Jean-Phi a écrit:Je viens de terminer en 2 jours le dernier goncourt au revoir là haut. Il y a longtemps que j3 n'avais pas été happé de la sorte par un livre. Un vrai régal que cette épopée pas reluisante post grande guerre. Cynisme, machiavélisme, intrigue tout concourt (ha ha ha!!) à un sacré bon roman. Inutile de dire que j'ai adoré.
Incroyable ça (mais je suis pas tellement étonnée que ça vienne de toi). J'allais écrire mes impressions sur les quelques livres que j'ai lus ces derniers temps dont celui-ci, et en remontant le topic je tombe sur ton avis.
"Au revoir là haut" est comme tu le dis un livre incroyable. J'ai fait moins fort que toi il m'a quand même fallu trois jours ! C'est à la fois complètement horrible et super drôle par moments, comme toi impossible de le lâcher, non seulement on y apprend plein de trucs sur cette guerre innommable, sur ses suites (les vétérans français n'ont rien à envier aux vétérans américains du Vietnam, en terme d'absence d'accompagnement pour le retour à la vie réelle....), mais c'est un vrai roman d'aventures, avec suspense et tout. Et quelle galerie de portraits...J'y ai même retrouvé pas mal d'accents Célinien du Voyage et aussi de Mort à Crédit, bardamu à la guerre bien sûr, et les plans foireux à foison !
En plus ce livre m'a réconcilié avec le Goncourt, parce que franchement, "Le soleil des Scorta" m'était tombé des mains avant la fin (j'ai trouvé que c'était un navet tartissime et bouffi de prétention en plus, qui aurait pu être écrit par un bon élève de seconde disons), et le "Sermon sur la Chute de Rome" ne valait guère mieux, plus marrant et moins prétentieux quand même, mais franchement je me foutais éperdument de ce qui pouvait arriver aux personnages, pas bon signe...
Sinon deux autres très bons livres anti-guerre:
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Le chemin des âmes" de Joseph Boyden, l'histoire de deux soldats canadiens indiens, engagés volontaires dans la même grande guerre (les pauvres fous inconscients). Le livre alterne entre les séquences racontées par les deux héros sur les champs de bataille et leurs souvenirs du bon vieux temps dans la forêt. Alors là c'est encore nettement plus gore, rien n'est épargné au lecteur, mais c'est ce qu'il faut, pour que ça n'arrive plus jamais. C'est un livre sur la folie guerrière en général, non seulement celle des dirigeants, mais aussi celle, presque plus flippante encore, d'un simple soldat qui se prend au jeu de la chasse et de la compétition pour celui qui tuera le plus. Il y a aussi de petites anecdotes, des trucs auxquels je n'avais pensé: par exemple, comment, quand on vient du Canada, qu'on ne parle qu'anglais ou même seulement Cree, faire la différence, la nuit, entre un soldat allemand qui cause et un soldat flamand qui cause aussi ? ça a l'air de rien comme ça, mais on peut vite se tromper!
C'est pas gai, mais ça secoue grave....Je suis dans le deuxième tome de ce qui est censée être une trilogie, mais là l'histoire se déplace en temps de paix.
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Wisconsin" de Mary Relindes Ellis, trouvée dans un placard en vacances. Encore un roman américain grands espaces me suis je d'abord dit. En fait c'est très bien, très fort, il y a quelques petits clichés car c'est un premier roman, mais franchement un bon bouquin. Cette fois on suit une famille dont le fils ainé s'est engagé pour le Vietnam (pauvre fou inconscient numéro 3), et dont le petit frère essaie de survivre tant bien que mal, avec un père abruti et violent et une maman un peu perdue. C'est carrément pas gai du tout, et ça fout bien les boules !
Après ces trois bouquins, si y a une guerre, j'enferme mon gamin dans une grotte jusqu'à la fin, et si ça se sait, c'est moi qu'il faudra fusiller!
Un poil plus léger quand même, "
Barracuda", de l'australien Christos Tsiolkas: c'est l'histoire d'un mec champion de natation qui rêve d'aller aux jeux olympiques. Issu d'une famille grecque plus que modeste, il est obsédé par les "autres", la majorité des champions australiens, membres de la haute société. Tout à son entraînement, il n'a aucun temps pour les loisirs d'ados, ni même le temps de se poser la question de son identité, y compris sexuelle. Oscillant entre haine et envie, il finira par devenir parano et à moitié dingue, fera une bonne grosse connerie, ira en prison, et essaiera d'aller mieux ensuite. Franchement pas mal, pas un chef d'oeuvre non plus, mais très informatif sur ce mirage australien, un sacré drôle de pays quand même qui fait de moins en moins envie.
A noter que ce livre est sorti en 2013, avant le "coming out" édifiant de Ian Thorpe l'année d'après. On se dit que Tsiolkas est un sacré visionnaire. Ou alors il connait Ian Thorpe.
Un petit livre marrant de Boulgakov sur la vie de Molière,
"le roman de Monsieur de Molière". C'est moins drôle que le Maître et Marguerite, mais mon fils devait le lire pour le lycée et ça lui a tellement plus qu'il voulait que je le lise aussi. J'ai sans doute un peu moins aimé que lui, mais on y apprend plein de choses, c'est très marrant, et ça rappelle que Molière, c'était aussi un précurseur des Lumières et un sacré courageux !
Et puis les deux
Vernon Subutex de Virginie Despentes, que je range dans les très bons romans populaires, deux livres qui m'ont fait du bien, plein de gentillesse, de bonté même, contrairement à ce qu'on pourrait penser au premier abord, dans ce monde de punks et de traders cocaïnomanes perdus. C'est pas de refus non plus.