Récit de la course : Saintélyon 2015, par jerem-runner

L'auteur : jerem-runner

La course : Saintélyon

Date : 6/12/2015

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 3210 vues

Distance : 72km

Matos : Sac Raidllight Olmo 5l
Asics Trabucco 3
T-shirt ML Inov-8
Veste CimAlp Softshell APPROACH
Corsaire Salomon
Manchon BV Sport Elite
Chaussette BV Sport
Buff CimAlp

Objectif : Objectif majeur

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Finisher de la SaintéLyon 2015 !

J’ai réussi mon objectif de l’année même si je n’y suis pas allé très confiant, ayant eu peur de ne pas être assez préparé. Après plusieurs semaines de préparation et même plusieurs mois, voici mon récit.

Nous sommes samedi 5 décembre, 17h45, je fais un dernier au revoir à ma compagne avec un peu d’émotion avant de monter dans la navette pour me rendre au palais des sports de Saint-Etienne. Dans la navette, on y retrouve tous les comportements. Certains discutent, lisent, téléphonent, dorment et je peux lire sur certains visages de la concentration. Pour mon cas, ce sera un peu de pensées pour ma course qui débutera 6h plus tard et une courte sieste pendant le trajet d’une heure.

Sur place, il y a deux halls pour accueillir la foule. Je fais le choix de me rendre dans celui où est organisé la pasta party. Il y a peu de monde encore car il est tôt.  J’en profite pour me trouver une place dans une tribune où je vais pouvoir me préparer tranquillement plus tard.

Nous approchons de l’heure d’ouverture de la pasta party. J’aperçois la queue qui grandi petit à petit. Je confie donc mes affaires à un autre participant qui a prévu sa nourriture pour pouvoir manger sans encombrement. Dans la file d’attente, tout le monde discute avec tout le monde et un peu de tout. Le repas est pris dans une ambiance conviviale. Mais comme dans le bus, je peux lire des visages tendus, concentrés…

On m’avait parlé de cour des miracles en me décrivant l’ambiance des halls, je retrouve un peu cette sensation en regagnant ma place dans la tribune. Des duvets, des tapis de sol, des couvertures de survie un peu partout dans les tribunes et à même le sol.

Je n’ai rien emmené avec moi pour faire passer les heures qui me séparent de l’heure de départ. Avec le fond sonore, il n’est pas évident de vraiment s’endormir alors je fais des micros siestes et je discute avec les traileurs qui m’entoure. Le monde est tellement petit, que le hasard fait que nous sommes une petite dizaine à exercer la même profession côte à côte. Une confiance s’est rapidement installée entre nous et nous laissons nos affaires sans vraiment nous prévenir quand l’un d’entre nous a envie de se dégourdir un peu les jambes.

21h30 : je me permets un avant gout de la température extérieur en allant déposer mon sac à la consigne pour pouvoir le retrouver à Lyon.

22h00 : le speaker commence à prendre le micro de temps en temps pour nous parler du parcours et passer différentes annonces. Il nous informe qu’il n’y a aucune flaque sur le parcours et donc des conditions idéales pour faire une performance sur la SaintéLyon. Je me dis tout de même que même s’il n’y a pas de flaque, avec l’humidité et les milliers de personnes qui vont courir, il ne faudra pas que je traîne si je veux vraiment ne pas en avoir.

Vers 23h30, direction la ligne de départ. Nous sommes près de 6500 inscrits et près de 8000 sur la ligne de départ car il y a aussi les formules relais avec nous. Personnellement, je me dirige tôt sur la ligne de départ car j’ai envie d’être bien placé pour ne pas être gêné dès les premiers rétrécissements. En regardant autour de moi, j’aperçois beaucoup de dossards rouges, ce sont ceux qui partent pour la formule relais. Il me faudra donc faire attention et ne pas me faire prendre à l’allure de ces personnes qui partiront plus vite que ceux qui comme moi qui font le 72 km en solo.

A quelques minutes du départ, l’organisation met l’ambiance ! Et comme sur l’ensemble des manifestations sportives, nous rendons hommage aux victimes des attaques du 13 novembre à Paris. Tout d’abord, nous éteignons tous nos frontales et l’éclairage passe en bleu blanc rouge, nous applaudissons longuement puis nous allumons nos frontales avec la puissance maximale.

Saint-Etienne / Saint Christo en Jarez (15km – 1h27 – 1204ème)

Je piétine un peu sur le départ jusqu’au passage de la ligne qui capte ma puce électronique. Et d’un coup, ça cours. A croire que tout le monde piétinait volontairement jusqu’au passage de cette ligne.

Dès le départ je sens que j’ai de bonnes sensations, mais je me rappelle que la route est encore longue avant de franchir la ligne d’arrivée. Je profite beaucoup de la bonne ambiance, que ce soit celle entre les traileurs mais aussi celle des spectateurs venus nous encourager sur la ligne de départ.

Ca part vite mais je me retiens pour ne pas me faire avoir et jusqu’au 6ème kilomètres, je tourne à un peu moins de 12 km/h de moyenne. Très rapide certains me diront mais je m’écoute un peu sur ces kilomètres de route qui nous emmènent à la sortie de Saint-Etienne et de sa périphérie.

Beaucoup de personnes sont venues nous encourager malgré la nuit et le froid.

Au 9ème kilomètre, c’est comme un soulagement d’arriver sur les premiers chemins après plusieurs petites côtes sur route. Le parcours est constitué de beaucoup de faux plats montants et descendants. Mon rythme de course ne baisse pas beaucoup avant d’enchaîner des côtes courtes et plus pentues que ce que nous avions eu depuis le début.

Puis j’arrive au premier ravitaillement de Saint Christo en Jarez dans une ambiance chaleureuse. Il y a beaucoup de monde pour nous applaudir et nous encourager.

Le temps d’envoyer un texto à ma compagne pour lui dire que tout va bien et je me relance à l’attaque de la SaintéLyon ! 

Saint Christo en Jarez / Sainte Catherine (28km – 2h49 – 1038ème)

Sur cette deuxième partie du parcours, nous quittons définitivement la ville pour nous aventurer dans le noir complet. Nous sommes tellement nombreux que j’arrive à me contenter de l’éclairage des autres, économisant ainsi la batterie de ma frontale.

Le parcours nous propose de nombreuses côtes et descentes. Avec un terrain aussi sec comme on nous l’avait annoncé avant le départ, ça me rappelle l’EcoTrail de Paris et son parcours très cassant. Mais ici, j’ai fait très attention à mon départ et je continu un peu de dérouler à la sensation sans trop donner. Je privilégie la marche à la course dans certaines côtes pour m’économiser.

Je double pas mal de monde depuis le départ, et ça me motive encore plus. J’ai hâte de passer le prochain ravitaillement et d’attaquer les véritables difficultés du parcours.

J’allume enfin ma frontale après presque 25 km car je remarque que la masse commence à s’allonger. Ca me donne l’impression que la course commence maintenant.

A l’approche de Sainte Catherine, je commence à entendre l’ambiance encore une fois chaleureuse qui nous attend.

Une fois sur place, contrairement au premier, j’y passe un peu plus de temps. En plus du message que j’envoie à ma compagne pour la rassurer, j’en profite pour jouer un peu des coudes pour manger du chocolat, remplir mes deux bidons de 500 ml et me réchauffer un peu. Il fait quand même frais dehors. Puis je retourne sur le parcours après un arrêt de 2 minutes 35. 

Sainte Catherine / Saint Genoux (40km – 4h41 – 1286ème)

Je pars plus motivé que jamais pour affronter les deux grosses difficultés de la nuit. Encore plus motivé car c’est le moment où je vais passer le point culminant de la course qui symbolise la moitié du parcours.

Mais rapidement, j’arrive dans un secteur où il fait plus froid qu’ailleurs. Ma transpiration accentue ma sensation du froid et je commence à me sentir moins bien. Cela commence à ne pas aller : des problèmes gastrique me coupent les jambes et le mental faibli.

Arrivée au sommet, j’essaye de me remotiver en attaquant la descente. Mais le doute en moi, me donne des impressions de blessures. Dans la descente, je commence à sentir ma cuisse et mon mollet gauche douloureux. Je commence à vivre un petit calvaire avec l’apparition de nausées. Je mange des barres et pâtes de fruits pour casser le goût des gels que je prends toutes les heures. Je me dis que je n’arrive peut-être pas à les digérer avec le froid.

Je suis au 33ème kilomètre et j’attaque l’ascension du point culminant de la course. C’est partie pour presque 200 mètres de dénivelé sur 3 kilomètres. L’ascension n’est pas si difficile avec le peu de dénivelé mais il falloir bien gérer la longueur.

Plus j’avance, plus je me pose des questions. J’ai même l’envie d’abandonner qui monte en moi. Se faire doubler n’aide pas, surtout quand c’est par un grand nombre de participants. Mes problèmes gastriques continuent à me couper les jambes et je n’arrête pas de me concentrer sur ça.

A l’approche du sommet, je commence à réaliser que je ne pense pas aux bonnes choses. Sur une épreuve aussi longue, il faut que j’arrive à penser à des choses positives. Je pense à tous ceux qui ont suivi ma préparation, m’ont encouragé, suivent le live de la course au beau milieu de la nuit. Mais je pense aussi en attaquant la descente que je viens de faire le plus, que je viens de faire la moitié de la course. Je me dis que je n’ai pas le droit d’abandonner là, comme ça, au milieu de nulle part sans une réelle bonne excuse. Je me dis qu’au prochain ravitaillement, il me restera moins de moitié à faire. Et je pense aussi à ma moitié qui m’attend à Lyon. La descente est longue est pénible, l’organisation indique même à certains endroit que la descente est dangereuse. Je ne fais pas que courir, je marche aussi. Il vaut mieux que je prenne mon temps en me concentrant sur l’essentiel.

4 kilomètres plus loin que j’arrive enfin au 3ème ravitaillement où je marque un arrêt plus conséquent pour me reposer un peu en plus de me ravitailler. Histoire de reposer quelques minutes les jambes.

Saint Genoux / Soucieu en Jarrest (51km – 6h13 – 1407ème)

Mon mental étant revenu, je me lance sur l’avant dernier tronçon confiant et déterminé pour boucler mon objectif en moins de 10h. En jetant un œil rapide à ma montre et réfléchissant un peu, je me rends compte que même en prenant un peu plus mon temps, mon contrat sera rempli sauf problème physique important.

J’essaye dans la mesure du possible de courir sur tous les passages plats et dans les descentes mais je marche systématiquement dans les côtes. Je vais à l’économie et mes problèmes gastriques commencent enfin à disparaitre. Donc je ne bouscule pas la machine pour ne pas les faire réapparaître.

Cette partie du parcours est tout de même lente avec encore beaucoup de succession de courtes côtes. Mais sur la fin de la partie, juste avant l’avant dernier ravitaillement, j’arrive à dérouler sur les faux plats descendant qui me permettent de reprendre du rythme.

Une fois à Soucieu en Jarrest, je me lance dans quelques étirements en envoyant en même mon petit message à ma compagne pour lui dire que tout vas bien même si ça n’a pas forcément vrai pendant mon escapade.

Après un ravitaillement de plus de 7 minutes, c’est partie pour les 20 derniers kilomètres.

Soucieu en Jarrest / Chaponost (61km – 7h54 – 1767ème)

Cette partie du parcours est très roulante mais je n’avais pas remarqué sur le profil deux petites côtes très pentues qui viennent briser les jambes pour ceux qui ne sont plus très en forme comme moi. Je laisse passer de nombreux concurrents et m’arrête même dans les côtes pour m’assouplir un peu les jambes.

Mes jambes sont lourdes et je marche même quand les passages sont plats. Cette fois-ci, ce n’est pas qu’une impression, je rentre vraiment dans le dur physiquement. Mais celui là est normal à mon avis et le mental ne fléchi donc pas.

Je commence à avoir des pensées pour ma compagne quand je marche sur le plat. A chacune d’elles, j’ai des larmes de joie et je relance la machine. Je pense à elle car j’ai l’impression que plus je marche, plus je vais doucement et que je suis presque à l’arrêt. Pour m’aider à avancer je pense aussi à mon évolution en course à pied. Qui aurait imaginé il y a 5 ans que je serai ici aujourd’hui ? Pas moi en tout cas. Ces pensées me permettent à chaque fois de courir quelques centaines de mètres.

Je garde cet enchaînement jusqu’au dernier ravitaillement où je marque un arrêt d’une dizaine de minutes.

Cette fois-ci, pas de petit message mais un coup de fil à ma compagne pour lui dire que je suis à 10 km de l’arrivée et que j’arrive. Je mange du chocolat, bois du coca, et me pose un peu sur un banc. Je regarde autour de moi, et j’en remarque qui sont encore plus dans le dur que moi.

Chaponost / Lyon (72km – 9h24 – 1830ème)

J’ai un peu de mal en repartant dans le parc qui est derrière le ravitaillement et j’alterne encore la marche et la course sur le plat. Mais après environ 1 kilomètre, je me dis que je n’ai pas le droit de marcher, je dois courir jusqu'au bout. Alors je m’élance, une petite côte pentue où je remarche et je reprends ma course.

Une nouvelle côte pentue que je n’avais pas vue également sur le profil où je marche. Une fois passé cette dernière grosse difficulté à mes yeux, j’espère ne pas avoir d’autres surprises et je cours. Je cours car hâte de franchir la ligne d’arrivée et d’enfin retrouver ma compagne.

La fin du parcours est essentiellement sur route et cette fois-ci après m’être fais grandement doublé dans les deux dernières côtes, c’est moi qui dépasse enfin d’autres participants. Ca me donne comme des ailes et j’arrive même à courir dans les dernières côtes.

Ca descend beaucoup jusqu’à l’arrivée et j’arrive enfin sur l’escalier de 200 marches en descente qui marque l’arrivée sur le Rhône. Ligne droite, je cours, je double encore en longeant le Rhône. Je le traverse, je passe à côté du musée des confluences puis retraverse le fleuve en direction de Tony Garnier.

Un panneau indique 200m, puis 100m, 50m… j’accélère encore un peu car je suis avec un gros groupe et j’ai envie d’être avec le moins de monde possible pour profiter pleinement de mon arrivée. Derniers virages et j’entre dans le hall Tony Garnier où il y a foule. Je n’aperçois même pas ma compagne qui est le long des barrières juste avant de passer sous l’arche d’arrivée en m’attrapant la tête.

Finisher en 9 heures 24 minutes et 47 secondes

Et voilà une belle aventure de bouclée avec des bons et des mauvais moments dans des conditions idéales pour ma première participation à cette épreuve mais aussi sur une distance aussi importante. Dans ma saison 2015, la SaintéLyon est peu comme un feu d’artifice organisé pour une grande occasion. Elle concrétise une saison qui s’était annoncée plus que difficile.

Avant de laisser place à un repos bien mérité et de me lancer dans une saison 2016 où rien n’est encore bien défini, j’en profite pour remercier l’ensemble des personnes qui m’ont soutenu dans ma préparation. Je remercie bien évidement mes camarades de Chartres Vertical, mes collègues de travail, mes connaissances, mes amis, ma famille et surtout ma compagne qui a vécu cette aventure au plus proche.

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