Récit de la course : BRM 400 Grenoble 2014, par aymeric

L'auteur : aymeric

La course : BRM 400 Grenoble

Date : 4/10/2014

Lieu : Grenoble (Isère)

Affichage : 1064 vues

Distance : 400km

Objectif : Terminer

4 commentaires

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Pas d'autre récit pour cette course.

BRM 400 Grenoble

Après un été davantage consacré à l'ultra trail avec en point d'orgue une participation au 77kms d'interlac le 20 juillet, puis un mois d'août en mode récup, je reprends sérieusement le vélo début septembre avec en point de mire une participation au BRM 200 de Grenoble le 20 septembre.

L'été indien permet d'enchainer de belles semaines à 350-400kms et le 200, certes "facile" avec ses 1800m de D+, se passe sans encombres à 28 de moyenne roulante (http://app.strava.com/activities/197058053).

La (grande) saison aurait pu s'arrêter là mais un 400kms placé 2 semaines plus tard constituait un excellent test en vue de Paris Brest Paris l'année prochaine...

Au niveau du parcours, en revanche, ce n'est plus la même histoire! 6000m de D+ avec 5300m à avaler avant le 200e km, 2 légendes cyclistes à gravir (le Galibier et l'Iseran) et 100 derniers kms relativement plats pour finir. Finalement, la DDE ayant fait des siennes, le Galibier est impraticable pour travaux et un parcours de repli est vite imaginé par Jean-philippe, le si gentil organisateur de tous les BRM grenoblois. Le Galibier est remplacé par l'enchainement Croix de Fer/Mollard, ce qui n'est pas une mince affaire non plus!

La météo s'annoncé clémente et nous apprenons le jeudi soir que le brevet est maintenu. C'est donc parti pour ce BRM.

Le vendredi soir je me couche dès 21h pour bénéficier d'une plage de repos maximale. mais le réveil sonne bien trop vite à 1h40. Dès 2h15 je quitte Annecy pour rejoindre Grenoble afin d'être à l'heure au départ prévu à 4h.

 

Et c'est une trentaine de cyclistes qui s'élancent dans les rues de Grenoble à 4h10 du matin.

Le départ est très tranquille direction Echirolles, Vizille... Puis nous remontons en douceur vers Rochetaillée et enfin Allemont. A peine 50kms sont parcourus dans les 2 premières heures, et nous sommes une bonne quiinzaine à entamer les premières pentes de la Croix de Fer dans la nuit noire.

L'ascension débute donc vers 6h15 et très vite nous sommes trois à nous détacher naturellement, sans puiser outre mesure dans nos réserves et à un rythme très régulier. C'est alors que surgit de l'arrière Pascal, qui avec son physique de pur grimpeur a tout pour se faire plaisir sur ces pentes à 7/8%. Jean-Christophe décide de suivre, je reste de mon côté bien sagement en retrait avec Jean-Pierre.

Nous les voyons très vite prendre quelques hectomètres mais profitons du replat puis de la petite descente pour refaire la jonction. Dans le raidar qui suit, Pascal et Jean-Christophe repartent devant, Jean-Pierre me suit à quelques mètres. Les positions resteront ainsi figées jusqu'au sommet. Le jour se lève peu avant le barrage de Grand-Maison, puis se profile le carrefour du col du Glandon, et enfin le sommet se dessine à l'horizon. Je me sens encore relativement frais malgré ces deux heures d'effort et le peu d'entraînement sur des cols aussi longs ces derniers mois.

Si je redoutais un peu de monter un col en pleine nuit, quel bonheur ce fut de n'être doublé que par 3 voitures. la pente est par ailleurs ressentie différemment. Quoi qu'il en soit, je me suis bien rendu compte qu'avec un éclairage adapté et puissant, il n'y a aucune appréhension à avoir. Un bon point à l'approche de journées avec une luminosité bien plus courtes.

Nous nous retrouvons donc à 4 au sommet et passons quelques instants à nous restaurer. Les lumières sont extraordinaires...

Nous jetons un coup d'oeil derrière nous et ne voyons personne à l'horizon. Nous décidonc donc de basculer après nous être vêtus un peu plus chaudement. La route est bien défoncée jusqu'à Saint Sorlin d'Arves et nous ne prenons aucun risque. Les kilomètres défilent jusqu'au croisement. Nous prenons à droite vers le col du Mollard et ses 7kms autour de 7%. La route, pleine de gravillons, est désagréable mais à choisir nous préférons l'emprunter à la montée, et prions pour qu'il n'en soit pas de même dans la descente.

Le rythme est soutenu et je laisse un peu filer dans les deux derniers kilomètres, et le sommet est atteint rapidement.

Mes 3 camarades ont déjà basculé lorsque j'aperçois le panneau et je n'ai que peu de temps pour prendre une photo. Je me doute qu'ils ont décidé de s'arrêter au contrôle d'Albiez le Jeune et je ne veux pas les faire attendre.

Nous répondons à la question secrète et je jette un coup d'oeil au compteur : 101 kms, 5h02. Un petit 20 de moyenne.

Il est temps de basculer dans la descente vers Villargondran et ses fameux 42 virages. J'en avais déjà entendu parler, et je n'ai pas été déçu! J'ai trouvé cette descente interminable, toujours sur les freins sans pouvoir prendre de vitesse. En bas, j'ai les épaules tétanisées. Nous prenons de l'eau à la fontaine.

Les petits coups de cul jusqu'à Saint Julien Mondenis sont vite avalés et nous retrouvons la route "classique" vers Saint Michel de Maurienne. Nous doublons quelques cyclistes probablement en route vers le Télégraphe mais ce ne sera pas pour nous cette fois-ci! A Saint Michel, nous continuons tout droit vers Modane et la longue, très longue vallée en faux plat montant fait quelques misères à Pascal et Jean-Christophe. Jean-Pierre est toujours aussi impressionnant aux avant postes.

J'en profite pour faire également plus ample connaissance et j'apprends que Jean-Pierre fait 30 000 kms par an et a plusieurs Paris Brest Paris à son actif. Jean-Christophe en a deux dont un en tandem et Pascal revient d'un 1000... Moi qui n'ai jamais dépassé les 280kms avec 2000m de D+, je n'en mène pas bien large et me dis que la journée va être longue avec ces randonneurs chevronnés!

Nous arrivons à Modane vers 11h30 et décidons de faire une pause déjeuner avant d'entamer les 60kms de montée vers l'Iseran. Nous nous ravitaillons dans une boulangerie et profitons d'un beau soleil d'octobre...

Dès midi nous repartons à l'assaut de l'Iseran mais nous quittons rapidement la route principale pour bifurquer à gauche et rejoindre Aussois, une petite surprise concoctée par Jean-Philippe qui permet d'éviter la circulation au prix de quelques centaines de mètres de D+ supplémentaires. La chaleur est cette fois bien présente et je souffre un peu dans ces pentes à 6/7% et laisse filer après quelques kilomètres. Je les rejoins rapidement au sommet à la faveur du second contrôle, puis je prends un peu d'avance lorsqu'ils s'arrêtent pour prendre de l'eau fraiche. Une petite partie vallonnée et enfin une descente nous ramène à Termignon où nous reprenons la route principale de l'Iseran.

Nous apercevons la route du Mont Cenis à Lanslebourg et poursuivons notre route vers le col de la Madeleine où la route se cabre davantage. Je traverse un passage un peu difficile et monte tranquillement sur le 34*28 en faisant bien attention à ne pas me mettre dans le rouge.

Au sommet, je ne suis finalement pas si loin et les aperçois au loin. Je rejoins assez rapidement Pascal en difficulté dans les faux plats qui nous emmènent à Bonneval où il faut mettre du braquet, et j'ai toujours en point de mire Jean-Pierre et Jean-Christophe.

A Bonneval sur Arc, je choisis de bifurquer vers le village à la recherche d'un coca, mais rien n'est ouvert. Je reprends donc ma marche en avant.. J'accuse sérieusement le coup sur ces pentes à 8% et monte à moins de 10km/h. Les kilomètres ne défilent pas bien vite et commence à me demander comment je vais arriver au bout de ces 14 longs kilomètres...

Doucement, mais sûrement, j'avance et je reprends à 5kms du sommet Jean-Christophe qui semble en difficulté. Je continue à mon petit rythme et atteins enfin le sommet, où Jean-Pierre m'attend. Il fait 3 petits degrés et après une photo souvenir (mon nouveau record d'altitude en vélo), je m'habille au maximum. Pascal arrive et nous le prévenons que nous chercherons un café à Val d'Isère, il fait trop froid pour attendre davantage.

 

Au début de la descente un frelon vient se cogner à mon front et se retrouve bloqué sous mes lunettes. Il se débat et me fait un mal de chien, je m'arrête comme je peux et il parvient enfin à s'envoler. Je me rends bien compte que je suis passé proche de la correctionnelle et suis transi de froid.

Malheureusement, à Val d'Isère, nous ne trouvons rien d'ouvert avec Jean-Pierre mais je lui demande de nous arrêter au lac de Tignes pour manger un peu. Je me délecte des biscuits gentiment distribués par Jean-Philippe le matin. Pascal passe sans s'arrêter et nous reprenons notre descente. Pas de nouvelles de Jean-Christophe.

Nous passons les tunnels et Jean-Pierre prend le large. Je descends tranquillement vers Bourg Saint Maurice puis m'arrête à Séez où j'aperçois une fontaine au bord de la route.

J'aperçois Pascal devant une épicerie et je m'arrête également. Achat coca, compotes, bananes, de quoi reprendre un peu d'énergie. Jean-Christophe nous rejoint. Nous retrouvons Jean-Pierre 3kms plus bas devant le Mac Donald de Bourg Saint Maurice. Le temps qu'il fasse quelques courses, nous continuons de récupérer.

Nous filons à vive allure dans le faux plat descendant vers Moutiers, atteint à 18h30. 273kms au compteur. Nous répondons à la question sur la carte de contrôle puis nous revêtons notre tenue de nuit.

A la sortie de Moutiers, nous ratons la petite route vers Aigueblanche et nous retrouvons sur la voie rapide, interdite aux cyclistes. Nous faisons vite demi tour. Nous ratons également la route à gauche vers le Léchère à Aigueblanche et faisons égalemnt quelques kilomètres supplémentaires avant de revenir sur nos pas.

Heureusement, je connais par coeur la route qui nous emmène de Rognaix à Albertville. Entre Annecy et Rognaix, au pied du col de la Madeleine, il y a 65kms presque plats, un terrain de jeu idéal pour l'hiver. Je traverse un moment d'euphorie jusqu'à Albertville, nous sommes à 35 de moyenne sur ces 15kms via La Bathie, alors que nous avons dépassé les 300kms au compteur.

Mais voilà que nous ratons encore la bonne route à Albertville et "jardinons" dans la ville pendant 15 bonnes minutes. Avec tous ces détours, nous avons déjà dû perdre presque 40 minutes. Rien de grave mais des efforts en plus.

La pluie s'invite peu après Aiton, sur cette petite route plate qui doit nous ramener à Grenoble. Une bonne averse qui nous invite à nous arrêter afin d'enfiler un coupe vent. Heureusement, le ciel ne nous tombera pas sur la tête bien longtemps et nous reprenons notre avancement à toujours plus de 30 à l'heure.

Le moment d'euphorie est passé, et je souffre dans les roues. Je demande même de souffler un peu à la Rochette, où nous retrouvons Pascal qui lui ne s'était pas perdu. D'un commun accord, nous décidons de faire un break à Pontcharra pour boire un café ou un coca. Je suis à court d'énergie mais la route très roulante me permet de garder les roues sans trop de difficulté.

A Pontcharra, nous avons une nouvelle fois du mal à trouver un bar ouvert et nous rabattons sur un vendeur de kébab. Je bois deux coca en 5 minutes et remplis une gourde d'ice tea pour la fin de parcours. Il est 22h45 et il reste 50kms... Déjà 351kms au compteur. Je ne ressens pas particulièrement de fatigue musculaire mais une lassitude oculaire.

Dernier contrôle à Sainte Marie d'Alloix, les deux cocas m'ont fait du bien et je suis à nouveau dans un temps fort. Celui-ci va durer une petite heure. Nous traversons Crolles et à Meylan je commence à trouver le temps vraiment long... Les réserves sont à nouveau vides et les 15 derniers kilomètres vont être un peu difficiles, cette fois je ne prends plus de relais et me colle dans la roue de Jean-Pierre, toujours aussi impressionant de régularité.

Enfin Grenoble où nous trouvons le moyen de nous perdre une dernière fois... et à 1km de l'arrivée, c'est dans un côté un peu surréaliste que nous descendons de nos byciclettes pour monter des escaliers et rejoindre un pont qui nous permet de traverser et ainsi rejoindre la rue Félix Esclangon.

Il est 0h25, nous sommes partis depuis 20h14. 404,5kms au compteur, 6027m de dénivelé. 17h17 de temps "roulé", soit 23,4 de moyenne.

 

Je remercie mes compagnons de route et nous nous séparons assez rapidement et nous disant à l'année prochaine... j'envoie également un message à Jean-Philippe pour lui dire que nous sommes bien arrivés.

Il reste un dernier effort, rentrer à Annecy! Je n'ai heureusement pas de coup de barre sur la route et après une bonne douche chaude bien méritée, c'est peu avant 3h que je rejoins le pays de Morphée..

2 jours plus tard, une seule chose à dire, vivement l'année prochaine!

 La trace gps ici : (http://app.strava.com/activities/203395194)

 

 

4 commentaires

Commentaire de La Tortue posté le 06-10-2014 à 22:44:36

un 400 avec la croix de fer et l'iseran au menu ! chapeau ! sacrée balade

Commentaire de philkikou posté le 07-10-2014 à 06:39:39

Un récit de vélo !!! Et quel récit !!! Réussir ce BRM de 400 bornes avec autant de dénivelée (et quels cols !!) ... et si peu de kms au compteur !! Bravo à toi et bonne continuation pour la préparation de Paris Brest Paris

Commentaire de pascal_b posté le 07-10-2014 à 08:55:30

Bien sympa ton compte_rendu qui décrit bien comment se passe ce genre de défi alliant la longue distance et la haute montagne avec forcément des moments de moins bien à surpasser.
Heureux de t'avoir côtoyé même si au final à cause de ma petite cylindrée, on en fait peu roulé ensemble mais retrouvés aux différents points cruciaux.

Commentaire de ch'ti lillois d'vizille posté le 07-10-2014 à 16:40:52

Beau récit et beau BRM.
Belle moyenne pour un premier 400 avec du gros dénivelé. Ca promet pour les prochains.
J'hésitais d'y participer avec le côté météo incertain en haute montagne en début d'automne. J'ai finalement opté pour le 24h de Grenoble où il n'a pas plu.
Au plaisir sur un prochain BRM à J-Philippe.

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