Récit de la course : Le Radicassant - 123 km 2019, par yoyotito

L'auteur : yoyotito

La course : Le Radicassant - 123 km

Date : 27/4/2019

Lieu : Lillebonne (Seine-Maritime)

Affichage : 1927 vues

Distance : 123km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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Une belle et longue journée

Mais pourquoi tu t’inscris à ce genre de choses ? Pourquoi tu cours autant ? Pourquoi tu t’infliges cela ? Je ne compte plus le nombre de fois ou l’on me pose ce type de questions. Mes réponses sont souvent les mêmes : car de une j’aime ça !!! Mais plus précisément pour sortir de ma zone de confort, pour découvrir autre chose, pour vaincre la monotonie routinière d’un emploi en région parisienne, pour repousser mes limites, pour atteindre le sommet de la pyramide de Maslow … Mais constamment en gardant les pieds sur terre malgré ce grain de folie de vouloir aller toujours plus loin. C’est pour toutes ces raisons qu’il m’ait venu l’idée de m’inscrire sur le Super Défi et l’objectif de réaliser 123 km le premier jour et 60 sur le deuxième. Je connaissais un peu les lieux puisque 4 ans auparavant j’avais été finisher du Radicassant et ces 113 kilomètres en 19H10. Alors quitte à revenir sur les lieux autant que cela soit pour un gros morceau.

Lorsque j’arrive au complexe sportif pour récupérer mes dossards, je reconnais facilement les lieux, et mêmes certains visages souriants des bénévoles, c’est un plaisir de les retrouver. Les dossards en poche je me dirige vers la salle de sport qui fera pour l’occasion office de dortoir ; vraiment très pratique ce système. Je discute avec quelques personnes, on parle courses passées, météo du lendemain… Je ne traine pas trop et tente de m’endormir assez rapidement avant 21h. Chose Réussie.

Après une nuit entrecoupée de quelques réveils me voilà debout à 3h45, il pleut. Je prends mon temps pour manger et me préparer. Je savoure cet instant, à finaliser mon sac, à vérifier mon plan de course en corrélation avec les barrières horaires. Mon programme prévu :  du 1er au 40ième en 8 min au kilomètre, les 18 suivants en 9 min par km, les 22 suivants en 11min/km et le reste en roue libre avec les forces qu’il me reste mais pas en dessous de 5km/h. Ainsi jusqu’au 80ième je prévois 1 min par kilomètre d’avance sur les BH.  Mais ça reste sur le papier !!!

Je suis déjà totalement dans ma course. 30 min avant le départ je fais les 100 mètres qui séparent le dortoir de la salle ou sont réunis beaucoup de coureurs. L’ambiance est détendue, un petit café avec un bout de pain complétera mon petit déjeuner Gâteau Sport. En me rendant au départ, je constate que la pluie s’est arrêtée, j’en profite donc pour ranger mon k-way, tout en me doutant que j’allais en avoir besoin dans les prochaines heures. 5h et Pan les fumigènes rouges s’allument dans la nuit noire, nous accompagnant pendant 100 mètres. Chouette départ et en musique !!!

 

 

Dès les premiers kilomètres, je me fais la même réflexion qu’il y a 4 ans, en enchainant directement 3 montées et 3 descentes : la journée s’annonce bien longue ! Je reconnais facilement le parcours, c’est le même tracé qu’il y a 4 ans. Beaucoup de sous-bois, des montées de 100 m de D+ et de la relance en veux-tu en voilà, et ça pour toute la journée. A mon habitude je suis dans le dernier wagon, car je sais qu’il va falloir que je m’économise mais pas trop quand même ! Le rythme est exact à mon plan de course, je me sens bien. A un moment il se met pleuvoir et même grêler mais ouf je suis à l’abri sous les arbres.  Les kilomètres défilent, pas de coup de mou en perspective, je m’alimente et m’hydrate bien. 25ième kilomètre je me fais doubler par un participant avec qui j’avais discuté hier soir, un niveau supérieur au mien je suis surpris de le voir. Il m’annonce qu’il à 5 kilomètres de plus que moi dans les pattes !! Il s’est tout simplement égaré avec un petit groupe ! Ce petit « détour » n’a aucun impact sur son moral, chapeau ! Je le laisse filer comme une fusée. Arrivé au 30ième je reconnais ces fameuses marches, et encore cette année elles vont me casser les jambes. Petite photo durant l’effort !

 

Malgré cela, je me sens très bien, et continue mon chemin. J’arrive à la première barrière en horaire en 5h10 de course, (soit 50 min d’avance) pensant être au km 40 comme annoncé sur le tracé. Cependant ma montre m’indique 38km et 1200 de D+ ; ah voilà une bonne nouvelle, je me dis que je vais faire 2 km de moins que prévu. Je recharge en eau, et je ne perds pas de temps. C’est réparti pour 18km.

Le tracé sur poursuit par des petits chemins dans les bois, un peu de route ou nous traversons de jolis lieux-dits.

 

Sur cette nouvelle portion, prévue en 9min au kilomètre, je n’arrive pas à tenir ce rythme. Ça monte et descend encore pas mal, je commence à me dire que les bâtons m’auraient bien aidé. Je prends donc la décision de réduire mon rythme et de rester sur celui qui ne me fera pas prendre de retard ni de l’avance sur la BH, soit 10 min au kilomètre. Je sens par ailleurs que ma foulée s’est raccourcie et que je ne suis pas autant à l’aise en descente qu’à l’habitude, mes cuisses me font déjà un peu mal. Les kilomètres défilent et je discute un peu avec d’autres participants. Les espaces se font déjà plus grands entre les coureurs, nous ne sommes que 300 au départ, vraiment un trail familial, ce que j’aime. Je pensais arriver à la deuxième barrière horaire mais je m’aperçois que je suis toujours dans la nature. 1 km de plus, 2 kilomètre de plus… je fais au total 20 au lieu des 18 prévus. La bonne nouvelle de toute à l’heure se transforme en mauvaise. Non non monsieur vous ne ferez pas moins de kilomètres et en plus il va vous falloir vous bouger car vous avez pris du retard.  En effet j’arrive à la base vie, au 58ième en 8h35 de course. J’avais prévu de prendre un peu mon temps pour manger une soupe, me changer mais ça ne sera pas le cas. Je prends mon sac de délestage choppe un tee-shirt, fais le changement, prends un sandwich, recharge en eau et on repart. Je n’ai plus que 20 min d’avance sur la barrière horaire.

 

A ce moment j’ai une légère baisse de moral, je me dis pour la première fois que cela risque d’être très tendu pour finir, je sais cependant que cette partie jusqu’au 80ième est légèrement plus facile. A mon habitude je commence à écouter de la musique dans la deuxième partie du parcours. Cela m’aide à chaque fois à reprendre un rythme un peu plus soutenu. Et cela se démontre encore cette fois-ci. Les 22 km suivants doivent se faire en 12min au km mais j’arrive à être plus rapide en restant aux alentours de 10min 30 au kilomètre. Et ça c’est bon pour le moral ! Je reconnais parfaitement le tracé, nous redescendons vers les bords de Seine, avec un joli soleil. Tout en continuant, j’estime mon heure d’arrivée pas avant 2 heures du matin soit 21 h de course, à ce moment je pense que j’ai peu de chance de prendre la ligne de départ le lendemain. 5 kilomètre avant d’arrivé au ravitaillement une sévère fringale s’installe. Je vois que je ralenti fortement. J’en profite donc pour manger 2 barres de céréales à la banane (trop bonnes) avec 2 gels Mojito ! Je suis refait ! Le ravitaillement arrive donc, les bénévoles me proposent de manger mais je n’ai plus faim. Je prends un peu de jus d’orange recharge en eau et je continue.

Après ce passage furtif je me rends compte que j’ai repris de l’avance sur la Barrière horaire. J’ai maintenant 1H d’avance soit 12h30 de course. Aller, il ne me reste plus qu’un marathon à faire que je vais devoir faire en maximum en 9h30. Je pense que c’est jouable même si pour mémoire il reste encore quelques bons raidards.  Je profite de cette avance pour regarder les messages de mes proches qui me font bien rire et m’encouragent ! S’ensuit quelques montées, un peu de plat, une belle et longue descente qui fait plaisir mais je sais que celle-ci je devrai la refaire dans l’autre sens. A un moment je rencontre 2 spectateurs déguisés et en chanson, un en vache l’autre en fée des champs, tout simplement géniaux ! Ils ont disposé sur près de 500 mètres des pancartes d’encouragements, une carotte, un radar… Ça m’a tellement fait rire. Nous passons vers le château de Tancarville, nouvelle portion du parcours. Puis une longue portion dans la forêt, alliant plat et faux plat montant ou je me surprends à recourir pendant quelques kilomètres d’affilés. Pour rester dans les cordes des BH, les 23 km qui séparent les 2 ravitaillements doivent se faire en 12min au kil. Parfait je suis encore en avance sur ces temps. Du moins au début. J’avais oublié que l’organisation nous faisait plaisir avec une très belle montée pour y redescendre directement pour se retrouver devant un monstre de montée ! Et là je prends peur !!! mais ouf nous ne la montons pas en direct, on prend un chemin annexe. Mais je sens que j’ai perdu du temps, on serre les dents. Le physique fait tenir debout le mental fait avancer !!! La nuit s’installe, je sors la frontale. Le dernier ravitaillement est à quelques kilomètres, mais avant ça je sais que je dois voir une belle pancarte, celle des centbornards. Je regarde ma montre 99km, 100, 101, le 102 approche,  bon cette année il n’y a pas de pancarte. Mais celle-ci-apparait au kilomètre 102 et des poussières.

 

Et là je peste il y aura-t-il 2 kilomètres à faire en plus ?! il s’avèrera que non mais sur le coup j’étais furibard ! J’arrive sur le dernier ravitaillement en 17h 10 de course et je prends 10 minutes, le temps d’une petite averse ou je mange quelques sandwich, dommage la soupe est à la tomate.

Pour faire les 20 derniers kilomètres, sur lesquelles j’avais considérablement pioché il y a 4 ans, je les avais faits en 4h30 et là il ne me reste que 4h45 pour être finisher. Je ne suis pas totalement confiant. J’essaye de « courir » sur le plat, qui s’avère être plutôt une marche rapide. Il fait froid, toujours autant de vent, les kilomètres me paraissent très longs. Je ne vois plus personne. Je vais finir cette course au mental. Il ne me reste que très peu de souvenirs de ces 20 derniers kms, je regarde ma montre je suis dans les temps. Plus que 3 kilomètres, et une belle dernière montée, merci les organisateurs. Une descente et ça y est me voici dans la ville. Quel plaisir d’entendre la musique de l’arrivée. Je prends le temps de regarder les étoiles qui veillent sur moi. Je me force à courir les derniers mètres. Je passe la ligne d’arrivée en 21h27 min je suis 160ième sur 172 arrivants.

Enfin !!!! Je rentre dans la salle ou je me fais applaudir chaleureusement, merci les bénévoles. Sacrée performance pour vous de rester toujours serviables à n’importe quelle heure. Je récupère le graal du tee-shirt finisher, et m’assois en compagnie d’une assiette de spaghettis et d’une bière, je n’en boirais que 3 gorgées.  Quelques échanges d’impressions avec d’autres participants autant fatigués que moi, je prends mon téléphone et je constate l’énorme nouvelle, le Stade Rennais est champion de France !!!! ils ont battu PSG ! hallucination de fin de course ??? Non nous le sommes vraiment ! ça vient clore une journée riche en émotions. Sur ce je me dirige en marche des canards à la voiture pour aller me doucher avec de l’eau brulante. Je fais mon « lit » à 3h30 dans la salle de sport. Courte nuit, je me fais réveiller à 7h par les participants du 60 km. Je devais m’aligner sur cette course, c’était mon défi. Je me mets donc debout pour voir l’état des jambes, et je constate que je souffre grandement du talon d’Achille droit. Je prends donc la sage décision de ne pas m’aligner sur le départ, j’aime bien me faire mal mais là il faut être raisonnable. En plus les barrières horaires sont très serrées, ça m’a suffi hier d’être constamment à la lutte avec celles-ci. Et puis j’ai vraiment envie de voir mes filles. Alors direction le bercail ou sur la route j’ai dû m’arrêter 2 fois pour prendre des doubles rations de café.

Pour finir, j’ai apprécié refaire ce Trail avec une organisation familiale et au petit soin pour les participants. Une chouette ambiance, un parcours très roulant et agréable à courir. Des beaux passages, des bons raidards, tout ce que l’on recherche lorsque qu’on souhaite faire de l’ultra pas trop technique. Et une chose est sûre, je peux vous assurer que la Normandie n’est pas un pays plat. Langue tirée

2 commentaires

Commentaire de kilkenny84 posté le 02-05-2019 à 10:37:06

Beau récit qui me rappelle les souvenirs de ce week-end.

Est-ce toi qui a demandé au niveau du 85eme pour toi où j'en étais? C'était au niveau de la traversée du près avec les barrière, la fin de la longue portion en double sens Une personne qui dans mes souvenirs te ressemble sur la photom'a demandé à combien de km j'en étais comme j'arrivais dans l'autre sens.

En tout cas bravo pour ta course et sage décision de ne pas enchainer avec le 60km

Commentaire de yoyotito posté le 03-05-2019 à 09:49:30

Merci Kilkenny! Non ce n'est pas moi je n'ai pas en mémoire d'avoir poser ce genre de question, mais ça aurait très bien pu si je n'avais pas déjà fait ce parcours ;)

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