les premiers hectomètres ensemble en toute fin de peloton, mais très rapidement, je me retrouve seul avec mes grosses godasses et je commence très rapidement à râler : m’enfin, je rêve pas, on est en train de retourner sur st nazaire, en passant par la zone, beuurk, tout sur la route ;-( Nantes est à l’opposé, kesk’on fout par là ? au bout d’une bonne heure de bitume, je retrouve le sourire en attaquant un passage dans une prairie bien innondée ! splich ! splach ! je double et j’éclabousse ! hi hi je m’amuse. Mais c’est à nouveau le bitume ou des chemins parfaitement carrossables et à nouveau l’ennui et déjà, les pates qui me font mal ! ça fait pas 2 heures qu’on est parti et je suis déjà cuit des cannes ! pourtant je suis pas parti trop vite ! il ne me faut pas longtemps pour piger que le marathon de la semaine dernière à laissé des traces et que la mécanique est fatiguée. Bon, ben va falloir gérer. Première objectif : le premier ravito. Je me mets France info en boucle et j’attaque un deuxième passage rigolo en pleine Brière le long d’un étier avec gymkhana entre les rigoles, les passerelles, les barbelés, les trous à rats gondins et les bouses de vaches. Ce petit intermède m’a remis du baume au cœur mais je suis de plus en plus cramé et c’est avec un grand soulagement que je me pointe au premier ravito : km 27 pour 3h25 de course, un peu moins de 8 km/h, à peu près dans mes prévisions, mais beaucoup plus entamé que je ne le pensais !

L’hippo vient juste de repartir, la caravane des charmants bénévoles est exposée en plein vent, aussi, je descend deux verres de coca et quelques sucreries et je repars au bout de 5’. Avec un seul objectif, arriver au ravito 2 dans le moins mauvais état possible. Cette partie du raid sera la plus dure, tant moralement que physiquement ! Heureusement, je vais rattraper 3 concurrents successivement avec lesquels je ferais quelques kilomètres avant de les décramponner sans pour autant accélérer. Même si je ne me réjouis pas du ralentissement de mes compagnons d’infortune, je me dis que je dois pas avancer si lentement que ça. J’alterne marche et course, mais je garde un bon rythme de marche. Je croise, deux javas nocturnes avec des pochtrons avinés qui m’encourage. Il y en a même un qui m’accompagnera quelques centaines de mètres une cigarette dans un main et une canette dans l’autre ;-))

Les heures passent, le parcours est plat de chez plat et toujours du bitume ou de la piste dure. A 8 km du ravito environ, le parcours devient beaucoup plus rigolo, avec des montées et descentes en forêt. On arrive sur le « sillon de Bretagne », une résurgence du massif armoricain qui longe l’estuaire de la Loire au nord ! bon d’accord, ce « plateau » doit culminer royalement à 30 m de hauteur mais à monter et descendre tout le temps, ça passe le temps. Sur cette partie je vais encore remonter du monde. Mais je suis vraiment cassé maintenant et c’est avec un bonheur immense que j’aperçois de clocher de Savenay. Oui mais voilà, le ravito n’est pas encore là et ce n’est qu’après encore 3 ou 4 km de boucles autour et dans le village que j’atteins enfin ce deuxième ravito. 3h35 pour faire les 26 derniers km. J’ai ralenti mais pas autant que je le pensais ! Pfiout, j’en ai plein mes bottes, mais en franchissant, non pas l’horizon, mais le seuil de cette salle chauffée qui sent bon la bonne souplette, je sais que le plus dur est fait, que le parcours va être beaucoup plus rigolo et que je vais retrouver mes battons que j’avais mis dans un sac apporté par l’organisation. Bref, mon objectif est simple, faire le plein de caloreen, vérifier mon matos et repartir pour un sprint final de 30 bornes.

C’est à ce moment là que j’aperçois l’hippopotame un poil à l’ouest qui me parle vaguement d’abandon, mais d’un ton pas du tout persuadé ! bof, qu’à cela ne tienne, un ch’tit coup de pied au cul et zou, le voilà qui se prépare pour repartir avec moi. Il a pas fallu le pousser beaucoup, comme quoi, il devait pas être si mal que ça. Mais qu’ouis-je, qu’entends-je, qu’ours-je, qu’asperge ? une voix m’appelle, par mon nom de baptême, m’enfin ? serais-je devenu une vedette dont le nom résonnerait jusqu’à Savenay ou bien suis-je carbonisé au point d’entendre des voix ? ;-) non, je lève la tête et reconnais mon podologue, M Doleux, je le cite parce qu’il est vachement bien et qu’il était de « corvée » cette nuit là. Il a des tous petits yeux à cette heure si tardive ou si matinale ! on discute un petit moment, pendant que je fais le plein de caloreen et que je me fais des mouillettes de quart quarts dans de la soupe de légume : c’est pas mauvais ! si si ! c’est en discutant avec mon podo que je me rends compte que j’ai les pieds en feux, je dois avoir des ampoules partout et les ongles explosés ! déjà qu’avant la course c’était pas beau à voir, j’ose même pas enlever les godasses pour les lui montrer !
Après 30’ d’un repos bien mérité, nous voilà reparti avec l’hippopotame et un couple. On va se doubler redoubler plusieurs fois, jusqu’à ce que je vois l’hippopotame s’éloigner à une vitesse qui me fait penser que je ne le reverrais qu’à l’arrivée. Il a une foulée super efficace, courte et puissante et il semble reparti comme en 14 ! de mon côté, je suis maintenant complètement dans la course : « à l’attaque !!!! ». j’alterne marche rapide avec baton dans les bosses, avec des descentes bien rigolotes que je stabilise avec les batons (je dois avouer que j’ai fait des progrès de ce coté là). Et quand c’est plat, soit je porte mes batons par le milieu, soit je continue à les planter une foulées sur 2 ou 3, ! ça donne un rythme et c’est pas désagréable. Tout baigne en somme. Le parcours est génial, bien technique mais pas trop difficile. Mes grosses godasses de trail qui m’ont tant pesé jusque là, me sont maintenant bien utiles et j’accroche vachement bien au pavé. Il fait maintenant grand jour et le soleil tente quelques percées ! le pied, quoi ! je double 1 ou 2 gars à l’agonie que j’essaie de remonter mais visiblement ils sont cuitos ! et moi aussi, je vais commencé à tirer la langue vers le 70ème km ! m’enfin ? il est où ce foutu ravito ? il y avait 20 bornes à faire, ça va faire bientôt 3 heures que j’ai quitté Savenay et toujours rien. Arrivée à st Etienne de Montluc, j’aperçois au bout d’un ligne droite la silhouette de l’hippopotame ! tiens, je pensais qu’il était beaucoup plus loin ! il a l’air visiblement moins à l’aise que tout à l’heure. je hausse un peu le rythme, je reprends ainsi un groupe de 4 personnes et je fais la jonction avec l’hippo juste avant le 3ème ravito ! enfin, je commençais à me demander si je l’avais pas loupé. 3h20 pour faire les 20 km. C’est plus lent, mais c’est la partie du parcours la plus difficile dans laquelle est concentrée la quasi totalité des 850 m de D+, donc je m’en sors pas trop mal !
Après 10’ de baffrage de bananes et de petits gateaux, on repart avec l’hippo et un autre raider pour les 10 derniers kilo ! je passe un coup de fil à l’écrevisse pour ui dire bonjour et lui dire qu’elle peut venir me récupérer à l’arrivée dans 1h30 environ. je me suis à nouveau refait la cerise et j’attaque plein pot dans les dernière parties techniques de la course. J’arrive même à prendre un peu d’avance sur l’hippo et l’autre trailer dans les descentes, mais ça ne durera pas car dès que le plat reviendra, le long d’une voie ferrée, il me faudra les laisser partir car ils sont beaucoup trop rapides pour moi. Cette voie ferrée va me permettre de m’étalonner grâce aux repères situés tous les 100 m. j’avance à 6,5 km/h en marchant et à 7,5 / 8 km/h en courrotant et comme j’ai pas plus de mal à courir qu’à marcher, autant trottiner. Les derniers km sont géniaux, avec des passages de boue comme j’en avais rarement vu et des fossés pleins d’eau à emprunter sur de longues portions avec le fond tout glissouillant ce qui me vaudra un joli bain de siège !
C’est à la fois avec soulagement et surprise que je « déboule » sur 2 bénévoles qui sécurisent le dernier carrefour et qui m’annoncent l’arrivée au vélodrome dans 500 m (comme à Paris-Roubaix) ! ah bon, déjà ? j’ai pas vu passer les derniers km ! si j’avais su, j’aurais même pu finir un poil plus vite et gagner encore trois places ! bof ! pas grave.
L’arrivée est rigolote, au milieu de la pelouse du vélodrome et on arrive carrément dans les tentes qui servent à la fois de ravito de fin et de table de chronométrage ! sympatoche, car on arrive vraiment au milieu de tout le monde ! l’écrevisse et les petites tortues ont malgré tout réussi à louper l’arrivée du « héros » ! mouarfff ! quant aux grandes tortues, elles ont préféré rester devant téléfoot ! ah , je vous jure !!! je vois pas non plus l’hippopotame qui est arrivé depuis quelques minutes et qui doit déjà être parti à la douche.
1H20 pour faire les 10 derniers km, je fini quasiment comme j’ai commencé mais sur un terrain beaucoup moins roulant ! ça va, j’ai pas trop mal gérer. Temps total : 12h30 pour 83 km et 850 m de D+. c’est beaucoup plus lent que la moyenne de mes sorties de 2005 et j’avais prévu entre 11 et 12h, mais vues les difficultés d’entrainement, vues les circonstances de course et vu les galères de la nuit, je suis pas trop mécontent ! n’oublions pas que c’était une course de préparation !

Pour finir, sur la course, je dirais que pour une première édition, l’organisation fut parfaite ! accueil, balisage (et dire qu’il y en a qui se sont paumés ! faut le faire…z’avez cas courir moins vite et lever un peu le nez de temps en temps ! pour info, il y a une couple de concurrents qui m’a doublé 5 fois alors que je ne les ai jamais doublé !), sécurisation des carrefours, ravitos, bref, rien à redire. Attention toutefois si le nombre d’inscrits augmente, il faudra prévoir une salle de départ un peu plus grande. Un seul reproche, mais je l’ai déjà fait : le trop de bitume sur la première moitié. Les organisateurs en sont conscients et je pense qu’ils vont essayer d’améliorer ça pour les prochains. Le deuxième marathon est en revanche génial !

Quant à ma course, elle me confirme que je suis pas un ultra pur et dur dans l’âme et que je m’imagine mal courir et courir sans fin…même si mes possibilités physiques me le permettait, je me ferrais trop ch…. le plus dur pour moi est de ne pas voir trop loin dans la course. Il me faut des objectifs intermédiaires que j’atteins petit à petit, tout en gardant une vue globale de la course. C’est pour ça que j’aime bien les raid de CO car les balises font passer le temps et la présence des copains est réconfortantes. Je n’ai pas eu ces problèmes de « motivation » au Mercantour car j’avais un road book très précis et je me fixais des objectifs à maxi 2 heures, soit sur une ascension soit sur un ravito. en fait, j’ai besoin de savoir où j’en suis dans la course pour « maîtriser » mon affaire. et là comme je suis parti juste en regardant vaguement la carte au départ, je ne savais pas trop où j’en étais par moment et ça me gavait ! je pense qu’avec l’expérience cela passera, mais pour un tour du golfe, il est clair que je suis pas (encore ?) prêt !

Allez kenavo les poteaux ! et décidemment, y’en a quand même des chouettes courses à faire dans mon pays où il faut toujours beau (sauf quand il pleut…) ;-))


Bien amicalement,
La tortue….

1 commentaire

Commentaire de akunamatata posté le 20-04-2006 à 07:43:00

Génial récit La Tortue!
dommage qu'il n'y ait pas d'hyperlien pour aller directement sur le récit de raztaboule (hippopotame), le vécu interieur des courses est vraiment trés personnel et avoir plusieurs points de vue du meme evenement est formateur.
Akuna

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Votre annonce ici !

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version mobile - 0.24 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !