Récit de la course : Raid du Golfe du Morbihan - 87 km 2014, par titok

L'auteur : titok

La course : Raid du Golfe du Morbihan - 87 km

Date : 28/6/2014

Lieu : Vannes (Morbihan)

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Distance : 87km

Objectif : Terminer

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ça c'est fait....

Un coup d’œil sur ma montre, 5 heures, encore une fois je me lève avant la sonnerie. Pas de temps à perdre, d'un bond, je sors du lit en prenant garde de ne pas réveiller ma douce. Je fille dans la cuisine du mobile-home et me sers deux bonnes cuillères du reste de pâtes d'hier soir. Ce petit déjeuner a du mal à passer mais pas le choix, il faut bien faire le plein de sucres lents. Je regarde dehors pour constater que si il ne pleut pas encore, le mauvais temps menace sérieusement pour le reste de la journée. Je prépare mon plus grands sac de course car j'ai besoin de place pour des chaussettes de rechange et un nécessaire de pharmacie, on ne sait jamais. Voilà tout est prêt, j'ai plus que mes chaussures à enfiler quand ma femme se réveille. Un café ensemble et c'est parti pour le port de Crouesty où sera donné le départ du 87 km du raid du Morbihan. Dés notre arrivée, la pluie se met à tomber d'abord doucement avant de redoubler d'intensité quelques minutes plus tard. On décide de se réfugier dans une pâtisserie pour prendre un nouveau café et un pain au chocolat, comme souvent ce moment d'avant course avec mon être aimée me donne confiance et me galvanise pour la journée. Au fur et à mesure les raideurs débarquent soit par les navettes soit par leur propre moyen. Le port d'Arzon prend alors des couleurs fluo orange par là, rose par ici ou encore jaune de ce coté ( la mode du flashy a encore de beaux jours devant elle). Géraldine me laisse en m'encourageant pour ma course, rendez vous est donné au port de vannes pour 22 heures. Encore trois quart d'heure à attendre avant le départ et je fais la girouette pour tenter de trouver Jo et René les deux autres aperiens inscrits. Au final, ce sont eux qui me trouvent. Comme à l'accoutumé les deux compères ont emmené avec eux leur bonne humeur, ce qui rend cette attente humide un peu moins pénible. « Départ dans 5 minutes », on se retourne vers l'arche de départ, surpris par l'annonce du speaker, à force de blaguer, on a pas vu le temps passer.

H – 2 minutes, nous voilà aux dernières places, derrière les mille raideurs qui ont été plus prompts que nous sur ce coup là. Notre trio ne s'inquiète pas : objectif rentrer pour moi, un bon galop d’entraînement pour Joël et René. On décide de faire la course ensemble. Soudain la foule crie, le peloton se met en branle, on attend quelques longues secondes avant de faire nos premier pas sur le raid du Morbihan. Dès le premières foulées, on trouve notre rythme, 8, 9 kilomètres heures pas plus, histoire de ne pas se brûler trop tôt dans cette course. La traversé d'Arzon n'est pas des plus agréable, puisque qu'il faut en plus d'éviter les flaques il faut aussi faire gaffe aux trottoirs et autres obstacles ( barrières, bancs). Enfin,on atteint le bord de mer pour constater, cette fois clairement qu'à la vue du temps sur la mer, que cette pluie ne va pas s’arrêter de si tôt.

On profite des premiers et nombreux embouteillages pour enlever nos coupe-vents. Le sentier du bord de mer ne va pas durer bien longtemps et on retrouve rapidement le bitume. C'est alors que Joël va donner Le Conseil du jour : « les gars aujourd'hui, on courre pas dans les côtes. »Tout en cheminant entre les maisons, on s'inquiète du non pointage d'Anne après Arzon. Un coup d’œil au téléphone toujours rien, on verra ça plus tard, tout en espérant qu'elle tienne le coup sur le 177 kilomètres. Ça y est cette fois ci, nous sommes vraiment sur un trail, après une très longue attente dans un nouvel embouteillage, nous empruntons un mono trace bien étroit. Notre rythme est toujours prudent et notre bonne humeur toujours au top. On courre depuis bientôt 1h30 lorsque l'on s’arrête sans raison apparente . Ah si il y a une raison ; 2 pointeurs en bas d'un escalier mais comme un seul bosse, tout s’explique. Allez encore 5 bonnes minutes de perdues. Pour l’instant pour moi tout va bien, pourvu que çà dure. Notre trio mène à tour de rôle sur ses premières heures de courses, ce qui permet à tout le monde de souffler. Tiens y a des coureurs qui reviennent vers nous : « c'est pas par là y a une route sans balise(????) On est une bonne centaines à faire demi tour, le terme mouton de panurge prend là tout son sens. ça rage çà jure, ce mauvais aiguillage ne sera pas le dernier. 10 minutes plus tard, c'est à mon tour de me faire avoir. U coup d’œil heureux à ma droite m'a évité de faire refaire la même erreur à notre troupe.

La pluie tombe toujours sans discontinuer et se renforce même à notre arrivée au premier ravito de port Néze pk 18 2h16'…Jo et René refont le plein de leurs gourdes, le reste dans ma poche tiendra le coup jusqu'au prochain pointage : un coca, une orange et un gâteau pour moi. On va tous au petit coin avant de repartir. Arrêt ravitaillement façon formule 1. Cette fois ci le peloton est déjà bien étiré et on peut maintenant se caler sur notre propre rythme sans se soucier des autres. D'ailleurs René et Jo ont légèrement accéléré ( c'est pas moi qui le dit c'est ma montre) rien de bien méchant. On double dès que l'on peut deux trois coureurs à la fois. Au niveau physique tout va bien si seulement la pluie pouvait cesser. Les produits énergétiques ont des effets particulier sur l'un des membres de notre trio ( non je ne balancerai pas), ce qui fait que l'on se retrouve souvent avec un élément en moins quelques instants avant qu'il ne réapparaisse ( apparition qui rime le plus souvent avec des coups de tonnerres, Bizarre) Au fil des kilomètres, Jo, René et moi augmentons encore notre allure, une petite voix me dit alors de laisser filer. Après 30 bornes ensembles et à contre cœur, je laisse le duo prendre 10, 20, 30 mètres d'avance jusqu'à disparaître. Des fois, au profit d'une vue dégagée,je les aperçois au loin. Je décide, donc, de rester à mon rythme, ils ne sont pas si loin. C’est alors que je vais connaître mon premier coup de moins bien. Mon pied droit me fait mal, on dirait que ma chaussure le comprime. Cette petite gène me fait prendre une mauvaise foulée, ce qui déclenche une douleur au dessus du mollet. De 9 m/h, je repasse à 8, je serre les dents pas question à un tiers de la course de se laisser aller. Cette partie de ce raid n'est pas la plus belle du parcours puisque que l'on alterne chemin de vtt, route et le tout sans vue sur le golfe. Si ma casquette ne joue pas son rôle habituel, elle fait office de gouttière, m'évitant de prendre cette satanée pluie dans les yeux. Bientôt quatre heures sous la flotte ça commence à bien faire.

Plouf, plaf, plif, impossible d'éviter les flaques et la boue, mes chaussures sont plus que trempées, mais ça va mes petons on l'air de tenir. En parlant de tenir je me trouve bien atteint à ce stade de la course, je décide donc de faire une bonne pause au prochain ravito. Soudain retour à la civilisation, on traverse le bourg de Sarzeau.. Pas beaucoup de monde la faute à qui je vous le demande : à ce temps Breton. Quelques minutes plus loin, la foule se densifie , on approche du ravito. Les encouragements des spectateurs me font du bien et me redonnent la pêche. Que ce passe-t-il ? A l'entrée du gymnase plus de 100 coureurs patientent sous la pluie «  C'est quoi le problème ? » « Ils nous pointe un par un à l'entrée ». Je reste là dans les rangs en avançant d'un pas par minute que de temps perdu. Je profite de cette pause forcée pour enfiler le coupe vent APR histoire de ne pas prendre froid . Les autres coureurs qui visent un chrono commencent à hausser le ton. Moi je décide de manger mon sandwich que j'avais au cas où, dans mon sac. ça fait du bien. Bientôt 10 minutes que l'on patiente,c'est pas possible !!! Enfin j'accède au fameux pointage Bip Bip 2509 à pointer 31 km, 4h03. Merci Au revoir . Je file direct vers le ravito pour me rendre compte que l'attente est du même acabit, voir plus, direction donc le ravitaillement en eau. Tout en faisant le plein de ma poche , je mange deux Tucs et deux dattes de ma réserve perso. Je me ré équipe et me dirige vers la porte. Quand je retrouve René et Jo sur le départ eux aussi. Chouette ! On repart ensemble mais ça ne va pas durer. Mon pointage à Sarzeau à déclenché des messages de soutient sur mon téléphone ,je profite d 'une courte accalmie pour y jeter un œil : ça me redonne la pêche. Je range le portable je lève les yeux pour apercevoir Jo et René déjà loin, je ne m'inquiète pas chacun sa course . Je me remets à trotter et bizarrement je n'ai plus de douleur, tout est redevenus comme au départ et avec le mauvais le temps qui semble tirer sur sa fin, je retrouve la pêche les kilomètres s'égrainent beaucoup plus rapidement qu'avant sur ma montre mais je continue à appliquer les conseils de Jo : on ne court pas dans les côtes. Tout roule pour le mieux pendant environ 10km.Puis c'est de nouveau un coup de moins bien, j'ai mal aux jambes, au pieds et je n'arrive plus à trouver le bon rythme et marche beaucoup plus souvent. Encore une fois le doute m’envahis mais disparaît rapidement . « Je dois finir coûte que coûte » Ma qualif pour « La diagonale des Fous » en dépends .

Je tente donc de me raccrocher à ce que je veux. Allé Philippe dans quelques kilomètres, on aura fait la moitié de la distance. Bip 40ème à ma montre on retrouve les sentiers du bord de mer, j'apprécie la vue Bip 41ème. Ça se rapproche, mais les douleurs sont toujours là. Bip 42ème Allez encore 2kilomètres et on commence le compte à rebours. Bip, je ne regarde pas cette fois la mi course est proche. Bip 44ème kilomètres rien qu'à savoir ça, ça me redonne de l'énergie à pousser à chaque kilomètres. Je suis plus proche de l'arrivée que du départ. Je me cherche un nouvel objectif le prochain ravito dans 7 bornes. C’est encore loin. Je décide recommencer à courir plus longuement et plus régulièrement. Cette stratégie est payante puisque je retrouve un semblant de pêche. Cette fois ci, les chemins sont beaucoup plus roulant et plus vallonné, ce qui ne me permet pas de maintenir une bonne cadence. Il reste 5km avant le ravito quand une fusée orange me dépasse : c'est le premier du 56 bientôt suivi d'autre coureurs, je regarde d'un air admiratif ces champions qui contrairement moi pètent la forme. Effectivement , depuis bientôt un bon moment c'est un vrai chemin de choix pour moi douleur , impossible de relancer, solitude rien ne va .Je baisse la tête me concentre de nouveau sur mon objectif « finir ». Au détours d'un bois un stade : le ravito de Noyalo apparaît en face de moi, je pointe quand le 5ème du 56 me dépasse pk 52, 6h55. Je vais direct remplir ma poche d'eau tout en décidant de m'accorder une longue pause ici mon corps en a besoins !
Un coup d’œil autour de moi pour me rendre compte qu'il n'y a nulle part ou me poser à part la pelouse humide. Heureusement de grand carton ayant certainement servi à transporter le ravitaillement sont là. J'en récupère un, le déplie et le place sur l'herbe. 2 et bientôt 3 autres raideurs m'imitent et s'installent à côté de moi .Je me déchausse pour constater que mes pieds sont plutôt bien à ce stade de la course. A ma droite, mon compagnon a moins de chance avec un énorme pansement sous l'orteil gauche, il l'enlève et le change «  c'est comme ça depuis hier » me lance-t-il. Je comprends qu'il participe alors au 177km. Je sors ma pommade histoire de me refaire un peu les muscles, j'en propose à mon compagnon qui ne décline pas l'offre. J'essuie mes pieds avant d'enfiler mes chaussettes sèches qui font des envieux au sein de notre troupe.

Déjà bientôt 10 minutes de pause, mais je décide de m'allonger encore un moment pour bien récupérer. Mes compagnons de repos s'en vont les uns après les autres et on se donne un rendez- vous improbable un peu plus tard dans l’après-midi. Après 20 minutes, je décide enfin de repartir, tout en lisant une nouvelle fois mes messages : « Plus que 35 kilomètres, et c'est gagné! » 35 encore, je sors du ravito en trottant mais je m’arrête aussitôt à cause d'une chaussure trop serrée, en deux temps trois mouvements, je la relace. Cette fois ci le parcours est vraiment très roulant, on emprunte beaucoup de bitume ce qui n'est pas pour me déplaire puisque j'y suis à l'aise. Je rejoints au bout d'une vingtaine de minutes un de mes compagnons de Noyalo , je décide de faire un bout de chemin avec lui. On alterne 20 minutes de course suivies de 5 minutes de marche. Mais bientôt mon il commence à être à la traîne, je décide donc de partir seul en lui donnant rendez vous à Vannes. La pluie a maintenant cessé et ne semble ne plus vouloir revenir. Le compte à rebours des kilomètres me réjouit de plus en plus. Je reprends du poil de la bête : plus qu'un ravito et ce sera la dernière ligne droite. Toujours fidèle à ma stratégie de départ je continue à m'alimenter régulièrement alternant le sucré et le salé, que se soit pour les boissons que pour le solide. Les montées de cette course ne me verront pas courir surtout qu'après bientôt 10minutes de course les muscles commencent à tirer. Cette partie même si elle n'offre pas de superbe point de vue a le mérite de me faire prendre un bon tempo. Sans m'y attendre , j'arrive au ravito de Séné 66km, 9h13 où une belle surprise m’attend. Dès l'entrée dans le gymnase je cherche une poubelle pour jeter tous les emballages et tubes que j'ai pu ramasser depuis Noyalo (une bonne quarantaine , no coment) je prends un coca, refais le plein de la poche, de morceaux de saucisson et me voilà dehors ; je passe la sortie et une équipe de l'APR attend leur poulain. Un salut , une prise de nouvelle , un sourire , un encouragement, ça fait du bien. On attend Anne,elle est en train de se faire masser , je me retourne et effectivement je vois notre championne s'approcher. Son pas n'est pas des plus dynamique mais si elle est encore là c'est qu'elle a décidé d'aller au bout . On échange un peu et je quitte le fan club pour reprendre ma route. « Chérie » C'est à moi qu'on s'adresse , je tourne la tête à droite à gauche , c'est ma femme qui m'a fait la surprise d'être là. Elle s'enquit de mes nouvelles , me demande si j'ai besoin de quelque chose , me débarrasse de ce qui ne va plus me servir pour les derniers 20 kilomètres de course , une vrai pro du ravitaillement volant ( elle commence à avoir l'habitude ). Comme d'habitude j'ai le droit à mon bisous et je repars avec un nouveau rendez-vous, cette fois ci prévu à 22h30 au port de Vannes. Cette nouvelle pause m'a fait du bien physiquement, les sensations sont bonnes et je ne doute pas de la réussite de mon défi . Il me suffit de quelques minutes pour rejoindre Anne. Je décide de rester avec elle , on discute de sa course ses douleurs ,ses doutes. Elle m'annonce qu'elle pense rentrer vers minuit mais vu qu'elle commence à trottiner je pense qu'elle arrivera un peu plus tôt. Je décide de laisser Anne à contre cœur car la marche casse mon rythme on s'encourage une dernière fois. Je me remet à courir, Total Respect Anne.

Cette fois la pêche est vraiment de retour, je reprends pas mal de coureurs, du 87 mais aussi du 56. Mon regard cherche le poignet des coureurs, bracelet jaunes Ultra, bleus raid, orange le 56. Je me fixe des objectifs : « je rattrape 5 bleus et je marche 5 minutes. ». La route défile rapidement, il reste 12 kilomètres quand je rattrape mon dernier compagnon du pointage de Noyalo. Même si son envie est là il n'arrive pas à rester avec moi. Plus que dix bornes et ce sera gagné. Un dernier crochet par un petit bois et on longera une dernière fois le golfe du Morbihan avant d'arriver à Vannes. Et là patatras, plus de jus, de nouveaux plus de jambes, plus de souffle impossible de relancer. Je passe de 8 à 4 kilomètre heure, j'ai pas envie de faire encore deux heures de route mais je reste calme je me ravitaille. Je marche et j'attends patiemment que la forme reviennent. Après 10 bonnes minutes je me remets à courir normalement. Plus que 5 kilomètres à ma montre, ça commence à sentir bon. On commence à se féliciter mutuellement entre coureurs. Une dernière portion en bord de mer, un dernier muret, un petit escalier et l'on re-débouche sur la route. On traverse un petit parc ou des Vannetais font leur footing. Je m'imagine déjà mon arrivée, en longeant les quais du chenal du port. La foule est de plus en plus dense. On est tous applaudis ce qui nous donne des ailes, j'allonge la foulée. Les arches d'arrivée sont à portée de chaussures. Je contourne une dernière fois le port , je serre les poings. Ma femme et les filles sont là et m'encouragent encore, je passe une arche puis deux enfin la dernière. 12 h 25 je m'assoie, me déchausse, j'ai jamais couru autant. La qualif pour la diagonale des fou est dans la poche. Au final même si la journée fut longue, ce fut un bonheur de faire la route avec Jo, René, de retrouver le staff de l'APR et de partager un des kilomètres des 177 de l' ulta de Anne. Une course à faire et à refaire et pourquoi pas monter sur la distance supérieure l'année prochaine : pourquoi pas ?

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