L'auteur : Gropeyo
La course : Grand Raid des Pyrénées - Ultra 160 km
Date : 22/8/2025
Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)
Affichage : 38 vues
Distance : 160km
Objectif : Terminer
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Contexte :
Depuis mes débuts en trail en 2016 chaque année j'essaie de faire une course du GRP, les distances se sont progressivement allongées jusqu'en 2019 et le fameux 220. Après un retour sur le 80 en 2021 j'avais décidé de retourner sur le 160 pour essayer de mieux faire. Ce fut 2 échecs cinglants en 2022 et 2023, abandons et clairement une remise en cause s'impose : pourquoi faire si long ?
Malgré tout, je me ré-engage sur le Tour des Cirques en 2024 où une bonne partie du parcours est faite à 2, notamment la nuit, et cela passe plutôt bien. Je décide de recommencer cette année mais le tirage au sort en a décidé autrement et me voilà donc au départ du 160 avec une certaine angoisse.
Départ : 5h, rendez vous à la Mongie
La montée au Portet se passe bien au milieu du flot de coureurs j’essaie d’adopter un rythme confortable pour ne pas griller des cartouches dès le départ. Lever du jour, le ciel est nuageux et la température idéale, en route pour le Néouvielle et chapelet de petits lacs.
Après un chemin en balcon au-dessus de lac de l’Oule où il y a moyen de passer en sur-régime direction le col de Bastanet point culminant de la course. Le chemin devient bien technique et l’allure ralentit mais le soleil a fait son apparition et les paysages se dévoilent au dessus de la mer de nuages. Descente vers le refuge de Campana et retour dans les nuages qui évite à la température de trop monter. On ne voit plus grand-chose mais au moins on ne souffre pas de la chaleur pour entamer cet ignoble passage du Serpolet rendu extrêmement glissant du côté de La Mongie par la pluie et le passage de la course la veille. C’est un morceau bien raide souvent exposé au soleil, aujourd’hui pas de souci.
Arrivée à la Mongie dans une ambiance tour de France à 10 h57, timing respecté. Le ravito se déroule à l’intérieur pour une fois et je refais les niveaux, un petit coucou à mes accompagnateurs et je leur donne rendez-vous dans 6 h à Hautacam.
Direction Hautacam : 11h
Le chemin pour Sencours commence par une descente où encore une fois je mouille les pieds, puis nous remontons un vallon le long du pic du midi caché dans les nuages. Montée effectuée à une allure plutôt tranquille mais qui me suffit largement pour le moment. Au col de Sencours nous repassons au dessus des nuages, vers 2200m, ça sera le cas toute la journée autant dire que nous ne verrons pas beaucoup le soleil, mais nous ne souffrirons pas de la chaleur.
Le ravito est toujours aussi agréable avec de la purée chaude, ce qui nous change et me fait un bien fou à chaque fois. Les bénévoles insistent bien sur la nécessité de prendre 2l car nous partons sur une section de 20 km sans ravito. Cette section se décompose pour moi en 4 bosses avant d’atteindre Hautacam. La première juste après le ravito est la plus courte et permet de digérer tranquillement avant d’attaquer le col d’Aoube assez impressionnant mais qui passe plutôt bien en prenant un rythme régulier. Une fois en haut je décide de faire une pause pour me sécher les pieds car je sens une petite gêne, je me donne 5 min au soleil puis me force à repartir pour une longue section autour du lac bleu que nous ne verrons quasiment pas. Remontée au col de Bareilles assez raide tout comme la descente, puis direction Hautacam après le passage d’une dernière bosse de 200m de D+. Le brouillard s’est intensifié et il faut être attentif au balisage pour ne pas prendre l’une des nombreuses sentes qui parcourent le sentier.
Arrivée à 16h50 pour 17h prévue nickel, cependant j’éprouve le besoin de souffler un peu, un bénévole me remplit mes flasques pendant que je me pose sur un banc pour détendre les jambes avant la longue descente qui s’annonce.
Pierrefitte, première base de vie : 18h35
La descente commence par une traversée par un passage qui ressemble à tout sauf à un sentier de randonnée. Le passage se fait au milieu des rhododendrons est en dévers avec des flaques de boue, parfait pour se gameler ou se tremper les pieds. Je décide de ressortir les bâtons pour assurer la fin de passage drè dans le pentu. Enfin après avoir pesté un petit moment sur ce chemin, nous rejoignons une piste de 4*4 où nous pouvons trottiner et dérouler la foulée. Je régule l’allure pour ne pas me flinguer les jambes. Ce passage moins technique me permet d’échanger avec un autre coureur et je me rends compte que nous arrivons bientôt au bas de la descente, surpris car je m’attendais à une remontée de 100m. Dernière petite farce des organisateurs le passage de la conduite forcée un passage bien raide juste avant l’arrivée à Pierrefitte à 18h 35.
Section vers Estaing :
Après un arrêt comme d’habitude peu optimisé plus de 40 min mais réconfortant, me voilà reparti sur cette section peu empruntée par le GRP (très peu de souvenirs de 2019). Je suis content il fait encore jour pour un moment, je devrais passer la montée avant la nuit. Le début se passe bien sur belle piste nous prenons de l’attitude avant de suivre une trace que j’avais repérée sur la trace gpx droit dans la pente au milieu des fougères. Les forces m’abandonnent petit à petit et je me retrouve le souffle court concentré sur les talons du coureur qui précède. Cet effort me donne la nausée et en rattrapant les pistes je n’en mène pas large et je me fais semer par le petit groupe avec lequel je suis monté, incapable de suivre l’allure sur le faux plat montant. (j’ai attribué ce gros passage à vitde à un manque d’alimentation dans la section précédente). La nuit tombe je me retrouve seul et dans un brouillard de plus en plus dense. Je cherche les balises une à une avec ma frontale, heureusement le balisage est relativement serré. Le manque de visibilité ainsi que mon état m’empêchent de réellement trottiner dans ce début de descente pourtant favorable. Une fois passé sous les nuages je me dis que cela va aller mieux mais le chemin ressemble à celui emprunté au début d’Hautacam. Bref peu de traces et direct dans la pente.
J’arrive malgré tout à Estaing à 23 h toujours dans le timing prévu mais j’ai bien chargé sur cette partie. Retour à la civilisation, nous terminons au milieu d’un embouteillage de voitures obligeant la gendarmerie à faire la circulation en pleine nuit.
Je sais que la prochaine section va être importante puisqu’elle doit nous permettre de rejoindre Cauterets par le col d’Ilhéou qui fait office d’épouvantail et encore plus compte tenu de l’horaire tardif. Je fais un bon stop pour bien manger avec un coup de cœur pour les crêpes au jambon qui m’ont fait les yeux doux.
Il est où Cauterets ? :
Je repars en compagnie d’un petit groupe sur une section route chemin plutôt monotone qui remonte vers le lac d’Estaing. La température est agréable mais on nous a annoncé de la fraîcheur au col. Le temps semble se dégager et c’est parti pour un KV sur 4,5 km, il est minuit il ne va pas falloir s’endormir. Je me monte ce qui me semble un bon rythme 600m/h et je double pas mal de groupes pas forcément super à l’aise dans la pente. Sur la fin le froid se fait un peu ressentir mais tant que j’avance cela reste supportable, c’est une bonne motivation pour ne pas s’arrêter sinon obligation de se couvrir. J’atteins le col en 1h40 satisfait de cette montée, je me dis qu’il n’ y a plus qu’à se laisser glisser jusqu’au refuge mais la descente n’est pas si simple avec quelques passages où il faut être vigilant malgré des baisses d’attention. Nous arrivons avec un petit groupe au refuge, un bénévole nous pointe dans une ambiance improbable, nous rechargeons en eau et direction Cauterets. Le début de la descente est pénible pour moi, j’ai mal aux jambes, je sens que ça va être long. Malgré tout je me force à courir lentement au début et surprise cela passe mieux ensuite, je me fais plaisir dans la forêt avant d’arriver à Cauterets reconnaissant le chemin qui m’avait fait abandonner en 2022.
J’arrive à Cauterets, il est 4h encore une fois le timing est respecté, je me dis que ça commence à sentir bon sachant qu’il reste une grosse montée pour arriver à Luz. Je veux changer de chaussures car j’ai les pieds qui ont bien macéré avec l’humidité du début de course. Je me ravise en changeant uniquement de chaussettes ayant trop peur de créer des échauffements qui pour une fois ne sont quasiment pas présents.
2eme Base de vie Luz st Sauveur :
Départ dans la ville je rencontre des jeunes un peu éméchés qui me proposent leur ravito, la scène prête à sourire mais rien de dérangeant. J’enquille les lacets du col de Riou mais l’altitude ne monte pas très vite. Il y a là aussi 1000m à faire mais sur une pente beaucoup plus douce au départ ainsi que dans les 300 derniers mètres avec des zig zag qui n’en finissent pas. Mes efforts sont récompensés par le lever du jour et une vue magnifique sur les sommets environnants et une mer de nuage oscillant entre ombre et lumière.
La descente sur Bédéret direct dans la pente contraste avec notre ascension. Le brouillard refait son apparition je remets ma frontale pour être sûr de ne pas rater de balises. Je suis surpris du ravito qui se déroule en extérieur mais le temps est plutôt sec mais bien frais. Du coup je m’attarde un peu moins longtemps et repars après avoir salué les bénévoles qui n’hésitent pas à manier le sifflet pour nous diriger. Encore une longue descente qui pour le coup est plutôt roulante à conditions d’avoir les jambes, ce qui n’est plus trop mon cas. Je me vautre dès le départ dans une flaque de boue, je n’aurais plus qu’à changer de T-shirt mais au moins je ne me suis pas fait mal. Descente longue et monotone qui suit la route au départ puis passe dans de petits villages mais cette section m’a achevé les jambes. J’arrive à la base vie de Luz après une longue déambulation à la fin de la descente (en marchant tout est beaucoup plus long). Il est 8 h 30.
Retour à Vielle-Aure :
Je repars direction Tournaboup sur section sur le papier légèrement montante qui longe approximativement la route du Tourmalet en passant par les villages. La chaleur est bien présente en ce fond de vallée et mon chabob me servira régulièrement d’éponge dans les différentes sources croisées. Le cheminement est pénible car il fait de plus en plus chaud et les partie à l’ombre sont rares, il m’est devenu trop difficile de courir sur les parties plates, je baisse la tête et avance en attendant le prochain ravito. Avec du recul cette partie, je l’ai trouvée assez monotone même si elle permet d’avancer assez vite, la chaleur y a bien contribué.
Tournaboup, enfin je me pose une 20aine de minutes avant de repartir, je sais que c’est gagné pour terminer car sauf blessure qui voit Tournaboup va au bout. Un bénévole m’avertit qu’il n’y a pas de ravito à Aygues Cluzes et que le prochain se trouve à 17 km. Demi tour je prends ma 4e flasque vue la chaleur qui ne cesse de monter. Je connais très bien la fin pour l’avoir fait un paquet de fois, ma montre a rendu l’âme et je vais m’occuper l’esprit en essayant de me fixer des horaires pour les dernières étapes. La montée vers le refuge est toujours aussi bucolique au milieu des ruisseaux et replats. Ma vitesse de progression me permet de profiter du paysage. Arrivée au refuge bonne surprise des bénévoles nous propose de l’eau. Je m’attarde peu, pressé de rentrer et d’attaquer la Hourquette Nère, je me dis c’est parti pour une heure max. On ne découvre le passage que sur la fin et les 150 derniers mètres paraissent un mur mais qui a l’avantage de faire gagner de l’altitude assez vite. Au sommet j’éprouve le besoin de m’asseoir et de contempler la vue sur les différents lacs du Néouvielle ainsi que sur le pic de Bastan qui se dresse en face. Mais très vite je me botte les fesses car je n’ai pas oublié mon 2nd objectif si possible arriver avant la nuit. Rapide calcul il faut que j’arrive vers 21h, il me reste 6h c’est largement jouable même en terminant tout en marchant.
Depuis Tournaboup nous avons rejoint le parcours du 80 et nous nous faisons doubler par des bolides, mais qui ont toujours un mot sympa. En descendant vers la sapinière le chemin devient plus technique et la densité de coureurs augmente. Cela ne gêne pas trop pour l’instant mais j’imagine que plus tard cela peut devenir un plus pénible en fin de course surtout dans les passages techniques. Pour cette partie, il ne faut pas avoir les jambes trop fracassées pour encaisser les passages de racines et autres marches à descendre. La remontée vers Merlans signe vraiment la fin du pénible, une brise nous accompagne et permet de nous rafraîchir un peu.
Merlans 17h13 je décide de faire un arrêt assez rapide car il est possible d’arriver avant 20h j’oublie d’aller saluer Cloclo et repars pour l’ultime montée. C’est un coureur qui m’interpelle avec mon chabob qui me rappelle sa présence aux Merlans. De plus, il m’apprend qu’un Kikou a terminé 3e de l’Ultra. Nous faisons le début de la descente ensemble. J’alterne marche course, ce n’est pas rapide mais il est hors de question de terminer cette longue descente en marchant. Les parties raides de Soulan passent bien, c’est sûr l’arrivée sera avant 20h. Nous sommes un petit groupe descendant à peu près au même rythme ça encourage. Passage du dernier passage un peu glissant et retour sur la route pour cette dernière section de 3km. Nous nous faisons encourager par toutes les personnes que l’on croise, en particulier en longeant la Neste où le public se densifie. Dernière bosse pour arriver au pont, mon fils qui m’a suivi vient à ma rencontre et nous franchissons cette ligne d’arrivée bien heureux.
Temps final : 38h37, au-delà de mes espérances.
Bilan :
Je termine bien fatigué et ne traîne pas trop après la course et même après.
Presque pas eu d’ampoules cette année le tape au talon en prévention a bien fonctionné. Des crevasses dues à l’humidité qui malgré des séchages de pieds m’ont un peu pourri la fin de course (j’aurais dû commencer et changer de chaussettes plus tôt). Pas eu besoin de changer de chaussures.
Au niveau alimentation les pâtes de fruits ont tenu 14h avant écœurement et les poudres aussi je les ai abandonnées assez vite après la base de vie, trop compliqué à gérer et j’ai tourné aux électrolytes qui aromatisaient l’eau et eau plate/pétillante.
Bravo à tous les participants finishers ou pas, ainsi qu’aux bénévoles pour leur bonne humeur et leurs attentions.
Merci à Kikourou pour la mine d’informations et partages.
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2 commentaires
Commentaire de Gilles45 posté le 31-08-2025 à 10:42:49
Chouette récit, c’est marrant de voir comme nous sommes souvent marqués par les mêmes choses (ex. la purée de Sencours ou bien pester dans le « chemin » après Hautacam)
Par contre tout le monde parle du droit dans la pente dans les fougères avant Estaing…je n’en ai absolument aucun souvenir
Bref, bravo pour ta très belle gestion de course. Elle est comme ton récit, carrée et limpide
Commentaire de grumlie posté le 31-08-2025 à 10:52:26
Merci pour ton récit et bravo pour ta course. Cela a l'air si facile. Pour le balisage serré vers Estaing, c'est entre autre un kikoureur qui a fait la vérif (Laulau) et effectivement on a ramassé pas mal de balisage sur cette section avec mes potes serres files. Bonne récup!
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