Récit de la course : Trail d'Ecouves - 61 km 2009, par tintinmar75

L'auteur : tintinmar75

La course : Trail d'Ecouves - 61 km

Date : 7/6/2009

Lieu : Radon (Orne)

Affichage : 2151 vues

Distance : 61km

Objectif : Terminer

8 commentaires

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C'est ça le trail?

J'ai longtemps hésité, pour ma troisième course longue entre ce trail et celui de Sully, plus près de Paris, mais un diapo du Lutin d'Ecouves, m'a convaincu d'y venir.

L'accueil en Ecouvie n'est pas un vain mot, j'ai pu profiter de l'hébergement, de la pasta, d'une visite d'Alençon et d'une discussion très érudite entre Marioune, Le Lutin et Josette sur la musique baroque la veille de la course.

J'aime pas la pluie, la boue et le froid, cela a bien fait rire le GGO...on verra pourquoi.


Mauvaise nuit, très peu dormi, inquiet car il a beaucoup plu, maux de ventre...bref, au départ ce n'est pas très joyeux pour moi.

Petit tour du « stade » au départ puis c'est parti, le temps est beau mais le terrain semble encore un peu gras. Premières petites côtes, le GGO est déjà en tête et cause avec les premiers, j'essaie de partir doucement mais le cœur monte déjà trop à mon goût. Quelques petits sentiers monotrace, des montées, des descentes, une belle vue sur Alençon dans les premiers km. Je me trouve dans les 30 premiers, emporté par le rythme que je trouve très rapide dans ce début de course. Je fais le yoyo avec un petit groupe de coureurs, qui sont un poil plus rapide que moi en montée mais que je distance dans les descentes. Nous revenons sur un coureur à la foulée très élégante. J'entame la conversation: il vient de faire l'Euskal Trail (2x65 km, 8400 m+ !!!) et prépare l'UTMB, pour le faire vraiment après l'avoir terminé « pour voir ». J'en profite pour l'observer et pour apprendre. Foulée très souple, économique, pas un geste de trop.

Nous arrivons au parc animalier (km 12) en 1h10, des yacks, des paons croisent notre chemin.

Toujours mal au ventre, pas la grande forme, cela commence à être inquiétant: un jour sans ?

D'après le Lutin, et vu le profil de la course, c'est la partie la plus difficile, la partie centrale de la forêt qui commence, entre le km 15 et le km 45; jusque là, c'est relativement roulant. En effet, très peu après le parc animalier, nous entrons dans une zone d'ornières assez boueuse et j'ai du mal à suivre le rythme du groupe. Le parcours devient nettement plus exigeant: des passages en dévers, des sauts de ruisseaux, il faut être très attentif au balisage car nous ne suivons pas toujours une piste bien nette. J'ai d'ailleurs quelques petits soucis musculaires inédits aux adducteurs, est-ce le port des chaussettes de contention? Suivant mon schéma habituel, je ralentis dans les montées, essaie de tenir un petit rythme sur le plat et me laisse aller dans les descentes. C'est ainsi que je rattrape, puis distance légèrement le groupe dans cette partie. Plus le temps passe et mieux je me sens, le mal de ventre a disparu, je trouve mon tempo en profitant de quelques belles descentes peu techniques pour me relancer. Peu avant le ravitaillement du km 25, je reviens sur quelques coureurs dont l'un, en bleu, me semble déjà bien usé et me dit qu'il essaie simplement de terminer.

Arrêt de quelques minutes au ravitaillement, après 2h40 de course environ, où Marioune attend les kikoureurs pour un reportage photo, causerie avec les bénévoles (« -vous aimez bien la boue par ici ! C'est que le début !». Les coureurs que je viens de doubler ne s'arrêtent pas. Je suis d'ailleurs étonné par l'équipement de la plupart de ceux que j'ai croisé: pas de sac, peu ou pas de bidon, petit maillot...j'ai l'impression d'être le plus chargé.

Le redémarrage après 3 minutes d'arrêt est assez difficile, d'autant que nous attaquons directement par une montée, après coup je serai déçu d'apprendre que j'ai raté le passage au signal d'Ecouves, point culminant de la France de l'ouest. Quelques km après ce premier ravito, je vois que le coureur « bleu » se trouve juste derrière moi, ce qui me met un petit coup au moral, il avait l'air complètement cuit...Je ne parviens à le distancer que dans des passages assez techniques qui caractérisent bien cette partie , avant le ravitaillement du km 40, et à partir de là je suis seul, ce que je préfère en course, je peux ainsi réellement profiter de l'ambiance, le vent dans les arbres... Dans cette portion centrale de la forêt, je prend conscience de la difficulté d'un « vrai » trail: de la boue, des dévers, des sauts de ruisseaux, de la boue encore, des passages hors sentier où il faut suivre le balisage d'arbre en arbre, des racines, montées, descentes...il ne faut jamais baisser la garde. A la fin d'une descente, j'ai un appui un peu fort pour relancer, le terrain semblait un peu meuble...j'ai failli y laisser une chaussure en m'enfonçant jusqu'à mi-mollet, piège! Un moment attendu et redouté: le passage de la cheminée, finalement pas si dur, il suffit de marcher (j'ai pensé au Mustang qui a dit qu'il l'a passé en VTT, balèze !). A ce moment je suis revenu sur un ou deux coureurs. La pluie a fait son apparition durant cette partie, je commence à avoir froid et mes adducteurs tirent encore.

Le deuxième de ravitaillement est vraiment le bienvenu, je suis très content d'apprendre que nous sommes déjà au km 40, les deux-tiers de faits, ouf ! Le moral revient.

Ce coup-ci, je ne m'attarde pas, juste un ou deux verres de coca, une orange, quelques abricots secs et c'est reparti ! Un bénévole me conseille de beaucoup boire...

Dans cette partie, il y a de belles lignes droites forestières, et globalement moins de difficultés techniques.

Très peu de temps après, je ressens une violente douleur à l'ischio-jambier droit, meeerde ! Quelques petits étirements, et je me remets à trottiner, je me dis à nouveau que c'est le métier qui rentre, mais c'est dur et à partir de maintenant j'essaierai de tenir un rythme convenable sur une jambe et demi. Toujours à la faveur de descentes, je parviens à revenir sur un petit groupe de 3 coureurs, mais je me fais décrocher à nouveau sur les faux plats.

Nous arrivons aux étangs « du Lutin » vers le km 45, où brusquement le balisage disparaît...nous nous mettons à le chercher à trois. Finalement il fallait longer les étangs par le GR; peu de temps perdu.

A la lecture du profil, je pensais que la fin, à partir du km 45, était plus facile, en fait si le chemin est globalement descendant, il y a une succession de petits raidillons « casse-pattes ». Mes compagnons sont un peu distancés dans les parties descendantes, et je me retrouve à nouveau seul. Il pleut à nouveau beaucoup, je n'ai plus le courage de m'arrêter pour me couvrir, j'ai froid, mes bras sont engourdis, bref le retour vers Radon est tout sauf agréable, en fait j'ai le syndrome aigu du cheval pressé de rentrer à l'écurie.

Le dernier ravitaillement au km 52 est expédié, je me dis qu'il ne reste « que »9 km mais le moral ne tient que parce que j'essaie de penser que je viens de passer St-Cloud à l'écotrail et que je vois la Tour Eiffel approcher, cela me permet de tenir en visualisant la distance restante. A chaque fois que je croise un bénévole, je lui demande « combien ? », pensant « Combien il reste ? » et alors que j'espérais me trouver vers le km 56, l'un d'eux me répond « huit », cela me scie littéralement les jambes car je pensais avoir forci l'allure. Mais après coup je me suis pris à rêver: « et si en fait il me disait que j'étais 8ème », regonflé par ce raisonnement je relance et commence à apercevoir le coureur qui est devant. Comme d'habitude, j'arrive à le rattraper en descente, mais incapable d'avancer en côte, je me fais rapidement reprendre. Je souffre toujours du froid, et, cerise sur le gâteau, une belle averse de grêle nous surprend peu avant l'arrivée.

La fin du parcours étant commune au 33 km et au 61 km, il y a beaucoup de monde en train de patauger dans les flaques sur les derniers hectomètres. Les derniers 1400 m, m'ont semblé bien longs et je franchis la ligne d'arrivée en 5h47, au ralenti alors qu'habituellement j'aime bien faire le kéké. A ce moment, je pense déclarer forfait pour la sky race, car j'ai rarement été aussi secoué physiquement par une course.

Il a fallu une couverture de survie, une couverture de kikourou, du chocolat chaud et plein d'attention des kikoureurs déjà arrivés pour que j'envisage de recourir.

Bilan: une 11ème place, un temps très correct car j'ai trouvé le terrain assez difficile, une expérience pleine et très enrichissante, de beaux moment de solitude en forêt bercé par le murmure du vent dans les arbres.

Autant l'écotrail de Paris m'a semblé finalement facile (la chance du débutant ?), autant ce parcours m'a impressionné par sa variété et la difficulté du terrain, alors que sur le papier il m'apparaissait comparable à la farouch' de Cheptainville. Cela ajouté à l'accueil des kikoureurs locaux fait que c'est une course sympathique à faire.


8 commentaires

Commentaire de Mustang posté le 12-06-2009 à 23:10:00

Tu as fait une superbe course, vraiment!! Félicitations!!!

effectivement, avec la pluie et la boue, le parcours était assez technique!!!

Tu as su gérer à la fois tes propres "petites défaillances physiques et les conditions météo difficiles!!Le moral est le meilleur moteur!

très heureux d'avoir fait ta connaissance

PS: quant au VTT dans la cheminée! je l'ai passée avec le VTT sur l'épaule!!!

Commentaire de francois 91410 posté le 12-06-2009 à 23:16:00

Bravo à nouveau pour ta perf. Le jour où tu seras en forme, tu pourras viser mieux, un podium pour faire aussi bien que les filles (!)

Merci pour ce récit vu de l'intérieur.
Ravi de t'avoir rencontré
A+

Commentaire de patcap21 posté le 12-06-2009 à 23:27:00

Bravo pour ta superbe course made in Normandie, cela aurait été dommage d'avoir la beauté du coin sans le climat...

Au plaisr de te croiser et merci pour ton cr

Pat

Commentaire de titi61 posté le 12-06-2009 à 23:37:00

une belle 11eme place bien meritée.content d'avoir fait ta connaissance.a+ sur un nouveau trail.

Commentaire de breizhman14 posté le 13-06-2009 à 00:00:00

Une très belle course ainsi qu'un CR très bien tourné: Bravo!
Ton récit reflete bien à quel point ces chemins sont usants, c'est vraiment très réaliste
à+

Commentaire de la panthère posté le 13-06-2009 à 09:53:00

c'est vrai que les sentiers de la forêt d'Ecouves, ce ne sont pas des sentiers de parisiens!........ costaud, hein......
superbe course! à un autre jour!

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 13-06-2009 à 10:17:00

Bravo champion ! Voilà un récit clair et précis digne d'un prof de maths !
Tu reviens quand tu veux ! La prochaine fois, ce sera ensoleillé !

Commentaire de Dom 61 posté le 13-06-2009 à 11:34:00

Bravo pour ta course,
il faut pas se leurrer, ton récit refléte bien la difficulté de ce 61 kms, trés exigeante (dénivelé, conditions météo ...) et qui demande pas mal de prépa.
Alors faire 11éme, c'est une belle perf.
J'espère que tu commence à bien récupéré car aprés l'arrivée tu avais l'air épuisé (on le serait à moins).
Merci pour ton C.R qui peut servir pour ceux qui voudrait se lancer dans cette " aventure " (ça me tente bien).
A+.

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