Récit de la course : TOR330 Tor des Géants 2013, par audyo15

L'auteur : audyo15

La course : TOR330 Tor des Géants

Date : 8/9/2013

Lieu : Courmayeur (Italie)

Affichage : 2206 vues

Distance : 321km

Objectif : Pas d'objectif

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Tor des Géants de Lionel Trivel

On ne s’inscrit pas au Tor des Géants sur un simple coup de tête. On médite, on analyse, on pense à la belle aventure qui nous attend sur les 336 km avec un dénivelé de 24000 mètres mais aussi à tout ce qu’il faudra mettre en place pour être prêt et aux possibles conséquences d’après course …

                Pour ma part, j’ai lu des dizaines de fois le compte rendu de Jules Henri Gabioud, vainqueur du Tor 2011. J’ai effectué une partie du parcours en reconnaissance en juillet 2012 avec mon frère Damien, sa femme Béatrice et mon pote Franck. Puis je suis venu aider Fabienne, la femme de Franck, sur le Tor 2012 pour assister son valeureux mari qui va faire une course magnifique et terminer à une belle 47ème place. J’ai pu m’imprégner de l’ambiance du Tor et de la magie qu’il procure sur son passage.

                Je suis décidé, je serai au départ du Tor 2013. Côté entrainement je ne change rien. J’inclus dans ma préparation 2 stages de 4 jours en montagne. Le premier à l’Alpe d’Huez (merci à la famille Semay) en juillet et le deuxième à 3 semaines du départ sur le parcours du Tor. J’ai effectué 190 km / 10000m de D+/-  pour le 1er et 215 km / 15000m pour le 2ème.

                Comme pour chaque objectif, je soigne mon alimentation afin d’être affuté le jour J. Mais voilà, en discutant avec Grégoire Millet, je prends conscience de l’importance du poids pour le trailer. Alors que sur les autres courses, mon poids de forme est de 67 kg, le matin du départ du Tor la balance affiche 64 kg. J’ai fait très attention à ma part de protéine quotidienne afin de ne pas perdre musculairement.

                Je ne décide aucune stratégie d’un point de vue sommeil, ni de prévision de temps. Les seuls chronos références que je donne à mon équipe d’assistance sont les temps de passage de Jules Henri sur son Tor 2011 (80h). D’un point de vue alimentation je fais toujours confiance à Punch Power et à sa gamme bio (barres amandes et bananes, barres protéinées, nougat, boisson menthe et malto, boisson récupération orange à la sortie de chaque ravito et boisson régénération banane avec un yaourt soja à chaque base de vie), 2 gels uniquement sur la course. J’ajoute des petits sandwichs au fromage de brebis et viande des Grisons dans du pain viennois.

                Côté matériel, j’utilise la gamme Speedtrail de Lafuma, en la changeant à chaque base de vie. Je me sers de bâtons pliables en 4 que je range dans mon sac pour les descentes, mais à partir de Niel je les garderai  à la main jusqu’à la fin. Les manchons BV Sport Booster Elite vont m’accompagner pendant toute l’aventure avec également les manchettes et la visière Booster, de précieux alliés.

                Pour cette aventure, mon équipe d’assistance se compose bien sûr de ma femme Audrey aidée par Fabienne et Franck. Ils me vont suivre en camping car. On se retrouve tous les 4 le samedi sur le parking de Dolonne, la veille du départ. Tout est réglé, les dossards épinglés avec le petit bracelet de ma fille Hanaé sur le sac. Le  dernier repas se compose de riz/poisson/compote. Je me lève à 7h après une bonne nuit de 8h30 de sommeil pour prendre ma collation d’avant course (biocake Punch Power, une banane et du thé). La météo n’est pas terrible, on nous annonce une journée pluvieuse, une nuit fraiche et arrosée puis une amélioration pour la suite de la course.

                9h15, il est l’heure de se rendre au départ. Audrey m’accompagne sous le parapluie. 1er coup de stress, j’ai oublié mon dossard dans le camping car … J’appelle Franck, pas de réponse, et comme par magie il apparait devant moi avec le précieux sésame !

                       

                Je me dirige donc sous la tente des « Top runners » et nous sommes appelés un par un sur la ligne de départ accompagnés par un enfant qui agite le drapeau de la nationalité du coureur.

                J’y suis, enfin, sous cette arche qui annonce le début de ce long défi. A côté de moi, que des noms connus, Iker Karrera, Oscar Perez, Christophe Le Saux, Franco Collé, Marco Gazzola, Bruno Brunod, Arnaud Bonmati, Francesca Canepa …. Je me sens tout petit ! Je regarde ma montre, 15’ de retard, quelques sifflets fusent, il est temps de lâcher la meute !

 

 

COURMAYEUR – VALGRISENCHE / 49 km

L’Echauffement

                Jusqu’au dernier moment je suis indécis sur ma veste, Speedtrail  ou Heartjtacket … J’opte pour la Heart, il ne pleut plus. Enfin le décompte a lieu, à 10h17, le dimanche 8 Septembre le départ du Tor est donné !

                Traversée rapide de Courmayeur, je ne vois pas Audrey dans la foule. On quitte la route pour se lancer dans le 1er col, l’Arp. Je déploie mes bâtons, enlève ma veste et j’essaye de trouver le bon rythme d’ascension. Je croise le petit kern où 3 semaines plus tôt, Hanaé a placé un petit caillou blanc. Génial, il est toujours là ! Nous avons, comme ça, pendant ma reconnaissance, mis des petits repères « affectifs » sur le parcours, une motivation supplémentaire.

                Je suis à l’arrière d’un groupe emmené par Patrick Bohard. Devant, cela va bien trop vite, c’est incroyable. On grimpe dans le brouillard, les cloches et les encouragements annoncent le sommet. Je range mes bâtons dans mon sac et je file pour les 10 km de descente vers la Thuile. Je laisse partir les météorites, je descends tranquillement en compagnie de Carles Rossell Falco, 8ème en 2012.

                A 500m du village je trouve mon Franck qui filme les coureurs. J’ai bien géré cette longue descente, en partie bitumée. Je traverse la Thuile en fendant la foule venue encourager les coureurs.

  

                Je trouve Audrey à la sortie du ravitaillement pour un échange express de bouteilles et de barres.  Nous avons décidé de cadrer les 2 premiers ravitos (La Thuile et Valgrisenche). J’utilise 2 bouteilles de 0.5l, parfois des 0.33l. J’ai calculé entre chaque section la quantité précise à emporter, repéré les fontaines où je peux remplir mes gourdes. 1 gramme est 1 gramme, n’est ce pas Mister Antoine Guillon ?

                Antoine, justement, je le croise dans la montée au refuge Deffeyes. Il y a encore pas de mal de monde jusqu’au refuge. J’ai hâte de passer ce ravitaillement et de me trouver enfin face à la nature, plus au calme. C’est cela que je suis venu chercher, j’apprécie bien évidemment les encouragements mais  j’aime ces moments de solitude, en particulier la nuit en pleine montagne …

                Paso Alto, 2ème col, je suis très tranquille et surtout concentré sur la descente dans le pierrier. Je marche même parfois pour assurer mes pas. Je suis déjà tout seul, derrière moi il y a un petit groupe emmené par Christophe Le Saux.

                Je croise Jules Henri Gabioud au bivouac Promoud qui m’encourage et s’inquiète sur l’état des chemins. Je fais le plein de mes 2 bouteilles, je prends une poignée de raisins secs et d’abricots ainsi qu’un morceau de polenta et je me lance dans la montée du col de la Crosatie. Tout va bien, je monte sereinement, l’arrivée sur la crête annonce le sommet à environ 15’. Je bascule dans la longue descente sur Planaval, en faisant bien attention à ne pas m’emballer. Je suis même surpris de rattraper Marco Gazzola. Nous faisons route ensemble jusqu’à la 1ère base de vie  de Valgrisenche. Je profite au passage des encouragements destinés à Marco, véritable star et reconnu par tout le monde !

                J’arrive au village à 17h47 en compagnie de Marco mais aussi avec Arnaud Bonmati qui vient de gagner la TDS la semaine précédente.

 

VALGRISENCHE – COGNE / 56 km

Les 3 cols

                Je regarde ma montre, il est trop tôt pour se changer pour la nuit. Je rentre dans la tente du ravitaillement et j’en ressors aussitôt pour retrouver mes 3 anges gardiens sous un petit porche à l’abri. Je change seulement mes chaussettes et les chaussures. Un petit échauffement sur le petit orteil droit me décide à choisir des chaussures plus légères et plus confortables.

 

                Franck  glisse dans mon sac ma frontale pour le final sur Rhêmes. En sortant, du village j’assiste à un combat de reines, belle ambiance, les gens m’applaudissent. Je m’enfonce dans la forêt en direction du chalet de l’Epée, toujours calme et comme si je venais juste de commencer la course.

                Je reste attentif à mes propres sensations, je ne sais même pas quelle est ma place, je pense être dans les 10, ce n’est pas important.

                Passage éclair au chalet, je ne vois pas son mythique gardien aux belles moustaches, dommage. Le col Fenêtre (2854m) se passe sans encombre. La descente est vertigineuse, heureusement effectuée sur un petit sentier en lacets serrés assez propre. Je vois devant moi Patrick Bohard avec un autre coureur, je ne cherche pas à les rejoindre. La nuit s’installe, ils allument leur frontale, pas moi. J’arrive donc sur la route du village dans l’obscurité et je reconnais Christophe Aubonnet du Team Hoka qui me souhaite bonne chance.

                Rhême Notre Dame (km 64.5), tout va très bien. Je retrouve mes proches  qui sont attentifs à mes moindres désirs. Je me change, je quitte mon short pour un corsair et mon tee shirt pour un maillot manches longues plus chaud. J’avale un bol de riz avec du tofu, du thon, un peu d’huile d’olive et du sel à la truffe arrosé d’un bon bouillon. Bonnet sur la tête avec la frontale, veste speedtrail et gants chauds, je quitte cet endroit surchauffé, il est 20h37, déjà 12h20 de course.  Je n’ai rien vu passer.

                Je laisse Patrick dans la tente qui n’a pas l’air bien. Le col Entrelor (3002 m) est lui aussi passé tranquillement. J’entends au loin l’orage qui gronde, derrière moi. Nous avons droit seulement à quelques gouttes mais il fait froid. La descente sur Eaux rousses est longue, en paliers. Il faut être patient et ne pas s’exciter, préserver ses jambes pour la suite. Je devine maintenant les lumières du village à travers la forêt et soudain j’aperçois la frontale verte de Franck venu à ma rencontre. On termine la section ensemble. J’arrive à Eaux rousses à 23h27. Je me ravitaille avec un bouillon et un sandwich. L’endroit est exigu et boueux. Je ne tarde pas, quelques mots à Audrey et je me lance à l’assaut du point culminant du Tor, le col Loson (3299 m). Je ne sais toujours pas ma position au classement.

                Lors de ma reconnaissance, j’ai repéré des points d’eau dans la montée. Cela me permet de porter uniquement une bouteille de 500ml. L’obsession du poids, j’ai fait des efforts pour arriver affuté le jour J, ça sert à quoi si je me charge comme une mule ! Une barre c’est 30g, s’il en faut 2 pour rallier le point suivant et bien j’en prends 2 et pas 3 en me disant on ne sait jamais. C’est un risque à prendre, je l’assume.

                Dans le final du Loson, je tombe nez à nez avec un gros bouquetin qui est sur le sentier, tranquille. Il s’écarte à peine sur mon passage. Le col est en vue, je pense aux 10 kms de descente jusqu’à Valnontey. Toujours rester calme, bien respirer comme me l’a rappelé Christine Brun, mon amie et osthéo d’Yssingeaux. Après le ravitaillement du refuge Stella la descente est plus difficile avec la présence de racines et de rochers, je marche même sur quelques portions pour ne pas chuter.

                J’arrive à Valnontey en pleine nuit, toujours seul. Il n’y a pas un bruit … Il y a maintenant 3 km de faux plat descendant jusqu’à la base de vie de Cogne (km 102.1). Je traverse les ruelles, attentif aux petits drapeaux jaunes pour ne pas me perdre. Enfin, je rentre dans la base de vie, il est 4h06 et j’apprends que je suis 3ème …. Je cherche ma petite équipe, personne …. Petit moment de panique, et je me reprends rapidement. Je passe au plan B, je vais utiliser le sac jaune, que l’organisation fait suivre entre les bases de vie pour les coureurs sans assistance. J’avais prévu à l’intérieur du matériel pour me changer, me ravitailler. La route est longue et encore plus pour ceux qui suivent. Ils ne sont pas à l’abri d’un incident quelconque, c’est pour cela que nous avions prévu le sac jaune.

                Je m’assois vers la table de ravitaillement, je me déshabille et me prépare une bonne assiette de pommes de terre avec du jambon.  Je demande à Virginie, la femme de Patrick Bohard si elle ne les a pas vu et j’appelle Franck sur son portable. Ils sont sur le parking juste à côté, en train de se réveiller, ne m’attendant pas si tôt. Franck arrive rapidement, puis les filles avec tout le matériel.  Tout le monde retrouve son calme, je me change, Audrey me masse et soigne mon orteil, Fabienne me donne à manger, Franck s’occupe de mon sac et du matériel pour la section suivante. Tout cela n’a duré que 24’, je suis prêt pour la suite et je n’ai toujours pas envie de dormir. 

 

 

 

 

COGNE – DONNAS / 44 km

Etape de transition …

                Cette étape, je l’ai reconnue 2 fois. Sur le papier, elle parait assez facile avec une montée et une longue descente dans la vallée jusqu’à Donnas. Mais en fait, elle s’avère piégeuse pour ceux qui ne la connaissent pas. Après Chardonney et jusqu’à Donnas, il y a une succession de petites montées qui cassent le rythme et déstabilisent dans la progression.

                Je profite des 3,5 km de plat à la sortie de Cogne pour faire un 1er bilan. Mis à part l’orteil qui se dégrade, tout va bien. Je repense au coup de speed de ma petite équipe au ravitaillement, ils doivent s’en vouloir, mais finalement tout s’est bien arrangé.

                Après une petite montée, j’arrive au ravito de Goilles (km 107.4). Je n’ai emporté avec moi que 2 bouteilles de 0.33l, il y a de nombreux points d’eau tout le long du parcours. Je les remplis avec moitié d’eau et de coca. On emprunte la piste carrossable pour monter au refuge Sogno, c’est long et monotone.  Et là il se produit un phénomène dont Pascal Blanc m’avait parlé lors de son Runtrip à la Réunion : je m’endors en marchant ! Je progresse certes à faible allure mais en fermant les yeux, en zigzaguant sur le chemin … Je pense alors à me reposer au refuge. Puis le parcours quitte la route pour couper à travers les alpages. Subitement je retrouve tous mes esprits, je suis même bien éveillé, prêt à affronter le final du col. J’arrive donc au refuge Sogno, ma principale préoccupation est de trouver des toilettes … Mais on me dit qu’elles sont hors service …. Petite pause nature et je repars tout léger à l’assaut des 300 derniers mètres de dénivelé du col Fenêtre (2827 m).

                Il fait un temps magnifique, le jour se lève, la journée s’annonce ensoleillée. J’entame donc les 11 kms de descente jusqu’à Chardonney. Je passe devant le refuge Miserin, un endroit splendide, avec son lac, il règne comme une ambiance mystique ici ! Quelques photographes sont là, je suis leur cible.

                Refuge Dondena (km 124), je signe mon 1er autographe à un enfant. Je continue ma progression sereinement, sans m’emballer. Puis voici mon Francky, heureux de me trouver en pleine forme. Il prend de l’avance pour prévenir de mon arrivée au ravitaillement de Chardonney (km 129.8). Il est 8h51, bientôt les 24h de course.

                Changement de tenue, je quitte mon équipement de nuit pour un short et un tee shirt manches courtes, la journée va être chaude. Audrey a l’air rassurée de me voir dans cet état. Je vois Cyril Cointre, je lui montre mon bol de riz au tofu qui nous rappelle notre escapade au Mont Fuji au Japon en avril dernier.

                Je ressors du ravito en donnant une petite interview à Luca pour Top Italia Radio. Je vais le retrouver plusieurs fois sur le parcours pour des petits entretiens en direct, un vrai bonheur, merci Luca !

                Il me faut environ 1h10 pour faire les 9,2 kms jusqu’à Pontboset avec Antoine, qui reste bien sagement derrière moi pour ne pas fausser mon allure. Puis 1h20 pour rallier la base de vie de Donnas (km 148.7). La reconnaissance a été bénéfique, je suis en mode économie d’énergie.

                Me voici à la 3ème base de vie, Donnas, fin de la via 2. Il est 11h19. Mon staff est dehors, avec tout le ravitaillement étalé. Je souhaite rentrer dans le gymnase, mais un seul assistant est autorisé à accompagner le coureur. Je décide d’effectuer mon 1er sommeil de 30’. Je me couche rapidement avec boules Kies et masque sur les yeux dans la salle réservée au repos à l’étage. Je suis tout seul. Je me réveille au bout de 25’, bien reposé. Audrey n’est pas là mais elle a pris soin de laisser au pied du lit plein de bonnes choses pour me restaurer : patates douces, petits sandwichs, œuf, yaourt soja, raisins … un vrai buffet !  Pendant que je mange, elle arrive, me soigne mon orteil, me masse les jambes et me donne ma nouvelle tenue pour la section suivante. Pendant ce temps, Franck et Fabienne s’occupent de mon sac, de mon changement de GPS, des piles des mes frontales, rechargent mon téléphone et mon MP3 … Temps de la pause : 37’, je m’attaque maintenant à la redoutable section 4.

 

 

DONNAS – GRESSONEY / 53 km

Les choses sérieuses commencent …

 

                Je sors de la base de vie à 11h56 sous le soleil …. Donnas est le point le plus bas du parcours, nous sommes à 390 m d’altitude. Quelques heures plus tôt, en pleine nuit, nous étions dans les étoiles 3 km environ à la verticale de nos têtes.

                On me signale Franco Collé pas très loin. Le parcours est un peu déroutant à cet instant, on monte dans les vignes puis on redescend pour traverser la commune de pont Saint-Martin, surement pour croiser el diablo, signe annonciateur  de ce qui nous attend ensuite …

 

                Je m’attaque maintenant à la sévère montée sur Perloz, heureusement en partie ombragée. Je rejoins Franco à l’entrée de Perloz, il est accompagné de Dennis Brunod, un champion de ski alpinisme. On se fait une petite tape amicale au passage, signe d’un début de complicité entre nous deux. Il est vrai que Franco ne laisse pas insensible la gente féminine, ah le bel italien !!!

                A Perloz, il règne une ambiance surchauffée, Antoine m’attend pour effectuer les 1700m de dénivelé jusqu’au refuge Coda, la mi-course.

                Quand on parle de cette section à des non initiés, ils ont du mal à comprendre qu’il ne faut pas moins de 12h pour effectuer les 53 kms …. Je vais mettre 14h, en incluant la pause de 1h15 à Niel.

                Après le passage sur le fameux pont de la Tour d’Hereraz, le sentier s’élève au début doucement, en paliers, puis file tout droit dans la pente. Antoine, grand amateur des montées sèches me répétera souvent qu’il la trouve un peu raide …

 

                Je redouble Franco, parti avant moi du ravitaillement. On discute quelques minutes, m’explique qu’il habite juste en bas dans la vallée et qu’il va monter très doucement. Il craint énormément cette portion, victime ici d’une défaillance en 2012.

                Refuge Sassa (km 161), la difficulté n’est pas terminée, il reste encore 900m de dénivelé à gravir. Luca m’attend pour le direct radio, on discute et il m’apprend le décès du coureur chinois la nuit dernière. Difficile à cet instant de la course, en plein effort, avec la fatigue qui commence à vous rattraper de donner une analyse de la situation …

                Antoine se régale dans les parties techniques, le refuge Coda est en vue, voici donc la mi-course, km 166. Je partage avec Antoine une bonne soupe, puis nous nous quittons, il lui faut maintenant redescendre à Perloz !

                La suite est une succession de montées/descentes parfois roulantes, parfois très techniques. La progression est plus laborieuse, mais j’avance toujours et c’est là le principal. Je ne m’attarde pas aux ravitaillements. Lago Vargno, Col du Marmontana (2350m), Lago Chiaro, Crena du Ley (2311m), je progresse à faible allure. Je ressens une gêne au genou gauche … J’arrive enfin au ravitaillement du col della Vecchia avec Franco et 2 accompagnateurs. J’ai besoin de souffler 5’, de prendre une soupe et un morceau de viande des Grisons. Franco lui, file dans l’obscurité, la nuit s’installe, il faut mettre la frontale.

                La descente sur Niel est éprouvante à cet instant. Je pense à Franck que j’avais croisé l’année dernière, une belle surprise ! J’entends les cloches et les cris qui proviennent du magnifique hameau de Niel. Il me faut faire le tour du petit vallon, franchir les 2 petits ponts qui annoncent la fin de la section. J’ai besoin de repos. J’ai les traits tirés, fatigués. Tout de suite mon entourage s’occupe de moi, on organise mon ravitaillement au milieu du restaurant du refuge … Quel contraste avec les clients, et moi qui doit dégager une belle odeur ! Je décide de dormir 30’ dans la tente extérieure. Au bout des 30’ Audrey me réveille et je lui réclame 15’ supplémentaires, accordées. Elle me réveille à nouveau, je suis enfin reposé et prêt à repartir. Mon équipe retrouve le sourire en me voyant plus saignant ! Je me lance alors dans le col Lasoney en compagnie de mon garde du corps, mon Franck.

                Je lui promets une tarte au ravitaillement d’Ober Loo, après le col. Lui, se souvient du gigantesque plateau de fromages et de l’accueil fabuleux que nous avions eu l’année dernière. Le col est maintenant derrière nous, je cours sur le plateau, en pleine nuit, en guettant les petits fanions. Ober Loo, nous ne sommes pas déçus, Franck a droit à son morceau de fromage et moi à ma part de tarte. Il doit être environ 1 heure du matin, il est temps de filer à la base de vie de Gressoney (km200).

                Fabienne nous attend 1 km avant sur la route. Audrey dort sur le banc, dans le gymnase, les affaires toutes prêtes, il est 2h05 du matin.

 

                Elle est contente de me voir en meilleur état. Il me faut 25’ pour me changer, manger, effectuer les différents soins.

                Il me reste 135 km, mais je n’y pense pas ….

 

GRESSONEY – VALTOURNENCHE / 39 km

Mon chemin de croix …

                Dehors, il fait froid, humide. Je quitte la base de vie de Gresonney à 2h30, bien habillé en écoutant « Whiskey in the Jar » de Metallica. On se réchauffe comme on peut … 5 km de pistes dans la vallée avant le début du col Pinter, mais au bout de 20’, mes yeux se ferment … Ah, je viens juste de  partir et j’ai déjà sommeil ! Je lutte, je chante tout haut, mais rien à faire, il faut que je m’arrête 10’ avant la montée. Je cherche un abri. Je vois une lumière dans une maison au bord du chemin. Je frappe et je rentre. Il est environ 3h00 du mat. Une dame m’accueille, je lui explique ce que je fais. Elle me propose gentiment un café, mais un vrai café italien, un café ristretto à la machine. J’en bois 2 et comme par magie, je repars bien éveillé. Incroyable rencontre.

                Le début du col est sévère jusqu’au refuge Alpenzu puis la pente devient plus régulière. Je progresse doucement … A mi pente, j’observe des lumières devant moi. Des spectateurs en plein col à cette heure ci, ils ont bien du courage ! Je m’approche, les remercie mais je me rends compte que c’est un rocher avec un petit drapeau du Tor … Trivel faut te ressaisir ! Alors je me fixe comme objectif le ravitaillement de Crest, 5 km après le col. Le jour va se lever, il est l’heure du petit déjeuner. Pendant le reste de la montée et la descente, je ne pense qu’à une chose : mon petit déjeuner ! Ainsi, j’arrive au refuge à 6h33, je m’installe à une table, je demande un café et du thé, je mange des petits gâteaux secs, une part de tarte et une banane. Les bénévoles sont aux petits soins, inoubliable. Je repars au bout de 10’, direction Saint-Jacques. J’alterne marche / course sur la route forestière, puis après 4,6 km d’une piste bien monotone, le sentier plonge sur Saint-Jacques.

                L’accueil est également chaleureux, on me donne encore du café et des petits gâteaux. Il est 8h08, nous sommes mardi, il devrait me rester encore une nuit si tout va bien.

                Depuis le départ, je n’ai pas de soucis pour m’alimenter. Tout passe très bien et j’ai même plutôt bon appétit, une bonne chose de ce point de vue.

                Il reste 14 km pour rejoindre l’avant dernière base de vie, Valtournenche. Les cloches annoncent mon arrivée au refuge Grand Tournalin (km 227), je ne tarde pas, je bois un thé. Je jette un regard sur les temps de passage et je me rends compte que je décroche du trio de tête. Il reste encore du chemin.

                Je passe le col di Nana (2770m) puis le col des Fontaines (2695m) à petite vitesse et je me lance dans la descente (1100m de dénivelé), impatient d’en finir avec cette section. Je suis cuit, je retrouve Franck, à environ 1 km de la base, je suis dans un sale état … Le visage marqué par la fatigue et le froid, le genou a doublé de volume et je ne sens plus mon orteil.

 

                Dans les ruelles du village, je croise Christophe Aubonnet. D’un calme olympien, il me rassure, me donne des précieux conseils pour la suite. J’arrive au ravitaillement à 11h41, assez marqué. Mais voilà, la magie du Tor opère. Autour de moi, que des mots de sympathie de la part des bénévoles, des amis (Antoine Guillon, Christophe Le Saux, Cyril Cointre …), et toujours mes 3 anges attentifs à mes moindres envies. On me conseille de manger puis d’aller dormir 1h30. Fanny Nédélec, kiné, va regarder mon genou à mon réveil. Je m’endors rapidement dans le gymnase. Je me réveille seul, au bout de 1h20, bien reposé. Fanny manipule mon genou, me pose un bandage et me rassure sur mon état. Audrey s’occupe toujours de mon orteil. Je mange mon yaourt soja avec la boisson de régénération Punch Power avec de la glace sur mon genoux. Cela fait 2h20 que je suis arrivé à Valtournenche, il est temps de partir. Ce sera la pause la plus longue de mon périple mais j’en avais besoin. Je quitte la base de vie sous les applaudissements à 14h03 en compagnie de Patrick Bohard, qui se remet à courir immédiatement.

 

VALTOURNENCHE – OLLOMONT / 44 km

La renaissance !

                 Je rejoins Patrick dans le début de la montée vers le refuge Barnasse. J’ai bien récupéré, surpris même par mon état de forme. Patrick est accompagné de Charly Lajus, l’organisateur de l’Ultra Trail du Puy Mary dans le Cantal. Je lui parle de ma femme, originaire de ce département et de mon pote Tony.

 

                Luca m’attend pour le direct radio, il s’inquiète de mon état.  « Je suis regonflé à bloc !! » Cette expression va faire sensation sur l’antenne et il me faudra la redire à l’antenne lors de mon passage le vendredi dans leur studio d’Aoste.

                J’effectue les derniers mètres d’ascension avec Federico Bottani, qui travaille au refuge Barnasse. On discute, on sympathise, le temps passe plus vite ! Arrêt express au ravitaillement, Charly nous conseille d’unir nos forces pour la suite de la course. Mais au pied de la fenêtre d’Ersa, Patrick a besoin de souffler et s’arrête. Je poursuis seul ma progression.

                J’arrive enfin à la fenêtre (2293m), c’est le début d‘une longue succession de montées / descentes avec des vues aériennes à chaque passage de col. Je suis content d’effectuer cette portion de jour. C’est grandiose ! Je passe sans encombre la fenêtre du Tzan, le bivouac Reboulaz et sa célèbre fontaine. Je retrouve même un certain plaisir à évoluer sur ces petits sentiers. Le refuge Cuney est en vue, il est 18h55. Un rapide coup d’œil derrière moi, je ne vois pas Patrick. Mon objectif suivant est d’arriver au bivouac Clairmont sans allumer ma lampe frontale. J’avance bien, je profite de ces instants de plénitude. Je suis accueilli au bivouac à la tombée de la nuit dans une ambiance excellente ! On me propose des anchois marinés, du vin, de la grappa, de la saucisse sèche … Je me contente de raisins et d’abricots secs. Les bénévoles m’accompagnent ensuite jusqu’au col Vessona (2788m) situé juste au dessus du bivouac. Il me reste 9 km de descente et 1300m de dénivelé pour rejoindre Oyace.

                Tout va bien, le genou n’est pas très douloureux. Je peux trottiner sans souci sur les sentiers pas trop techniques. Les kilomètres défilent assez vite, mais au moment où je retrouve Franck, je rentre dans la forêt avec ses racines et ses rochers. Ce changement de rythme me perturbe et réveille la douleur au genou. Le portable sonne, je reçois d’un seul coup plus de 30 messages … Je vais en recevoir environ 160 pendant la course !

                Après une petite côte qui me fait finalement du bien, me voici à Oyace, il est 22h09. Petit détour par les toilettes, puis je demande si je peux dormir quelques minutes. Christophe Le Saux me le déconseille, me trouvant plutôt éveillé. Cet endroit se prête mal au repos, je préfère donc me reposer à Ollomont, la dernière base de vie. Toujours entouré de mes proches, je me restaure en écoutant les conseils de Christophe, de Cyril Cointre et d’Antoine, encore présents. Il règne une bonne ambiance.

 

                Je quitte Oyace pour le col Bruson. C’est le seul morceau que je n’ai pas reconnu. Je vais le payer … Je me suis trompé sur ma petite feuille de route, notant le col à 2091m et non à 2508m comme prévu. Je regarde l’altimètre, mais il est où ce sommet ??? Enfin, des lumières et un petit abri en plexiglas, je m’allonge à l’intérieur pour dormir 10’. Je vais m’endormir 6’. J’ai prévu pour la fin de course, une montre en plus de mon GPS, en mode timer pour gérer les sommeils flashs.

                Alors que je m’attends à descendre sur Ollomont, le sentier continue à monter, et à monter encore … Bref, au bout d’un certain temps, j’entends le groupe électrogène du col, il n’est plus très loin maintenant. Je bascule ensuite dans la descente, assez raide au début puis de plus en plus roulante. Je passe rapidement, sans m’arrêter vers la tente où j’avais retrouvé Franck l’année dernière pendant l’arrêt de la course.

                Les lumières d’Ollomont sont là, juste en dessous. Comme d’habitude, Franck est venu à ma rencontre. Je retrouve Audrey et Fabienne devant le gîte. C’est la dernière base de vie ! Ils m’ont préparé un petit nid douillet à l’étage, avec buffet et un lit pour un sommeil de 30’. Je me réveille toujours seul au bout de 25’, prêt pour affronter les 48 derniers kilomètres avec ses 2 ultimes cols !

                La pause a duré 1h19. Patrick n’est pas encore arrivé à la base.

 

OLLOMONT – COURMAYEUR / 48 km

Le parano …

                Je quitte Ollomont à 3h19, assez confiant et bien décidé à en terminer. Il y a 3 semaines, j’ai effectué cette section en 6h55. Je vais mettre 12h, pause de Saint-Rhémy incluse … Il fait froid, je monte sur un bon rythme dans la forêt, en écoutant mon MP3. Mais au fur et à mesure de l’ascension, la fatigue réapparait. Je vais devoir faire une pause de 10’ au refuge Champillon, comme me l’a conseillé Christophe Aubonnet. Je me dirige rapidement vers le dortoir, règle mon timer sur 10’ et m’endors en quelques secondes. C’est la seule fois où j’entends la sonnerie de ma montre. Les gardiens sont surpris de mon changement d’état. Je bois un thé au miel, je prends une poignée de raisins secs et je m’élance dans la nuit pour les 300 derniers mètres de dénivelé qui me séparent du col.

                Avant dernier col, c’est bon, je regarde derrière moi, je ne vois pas la lampe de Patrick. 900 m de dénivelé négatifs pour arriver au ravitaillement de Ponteille Desot, je commence à accuser le coup dans les descentes, le genou est de plus en plus douloureux.

                Il y a environ 10 km assez plats ensuite jusqu’à Saint-Rhémy en Bosse. Le jour se lève, je trottine, enfin j’ai l’impression de courir mais lorsque je regarde mon GPS, je vois que je progresse à 7.7 km/h …. Je décide donc d’adopter la marche rapide, entre 6 et 7 km/h. Je consomme moins d’énergie. Mais voilà, petit à petit le rythme diminue et d’un seul coup je me réveille dans l’herbe humide sur le côté du chemin, grelotant. J’ai dû m’assoupir 1 ou 2 minutes, cet arrêt me redonne un coup de fouet. Je pars en courant, pour me réchauffer, entre 10 et 12 km/h, tout excité par la mésaventure qu’il vient de m’arriver. Du coup, cette partie passe plus vite mais c’est en titubant que je pointe aux Bosses, le visage marqué par la nuit, le froid et la fatigue.

                Encore une fois, tout est en place pour me retaper. Je me change, je mange mon bol de riz au thon et au tofu puis je vais m’allonger pour le dernier sommeil prévu : 30’. Finalement je vais dormir 15’. 

 

                Audrey me motive, elle soigne une dernière fois mon orteil qui part en lambeaux …

                Il reste 29 km, il est 8h21 ce mercredi. Je viens de passer ma 3ème nuit à courir. 4ème ou 5ème peut importe, je veux juste en terminer. Cependant, Audrey n’est pas d’accord avec moi ! « Tu es 4ème, tu dois défendre cette place, allez file, rendez vous à Courmayeur ! »

                Dernier col à franchir, Malatra, je visualise parfaitement le sentier qui conduit au col. Tout va bien jusqu’à l’alpage Merdeux (1919m),  même si je commence à me retourner plusieurs fois pour guetter le retour de Patrick Bohard. Je suis parti des Bosses sans savoir l’écart entre nous 2. Il reste 600m de dénivelé pour atteindre le refuge du lac. Je me retourne encore et encore, persuadé de le voir revenir sur moi. Je ne m’attarde pas au refuge, juste un thé et des abricots secs. Je me renseigne sur l’écart, personne n’a d’information.

                Le final du col approche, les derniers mètres sont difficiles. Je dois m’arrêter quelques secondes pour souffler. Il faut dire que depuis ce matin je tousse de plus en plus, j’ai pris froid, il est temps d’en finir !

                Avant de basculer dans l’ultime descente, je regarde une dernière fois l’horizon, mais pas de Patrick en vue, quoique peut-être ce petit point en bas, ça doit être lui …

                Il m’est impossible de courir dans la descente. Le genou me fait vraiment mal. Et puis petit à petit les sensations reviennent, j’arrive à effectuer quelques mètres en trottinant, tout en me retournant …

                Sur le plateau juste au dessus de Bonatti, je croise Antoine qui monte au col. Il m’encourage. Mais je ressens chez lui comme une petite inquiétude. Alors qu’il paraissait déterminé quant à une éventuelle participation de sa part au Tor 2014 au début de l’épreuve, je le vois maintenant plus hésitant ! Puis voici mon Franck, inquiet de savoir dans quel état je suis. Je marche sur le plat, mais je sens que les forces reviennent et s’est en courant que j’arrive au refuge Bonatti, encouragé par de nombreux spectateurs.

                Il y a là Vincent Delebarre, avec 2 amis, qui me demande s’ils peuvent se joindre à nous jusqu’à Bertone. Je remplis rapidement mes 2 gourdes de coca. Il est 13h18, il reste 12 km ….

                Je demande à Franck de joindre Damien au téléphone, qu’il reste scotché devant l’ordinateur et nous appelle dès que Patrick pointe à Bonatti. Je retrouve de l’énergie, je trottine de plus en plus. Je discute avec Vincent, c’est un vrai bonheur. Je ne lâche pas Franck du regard. Dès qu’il reçoit un appel, je suis persuadé qu’il connait le temps de Patrick et ne veut pas me le dire … Il s’est arrêté pour enlever sa veste, il tarde à venir et bien je m’arrête aussi et je l’attends. En fait, il vient de contacter plusieurs amis pour être sur d’avoir le temps de passage de Patrick, sacré Franck !

                Je consulte ma montre, déjà 30’ que je suis passé à Bonatti. Toujours pas d’appel, il peut exister un problème informatique, on ne sait jamais … Je continue de discuter avec Vincent, on fait même une petite analyse de ma course, intéressant et le temps passe plus vite !

                Je connais par cœur ce sentier en balcon. Le refuge Bertone approche, je le sais.  

                Il est là, juste en dessous, dernière petite montée et Courmayeur apparait. Je ne veux pas m’arrêter au refuge mais Vincent me raisonne. Je suis applaudi par les nombreux randonneurs. Vincent me présente le gardien du refuge, je bois un coca et je mange une poignée de raisins. Je remercie mes compagnons, il est temps de conclure ce voyage. Il reste 4,2 km.

                Damien appelle, Patrick a pointé à Bonatti avec 1h20 de retard. Je peux souffler, mais pas question de relâcher mon attention dans la descente. Elle est piégeuse avec de nombreuses racines et des rochers saillants.

                Je  reste bien concentré sur mes appuis, Franck reste derrière moi en retrait. Lorsque j’arrive sur la route, je peux enfin profiter de l’instant mais il me tarde d’en finir … Il doit rester 1.5 kms !

                A l’entrée de Courmayeur, je m’arrête et j’embrasse rapidement Franck pour le remercier. Trop court. L’année dernière nous étions arrivés tous les 2 de nuit, dans le froid, le jour de l’anniversaire de sa fille Thaïs.

                Dernier virage, je suis dans la rue piétonne, j’entends la voix de Silvano, le speaker du Tor et de la Pierra Menta. J’ai une boule au fond de la gorge … Tapis rouge, je passe sous une haie d’honneur formée avec des bâtons de marche et je découvre enfin l’arche ! Je franchis la ligne en effectuant un petit saut, puis je tombe dans les bras d’Audrey, qui m’attend dans la zone d’arrivée. Il y a du monde sur la place, nous sommes mercredi,  il est 15h19. On m’annonce un chrono de 77h02, record Français sur le Tor, mais peut on vraiment comparer les temps ? Je termine à la 4ème place derrière 3 grands champions, Iker Karrera, Oscar Perez et Franco Collé. 

 

                Tout s’enchaine ensuite très vite, le retour sur terre est brutal. Ludo Collet est là, il a des mots gentils à notre égard. Cyril Cointre me félicite. Il est encore là, incroyable. Je signe le poster de l’arrivée et je marque un mot en hommage au chinois Yuan Yang, décédé pendant la course. Je réponds à quelques journalistes et je pose même pour des photos malgré mon visage gonflé par la fatigue.

 

                Je trouve un banc, je peux enfin m’assoir, discuter plus calmement avec Franck, Fabienne et Audrey. On savoure tous les 4, car cette aventure, on l’a vécue ensemble.

                Je déguste une bonne crêpe. Je fais un dernier direct sur la radio avec Luca.

                Les messages sur le téléphone sonnent … Il est temps maintenant de penser à la récupération. Mis à part un genou douloureux, vite guéri par Christine Brun et un orteil en lambeaux qui va nécessiter un petit passage aux urgences d’Aoste, je n’ai bizarrement aucune douleur musculaire !

                Le lendemain, les joues du hamster ont disparu et déjà, avec Audrey nous faisons le débriefing de la course ….

 

                Merci à Lafuma, Punch Power et BV Sport, mes partenaires.

                Merci à tous mes amis, qui sur le parcours m’ont encouragé, soutenu, soigné et conseillé.

                Merci à tous ceux qui m’ont suivi sur internet, envoyé des messages et désolé de vous avoir fait veiller tard le soir et la nuit devant vos écrans …

                Merci à Fabienne et Franck, on remet ça ?

7 commentaires

Commentaire de Piloumontagne posté le 22-09-2013 à 09:09:16

Merci Lionel pour ce récit précis. Cela permet de vivre ton Tor des Géants.
Tu as raison, on ne participe pas à cette aventure par hasard.
D'ailleurs, tu t'y es superbement préparé.
Ce fut un plaisir d'échanger le vendredi matin, sur le parking du Centre Sportif de Courmayeur avec Laurent G. et Laurent T.
Encore bravo à toi,
Pierre

Commentaire de Byzance posté le 22-09-2013 à 11:51:38

Encore BRAVO ! J'ai eu la primeur du CR vendredi via Francky qui est chaud bouillant (Denis aussi d'ailleurs) pour 2015 ! Bonne convalescence à toi pour cet orteil qui a causé des soucis bien tôt dans la course (et à l'origine du problème au genou par compensation ?). Si l'an prochain tu as besoin de qq'un pour te relayer les temps de passage, je suis dispo !
PS : essaye d'ajouter les photos (surtout celle du départ avec le super parapluie et celle avec le diable).

Commentaire de Aurely42r posté le 22-09-2013 à 20:25:27

Bravo,
il m'a fallut plusieurs minutes pour réémerger après la lecture de ton recit. Merci pour tous ces détails et de nous faire partager ton aventure... Bonne recup' et soignes bien ton orteil

Aurely du Tryssingeaux

Commentaire de serge posté le 22-09-2013 à 23:42:47

merci à toi pour ce cr
et bravo pour le temps canon

Commentaire de Byzance posté le 27-09-2013 à 19:18:27

Je crois que le CR de Aud... est encore mieux !!! Il mériterait d'être ajouté à celui-ci !

Commentaire de audyo15 posté le 28-09-2013 à 08:07:53

Ah Ah ! Je vois qu'il y a des fuites !! Tu n'as pas une source vers Genilac .... avec son autorisation je peux te l'envoyer.
A bientôt
Lionel

Commentaire de audyo15 posté le 28-09-2013 à 08:56:52

Ah Ah ! Je vois qu'il y a des fuites !! Tu n'as pas une source vers Genilac .... avec son autorisation je peux te l'envoyer.
A bientôt
Lionel

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