Récit de la course : 100 km de Vendée 2004, par robin

L'auteur : robin

La course : 100 km de Vendée

Date : 22/5/2004

Lieu : Chavagnes En Paillers (Vendée)

Affichage : 2695 vues

Distance : 100km

Objectif : Pas d'objectif

1 commentaire

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Le récit

Décembre 2003

Il était une fois … Non, non ! on a déjà fait cette introduction.

Non tout simplement, dans ma dernière année de senior, une fois la saison des cross clôturée, je ne savais pas trop quoi faire. Préparer un marathon pour essayer de battre mon record ne m'emballait pas plus que cela, la motivation n'y était pas. Le Tri Condat hent me plaisait bien, les 50 km de la cote de légende me charmaient bien . Je m'étais également toujours dit qu'à l'aube de ma nouvelle carrière de vétéran, j'irai bien faire un tour non pas du côté de chez Swam mais sur les 100 km de Cléder. Mais voilà Cléder n'existe plus ! L'idée d'un 100 bornes par contre est bien là. A la lecture du calendrier, les 100km du Leroux Beconnais attirent mon attention. C'est décidé j'y serais.

Janvier2004

Aarghhh !!!! Damned ! Bloods an gut's Formez le carré ! @*&MFF ! Les 100 km du Leroux beconnais sont le 20 juin Et moi le 20 juin, c'est la kermesse des filles. Retour vers le calendrier et finalement mon choix se porte sur Chavagnes. Par contre vue la date on fait une croix sur le Tri Condat Hent et sur les 50 Km de la côte des Légendes.

Février 2004

Echange de mails avec Bruno et commande d'un plan afin de se préparer au mieux. L'affaire se précise
Officialisation avec l'envoi de mon inscription. Puis j'en parle à tout le monde. Comme cela, je ne pourrai pas me défiler

Fevrier-Mars : Je traque toutes les infos possibles sur le100 bornes sans oublier le dossier du site. Grâce au forum et aux C.R. des uns et autres, j'essaie de me faire une idée de ce qui va m'attendre, de ce que doit être ou ne pas être ma préparation. Au final beaucoup d'infos ( quelques fois contradictoires ) et puis l'idée plus ou moins précise que je vais le préparer en me fiant à ma faible expérience de l'ultra composée uniquement de deux trails tout en suivant le plan de Bruno ( quelques écarts dus aux impératifs familiaux et professionnels.

Seule incertitude : Combien de temps vais je mettre pour boucler ces 100bornes ? Quelle allure dois je retenir au kilo ? Trop prudent, pas assez ce n'est pas facile de se fixer un objectif. Finalement je prends mon temps sur marathon, je multiplie par3 , 2en considérant que j'ai un mauvais coefficient d'endurance ( comparaison de mes temps sur semi et marathon )

22Mars 2004

C'est l'ouverture ! Non Non, on laisse tomber les bottes, la canne à pêche, Les truites peuvent se la couler douce ! Je commence la préparation. Cela débute très bien. Le week-end précédent, j'ai voulu perfectionner ma technique en roller : freinage ( je remercie EDF, France Telecom d'avoir eu la bonne idée d'implanter des poteaux tous les 10 m), virage et là problème, je me vire. Résultat : un bon torticolis qui me donne droit à une superbe minerve et Re bellotte une semaine sans courir. Vu que depuis les inters, je suis devenu un intermittent de la course à pied, la phase pré- 22mars ne correspond pas tout à fait ce que j'avais prévue. Mais bon cela ne doit pas être grave le repos doit sûrement faire partie de l'entraînement


Fin Mars -mi Avril

Ma foi cela se passe pas mal. Les premières séances à allure100 bornes se passent bien, cela surprend on n'est plus dans le registre des cross. Je fréquente encore la piste afin d'ajuster fréquence et allure 100 bornes. Pendant les séances longues, on a le temps de réfléchir à ce 100 bornes. Vais-je y arriver ? Comment est-ce réellement ? A la fin des sorties longues on se dit que le jour J il y aura encore des heures à arpenter le bitume et là c'est vrai que cela inquiète un peu ! On a beau se dire que c'est la somme de toutes les séances qui compte et que toutes ces années passées ne comptent pas pour rien., le doute est là et on aimerait bien être sur d'y arriver. C'est quand même pas un simple 5000 ! Contrairement à mes premières idées, je ne fais plus de VMA ( pas de piste, pas de30 "/30" ), juste une accélération sur les dernières minutes à chaque sortie spécifique.

25avril 2004 : Marathon de St Sylvain d'Anjou : le bac blanc ,répétition générale. Je prends la direction de l'Anjou dans le but de tester le bonhomme et le matos sur un marathon. J'ai choisi St sylvain car je connais cette course proche de chez moi. Il fait un temps magnifique ( beau temps, belle mer ). Deux boucles en campagne sur de petites routes, qui traversent plusieurs villages, bonne organisation. Départ 9 h30. J'ai pris le pulsomètres, le porte-bidon, des recharges de Maxim, des gels Overstim la sporténine, le pin's le fanion et le tout pour 15 euros . ( non ce n'est pas vrai pour le fanion et le pin's ). Je suis parti sur la base de5 ' 30au kilo soit3 h 52au marathon soit 9h 10sur 100 bornes ).
Au final le chrono s'arrête en3 H47. plutôt satisfait car pour une fois j'ai plutôt été régulier. J'ai pu vérifier la concordance entre l'allure pratiquée sur mes sorties longues et la fréquence cardiaque. Les gels sont bien passés , la sporténine aussi cependant il faudra que je fasse attention à être plus respectueux du timing ( bien les prendre toutes les heures ).
Pas de douleur à part qu'il faudra que je fasse attention au laçage de ma chaussure gauche . la languette m'a embetée glissement de celle-ci provoquant une gêne sur le coup de pied et j'ai du plusieurs fois relacer ma chaussure. Je suis arrivé relativement frais . Une seule pensée lorsque j'ai franchi la ligne d'arrivée. "Dans moins d'un mois il me restera 58 kilomètres , aujourd'hui j'ai fait le plus facile" Je crois qu'honnêtement je vais en baver et j'ai toujours cette appréhension, ce doute . Est ce trop rapide ? trop présomptueux de ma part ? Vais je y arriver ? Et cela m'embête ces questions car à la lecture de vos comptes rendus, je suis sur que le 100 bornes se court beaucoup avec la tête et j'ai peur que ces questions trahissent une faiblesse de ma part.

Mai fait ce qu'il te plait ! : Dernières semaines d'entraînement, A partir du 10 mai, il décroît pour arriver tranquillement au22 . Chaque jour, j'y pense et j'ai hâte d'y arriver pour connaître le résultat. Le 8 mai je me suis aligné sur un3000 interclub oblige. Cela faisait bien trois-quatre ans que je n'avais pas couru une compétition officielle sur piste ! Et ma foi, j'ai retrouvé des sensations oubliées. Mais la préparation 100 km n'est pas la panacée pour le3000 . J'ai pris rendez-vous en septembre pour deux ou trois soirées classantes . Le tartan va chauffer. Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse. Nous avons de la chance d'avoir cette passion qui nous offre autant de terrain de jeux avec des émotions aussi différentes.
Dans les dernières semaines de mon plan, même si une petite boule persiste toujours, je suis satisfait de ma préparation. Honnêtement, je pense avoir mis dans la balance tout ce que je pouvais mettre en tenant compte du travail, de la famille. Reste à voir le résultat le 22 Mai !

17Mai 2004 : Plus que deux jours de travail et direction la mer ! La pression monte et la petite boule est toujours là. Par contre au boulot, je n'ai plus la possibilité de me connecter sur ultrafondus.com. Les accès Internet ont été limités et à priori l'ultra ne fait pas partie des domaines censés intéressés le monde de l'assurance. (Bizarrement le site de VO 2passe ! Etrange ! ). Tant pis le modem familial va chauffer un peu plus !

19- 20Mai2004 Ce long week-end m'a fait du bien. J'ai carrément l'impression d'être en vacances et bizarrement je ne pense plus trop à ces 100 bornes. Je ne me pose plus de question, je savoure ces moments. Il fait bon de vivre.

21Mai : direction Chavagnes où j'arrive vers20 h15. Je rejoins Eric un copain d'un ancien club avec qui je partage souvent mes sorties dominicales. Je récupère le dossard et m'attaque à mon plat de pâtes. Vers23 h je rejoins ma couchette en ayant pris soin de régler le réveil.

22Mai :3 h 15le réveil ! Je n'ai pas eu l'impression de dormir, du bruit et sans aucun doute la pensée de ce 100 bornes ont contribué à cette nuit blanche. Ce n'est pas grave, le sommeil a été emmagasiné les nuits précédentes. Je prends mon gâteau Overstim ( je n'ai toujours pas testé le gâteau énergétique maison ), et je rejoins Eric pour aller prendre notre Café. Et la surprise, les températures ont chuté et cela caille ! Le vent souffle et j'apprécie la chaleur de ma polaire. Je décide de courir en manche longue.
4H 45: je rejoins la ligne de départ , cela caille toujours . Je ne vois pas le Troll et je me mets à l'abri du car podium.

5H00: C'est parti. Nous avons décidé de courir de concert avec Eric sur la base de5 '30" au kilo. Petite boucle dans le village et direction la première des quatre boucles de24 ,xxx km. Il fait nuit et déjà une première pour moi car je n'ai jamais pris le départ d'une course à une heure aussi matinale. C'est magique cette course dans la nuit et de voir le jour se lever..

Que dire du circuit : une première partie "campagne" avec de longues lignes droites qui longe la forêt de Grasla pour rejoindre la Copechagnière. Apres c'est la deuxième partie c'est à dire une succession de faux-plats voire de cotes ( sortie du village , montée vers les Brouzils, , ) et sur cette deuxième partie nous avons le vent de face qui au fil des tours augmentera d'intensité. Les ravitaillements sont nickels ( eau gazeuse, coca, jus d'orange, eau plate,isostar, glucose pour la partie liquide, banane, abricots ,raisins secs, confiture de fraise sur pain de mie, vache-qui-rit ,sucre). Bière et cacahouètes feront leur apparition sur le dernier tour. J'ai testé les cacahouètes au95 eme et ma foi cela change du sucré. Par contre je n'ai pas osé la bière. Il n'y a qu'au ravitaillement du93 eme kilomètre où nous avons constaté une rupture de stock qui je pense n'était que passagère ( il ne restait plus que de l'eau et un fond de coca ). Les bénévoles toujours présents, disponibles, accueillants. Une superbe organisation.

Le chronométrage par la puce me permet de vous donner nos temps de passage.

26km :2 h22:23
51km4 h 34: 35(2 h12: 12au tour)
75km7 h01:32 (2h26:57)
100km9 :42: 30(2 :40:58)


Une constatation : aux deux premiers tours Eric et moi taillons la bavette. Au troisième tour, les conversations s'espacent. Au dernier tour, elles seront beaucoup plus rares. Que dire d'autres ? Qu'aux deux premiers tours, la présence des panneaux des 90 85 80 nous font rêver. Nous entamons le troisième tour confiant. Les jambes tournent bien. Seul changement, les kilomètres s'additionnant, la perception du circuit change. Les longues lignes semblent plus longues, les faux-plats s'élèvent peu à peu. A partir du deuxième tour, je commence à taper dans le ravitaillement solide . Jusqu'à présent je ne le faisais jamais en course . Mais cela passe bien , je prends de petits bouts de bananes, des raisins secs, de la vache qui rit sur pain de mie, de la confiture de fraise. Au niveau boisson, régulièrement à peu près toutes les 10 minutes , ( plus rapproché dans le dernier tour ) je bois 2 ou trois gorgées de glucose . J'ai en effet pris une ceinture porte-bidon pour pallier l'absence de suiveur. Toutes les heures j'utilise un gel overstim. Et en décalé d'une demi-heure je prends un cachet de Sporténine. J'essaie d'alterner l'eau plate, l'eau gazeuse, le glucose et le coca pour éviter les problèmes d'eceurement.. Seul souci ce vent qui forcit. Certains trouvent la parade en se mettant derrière leur suiveur. Autant l'absence d'un suiveur ne nous a pas pénalisé d'un point de vue ravitaillement, autant nous aurons bien aimé en avoir un pour nous protéger d'Eole. Sur le dernier tour d'ailleurs, étant revenu à la hauteur d'un autre concurrent , nous pourrons nous mettre à l'abri derrière son fils et sa femme, ceux-ci s'étant spontanément mis devant-nous. Geste très sympa que nous avons beaucoup apprécié.

Quatrième tour : la simple idée de se dire que c'est le dernier tour renforce le mental. Vent dans le dos, nous profitons pour récupérer un peu. J'avais trouvé pénible la fin du troisième tour,3 ème tour que je redoutais à juste titre d'ailleurs car sur la fin de ce tour j'ai un peu marqué le coup. Les jambes sont de plus en plus lourdes. les lignes droites de plus en plus longues . Mais je pense que nous maintenons une bonne vitesse En fait c'est sur les ravitaillements que nous perdons de plus en plus de temps. De plus en plus souvent nous marchons un peu avant le ravitaillement, nous nous attardons plus longuement et surtout la relance à la sortie du ravitaillement est de plus en plus dure. Eric et moi avons déjà participé à des 24 heures par équipes, nous éprouvons les mêmes sensations qu'à la prise de nos relais à la sortie de la nuit lorsque la fatigue s'accumule. Et mon dieu que c'est dur de relancer , les jambes font mal, les premières foulées sont hésitantes. Une fois parti après quelques centaines de mètre, cela va mieux. Les mots se font rares, nous nous perdons dans nos pensées et surtout faisons face à ce maudit vent. Les bras commencent à faire mal , les muscles du dos se rappellent à notre bon souvenir. Heureusement que chaque semaine je fais une heure de natation dans un club loisir.

La vision du panneau du 90 nous enchante. La partie est gagnée. Au ravitaillement du 95 nous voyons passer le vainqueur. Le départ du dernier ravitaillement est un peu laborieux mais maintenant on sait que c'est du bon et imperceptiblement nous tachons d'accélérer ( enfin c'est ce qu'on croit je ne sais pas si c'est la réalité ). Nous sommes sur d'être en moins de 10 heures mais essayons d'être le plus près possible des 9 H30. au99 eme nous voyons les banderoles. Dernier virage, dernière ligne droite. J'aperçois Diogène avec qui j’aurai le plaisir d’échanger quelques mots, tape dans la main, nous franchissons ensemble Eric et moi la ligne d'arrivée. C'est gagné.

Voilà c'est fini ! Il ne reste plus que des souvenirs, un mal de genoux pendant le dimanche ( et dire que j'ai vu des vétérans courir pour monter sur le podium lors de la remise des récompenses, j'en aurai bien été incapable ! ). Maintenant place à la récupération. Dans quelques jours on va aller nager tranquillement puis reprendre un peu de vélo. Il n'y a plus d'ultra de prévu en 2004 . Juillet on va reprendre tranquillement les gammes pour préparer ma première année de vétéran et comme il n'y a plus de vieillesse il faudra bien se préparer. C'est de plus en plus dur chez les vétérans !
Est-ce que j'ai aimé le 100 bornes ? Oui, j'en referai d'autres sans doute à Chavagnes pour essayer de descendre le chrono sur un circuit performant. J'irai sans doute au Leroux beconnais , il n'est pas loin de chez moi et cela me permettra de voir un autre circuit. Bien sur Belvès ( j'ai encore en mémoire la description de Cyrano ) ne me laisse pas insensible. Mais cela ne sera peut-être pas en 2005 car j'aimerai bien courir les 50 km de la côte de Légende et le Tri Condat Hent .


Voilà c'est fini ! Je suis désolé Le Troll de t'avoir loupé à une autre fois j'espère.
Ah au fait yoyo, tu peux rajouter 100 bornes à la C.T.U.


--
robin

1 commentaire

Commentaire de Kiki14 posté le 12-01-2007 à 11:12:00

Salut robin

vraiment sensass ton récit ...tout y est du début à la fin.....
un grand merci pour les sensations que tu nous a fait partager....et pour les informations sur la "COURSE" et bien sûr BRAVO pour ta performance

A +

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