Récit de la course : Raid 28 2005, par La Tortue

L'auteur : La Tortue

La course : Raid 28

Date : 16/1/2005

Lieu : Bures Sur Yvette (Essonne)

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Distance : 90km

Objectif : Terminer

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en passant par la Beauce avec mes Amis

salut le zoo !



bon, et ben, va falloir que je m'y mette. 48 H que ce raid 28 est terminé et
j'ai du mal à mettre toutes mes idées en place pour vous faire un CR cohérent.
Et puis, j'ai préféré commencer à rédiger après avoir laissé retomber un peu la
mousse parce que ça m'a fait un peu trop d'un coup ;-)

après y avoir bien réfléchit, je crois que je vais rester classique et vous
faire quelque chose de chronologique.

commençons donc par...le commencement (ben voui, ça risque d'être long, les
pressés peuvent directement aller à la conclusion...)
pour les autres, c'est à dire, les curieux, les stupéfaits, les techniciens, les
agents de la SNCF, les consultants, les informaticiens, les profs, et pour tous
ceusses qui ont du temps à perdre au boulot ;-), je continue !

au commencement donc, était une bande de joyeux lurons qui s'étaient mis dans la
tête en 2003 de faire un raid par équipe. c'est donc au raid Normand en janvier
2004, que l'équipe des "amis du zoo" vit le jour. elle était composée d'un
maître orienteur (le pockemon), d'un poinçonneur bondissant (le mogwaï), d'un
valeureux guerrier et homme à tout faire (le papy) et d'une pauvre tortue,
promue pitaine et se demandant bien comment elle allait gérer 3 gaillards de ce
gabarit, surtout vu son niveau en CAP par rapport aux 3 autres. mais, bon ! mon
expérience des sports-co et mon long passé d'entraineur-coach-joueur, m'ayant
appris pas mal de chose sur la gestion d'un groupe de sportifs (et d’humains…), je m'y suis
collé sans qu'on ait besoin de trop me forcer.
je ne vous referais pas le cr du raid Normand, mais pour ceusses qui veulent
vraiment remonter à la genèse de l'histoire, il est dispo sur le Kikourou (pub
pour le boeuf, merci pour le pourliche ;-) ). ce raid normand avait été quand
même bouclé dans l'adversité avec un poc un poil stressé au départ, qui fut
lumineux la plupart du temps mais qui nous fit 2 grosses cagades (la première
dès la balise 1 et la deuxième sur une désormais célèbre abbaye). l'arrivée de
cette course nous laissa à tous, je pense, un goût d'inachevé pour plusieurs
raisons sur lesquelles je ne reviendrais pas aujourd'hui, mais dans les jours
qui suivirent, un défi fou pris jour sur la ml. réaliser un truc dingue en 2005
en enchaînant les 3 raids hivernaux : cols-verts, raid 28 et raid Normand. Barbara, équipière habituelle du poc en CO venant compléter tout
naturellement notre quartet…fin du prologue.
les mois passèrent, et malgré une vilaine chute de ski pendant l'hiver de notre
poinçonneur qui ne tempéra pas nos ardeurs, le projet prenait doucement le
jour dans ma p'tite tête de pitaine. Toutefois, en septembre, je vis le papy au médoc qui
me sembla fort soucieux quand à la participation du mogwai. La blessure du
mogwai était donc si sérieuse ?! Les belges présents confirmaient la gravité du bobo. Wait and see, donc !
Différents échanges en PV nous ont fait penser que le papy ne voulait plus participer à l'opération de peur d'inciter le mogwai à s'y inscrire au risque de se blesser encore plus gravement. ce n'est qu'à l'issu d'un marathon de NY couru dans de très grandes souffrances que le mogwai nous annonçait son abandon officiel au premier raid. mais il laissait sa participation aux raids de janvier en suspend. ils ne nous restait plus qu'à attendre. le papy étant dans l'intervalle contacté par une autre équipe, je commençais à évoquer avec le poc la possibilité, de trouver 1 voir 2 remplaçants. les différentes solutions que je lui proposais ne l'enchantaient guère et ce n'est qu'après le forfait définitif et complet du mogwai que notre maitre orienteur balança en PV un mail retentissant qui eu le mérite de réveiller le papy de ses vignes sparnaciennes. dans le même temps, je rencontrais la libellule à la saintélyon et les 50 km courus à ses côtés sur cette épreuve me fit comprendre qu'il avait la caisse et le mental pour finir le raid 28, malgré son peu d'expérience en CAP. D'ailleurs, la libellule ne mettra pas plus de 3 jours à me donner son accord. Le papy revigoré par la motivation du Poc, il n'en fallait pas plus pour que papy turoom reçoive le 30 décembre 2004 l'inscription officielle des "amis du zoo". volà j'ai peut être été long sur la genèse de l'équipe mais je pense que c'est important pour la suite des évènements que l'équipe se soit constituée "dans la douleur"...

j'en étais resté là dans la rédaction de mon cr, lorsque qu'est intervenu l'intermède de la polémique sur le classement. après 24H pour digérer la pilule, je reprends, même si l'en-train est peut être un peu brisé....


reprenons, donc...je vous passe les détails logistiques pour mettre en place la réunion, à Paris, d’un champenois, de 2 héraultais et d’un nantais, autour d'un autre parisien, pour aller faire une course qui part de la banlieue parisienne et qui arrive au fin fond de la beauce ! pfiout ça a pas été simple, mais toujours est-il qu'à 16H00 ce samedi 15 janvier 2005, nous nous sommes retrouvé à 5 dans la Punto 2 portes de la libellule, ce qui a eu le mérite de favoriser tout de suite le rapprochement "physique" des membres de l'équipe. et encore, je ne me plains pas, j'étais devant ;-) Nous avions décidé de nous ménager un petit temps de répits, au calme, avant la furia de l'AAB. aussi, nous nous posâmes (joli !) dans un troquet de Bures pour passer l'après-midi du samedi. Nous y faisons connaissance de barbara, qui nous annonce tout de suite que l’orientation, c’est pas son truc et que ce qu’elle veut elle c’est se dépenser (faut dire que la bestiole à de l’énergie à revendre…). Je ne savais pas comment fonctionnait le binome poc/barbara, mais en fait quand ils font des raid ensemble, c’est un peu comme la tête et les jambes… La libellule est peu locace, elle écoute et elle doit nous quitter pour aller déposer sa bagnole à l’arrivée. Le papy et le poc sont très en verve, ils nous refont le monde et au milieu de toute cette sympathique discussion parfois échevelée, j’essaie tout de même de recentrer la conversation sur la petite ballade nocturne qui nous attends. C’est ainsi que la stratégie de course, déjà évoquée en PV, est finalisée et que chacun précise ses objectifs, son « challenge » comme dit le Poc. Le papy et le poc, ancien finisher du raid 28 ont de grosses ambitions : faire mieux que leur participation de 2001, c’est à dire, finir dans les 10 premiers. Mais je les connais ces 2 là, en moi-même je sais bien que c’est leur objectif bas et qu’ils n’osent pas avouer que quelques places de mieux ne leur déplairaient pas. Barbara veut « bouriner » et se défoncer, quand à moi, je répète que je suis venu pour l’aventure humaine et que ce qui m’importe est ce qu’il restera comme souvenir…

Après avoir récupérer notre Libellule, le shadock, sa féminine et le pote de la libellule qui a gentiment accepté de jouer les chauffeurs (merci Christophe), nous arrivons les derniers à l’AAB. Ça rigole déjà pas mal, je fais la connaissance de quelques zanimos encore inconnus : gorille et écureuil. Je revois toujours avec le même plaisir les autres, même si j’en ai déjà vu plusieurs il y a peu à la saintélyon ou directement sur Asnières. Un AAB somme toute assez calme, bien que festif. Les équipes sont atablées les unes à côté des autres et il n’y a pas de pinard sur les tables (même moi, j’ai décliné le traditionnel verre de rouge) !!! c’est donc du sérieux ce soir et chacun sait que la route va être longue…

Les préparatifs au gymnase sont classiques. On fait un poil les clowns en allant chercher nos dossards. On fait les photos d’usage et arrive l’heure du brieffing.
3 points sont à retenir de ce brieffing : les définitions de poste seront donnée dans les bus (on aura donc tout le temps de reporter les balises au chaud pendant le trajet), les balises 4 et 5 ont l’air merdiques à trouver car le traceur essaie tant bien que mal de nous aider et enfin, la balise 28 semble très importante.

Tout le monde s’engouffre dans les bus et nous voilà parti….Le pointage des balises dans le bus n’a pas été une mince affaire. Ce sont des autobus de la RATP, pas évident de s’y installer correctement. Ajoutez à ça un éclairage pas top, un poc binoclard, une tortue sans ses lunettes et une carte où beaucoup de balise sont à reporter dans des zones sombres…en bref, on y voyait que dalle. Heureusement que la libellule avait les idées claires et que le poc avait une loupe….Lorsque les bus se sont arrêtées, nous avions tout juste eu le temps de pointer les dernières balises alors que la plupart des équipes avaient fini depuis longtemps. A l’ouverture des portes, je ne suis pas prêt du tout. On récupère le carton de pointage et la carte de la première CO optionnelle et zou , c’est parti.

La première CO : Le blueb croisé sur le parking me demande : « alors !CO ou pas CO ? » bonne question, tiens ! pas le temps d’y répondre, le poc, tel un chien de chasse sentant l’odeur du gibier est déjà sur la piste ! chaud bouilland ! engueulant presque Kloug, parce qu’il ne voit pas la balise ou la zone matérialisant le départ sur le terrain. Ce à quoi Kloug qui a son franc parler lui répond qu’on est pas sur une vraie CO et qu’on a qu’à se démerder ;-)
Pour répondre à la question du blued, il aurait été hors de question qu’on ne fasse pas cette première CO. Je crois que je me serais fâché à vie avec le poc. Que voulez-vous, cet animal là, dès qu’il sent l’odeur des balises, il est impossible à arrêter... Le poc part sur une option plein nord et plein pot. Un peu trop vite peut être car on loupe la première balise pour arriver sur la deuxième, ce qui nous permets de nous caller parfaitement sur la carte. Ensuite la balise suivante me prouvera que le poc est dans un grand soir. Droit dessus et sans coup férir ! Ensuite, à fond sur la 3, mais un petit détail à échappé au poc, le tout droit qu’il nous fait faire dans la pente nous amène dans une zone où l’on entend des cris de voix. Il y a un châtelain autochtone pas content qui est déjà en train de brailler sur d’autres équipes. Cela contrarie les plans du poc qui avait décidé de tirer tout droit jusqu’à la prochaine balise. Bon, ben y’a qu’à y aller quand même dis-je, il va pas nous manger le local et puis au lieu de gueuler, il ferait mieux de nous expliquer comment sortir de sa propriété dans laquelle nous sommes rentrées sans nous en rendre compte... je sens mes compagnons de route moyennement rassurés mais ils me suivent quand même…pas très longtemps me direz-vous, car PAN ! le chatelain, pensant voir passer un antilope vient de nous envoyer un coup de fusil ! un vrai ! je vous jure, on s’est fait tirer dessus !!! innouï ! bon, d’accord, il a du tirer en l’air, mais je peux vous dire que ça fait tout drôle quand vous entendez les plomb qui retombe sur la route autour de vous en pluie fine et que ça fait « plic plic plic plic ». Bon, j’ai eu beau gueuler pour le principe vers l’impétueux chasseur, on a pas cherché à lui expliquer que l’antilope n’était pas dans notre équipe et on a fait demi-tour illico et c’est comme ça qu’on est tombé sur la grille d’entrée du château, sur laquelle il était marqué en gros « propriété privée – défense d’entrée ». bon le temps que le poc se recale et qu’on se remette de nos émotions, nous voilà reparti vers nos balises favorites. On va chercher celles qui sont tout au fond du circuit, ce sont celles qui valent le plus de points. Il y en a une qui résiste mais que papy et poc à force d’acharnement finissent par trouver. Ces balises, dans la forêt humide et pleine de brouillard ne sont pas faciles à trouver mais, elles ne résistent pas très longtemps à un poc en forme olympique. Seulement l’heure tourne, il ne faut plus nous attarder. J’arrache donc le poc à la dernière balise qui ne vaut que 10’ et nous nous retrouvons sur le parking du départ. Les bus sont partis, les équipes se sont presque toutes envolées. Je reconnais à peine le lieu, tant il a changé depuis moins de 2 heures. C’est d’un calme par rapport à tout à l’heure !!!
Fin de la CO, durée 1h45 environ, toutes les balises ramassées sauf la première et la dernière qui ne valent que 10’ chacune.

En route vers les balises de parcours. Les premières ne présentent pas de difficultés majeures. Les 1, 2 et 3 sont ramassées facilement. Le rythme de course est peut être un poil rapide. Papy est souvent obligé de faire ralentir le rythme. Cela tombe bien, car en ce début de course, j’ai pas de bonnes jambes. J’ai eu un début d’année hyper chargé, et j’ai super mal dormi la semaine précédente (un poil stressé quand même le pitaine devant l’ampleur de la tache…). Je sens bien que je n’ai pas un super jus, mais on avance pas si mal. Petite précision, il existe 2 types de cartes de route. Les cartes au 1/25000 sur lesquelles sont tracées les balises et une carte au 1/100000 sur laquelle est tracé le parcours « idéal » prévu par l’organisation. Ces doubles cartes sont très pratiques. Le poc fait l’orientation fine sur la petit échelle et je surveille l’évolution générale de la troupe sur la grande. Les balise 4 et 5 sont au bord d’un étang qui parrait aussi grand que le tanginika sur la carte. En fait, dans la brume et dans la nuit, nous passons à côté sans le voir et nous arrivons directement sur la balise 6. Zut ! on a zappée 2 balises optionnelles à forte valeur ajoutée. Je donne 20’ montre en main à papy et au poc pour aller les chercher et nous restons la libellule, barbara et moi-même au bord du petit lavoir à les attendre. Une petite précision sur notre vaillante féminine. On sent la bête solide mais elle a un gros défaut…elle aurait froid dans un sauna ! sans blague, babar n’aime pas du tout le froid. Dès qu’elle est à l’arrêt, elle gèle sur place. Je m’emploie donc à essayer de la réchauffer. Et c’est ainsi que je vais « secouer » à plusieurs reprises la féminine. Notez bien que le pitaine à secouer la féminine, vous verrez que ce ne sera pas la dernière fois où il faudra sortir le carré rose pendant ce cr. l’heure tourne, nos deux limiers ne reviennent pas. La libellule s’impatiente…l’heure de retour est passée. Bon j’attends encore un peu et je fini par siffler mes deux joyeux camarades qui rappliquent dans les 5’. Bilan, ils ont trouvés la 4 (hi hi, ils sont tout mouillés) mais pas la 5. 30’ de passé à chercher une balise de 30’ de bonus ! bon, va pas trop falloir trop renouveler ce genre de connerie, d’autant que les 30’ passées à les attendre nous ont fait perdre du temps sur la première barrière horaire et qu’en plus l’arrêt nous a complètement frigorifié, je me surprends même à trembler comme une feuille, incapable de lire la carte au moment de reparti.
Petit aparté pour la libellule : avec le recul, je sais, et tu sais que je sais que c’était une erreur d’aller chercher ces 2 balises. Seulement, il était hors de question que je l’admette et que je le dise à ce moment là de la course, pourquoi ? d’abord par respect pour nos deux compagnons qui s’étaient trempés les papates pour nous et ensuite parce que barbara était pas bien à ce moment là et qu’il fallait rapidement tourner la page pour nous réchauffer et passer à la balise suivante. Je ne me rappelle pas de la 7.
La 8, si je me souviens bien, était « marette à l’angle du tennis ». Le poc trouve le tennis, la libellule fonce à l’angle et moi je me dis que ce serait bien le moment d’aller faire un petit pipi. C’est là que j’entends de l’eau qui coule. Marette ? ce serait pas une petite mare dans le pays. La magelite dans une main, l’autre me servant à faire pipi ;-), je m’amuse à balader le faisceaux lumineux vers le sous-bois et là, je vois la balise. !! coupe de pot, je siffle 2 fois la libellule (pas trop fort : shuuut ! on est juste devant une maison où tout le monde dort et où les propriétaires ont eu la délicatesse de laisser un feu se consumer doucement avant d’aller se coucher).
Sur la 9, on a pas été malheureux non plu. Le pointage n’ayant pas été évident à faire, on arrive sur zone, mais on ne retrouve pas la croisée des chemins prévue. Juste un angle de chemin, à l’angle du mur d’une propriété qui semble se matérialiser sur la carte par un grand carré vert parcouru de chemin en étoile. Pas de balise au carrefour prévu ! le poc dit qu’il n’y a continuer. 15 m plus loin, la balise est là ! je crois que beaucoup la louperont.
Après la 9, il y a un village puis plusieurs très très longues lignes droites. Je vois la barrière horaire se rapprocher ! je décide donc d’accélérer un peu le rythme et prend volontairement quelques longueurs d’avance sur mes équipiers car je sais qu’il calqueront leur allure sur la mienne même si je sais que je suis un poil trop rapide (oui oui, le poc, tu as raison, j’ai laissé quelques forces dans ces kilomètres, mais nous retrouver obligé de prendre le raccourci du 55 km aurait été une très grande désillusion ! non ?)
Au CP suivant, nous attends une surprise. Des balises de mémorisation, késako ? on va nous montrer une carte pendant trente seconde. Il faut les mémoriser et les reporter ensuite sur notre carte. Le poc dit tout de suite : « chacun sa balise », je rajoute : poc la 1, moi la 2, papy la 3, libellule la 4 et babar la 5. A la tête de la bénévolle, je vois que nous avons la bonne tactique. Effectivement, ce fut un jeu d’enfant de reporter les balises sur notre carte.
Cette spéciale se passa comme dans un rêve. Le poc était au taquet, papy avait pris la carte de pointage et fonçait d’une balise à l’autre pendant que nous progressions.
Mise à part la barrière horaire qui se rapprochait et qui faisait stresser de plus en plus notre libellule, tout se passait au petit poil. J’essayais de calmer doucement l’insecte
Arrivée dans le secteur de la balise 10, « point d’eau au coin du bois », il y a là au moins 10 équipes qui jardinent et 2 ou 3 qui râlent comme quoi la balise est pas à sa place. Bon du calme, qu’elle heure il est ? combien il reste jusqu’au CP3, où se fait l’orientation vers le 55 km ? environ 1 km ? bon on peut chercher un peu. Je suis un poil inquiet car même si les portes des bus se sont ouvertes au départ avec 25’ de retard environ, je ne sais pas exactement de combien les barrières horaires ont été repoussées. Certains bénévoles nous ont dit 20’, d’autres 30’. Dans l’affolement, la libellule nous perd le carton de pointage que papy venait de lui rendre. Dans ces cas là, pas besoin de grands cris, inutiles d’affoler le(s) responsable(s). il est bien assez stressé. D’ailleurs, lucide, la libellule revient sur ces pas et retrouve son précieux carton pendant que nous continuons à jardiner. Je trouve bien une canalisation d’eau cachée sous une tôle ondulée mais point de balise. Bon l’heure tourne, il faut filer, tant pis ! on décampe et en quittant la zone, le papy donne quand même un coup de lampe au fond d’un trou où il cru voir quelques frontales jardiner ! bingo , la balise est au fond d’un puisard à 5Om du bois ! coup de bol ! on est bénis ! il nous reste un petit quart d’heure pour rejoindre le CP3. Alors que l’on file bon train pour essayer d’assurer la barrière horaire et que je suis en queue de peloton avec le papy, je sens mon genou droit se dérober et me lancer une violente douleur. Merde ! la tuile ! je la connais cette douleur, je l’ai eu il y a un mois environ en m’entraînant peinard avec l’ourson. J’avais senti mon genou faire un truc bizarre et j’avais été obligé de finir ma sortie avec l’ourson en alternant marche et course, mais depuis plus rien. Bon ! il reste 500 m jusqu’au CP3, je serre les dents, je boitille et on valide notre pointage. La douleur est maintenant bien installée, mais je ne veux pas affoler mes petits camarades. J’averti tout de suite mon bon papy qui de toutes façons s’en était rendu compte puisqu’il était à côté de moi quand mon genou s’est dérobé. Je lui demande de garder ça pour lui pour l’instant et je profite que la barrière horaire soit passée pour faire ralentir tout le monde, je prétexte un coup de faim et un mal de tête pour ralentir encore l’allure et ingurgiter 3 cp de Doliprane. Les balises suivantes, alors que le jour se levait, je les ai complètement subi. J’avais vraiment mal quand je courrais, même la marche me faisait mal. Le rythme de course se ralentissait terriblement à cause de moi. Cette balise près du petit bois perdu au milieu des champs puis la balise près de la station service de l’autoroute resterons deux des moments les plus pénibles. Je sens bien que tout le monde est encore pas mal, mais je suis incapable d’aller plus vite. Parfois j’ai l’impression que je vais me casser la gueule tant mon genoux se barre. Au bout d’une bonne heure à ce régime là et à force de compenser, c’est l’autre genoux qui commence à me faire mal. 2 autres Doliprane et arrive le CP4, au pied de l’autoroute, avec ses 2 bénévoles au chand dans leur bagnole et la rencontre avec l’équipe 3. ils nous offrent des Léonnidas, je ne peux pas m’empêcher de leur payer un petit coup de gourdasse bleue, ainsi qu’aux bénévolles. Le poc nous refait le coup de la jarretelle boueuse et après une longue pause qui m’aura finalement fait un bien fou, nous revoilà parti vers le CP5. j’ai moins mal, mais c’est la libellule qui commence à battre de l’aile, le papy me le fait doucement remarquer, je ne me fais toutefois pas trop de bile, car j’ai vu l’insecte avoir de sérieux coup de moins bien à la saintélyon et redémarrer comme par enchantement. J’ai un vague souvenir du passage CP4 CP5, mais la lecture de carte y était limpide et je suivais sans problème la progression du poc sur ma carte à grande échelle. Il a juste fallu ressortir le carré rose quand papy a demandé au poc : « où est-ce que je te range la carte » et que le divin orienteur lui a répondit textuellement : « t’as qu’à me la mettre où tu veux ! » mouarf ! rigolade, ça fait du bien !
CP5 _ CP6, ça je m’en souviens ! une putain de ligne droite de 6 km, le long de l’ancienne voie de chemin de fer. Le genou qui recommence à me faire un mal de chien. La libellule à la ramasse, le poc et barbara en pleine bourre devant, le papy essayant de nous soutenir tant qu’il peut. J’ai vraiment eu le sentiment d’être un boulet pour l’équipe à ce moment là ! la barrière horaire du CP6 était infranchissable, mais pendant cette longue ligne droite, je regardais la suite du parcours et j’avais déjà repéré ces fameuses balise 20 à 23, très richement dotées et qui n’étaient pas si loin du trajet de retour. Arrivée au CP6, nous retrouvons le sourire charmant et le joli minois de notre contrôleuse du gymnase. Papy turoom étant là, on se fait confirmé la possibilité de faire les balises en plus sur le parcours du 95 km.
Mais, quel est ce cri que j’entends ? les troupes ont faim ?! bon d’accord, c’est l’heure du petit dej. Achat d’une baguette fraiche chez la sympathique boulangère du coin et nous voilà en train de se faire des casses-dalles au sauciflards. Excellents ma foi, et l’équipe repart de plus belle ! mes douleurs de vieux se calme un peu, la libellule est réveillée et le poc nous dégotte un raccourci du tonnerre pour nous amener pile sur la zone des fameuses balises. Je sais à ce moment, et je l’ai dit quelques minutes plus tot à mes compagnons qu’il peut se passer quelque chose sur ces balises. On l’a vu sur la 4 et la 5, les balises bleues sont bien payées, mais elles sont pas évidentes à trouver. Et là, je vous raconte pas ce que j’ai vécu pendant environ ½ heure. Le papy ayant pris le carton de pointage et la carte, le voilà poinçonneur/orienteur, toujours épaulé par le poc. Il fonce d’une balise à l’autre. Je suis un peu dépassé par les évènements, il part vers le bois, en revient en disant, je l’ai ! puis zut ! j’ai pas trouvé. A ce moment là, on est avec une équipe réduite à 2 concurrents, 1 orienteur qui cavale dans tous les sens et sa féminine qui semble affolée de le voir cavaler comme ça et qui attends bien sagement qu’il est fini de ratisser le terrain. On les aide sur la balise 20, il nous aide sur la balise 21 et oui ! un peu de solidarité ne fait pas de mal ! Là où, je pensais que 2 balise sur 4 serait déjà un bel exploit, on fait le carton plein et on ramasse les 4 balises, dont 3 bonifs ! bingo !
Le passage suivant sera aussi de mauvaise mémoire. Notre report au changement de carte n’a pas été bon et notre petit crochet pour aller chercher les balise nous a en fait bien écarter de la trajectoire idéal. Heureusement qu’il y avait la ligne à haute tension pour nous repérer et quelques biches et chevreuils pour nous divertir. Des champs, des champs et encore des champs de terre grasse, si grasse qu’elle nourrit le France depuis des siècles. En effet, qu’elle doit être fertile cette terre, mais qu’est-ce qu’elle colle aux godasses. Je vois ma libellule y laisser de nombreuses forces. Sur un sol si instable, mon genoux n’est pas content du tout et les ornières glissantes commencent leur travail de sape sur barbara. Il n’y a que le papy et le poc qui semblent faire comme si de rien n’était. Le papy, passant souvent devant pour nous trouver le meilleurs chemin parmi les champs labourés et le poc toujours aussi concentré sur la carte malgré les heures de course. La balise 25 (je crois), celle de la sablière, est inloupable, elle brille au soleil plusieurs km à la ronde, même qu’avec le poc, on s’est dit que c’était pas possible que se soit aussi facile. La balise suivante, celle sous le pont TGV, a mal été reportée sur notre carte. Alors que nous l’avions pointée au sud de la ligne TGV, elle était au nord. Papy et barbara sont bons pour un bon détour et nous arrivons au CP8 largement dans les temps. Entre le CP8 et le CP9, même un gamin de 5 ans aurait pu faire l’orientation. Il suffisait de suivre la ligne TGV : 6 km de ligne droite : pfiout ! bonjour le moral ! Entre ces 2 CP, la balise 28, qu’il ne faut absolument pas louper, elle vaut 2x28’. La définition est originale. Le papy nous la décode, en gros, la balise est à 4,7 km du CP8. Comme les bornes kilométriques et hectométriques sont marquées par la sncf au bord de la voie ferrée. Il suffit de savoir compter, jusqu’à 4,7 , mais j’ai cru comprendre que c’était pas à la portée de tout le monde ;-))))) N’empèche que les petits panneaux hectométriques blancs tous les 100 m puis rouges tous les 500 m et les gros panneaux tous les km, à la fin, je finissais par en avoir une indigestion. Dès le début de la ligne droite, je propose que l’on alterne marche et course car la technique nous avait pas trop mal réussie dans la ligne droite précédente. Hélas, barbara, qui parle peu mais qui parle fort quand elle l’ouvre, dit : « on marche » ! En fait, elle est complètement cassée. Je ne m’en suis même pas rendu compte, mais elle boite bas et visiblement elle s’accroche sec. OK marchons, mon genou va pas dire le contraire et la libellule non plus ;-)
Pour faire passer les km, je consulte mes messages et mes sms. La fille du papy et la mienne ont laissé des messages chaleureux et ma copine Charlotte nous a envoyé deux SMS.
De nombreux TGV nous doublent ou nous croisent à grande vitesse (et dire que je passe par là tous les mardi ! c’est promis la prochaine fois, j’essaie de reconnaître le coin à travers les fenêtres du train) Enfin ! nous voilà arrivé au CP9. maintenant ; il va falloir finir vivant, en perdant le moins de temps possible. CP9-CP10, poc et papy se charge des quelques balises, moi je me charge de gérer la babar et la libellule qui sont en vrac. A Voise, je sais que la course est finie, même s’il reste encore quelques km et quelques balises sympa a ramassée près de la petite rivière. Mais les troupes sont fatiguées et même si le papy et le poc sentent que l’exploit est possible, je sens bien que barbara est au bout. La libellule me semble aller mieux, mais je tiens barbara par le bras et je peux vous dire qu’au fil des km, elle s’appuie de plus en plus sur moi. Et c’est ainsi qu’après avoir secouer la féminine pour la réchauffer pendant la nuit, me voici en train de la tirer (stop ! carré rose). On est tout seul dans ce dernier sous-bois, plus aucune autre équipe en vue. Je prends même un poil l’orientation en main, car le poc toujours en pleine bourre veut encore nous faire des tout droit dans la bouillasse mais mon genou et celui de barbara ne peuvent plus supporter les terrains instables. Alors le poc, il est pas content parce qu’il ne supporte pas de faire 300 m là où on peut en faire 250 en coupant ! sacré poc !c’est comme ça que je t’aime, mais là je t’assure qu’on ne pouvait plus. A la vue du village, on file la carte à la libellule qui n’avait pas encore orienté et qui, étant venu la veille en voiture, devrait nous trouver la salle fastoche. Pas la peine de se casser la tête, toute la fin de parcours est flèché à la rubalise. On y va tranquillou à la salle, persuadé qu’on est pas mal aux petits jeu des balises, mais sachant très bien qu’il ne servait à rien de se mettre minable sur les derniers hectomètres pour grapiller quelques minutes. Le papy prend babar sous son aile pour la fin et c’est heureux mais fourbu que nous passons sous l’arche d’arrivée. Pas de manifestation de joie délirantes, la fatigue est bien là….Soupe, douche, repas. Le classement provisoire nous donne 3ème ex-aequo, je vois mon papy et mon poc tout contents. Mais il reste des équipes à arriver. L’heure tourne et il va nous falloir regagner Orly et les gares. Allons-nous avoir une récompense ? on demande à papy turoom si on peut partir: « restez, restez » qu’il nous dit. La remise des prix commence. Papy turoom explique qu’il a finalement décidé de récompenser en plus ceux qui ont fait le 55 km car beaucoup d’équipe ont semble-t-il pris cette option. Les troisièmes des 2 classements sont appelés puis les deuxièmes, l’heure tourne, je nous vois déjà loupant l’avion. Papy nous dit : les équipes qui étaient devant nous au classement provisoires sont déjà récompensée (en fait les 3 équipes devant nous ont fait le 55). Papy turoom annonce les vainqueurs, « il s’agit d’une équipe dont je connais bien le capitaine » (bon, ben c’est pas moi, ça. Je l’avais jamais vu avant le papy turoom) . « en effet, continue-t-il, je converse souvent avec lui sur internet via une sympathique ML », bon sang, mon sang se glace ! mais c’est nous ça ! et il annonce la victoire des « amis du zoo » : plus de courbatures, de genoux qui se déboitent, tout le monde saute de joie. Le bourrin que j’avais en ligne à ce moment là se fait joliment raccroché au nez (encore pardon !). La surprise est tellement grande qu’on est complètement histéro ! on monte sur le podium, ben mince alors ! y’a le maire, 2 ou 3 bénévolles qui nous félicitent ! je passe sur l’intervention pas sport de l’équipe 23 ! détail . mais, bon ! c’est que j’ai pas préparé mon petit discours, alors j’essaie de lâcher quelques trucs qui me passent par la tête et par le cœur. J’essaie même maladroitement de justifier nos options stratégiques. Barbara reçoit sa coupe, moi celle de l’équipe ! on est KO debout ! mais HEUREUX ! hélas, il faut déjà repartir, Air France et la SNCF n’en n’ont que faire des exploits de 5 AMIS aux fins fonds de la Beauce. Alors nous revoilà entassés dans la punto. Les coupes en plus, on a du mal à y rentrer ;-)

Je regrette de ne pas avoir pu prolonger ces moments là, car c’est pour vivre des instants comme ça que j’ai toujours fait du sport ! tant pis, l’an prochain on essaiera d’arriver plus tôt ou de prévoir des retours avec plus de marges ;-)

EPILOGUE
Pour ceux qui sont pressés, c’est là qu’il faut commencer :


C’est fini ! une équipe composée :
d’un traileuse de montage pas du tout adaptée aux glaises plane de Beauce,
d’un orienteur rusé comme un renard et qui courrait à ses débuts en chaussures de ville,
d’un nazebean fringant et virevoltant comme à ses plus belles heures,
d’un gars de 27 ans qui courent depuis peu (après avoir perdu 30kg)
et d’un coureur épicurien et fier de l’être,
sans oublier un mogwai belge auquel je dédie cette victoire,
vient de remporter le 12ème raid 28 !

c’est dingue, le sport ! non ?

je ne m’attarderais pas sur les remerciements et les compliments. Evidement que pour finir une telle épreuve l’équipe entière, il faut être forts dans sa tête et dans son corps. Et c’est pour ça que toutes les équipes sont à féliciter depuis la première jusqu’à la dernière. Je pense que physiquement, on était aussi prêt que possible. On a eu aussi pas mal de réussite sur quelques balises et on a bénéficiés de circonstances favorables. Il faut rester lucide là dessus, mais tout ça mis bout à bout fait que nous sommes vainqueurs ! il sera difficile de faire aussi bien !

Merci à l’organisation irréprochable
Merci à mes fidèles équipiers d’avoir supporter leur pitaine
Merci à tout le zoo

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Bien amicalement
La tortue
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2 commentaires

Commentaire de lptitloup posté le 22-01-2005 à 09:17:00

Bravo aux zanimos :)

Commentaire de l'ourson posté le 23-01-2005 à 12:38:00

Bravo et j'espère que ton genou va mieux..

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