Récit de la course : Marathon des Burons 2006, par Tamiou

L'auteur : Tamiou

La course : Marathon des Burons

Date : 24/6/2006

Lieu : Nasbinals (Lozère)

Affichage : 4313 vues

Distance : 46km

Objectif : Terminer

5 commentaires

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Mon premier trail de 45 km

Mes débuts sur le Trail me procurent beaucoup de plaisir. Après quelques petites courses bien sympathiques dans l’Essonne (Le sanglier, les carrières) puis Les gendarmes et les voleurs de temps, je progresse doucement en distance pour m’attaquer aux 45 km du Marathon des Burons de l’Aubrac. C’est pour moi un cap important, dépasser la distance mythique du marathon sur une course verte, j’attends beaucoup de cette course pour découvrir mes propres sensations et savoir si je peux continuer à augmenter la distance ou si mes limites seront atteintes. Mon seul objectif est de finir relativement bien, garder du plaisir, ne pas me traîner juste pour finir (bien que si ça se passe comme ça je le ferai), enfin un mélange d’espoir et de doute. Je me méfie, le profil est piégeux, la première partie semble plus simple que la fin de parcours, après la mi course je vois une côte de 7 Km avec 500m de dénivelé, elle va faire mal, je vais donc partir tranquille…

Nous sommes 13 amis de longue date regroupés au camping de Laguiole, parmis eux, Didier mal voyant à 80% qui enchaîne raid et trails avec une joie de tous les instants, bien sûr un guide lui est indispensable et c’est à tour de rôle que les coureurs du groupe l’accompagne, Isabelle qui s’inquiète parce qu’elle à fait un marathon le WE précédent, Dorine qui comme moi est une débutante dans la discipline, Christine qui vient de passer l’olympienne, bref, je ne citerai pas tout le monde mais je ne peux pas oublier ma petite femme qui me dit que c’est une course facile, comme je la connais bien je me méfie de sa vision des choses et l’avenir me donnera raison.

Ce matin du 24 juin le temps est plutôt gris et je prends ça comme une bonne nouvelle. il n’y a aucun stress dans le campement, rien que de la convivialité. Moi-même je ne ressens pas la petite angoisse du départ d’un marathon sur route, pas de temps de passage au kilo, fini tout ça, ce qui compte c’est la sensation du moment, la gestion de l’effort en fonction du profil, gérer les côtes, profiter des descentes pour se lacher et éttirer les jambes quand elles ne sont pas trop raides et tenir un train sur le plat. Partant de là il y aura des moments de souffrance et des moments de récupération, comme pour tout le monde.

11h00, il est temps de prendre le dernier repas, des sucres lents bien sûr. La course part à 14h00 de Nasbinal. Pas de chance, le temps est en train de s’améliorer, le soleil commence à faire de franches apparitions et la température a bien augmenté, d’un autre côté c’est quand même mieux que la pluie. A 11h45 nous prenons la navette, par moment la route passe à proximité du parcours, si tout va bien nous passerons là tout à l’heure, mais à quelle heure ?? Ceux qui l’ont déjà fait nous donnent des renseignements, « nous sortons de la forêt ici… nous venons de ce vallon, c’est le 7ème kilo… », on est déjà dedans.
Arrivée à Nasbinal vers 12h30, cette fois ça y est, le ciel est d’un grand bleu et le thermomètre frôle les 30°C. 1h30 à attendre, alors on cherche de l’ombre, un petit café, les dernières vérifications du matériel, réglage du sac à dos, provisions énergétiques, puis nous allons remplir la poche à eau à la source.

13h45, briefing des organisateurs, une annonce importante, « compte tenu de la chaleur, des points de ravitaillement en eau seront placés sur le parcours, par ailleurs des orages sont annoncés sur Laguiole en fin de journée et l’organisation se réserve le droit d’arrêter la course à tout moment », pour l’eau c’est une bonne nouvelle, même si ça enlève un peu du charme de cette course prévue à l’origine en totale auto suffisance.

14h00, un bisou à ma femme, je prends Didier dans mes bras, il est heureux… son guide est un petit peu plus inquiet, c’est sa première et d’après ce qu’on m’a dit ce n’est pas simple à gérer.

PAAAN, c’est parti, tranquille, dans les derniers du peloton des 1100 concurrents, je remonte un peu, mais sans forcer, profitant simplement des brèches entre groupes, on remonte tout Nasbinal puis on part dans les alpages par des chemins poussiéreux mais relativement faciles. Je rattrape Christine, un petit bout avec elle puis le train de chacun nous sépare doucement. Il fait vraiment très chaud et humide, je transpire beaucoup, alors je n’hésite pas à prendre quelques gorgées d’eau, surtout qu’on ne devrait pas en manquer.
Première bosse passée, quelques tous petits coins d’ombre, je les cherche, c’est toujours ça de pris, un petit vent me fait beaucoup de bien, pourvu que ça dure. A l’occasion de la descente je vois le long cortège de ceux qui précèdent, à vue de nez je dois être à peu près au milieu, c’est bien, pas d’affolement. La traversée d’un ruisseau permet de se rafraîchir la nuque et les jambes, c’est bizarre nous ne sommes pas nombreux à en profiter ??
Nous arrivons sur Aubrac, les premiers encouragements depuis le départ, ils sont les bien venus, je reconnais Anne, la compagne de Didier qui m’encourage avant de partir pour la rando pédestre, en fait il y a beaucoup de femmes et je pense que se sont des femmes de coureurs, leurs encouragements sont simples et efficaces, sûr que ce sont des coureuses…
Après Aubrac c’est plutôt facile, alors je prend un rythme de croisière en pensant toujours à ne pas me griller, dans une petite descente sans difficulté je me tord la cheville, une pierre mal négociée, ça a bien tourné mais ça aurai pu être beaucoup plus grave, j’ai un peu mal mais je sens très vite que ça ne va pas m’empêcher de finir. Une grande descente nous amène à Saint Chély d’Aubrac, j’ai déjà oublié ma cheville, grand ravitaillement en eau, je regarde mon chrono, 2h07, tout va bien mais ce n’est que le début et j’appréhende la côte qui commence juste après. Allez c’est reparti, 1 km de bitume à 7, 8%, je les cours sans forcer, pas mal de concurrents marchent ils ont peut être raison ?? On quitte la route pour retrouver un chemin étroit et ombragé, cette fois on est en file indienne et je me contente de suivre mes compagnons du moment, ils courent je coure, ils marchent je marche et comme ça pendant un bon bout de temps, plus haut, les arbres ont disparus et on continu a monter sous le soleil, le chemin s’est élargi et je retrouve une concurrente féminine avec qui j’avais fait un bout dans la première parti, on échange quelques mots on admire le paysage sur notre gauche qui nous dévoile toute sa nature et machinalement on court ensemble, elle est facile, quand je court elle me suit quand je marche elle me dépasse puis je la rattrape en course, les quelques spectateurs perdus sur ce sommet lui annoncent « 5ème féminine ", au détours d’un ravitaillement, je vais la perdre de vue mais je pense qu’elle est partie devant, elle était vraiment facile.

Les descentes et les montés s’enchaînent, je continue à faire comme tout le monde, tout le monde c’est beaucoup dire car nous sommes un peu éparpillés, on entre en forêt, de l’ombre sur plusieurs km, un ravitaillement, on nous annonce qu’il reste 16 km, la fatigue se fait sentir mais dans l’ensemble ça va bien, je regarde mon chrono et je me mets a penser à mon temps possible, à l’heure ou j’écris je ne sais même plus en quel temps je suis passé, mais je me suis dis que je ferai bien du 8 à l’heure...
Je repars en trottinant, à chaque arrêt il devient plus difficile de relancer la machine, je n’est pas fait 200m que je sens comme des coup d'électricité dans les mollets, « tu avais bien besoin de faire des plans sur la comète, ça t’apprendra à être présomptueux »
Je cours quand même un peu sur les talons pour m’étirer puis je rallonge la foulée, c’est reparti à priori ça roule, le chemin est large et plat j’en profite pour engranger les kilos, je double des participants à la rando et j’entend à nouveau les encouragements de Anne, elle est là en tête d’un groupe, « à tout à l’heure à l’Aligot avec Didier ». La sortie du bois, je reconnais la route ou nous étions passé en car, on la longe, on remonte à travers les prairies, puis on redescend les pistes de sky, c’est assez pentu, cette fois je suis obligé de me retenir surtout que j’ai de plus en plus mal aux 2 orteils, instinctivement je descend sur les talons jusqu’au ravitaillement, il est 18h15, il reste 11 km et on m’annonce que je suis dans les 150 au classement, je suis un peu surpris d’être si bien placé (pour moi), mais tant mieux. Quelques mots échangés avec d’autres concurrents, comme moi contents d’être déjà là et on repart, 11 km c’est jamais que le petit footing du dimanche matin, alors pourquoi s’en faire ?? On traverse la route qui va de Nasbinal à Laguiole, avant de remonter un chemin qui mène sur le haut des alpages, de toute manière, mes orteils font que j’en suis au point de préférer les côtes que je fais pour la plupart en marchant (comme tout le monde). La haut j’aperçois un poste de pointage, j’ai un peu régresser à cause des descentes que je ne peu plus faire mais à ce stade tout pas en avant est un pas de plus vers le bonheur d’arriver, il faut surpasser ses petits bobos surtout que par chance les crampes du 35ème m’ont un peu oublié, alors ça pourrait être pire, surtout quand je vois les concurents arrêtés comme foudroyés par les crampes. Au pointage, on nous annonce 5 km de l’arrivée, cette fois c’est sûr je vais le faire, même sur les mains s’il le faut. Une dernière grosse bosse jusqu’à l’antenne à travers la prairie et c’est la descente sur Laguiole nous à t’on dit. La prairie ou paissent habituellement des bêtes de plus 500 Kg c’est pas pratique à courir, des trous, des bosses, des trous des bosses, je pense à Didier et au calvaire qu’il va connaître ici, d'autant qu'il va sûrement y passer de nuit et je me souviens qu’avant, les chemins pierreux en descentes n’étaient pas mal non plus. Le temps s’obscurci, des éclairs s’abattent sur les collines avoisinantes, c’est l’orage annoncé au départ, ils ne se sont pas trompé, ils ne peuvent plus nous arrêter si près du but mais je pense aux autres qui méritent aussi de connaître cette joie d’arriver, il pleut très fort, c’est de l’eau et de la grêle, si près du but ça fait plutôt du bien, mais je n’aurai pas aimé avoir ce temps au 30ème. On sort des prés et on descend sur Laguiole par une route, 1 bon kilo de descente sur du bitume, quelques coureurs me dépassent, je ne peux pas la faire très vite mais je ne perd pas grand-chose non plus, je gère… Bifurcation à gauche et oui !! Laguiole était sans doute trop proche pour être vrai, un chemin très étroit entre deux clôtures avec des grosses pierres qu’il faut sauter, c’est pas terminer et j’ai l’impression de ne pas en voir le bout, on reprend un petit bout de route descendante et à nouveau du chemin pierreux rendu glissant avec l’orage, on en voit toujours pas le bout, devant ça remonte mais avant il faut passer un bourbier, attention de ne pas tomber ce serait dommage de se blesser là. On sort du chemin pour reprendre la route, ça y est cette fois je la reconnais, c’est la route du camping, 1,2 km nous dit on, c’est bon je la tiens, on s’est regroupé à 5, 6 coureurs et on roule bien sur le plat, la dernière descente vers le rond point, je cours sur les talons, me fait doubler mais c’est pas grave, le rond point, le public, la route plate, que du bonheur, je relève la tête, je souri à tout le monde, je passe la ligne en 5h33mn, je suis très content, je sert la main à des concurrents avec qui j’ai fais un bout, tout le monde est heureux.

Et voilà, c’est la première fois que je cours aussi longtemps, ce fut dur mais ça en vallait vraiment la peine, les paysages sont magnifiques et je me dis que sans la course à pied je ne serais certainement jamais passé par ou je suis passé, c’est un privilège. Merci à l’organisation et aux éleveurs de nous avoir ouvert leurs prairies pour nous permettre de traverser ce si beau plateau de l’Aubrac.

Et maintenant la 6000 D fin juillet…

5 commentaires

Commentaire de peky posté le 27-06-2006 à 09:12:00

Belle course et beau CR! moi j'étais aux alentours du 31ème quand l'orage a éclaté.

Commentaire de totoche58 posté le 28-06-2006 à 12:35:00

Félicitations Tamiou de voila devenu un vrai ultra trailer .....Je redoute le pire au 3 pignons ... En tout cas belle perf et beau récit .
A bientot
Totoche 88

Commentaire de Olivier91 posté le 30-06-2006 à 11:15:00

Super Patrice! Bienvenue dans le monde de l'ultra ... encore un peu d'expérience et ce sera l'UTMB ... en couple!

Commentaire de Kiki14 posté le 04-07-2006 à 16:00:00

Super ton récit Tamiou....merci

Commentaire de Gadou 42 posté le 07-07-2006 à 14:22:00

Ho ! ! ! mais c'est que tu es bien meilleurs que moi !
A priori j'ai du plus souffrir que toi !

Bravo ! belle perf

parceque c'etait dur et il faisait chaud

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