Récit de la course : Annecime 2008, par Sagarmatha

L'auteur : Sagarmatha

La course : Annecime

Date : 3/5/2008

Lieu : Annecy (Haute-Savoie)

Affichage : 3570 vues

Distance : 80km

Objectif : Terminer

3 commentaires

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Le récit

Vendredi 02/05 :

18h40 : Arrivée à Annecy sous un soleil resplendissant. Retrait de mon dossard au magasin Rêve de cime.

19h00 : Je gare la voiture sur le seul parking gratuit de la ville, à proximité de la pelouse du Paquier, qui fera l'objet du départ de la course demain (ou plutôt cette nuit).

19h15 : Je cherche désespérément le restaurant « tutty spaghetti »  rue Carnot, pour la pasta party. Je croise un coureur dans cette même rue, et lui demande s'il a trouvé le restaurant ( !?) Il me répond que non. Alors on se met à chercher ensemble...

Je m'aperçois tout d'un coût qu'il est vêtu exclusivement de vêtements « Salomon ». Alors je lui demande aussitôt si il fait partie du « team » ? Il me répond que oui. Sans le faire exprès j'étais en train de parler à Thomas Véricel. Super sympa !

19h30 : On trouve (enfin !) le restaurant italien, et comme si on se connaissait depuis toujours, nous nous installons à table, et tout en dégustant nos merveilleuses et délicieuses spaghettis, nous nous mettons à discuter de la vie en générale ... trail, vélo, famille, métier...etc.

Ce fût pour lui comme pour moi un bon moment, car le feeling est immédiatement passé, et nous n'avons pas manqué de s'encourager mutuellement pour le grand rendez vous qui nous attendait...

20h30 : Retour à ma voiture. Derniers préparatifs. J'ajuste consciencieusement mon « camel back ». Je vérifie que rien ne me manque...

21h00 : Mes copains Yann et Julien m'appellent chacun à leur tour pour m'encourager. Ca me fait du bien d'entendre des voix familières. Un dernier texto de mes parents ... puis je m'enfile dans mon sac de couchage à l'avant de mon véhicule, et essaie de m'endormir...

Samedi 03/05 :

02h10 : Le réveil sonne. Un premier constat est immédiatement fait : je n'ai pas trop dormi ! Sans doute du à un manque de confort, et de place évident. Cela peut être embêtant pour la journée qui m'attend.

02h15 : Je mange mon gâteau sport BIO Cake accompagné d'un bol de Sport Déj. Même si à cette heure-ci nous n'avons pas grand appétit, c'est délicieux ! Enfin, moi j'adore ça !

Je finis de me préparer. Pas de problème avec le timing, je suis dans les temps.

Sous les conseils de Thomas Véricel, ca sera short, tee-shirt manche longue. J'ai opté pour le bonnet en début de course. Mais la casquette n'est pas très loin dans mon camel.

Je vérifie encore une fois qu'il ne me manque rien, puis il est temps de se rendre sur la ligne de départ.

03h10 : Tout en trottinant, je prends la direction de la pelouse du paquier.

03h15 : Me voilà sous l'arche du départ en compagnie de quelques centaines de coureurs aussi passionnées les uns que les autres.

Je cherche rapidement des coureurs Kikou, mais je n'aperçois personne (Faut dire que je ne vous connais pas trop encore !). Bref ! Je les verrais bien pendant la course...

L'excitation est palpable. J'arrive à percevoir l'inquiétude dans les regards de certains coureurs. Il y a de quoi...

Un breefing rapide de l'organisation. Celui-ci nous annonce la présence en « masse » de la neige sur le parcours. Pour moi, ce ne fût pas une excellente nouvelle car je n'étais pas forcément équipé pour lutter contre la neige, comme beaucoup de coureurs d'ailleurs, et puis parce que ça rend la course encore plus difficile.

"...Je rappel qu'au moment où je prends le départ de l'Ultra d'Annecime, cela fait exactement 5 semaines que je n'avais pas couru pour blessure au tendon d'Achille. Je me suis seulement rassuré la semaine précédent l'épreuve, en allant trottiner à 2 reprises pour évaluer les sensations au niveau de mon tendon d'Achille. Aucune douleur n'étant réapparue, j'ai donc décidé de prendre le départ. A ce moment là, je n'ai aucune pression car je suis là pour faire ce que je peux...tout simplement..."

H-5' : J'allume ma lampe frontale. Je fais quelques petits étirements rapides pour la préparation à l'effort. Je suis là sur la ligne de départ. Je savoure l'instant. J'ai tant rêvé de ce moment. Je n'oublie pas biensur comment j'ai pu galèrer avec cette maudite blessure au tendon d'achille ces 5 dernières semaines, et me dis que j'ai vraiment beaucoup de chance d'être là.

J'ai également une énorme pensée pour mon « pépé » qui nous a quitté jeudi (1er mai). J'ai une photo de lui dans la poche avant de mon camel back, c'est ma façon à moi de lui rendre un dernier hommage, car cet homme était un passionné de sport.

03h34 (à ma montre) : Départ de l'Ultra Trail d'Annecime.

Et nous voilà lancé pour une journée de folie...Immédiatement, un premier groupe d'une dizaine de coureur prend les choses en main en effectuant un départ canon. Moi je me dits que la journée est encore longue, et qu'il ne sert à rien d'essayer de les suivre. Je me retrouve dans le deuxième groupe de la course avec principalement des coureurs qui font l'épreuve en relais à deux ou à quatre.

Après seulement quelques minutes de courses, les premières pentes du Semnoz arrivent très vite. Nous nous enfonçons dans les bois. Il fait nuit noir !

Pour moi, courir avec la lampe frontale est une première. Je découvre. Qu'est ce que s'est bien ! J'adore ca !

Les repères dans la nuit ne sont pas évidents. On constate que nous prenons rapidement de l'altitude. J'aperçois de temps à autres les lumières de la ville, et celles qui entourent le lac d'Annecy en contre bas.

L'ambiance dans mon groupe est tendue. Personne ne parle pour le moment. Nous montons à un rythme soutenu, mais acceptable. Les pentes commencent à être de plus en plus raides. A la suite de quelques passages étroits, mon groupe explose complètement. Je me retrouve avec 5 coureurs.

A ce moment là, les bâtons me sont précieux. Mes appuis sont plus sereins, et m'aident considérablement dans l'effort.

La température est bonne. Et là, j'entends la première parole depuis que nous sommes partis. Un coureur lance : « Mon dieu, on va avoir chaud cette après midi... ! ». Puis un autre répond...ect.

L'ambiance est redevenue plus décontractée, la foulée également.

L'organisation ne s'est pas trompée. Très vite, nous trouvons la neige. On enfonce facilement jusqu'au dessus des chevilles. Tout d'un coup, tout devient plus dur... Ca glisse...

Le jour commence à se lever peu à peu. Je me dits qu'en haut du Semnoz ca va être splendide. Quelques replats, nous nous remettons à courir. Puis arrive le final de cette première ascension.

Nous pouvons apercevoir, à l'entrée de clairière les magnifiques montagnes qui nous entourent. Les premiers rayons de soleil sur cette neige sont splendides. On marche. On court. Le sommet se laisse désirer.

Puis au croisement des chemins, les applaudissements des premiers fidèles, levés tôt, qui font chaud au cœur. Il reste 500m avant le sommet, à ce moment là je suis tout seul. Je savoure. Mon rythme est bon...

Un sourire pour les photographes officiels de la course, cette fois-ci je suis arrivé au Crêt de chatillon. Là haut, c'est du grand spectacle !

Pas le temps de s'arrêter, j'enchaine la descente périlleuse avec la neige pendant quelques dizaines de mètres, et voilà le premier ravito. Je ne ferai l'impasse sur aucun ravitaillement, c'était une règle d'or que je m'étais fixé avant le départ. Je pense que c'est important de recharger les batteries. Des morceaux de bananes, un verre de coca ! Et c'est reparti...

Pendant mon arrêt au ravito, des coureurs distancés durant l'ascension du Semnoz me rejoignent. Je repars avec eux. La descente est raide et très technique. La neige y est pour beaucoup. Les sentiers sont parfois pentus, et très glissants.

C'est bizarre, me dis-je !!!! Les sensations dans la descente ne sont pas très bonnes. Et pourtant, je suis loin de m'imaginer ce qu'il m'attend...

La descente est longue. Mais comme tout, il y a une fin, et pour moi le retour au calme est le bienvenue au « col de leschaux ».

Je reste avec le groupe avec lequel j'étais, avec un ou deux changements puisque l'on vient de passer le point relais à quatre.

On enchaine avec une belle montée sur une route goudronnée tout en lacets. Je m'imagine un court instant en train de monter à vélo...puis je reviens très vite à la réalité. Je tourne la tête à gauche, que vois-je ? Le lac d'Annecy. C'est magnifique. Je dis au coureur qui se trouve à côté de moi que nous sommes des privilégiés. Il est sans hésiter d'accord avec moi. Puis tout en courant, on commence à faire connaissance, tu viens d'où ? Tu fais quoi ? Ect... très sympa !

Nous enchainons sur des sentiers étroits, et pentus. Je comprends mieux le fort dénivelé annoncé. Pour le moment, nous n'avons que montés et descendus. Pas un seul mètre de plat. Ca me change du bois de Vincennes !

Cette fois-ci l'allure est déjà plus soutenue. Pas de problème avec mes bâtons, comme pour l'ascension du Semnoz, je me sens assez à l'aise. Néanmoins, je ne peux pas suivre la foulée de mon « nouveau » copain d'aventure. Lui qui connaît bien le vainqueur de l'UTMB 2004 Vincent Delebarre. Je garde mon train durant plusieurs kilomètres, puis j'arrive au « col du seler ».

Là un spectateur isolé nous regarde passé, et nous encourage vivement. Nous enchainons avec la descente. Un large chemin, caillouteux.

Tiens ! Un besoin naturel se fait ressentir. Je m'isole derrière un bosquet d'arbre quelques instants... Dans le même temps, j'en profite pour ranger ma lampe frontale dont je n'ai plus besoin dans mon camel back.

Puis je repars. Mes compagnons de la première heure sont sans doute déjà loin, peut être que je les reverrais plus tard? Je cours dans la descente. Mais même constat, que pour la première. L'exercice est très douloureux. C'est étrange, me dis-je ! Mon point fort, la descente me ferait-il faux bon... ? Je ne suis pas du tout à l'aise aujourd'hui.

Une fois celle-ci effectuée, je suis au « Mont cerrière » direction le « col de la frasse ». Encore une fois, les paysages sont magnifiques. Le soleil est au rendez vous. Dans ce col, mes sensations sont bonnes mais j'ai de plus en plus de mal à relancer quand il le faudrait.

Thomas Véricel me disait la veille de l'épreuve, au dîner, qu'il fallait savoir laisser passé l'orage. Sans aucun doute, durant cette ascension « l'orage est sur moi »...je m'alimente, je bois régulièrement...rien y fait ! Je bascule au col bien « entamé ».

Le sol est très humide, la neige qui est en train de fondre laisse une terre boueuse, glissante. Mes chaussures sont trempées, je ne vous parle pas de l'état de mes chaussettes...Mais je me régale, pour moi toute la panoplie du trail est réunie !

Me voilà partis pour la descente sur lathuile. Je vous dis tout de suite, pour moi cette descente a été le début de la fin. Un véritable calvaire, tant c'est devenu difficile pour moi, aussi bien physiquement que psychologiquement. Mes muscles ne répondaient plus. Mes jambes ne donnaient plus « le tour ». A plusieurs reprises je me suis arrêté pour faire des étirements. Quelques crampes au mollet font parfois leur apparition. Des raideurs dans le bas du dos. Bref, je suis très crispé.

Lathuile Km 40.

Le ravito est là. Je prends mon sac que l'organisation nous avait monté ici même.

Je commence à manger. Je bois un thé. Je m'assois quelques instants afin de bien récupérer. Je parle avec l'organisateur de la course. Il me dit que le plus dur reste à venir. Les parties sur le col de la Forclaz, et les dents de lanfon sont assez enneigées...

Pour moi, ça sent la fin. J'essaie à ce moment là de prendre du recul sur la situation. Je prends la photo de mon grand père dans les mains. Je lui demande conseil...Je ne sais quoi faire...Peut être que la présence d'une voix familière me serait utile dans un tel moment de doute ? Oui sans soute !

5 semaines sans courir...c'est déjà pas si mal me dis je ! Pourtant j'ai envie d'aller plus loin, mais je doute...L'ange de la raison me parle, il me dit d'arrêter là. Le diable de la passion me dit de continuer... Que faire ? Je suis mal en point.

La décision est prise, j'arrête la course. L'orage ne passe pas. Les jambes ne répondent pas ou plus. C'est à la fois une grosse désillusion mais dans le même temps plus raisonnable. La saison est longue !

J'aurai fait les 40 premiers kilomètres de cet ultra d'Annecime en 5h25, pas si mal pour un retour de blessure.

Je monte dans une voiture qui me raccompagne sur Annecy. Pas un mot. Je regarde les montagnes sur la droite. Je leur parle au fond de moi! Je leur donne rendez vous à l'année prochaine...

Durant le retour en voiture, énormément d'images me reviennent. Le plaisir, la joie des coureurs au départ...Ces merveilleux paysages autour d'Annecy...L'ambiance de l'ultra...Un film se déroule...mon film !

3 commentaires

Commentaire de sarajevo posté le 16-05-2008 à 20:57:00

salut sagarmatha ... moi j'ai arreté au col de la Forclaz a cause d'une trop grosse douleur rhotulienne ....
Dure dure cette course. Je te donne rendez vous l'année prochaine ... et d'ici la j'habiterai une maison a Annecy ... tout ca pour dire que tu pourras dormir à la maison ... c'est mieux qu'une voiture. On fera un AAB chez moi avec tous les kikoureurs ....

a+
pierre

Commentaire de le_kéké posté le 17-05-2008 à 12:33:00

Très beau récit merci.
Je pense que tu as été sage de mettre le clignotant avant la fin même si c'est jamais simple. C'est une course vraiment difficile et qui nécessite une préparation et une forme optimale, continuer c'était surement la blessure assurée.
La revanche l'année prochaine ...

A+

Philippe

Commentaire de lulu posté le 18-05-2008 à 18:42:00

Très beau récit. Très poignant !!

Avec ce long arrêt sans compèt, tu as déja fais une très belle 1ère partie de course......mais tu as eu raison, il était plus sage d'arrêter pour na pas compromettre la suite de ta saison !

Bonne récup

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