Récit de la course : Spartathlon 2012, par HervéB

L'auteur : HervéB

La course : Spartathlon

Date : 28/9/2012

Lieu : Athènes (Grèce)

Affichage : 1056 vues

Distance : 247km

Objectif : Terminer

3 commentaires

Partager :

11 autres récits :

Spartathlon 2012

 2012

 

Je peux dire que j’ai bien préparé mon Spartathlon cette année contrairement à mon édition de 2008 :

Après un Raid du Golfe du Morbihan où j’arrive comme une fleur 9ème en 23h10, j’ai repris un entrainement sérieux début aout avec 580 km parcouru suivi de septembre où je n’arrive qu’à stopper qu’a partir du lundi avant l’épreuve avec 387 km (du 1er au 23).

J’avais besoin de me rassurer en mettant toutes les chances de mon côté.

Coté organisation, c’est un voyage éclair avec Michèle qui fera mon assistance aux points autorisés, Nous partons le mardi en voiture  avec Ronan dormir chez Juan et toute la troupe rejoint l’aéroport d’Orly le mercredi matin. Comme c’est jour de grève générale en Grèce l’avion décollera avec 3h40 de retard.

Aéroport d’Athènes : On récupère notre voiture de location et on file vers notre hôtel ‘’l’Acropolis view ‘’ situé à 200 mètres du départ ;  le jeudi nous faisons un passage à l’hôtel London pour faire les papiers nécessaires à la course auprès de l’organisation et déposer mes ravito perso dans les cartons prévus à cet effet.

Grosse chaleur en Grèce, sur la plage la veille de la course, j’ai de temps de m’imaginer course sous cette chape de plomb, j’ai décidé de partir à la sensation, ne pas forcer mais faire selon mon envie.

Vendredi 7h00, après les photos et embrassades le départ est donné à l’Acropole, c’est assez difficile d’imaginer que la course peut ne s’interrompre que le lendemain soir (19h00). Nous nous somme donné la consigne de ne pas arrêter sur un coup de tête, seules les barrières horaires peuvent nous mettre hors course. Il y a 75 CP sur les 247 kilomètres, chacun pouvant nous mettre dehors en cas de vitesse trop basse…

Après un premier kilo à 10,7 km/h, je prends ma cadence, essaye même de ralentir assez vite, mais je garde 12 km/h en plat, ralenti dans ce long faux plat qui nous fait quitter Athènes, un bon groupe d’Italiens me passe à ce moment, il se désagrègera au fur et à mesure.

3 heures de passées, la chaleur est là, la vitesse a décrue depuis une heure, je suis autour de 5’15’’ au kilo, je fait des arrêts brefs aux ravitaillements…

Le marathon en 3h50, j’ai mis un peu de distance avec le cut-off (40 mn) mais juste après un bosse je fait marcher un peu et tomber à 10 km/h. J’échange quelques mot avec Markus Talmann, en lui demandant pourquoi il n’est pas plus loin devant, il me souhaite bonne chance …

L’avancée continue, comme les autres, je cherche déjà l’ombre, je m’arrose de temps à autre avec la gourde dorsale, tandis que je bois avec la gourde à main, elle va m’accompagner durant ces 247 kilomètres sans problème, j’ai fait tous mes entrainement avec. De plus il m’arrive de m’éponger aux ravitaillements, mais pas trop le visage, les éponges sont remises dans le même seau, certains coureurs se plongent même la tête dans le bac.

5h51 au 60ème, 7h00 au 70ème, ma vitesse moyenne s’écroule, je ne pense qu’au ravitaillement d’après Corinthe, j’ai hâte de voir Michèle et je sais surtout que je la retrouverais ensuite tous les 10 à 15 kilomètres aux PC où les accompagnateurs peuvent nous assister. Je passe un SMS sous un pont car c’est le seul endroit à l’ombre me permettant de voir l’affichage de mon téléphone « arrive au 77 km », comme ça, elle a au moins des nouvelles, je passe au dessus du canal de Corinthe, ensuite longue ligne droite où je remonte deux coureurs, je vois les tentes du ravitaillement…

 

Et en arrivant je suis encouragé par … Martine et Robert, je comprends que Martine est out. Je retrouve Michèle, elle me fait assoir, je donne a boire, va me prendre du riz au lait et m’explique l’hécatombe, pas de news de Ronan, mais Jean, Marc, Gérard ont été arrêté par les barrières horaires… je bois une autre canette, et repars après 10 minutes de pause. Avant le départ, j’avais dit que je ne ferais pas d’arrêt, mais là, c’est trop dur, il me fallait cette pause…

Après deux kilomètres et m’être allégé derrière un buisson, je retrouve un coureur Allemand et deux Italiens avec lesquels j’ai déjà couru un peu avant …

J’alterne beaucoup plus course et marche, après 100 kilomètres et 11h04, je profil se durci, la montée se précise, la nuit arrive, je marche seul …je cours aussi quand c’est possible mais je me fais poser un patch car un vieux mal de cuisse est revenu à la surface et je ressens bien chaque choc, je suis en 5’30’’ et 9’30’’ au kilo…

A minuit (17 heures) j’ai du faire 141 km …

J’arrive enfin au bas de la montagne, je reste le temps d’un petit ravitaillement avant d’attaquer les 2,3 km de montée, je vais mettre  ¾ heure pour parvenir en haut (chemin étroit, caillasse, etc.), puis 20 mn pour redescendre, c’est abrupt et je glisse sur la terre et les graviers, d’autres sont plus mal que moi, mais je suis content d’arriver à Sankas.

C’est là que la douleur se faisant plus forte je me suis mis à marcher exclusivement, il reste environ 85 kilomètres, je me dis alors que si les cut-off me rejoignent je me remettrais peut-être à courir … en attendant j’arrive à Nestani.

…et je n’y suis pas seul, juste après moi arrivent Juan et Laurence, qui ont rattrapé l’avance que j’avais sur eux dans la montagne, je pars devant en marchant, ils me rejoignent  rapidement, on parle un peu, et repartent en trottinant…

Un peu plus loin alors que je vois toujours les frontales devant, Gilles arrive son tour, il restera avec moi jusqu'à 7h00 du matin, avant de repartir, j’ai bien essayé de courir un peu avec lui mais ce n’était pas ça…

182 kilomètres de fait en 24h00, ce n’est pas si mal, même si l’avenir se présente plutôt sombre. (Pour mémoire j’avais fait 183 km en 2007 et 187 en 2008, je suis presque dans les clous).

A Stenon, Thomas me refais le bandage, tout le monde Alex, Michèle, Thomas, Gérard m’encourage pour continuer, c’est dire que j’ai une sale tête. Tom me dit : ’’tu ne peux plus courir, OK, mais tu sais marcher, il reste 60 kilomètres et 11 heures, tu peux le faire…

Je sais que c’est possible, mais c’est l’envie qui me manque, « allez, tu n’as pas le choix, tu es encore en course, tu n’as pas le droit de flancher ‘’, bref, je repars … et petit à petit je me re-motive, je regarde mon GPS tous les kilomètres pour vérifier mon allure, 6,1 / 6,2 / 6,4 km/h.

Ca défile doucement, je me fais doubler par quelques coureurs qui m’encouragent, les ravitaillements sont très vite passé, remplir ma gourde et repartir, c’est très rapide…

J’arrive sur le dernier ‘gros’ PC, 2500 mètres avant la route de Sparte et sa circulation automobile : 48 kilomètres avant la Statue de Léonidas …il me reste 9h20 pour y parvenir…

Mais en fait je n’ai pas envie de mettre autant de temps.

Mince, une crevaison, la belle ampoule qui se formait au talon a finie par exploser, ça me brule le pied pendant quelques temps, et puis j’oublie …

Donc, je marche, je rattrape des coureurs dans la belle montée qui nous amène en haut du plateau, toujours à 6 km/h, dans la pire des côtes je descendrais à 5,8 km/h et lors des ravitaillements éclairs 5,3 …

Ensuite c’est un jeu de patience, la température monte, il faut garder le rythme, je retrouve Michèle sur 1 PC sur 3 ou 4, sinon je recharge une gourde en eau et l’autre en mélange jus de fruit/eau, je  pars toujours avec 2 gâteaux secs que je grignote tranquillement, je me méfie des voitures qui coupent les nombreux virages, un œil sur le chrono, je sais que j’irais au bout, de temps à autre je m’y vois, je craque déjà … J’arrive au bout du plateau, à l’amorce de cette descente il reste encore 21 bornes …et 4h40

J’approche de Sparte, route en travaux, pas de place pour les véhicules et les piétons, le bas côté est inexistant mais les chauffeurs font attention…

Les ampoules qui sont au bout des doigts de pieds me chatouillent un peu, il faut faire avec.

Je n’ai pas vu de marquage au sol depuis bien longtemps, croisé une route barrée, j’ai peur de m’être planté, j’appelle alors Michèle et pendant que je lui parle je crois reconnaître l’endroit où je me trouve, en fait il y a 4 ans ce n’était pas tout a fait le même chemin, mais des travaux ont déviés la route initiale.

Je rentre dans le four de Sparte, je m’arrose d’eau pour me rafraîchir, ça va mieux, je retrouve enfin Michèle qui m’attends, échange rapide, gourde, eau, épongeage et retour sur le ring.

On se retrouvera à l’arrivée maintenant …

Je file toujours à la même allure, un Italien qui a fini me reconnaît, je crois qu’il n’en revient pas de me voir encore en piste alors que je marche depuis des lustres.

Tout est prévu, c’est Jean qui me donnera le drapeau Breton à 200 mètres de la Statue, mais avant des centaines d’encouragements des gens sur leurs balcons, dans la rue, applaudissements…

Un ados m’accompagne en vélo jusqu'à la dernière avenue.

Quand j’y arrive, mes poils se hérissent, avec toutes ces félicitations, ces applaudissements !!! , je prends mon drapeau et donne ma gourde à jean, et me mets à courir, disparue la douleur, tout le monde est là : Laurence, Gilles et Juan arrivés depuis une heure, ainsi que Ronan, Gérard, Alex,  Michèle, Brigitte, Françoise, Marc et jean.

Photos, embrassades, comme au début mais il s’est écoulé 247 kilomètres et 34h47.

 

Que de bons moments passés sur la route, des doutes aussi, de l’espoir…

J’ai trouvé une bonne ambiance avec les spectateurs, les bénévoles, j’ai trouvé le soutien de tous mes amis qui ont su me remettre devant l’objectif : terminer cette course.

Merci encore à Michèle qui était mon phare dans la nuit, mon repère, ce n’est surement pas une tâche facile d’essayer de me faire manger ni de m’attendre de point en point…

3 Spartathlon réussis pour trois essais, 100% de réussite, c’était mon défi de l’année.

L’avenir nous dira s’il existe une 4ème tentative, en tout cas, pas en 2013, je suis pris

3 commentaires

Commentaire de peky posté le 10-10-2012 à 17:45:43

Bonjour,

Belle maitrise de ta course. Aller au bout, chapeau!

Commentaire de La Tortue posté le 11-10-2012 à 00:32:21

respects mon shadocko !
je te trouve particulièrement bien affuté sur les photos ! surement l'explication de ce très bon résultat !
il ne te manque plus qu'à apprendre à nager et t'acheter un vélo ;-)

Commentaire de Jerome_I posté le 24-10-2012 à 23:18:03

bravo pour ta course, j'ai suivi ta progression mais surtout ton entrainement sur Kikourou... Encore un rève pour moi mais...

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Votre annonce ici !

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version mobile - 0.15 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !