Récit de la course : Saintélyon 2005, par David B

L'auteur : David B

La course : Saintélyon

Date : 4/12/2005

Lieu : Saint Etienne (Loire)

Affichage : 5584 vues

Distance : 68km

Matos : décrit dans le CR

Objectif : Terminer

2 commentaires

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Première Saintélyon, premier ultra

Mon compte rendu de la Saintélyon édition 2005

Pourquoi ai-je rédigé un compte rendu de ma première Saintélyon ?

Pour répondre à cette question il me suffit de me rappeler la longue liste de compte rendu que j’ai lu en vue de la course. Je les dévorai pour savoir, savoir et savoir. Est-ce que je suis capable de faire un truc pareil ? Tiens ce gars là il a déjà fait telle ou telle course en tel temps avant la Saintélyon et c’est passé, ou c’est pas passé, Suis-je assez entraîné, ai-je assez d’expérience, qu’est ce qu’il faut faire ? Au secours je doute de plus en plus.
Une bonne partie des réponses que je cherchais était dans ces CR. Bien sur je n’ai pas trouvé quelqu’un qui était pile dans mon cas mais par comparaison on peut en avoir une idée (j’aurai aimé que mon clone ait essayé avant moi pour voir s‘il ne s’était pas ramassé).
Aussi, c’est en quelque sorte pour renvoyer l’ascenseur que je rédige mon CR, pour que d’autres personnes puissent à leur tour y trouver des pistes, des références.

Mon CV de Coureur.

Je courais quand j’étais ado mais c’est essentiellement depuis trois ans que je cours régulièrement avec une bonne bande de collègues et amis. J’ai avancé progressivement, et au bout des trois ans voici la liste de mes principales courses.
- Les trois dernières éditions des 20kms de Paris, dernier temps 1h30
- Les deux dernières éditions du marathon de Paris, dernier temps 3h24
- Raid IGN 2005
- Beaucoup de CO, plus ou moins longues et des petits raids multisports.
- La seconde moitié de la Saintélyon en 2004 (38km) où j’étais arrivé très très mal en 3h45.
Voila mon niveau au moment de cette Saintélyon, est ce suffisant ?

Les objectifs.

L’objectif est clair, pour ma première Saintélyon, je veux « finir dignement ». Par dignement j’entend que si par exemple j’arrive explosé en 12h derrière un gars qui avait choisi de marcher tout le long du parcours, c’est que je ne suis pas prés et que c’est un échec. Pour moi réussir c’est d’arriver à trottiner (sur le plat) au moins jusqu'à quelques kilomètres de l’arrivée quitte à finir en souffrance, en boitant s’il le faut.
En lisant les comptes rendus, je m’apercevais que, vu mes performances et en comparaison avec celles des autres je devrai boucler entre 7h30 et 8h30, sauf incident ou présomption de ma part.

L’entraînement

La préparation se résume en un seul mot PLAISIR. En effet au bout de trois ans de préparation rigoureuse, surtout celle pour les marathons, il était or de questions de repartir dans un programme d’entraînement avec le fractionné tel jour tel temps telle distance le lendemain…STOP on arrête tout.
Pour la Saintélyon je n’aurai fait que des entraînements qui me plaisaient en suivant mes sensations et mon envie.
Le premier type de séance clé est la sortie longue, j’en ai eu fait jusqu'à 2 par semaines. Je ne suis pas fou, si j’en faisait autant c’est qu’elles me faisaient plaisir parce que contrairement à mes sorties longues du marathon il n’y avait :
o Ni chrono ; je ne regardait ma montre qu’une fois arrivé, c’est fou ce que le temps passe vite quand on ne regarde pas sa montre.
o Ni parcours défini (ou si peu). En fait je partais pour courir longtemps en essayant d’aller visiter là où je n’étais jamais allé et en prenant le moins de goudron possible. Bien sur il fallait de temps en faire demi tour ou traverser des champs labourés mais globalement ce sentiment de partir un peu à l’aventure était génial.
o Ni distance ; je ne connais la longueur exacte d’aucune de mes sortie longues.

Le deuxième type de séance clé était le fractionné en côtes, avec une cote « courable » de 2 min en montée et un peu moins en descente, le tout 10 fois. J’ai déjà dis que je n’aimais pas le fractionné mais en côte, dans les bois, çà change beaucoup de la piste d’athlétisme. Je ne suis ni un bon grimpeur ni un bon marcheur, cette séance là était vraiment capitale pour que je souffre le moins possible dans les côtes.

Mon programme était à peu près le suivant :

De J-8 semaines à J-4 semaines : CO, sorties longues, un fractionné côte par semaine pour 4 séances par semaine et au total environ 60 kms
J-4 semaines : Entorse de la cheville sur une CO, une semaine d’atèle et une semaine très calme.
De J-15j à J-7j Enorme semaine pour moi : 2 sorties longues (2h30 3h) 1 fractionné côtes et 2 sorties moyennes : Total 100km !!
Dernière semaine : une sortie de 1h à bon rythme à jeun le jeudi matin (régime dissocié oblige). Et c’est tout.

Le régime dissocié.

Le régime dissocié scandinave est apparemment passé de mode, je l’ai découvert sur Internet et je l’avais essayé pour mon deuxième marathon, le résultat était « magique ». Bien sûr le résultat doit aussi dépendre de l’individu, les contraintes, les risques associés à ce régime sont importantes, mais quel résultats !! Au 30km là même où l’an dernier j’avais presque explosé, je me retrouvais avec une forme extraordinaire, j’ai fais les 12 derniers Kms 1.2 Km/h plus vite que les trente premiers !! Il est évident que j’avais envie de renouveler l’expérience sur la Saintélyon.

Il y a bien la version « à la française » du RDS, plus légère, mais j’étais assez motivé pour faire la version « pure et dure ». Je ne vais pas vous détailler le principe du RDS, si vous lisez ce message c’est que vous avez Internet alors vous y trouverez plus que je ne peut en dire. En gros c’est d’abord trois jours sans sucre (le moins possible). Une sortie à jeun pour finir de vider les réserves (il faut vraiment être malade pour partir courir à 6h du mat, à jeun un 1er décembre) puis les trois jours suivant sucres rapides et lents à gogo.

Le jour de la Saintélyon.

Tout commence par le trajet Paris Lyon jusqu'à la maison Bonvallet où l’on est 18 à partager la Pasta-Party dans une ambiance d’avant course vraiment géniale, c’est aussi çà la Saintélyon. Je retrouve donc Robert Bonvallet, 17 Saintélyon à son actif !! On est les deux seuls de la bande à la faire en solo (pas si fous les autres, ils la font en relais) aussi je suis impatient de le voir pour parler gestion de course, qui pourrai me conseiller mieux que lui ?? A 10h départ vers Saint Etienne. Je ne conduis pas et j’ai donc tout le temps de réfléchir à ce qui m’attend. En voiture le trajet est long et il faudra faire le retour à pied !!
11h, on entre au parc des sports dedans tout le monde s’affaire, il faut se préparer, je vérifie tout le matériel :
- Dossard, puce,
- Camel back Lafuma raid 6 avec 0.5l d’Isostar, pas plus, il y a un ravito tous les 8kms.
- Frontale MYO XP toute neuve (très bon choix).
- 1 barre par ravito,
- Gants fins,
- Collant long, tee-shirt, respirant polaire, manche-bonnet.
- Dans le sac : Kway, portable, papier toilette qui fait rire les copains.
- Nike air Terra Ridge (très très bon choix).
- Surtout ne rien oublier.

11h45 : Tous les potes partent pour le relais ils sont presque tous meilleurs que moi mais moi je me suis inscrits en solo!! Bon ben maintenant il faut y aller. Et là bizarrement je ne suis plus du tout inquiet mais extrêmement pressé de partir. Cette Saintélyon je vais me la faire. J’ai la gnaque.
12h RRrrr c’est parti, je fais coucou à Sandra (mon épouse) en passant et je me concentre sur mon rythme. Jusqu'à Beaunant ma gestion de course sera la même; rythme de petit jogging tant que c’est plat, marcher vite en côte. Je m’impose 2 règles : ne regarder l’heure qu’aux ravitos et ne penser qu’au ravito suivant, ne surtout pas penser à l’arrivée. Le ruban de coureur devant est un spectacle dont on ne se lasse pas, sachant ce qui nous attend, je le trouve encore plus poignant. Est-ce qu’on les a tous prévenus que ça faisait 68kms ??
J’ai mal au bide. Je m’arrête essayer de… mais rien. En repartant je me fais doubler par Robert et on passe Sorbiers ensemble. J’arrache un verre d’eau à la cohue. L’échauffement sur le plat est terminé, on allume les frontales, la Saintélyon commence. Robert court vite dans cette côte et je force un peu mon rythme. Il me distance quand même. Je ne veux pas me forcer et reprend mon rythme pépère. Au bout d’un moment je le rejoins, les différences de rythmes sont finalement minimes. Il court plus vite sur les pentes légères, je vais un peu plus vite sur le plat et dans les côtes où il faut marcher.

1h43 : On arrive à Saint Christo. Robert salue sa sœur qui fera le même temps que moi (ça doit être de famille), en tout cas il est vraiment ici chez lui. Moi je cherche ma chérie et les potes mais personne n’est là !! En fait ils ont du repartir au relais suivant, je suis un peu agaçé mais ce n’est pas si grave. Je mets un peu d’eau dans mon Camel.
Nous repartons ensemble dans la grosse côte qui suit je marche super fort sans avoir l’impression de forcer, je double énormément de personnes et perd Robert je n’ai mal nulle part si ce n’est mon ventre, je pète comme un tromblon mais je ne suis pas le seul... Sur la droite, les lumières de la ville sont magnifiques je me dis qu’il faut être malade pour rester dans son lit quand on peut aller voir un spectacle aussi beau, je sais maintenant pourquoi je suis la, tout est extraordinaire.
Il n’y a pas beaucoup de flaques alors on se prévient quand il y en a une grosse « flaque à droite » 1 secondes plus tard « splatsh, et m… !! »
On arrive à Moreau, je mange un peu et je vois un peu plus loin un derrière de haie dans un champ qui me semble très accueillant…mais toujours rien. En revenant sur la piste je tombe nez à nez avec Robert. C’est fou on dirait que c’est fait exprès en tout cas ça fait plaisir de voir une tête connue on échange nos sensations « tout va bien » mais comme dit Robert « jusqu'à Sainte Catherine, tout va toujours bien ». On atteint le point culminant, seul endroit ou je ressens le froid. On a un gros vent dans le dos. Dans le troupeau qui cours, je prend quelques mètres d’avance, puis j’entend quelqu’un crier je me retourne et je vois un concurrent faire un roulé boulé dans le champ d’à coté. Avec le monde je n’arrive pas à reconnaître Robert, quelle chute !! Je continue et je vois plus loin la cheville d’un gars partir. Avec mon entorse d’il y a quatre semaines, j’ai mal pour lui. En redescendant sur Sainte Catherine je me tors une cheville, heureusement c’est l’autre, je repars aussitôt mais je deviens extrêmement craintif dans ces descentes de chemins

3h12 : J’arrive à Sainte Catherine. Génial !! Tout le monde est là, je fais quelques pas chassés pour leur montrer que je tiens la super forme, je n’ai même plus mal au bide. C’est la fête, je prends connaissance de la position des autres potes en course et je ravitaille avec ce qu’ils m’ont porté, ça va plus vite que dans la cohue des ravitos à peine suis-je sur le point de repartir que ; qui vois-je arriver ? Robert !!. J’apprends qu’il est tombé « c’était donc lui le soleil dans le champ ». Il a l’air d’avoir mal et d’être agaçé (normal) mais il n’a pas perdu trop de temps il s’arrête au ravito, moi c’est déjà fait.
J’attaque donc seul la première côte. à partir de maintenant je connais le parcours. En marchant je double encore plein de monde, mon dieu quelle santé !! Puis viens la zone la plus technique la descente du bois d’Arfeuille je fais hyper gaffe à mes chevilles et je me fais énormément doubler. Arrivé en bas, bien sur sa reremonte dur et donc je reremarche et je reredouble, visiblement je ne cours pas comme les autres, mais qui a raison?
J’arrive à saint genoux quel monde au Ravito je mange un peu et je repars très vite, je sens que si je refroidis je vais avoir mal. De toute façon je mange en marchant car ça monte dur dès le départ.
En quittant le ravito je me dis que mine de rien je viens de dépasser le marathon et de rentrer dans l’ultra. Ouah !! En même temps l’ambiance de la course a changé, les gens discutent moins, tout parait plus « sérieux ». En haut de la côte une très longue descente en pente douce s’annonce j’adore ça, on n’a pas besoin de se freiner il faut juste laisser aller. Cela fait tellement longtemps que je cours que j’ai l’impression de ne plus avoir à commander mes jambes, elles courent toute seules et me laisse le temps de regarder la féerie des lumières dans la vallée. Les kilomètres défilent je commence à avoir mal aux articulations mais je me dis que c’est normal, j’y avais déjà mal aux entraînements !!

5h14 : J’arrive à saint soucieux Sandra, Ludo et Mika sont restés à m’attendre alors qu’il pourrait être tranquilles à Gerland à regarder l’arrivée des potes en relais (ben oui ils sont loin devant moi bien sur), je suis super content car je sais que si on abandonne c’est ici qu’il faudrait le faire mais que si on repars on sera obligé d’aller au bout. Or à ce moment j’ai un peu mal aux articulations mais je tiens encore la forme. Je ravitaille à coté de la voiture et je repars je me retourne une dernière fois et je suis un peu ému de penser que la prochaine fois que je les reverrai…
Je passe le ravito (officiel) sans m’arrêter le prochain est à onze kilomètres c’est long mais la bas il est hors de question d’abandonner, donc il ne me reste que onze kilomètres (on se rassure comme on peu). J’attaque la descente, elle est raide et s’amortir me fait très mal mais je me souviens qu’elle n’est pas très longue et que c’est la dernière descente raide, après on remonte et la tout va mieux, ça ne tape pas et j’ai encore des « jambes qui doublent en marchant !! Je croise un magnifique cheval blanc qui marche sur la route !! Il n’a pas de dossard, ce doit être un animal autochtone, en fait son propriétaire était un peu plus loin derrière mais quand même il est 5h du mat !!
Sauf que j’avais oublié une bosse sur le parcours et il faut redescendre pour remonter à Champonost pour enfin descendre sur Beaunant. Comment ai-je pus oublier cette bosse. Le fait est que la descente est une torture et la remontée un régal. A Champonost le marché s’installe et les gens nous regardent. Peut être ils se disent « Ces fadas se lèvent à 6h pour aller courir un dimanche matin !! ». Alors qu’en fait ça fait 6h qu’on cours !!.
J’arrive à Beaunant chouette je ne regarde même pas le ravito je prends une barre dans mon sac et j’attaque immédiatement la côte, dernière difficulté à mi côte je suis sur le point de doubler 2 gars quand on se fait déposer par une dame qui cours dans cette côte à 16% !! On la félicite et on l’encourage mais loin de nous l’idée de la suivre.
Et la j’arrive en haut et je fais une énorme erreur ; me croire arriver et regarder la montre. Que pourrais t’il m’arriver il ne reste plus que de la descente et du plat, le tout sur du bitume. Il n’a pas de doute ce n’est qu’une question de temps. La descente commence et j’ai extrêmement mal. C’est dommage car il me reste un peu de jus je chronomètre les kilomètres qui sont maintenant indiqués et ça fait mal : Km 6 : 8 minutes alors que ça descend !! J’arrive en bas et là c’est la catastrophe mon genoux droit est bloqué et je cours (à 10min au Km maintenant) avec une jambe presque tendue quel dommage, je perds un temps énorme. Ça n’a plus beaucoup d’importance mais je suis un peu frustré car j’ai vraiment envie de courir fort mais mon genoux ne veux pas. Cela fait 15 minutes que j’ai passée le panneau 3km et toujours pas de 2km en vue « je recule ou quoi ? » puis je vois LE PANNEAU plus qu’un Km, je n’ai pas vu le panneau 2 km. Et Là je me dis que je ne vais pas finir comme ça, tant pis pour la douleur, j’accélère comme un fou et je m’aperçois que ça ne me fait pas plus mal de courir vite et que j’ai du jus. Le panneau 150m arrive du coup très vite. Je fonce dans le parc des sports en levant les bras, les potes m’ont vu arriver depuis les gradins et applaudissent Ouah !! il est 7h48, Je récupère le tee-shirt tant mérité, Il est très moche mais dessus il y a marqué « Saintélyon finisher » du coup il est très beau. Je file embrasser Sandra (qui a conduit et attendu toute la nuit).Tout le monde est arrivé sauf Robert qui arrivera un peu plus tard.

En conclusion

Ben c’est passé. Je n’ai pas réalisé sur le coup, ce n’est que quelques jours après que je me suis aperçu à quel point cette course est émotionnellement très forte. La fierté d’y être arrivé est à la hauteur de mes doutes d’avant courses. Mis à part ces 6 derniers Kms, j’ai pleinement profité de la course, de son ambiance si particulière. Cette course me donne envie d’en faire d’autres à moyen termes et surtout de revenir l’année prochaine.
Au bilan je ne pense pas avoir fait trop d’erreur, que ce soit dans la préparation, le choix du matériel ou la stratégie de course. Le régime dissocié à l’air de bien fonctionner sur moi, je veux bien qu’il y ait une part de psychologique mais quand même ma forme ce jour là n’avait rien à voir avec celle des jours d’entraînement.
A tous ceux qui voudraient se lancer dans la course, je dirai que finir n’est pas surhumain, je ne suis pas particulièrement « dur au mal », Il faut juste en avoir très envie avant la course et ne pas être pressé d’arriver pendant. Peut être que la clé est une question de patience…



2 commentaires

Commentaire de golum posté le 31-12-2005 à 17:40:00

Sympa ce CR, il m'a rappellé le mien. Pas évident de se lancer pour une premiére en Ultra. A l'année prochaine pour la deuxiéme alors !!

Commentaire de riri51 posté le 12-05-2006 à 20:09:00

Merci pour ton CR,c'est un bon repère pour moi dans la prépa de ma première saintélyon!!!

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