Récit de la course : Saintélyon 2018, par _Romu_

L'auteur : _Romu_

La course : Saintélyon

Date : 1/12/2018

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 2697 vues

Distance : 81km

Matos : Kalenji XT7
veste de pluie Kalenji

Objectif : Objectif majeur

7 commentaires

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Ma Saintélyon 2018

 

Jeudi 12 avril 2018, 18h26, ça y est j’ai cliqué, la nuit du 1er au 2 décembre je ferai ma 5ème Saintélyon consécutive.

Pas de repère chronométrique, cette année ce sera la plus longue, la plus longue de l’histoire. La Saintélyon fera 81km, 9 de plus que ces 4 dernières années, 9 de plus que la plus grande distance que j’ai jamais parcourue. Il faudra la préparer, pour la finir dans un premier temps, la finir bien dans un second et pourquoi pas faire une belle perf, mais ça c’est une autre histoire.

 

Au moi de juin je décide qu’a la rentrée de septembre je m’entrainerai pour la première année avec un club d’athlé, le Décines Meyzieu athlétisme.

Le coach de la section trail n’est personne d’autre que Fabien Antolinos. Une pointure, un palmarès long comme le bras. Vainqueur de la Saintélyon, des templiers, du Lavaredo, 5ème de l’UTMB…. Je vais énormément apprendre à ses côtés, j’ai hâte.

 

Fabien me donne un plan de prépa pour l’été et en septembre me concocte une belle prépa pour la Saintelyon, l’objectif majeur de ma fin de saison.

La prépa se passe à merveille, les courses de prépa sont très positives et j’arrive au moment de la Saintelyon, en forme et plein de confiance.

 

La dernière semaine est difficile, il faut faire très attention à la nourriture, bien dormir, bien boire et le pire… ne presque plus courir.

J’ai des fourmis dans les jambes, j’ai envie d’en découdre, je suis serein, comme si rien ne pouvait m’arriver.

Je n’ai aucune certitude sur comment va se passer la course. 81 km c’est très long, mais le travail est fait et bien fait. Maintenant place à la récompense, place à la cerise sur le gâteau, place à la course.

 

Samedi 1er décembre, 17h15, je récupère Gerald, mon beauf, et direction la Gare Part Dieu pour nous rendre dans le Forez en train.

20h15 nous voilà arrivé au Flore, ce resto, à 300m de l’arche de départ, où on peut manger avec plein de copains très sympas. C’est le premier très bon moment de cette course. Pouvoir échanger, rigoler et se préparer avec des dizaines de personnes qui ont la même passion. Tous ne seront pas finishers.

Certains parce qu’ils ne sont pas prêts, d’autres ne seront pas assez couvert. Chacun vivra son histoire, avec ses hauts et ses bas. Elle durera 8h pour les meilleurs, 16-17 pour d’autres. Mais tous auront autant de mérite. Pour tous ceux qui rentreront dans la Halle Tony Garnier l’histoire sera belle, pour les autres la déception sera là, quoi qu’il arrive.

21h, il est temps de se changer, et essayer de trouver le bon compromis. Tu te couvres trop tu transpires et tu as froid, tu ne te couvres pas assez… tu as froid. Il faut trouver le bon régalage. J’ai dû regarder des dizaines de fois la météo cette semaine. Seul point commun, il pleuvra. Plus ou moins, mais il pleuvra. Alors comment s’habiller ? Ils annoncent entre 5 et 8 degrés toute la nuit, avec de la pluie. Un peu de pluie ? beaucoup de pluie ? je n’en sais rien, personne ne le sait.

J’ai tout amené pour pouvoir choisir au dernier moment : Short, collant ¾, tee-shirt manches longues, courtes, polaire, coupe-vent, veste de pluie, bonnet, gants. En fait non, je n’ai pas tout amené, je n’ai pas mes chaussettes. Mais quel con, je prépare ma course comme un roi et au dernier moment en changeant de sac, je laisse mes chaussettes au fond du 1er sac. Le genre de détail qui peut foutre ta course en l’air.

Gerald me prêtera une paire, merci à lui. Il fait du 43-44 et moi du 40-41. Je les essaie, forcément c’est grand, mais ça fera l’affaire. La encore un sentiment de confiance et de certitude est en moi. Me connaissant j’aurai du psychoter toute la nuit avec cette chaussette mais là non, comme si ce n’était qu’un détail. Pourtant dès le 10eme km je sentirais que la chaussette est trop grande mais a aucun moment ça ne me fera douter. Je suis en mission, en mission Saintélyon.

Finalement je partirai avec mon collant ¾, un tee-shirt manche longue moullant respirant, une veste chaude sans manche, pas de bonnet et dans le sac les gants que j’enfilerai vite, et une veste de pluie.

On sort à 21h45 pour retrouver Fred, Brice, Clément, Stéfane des copains du club d’athlé et Raph un pote du Futsal.

Le but est de partir dans la première vague à 23h30 pour ne pas être trop embêté sur les premiers singles et les ravitos.

On patiente, on rigole pendant 1h30 sur la ligne de départ. L’ambiance est bonne. Je suis concentré et serein. Je le sens, ça va le faire, je connais la leçon par cœur, il n’y a plus qu’à reciter. Je n’affiche pas trop mon objectif. Je m’étais donné comme objectif de descendre sous les 10h mais je n’avais pas prévu cette météo. Il pleut déjà alors que l’on n’est pas encore parti, ils annoncent de la pluie toute la nuit. Ça pourrait être boueux. A voir. Quand on me demande mon objectif je réponds autour de 10h, que si je fais 10h15 je serai content… La vérité c’est que je veux descendre sous les 10h mais que je ne sais pas si j’en ai les capacités, je ne connais pas cette distance. En 2016 j’avais mis 8h42 pour 72km mais les conditions étaient idéales. Là, je vous le dis tout de suite, elles ne le seront pas. Loin de là…

Après une minute d’applaudissement en hommage à Alain Souzy, traceur historique de la Saintélyon, décédé il y a un an. Il nous a fait ce dernier beau cadeau avant de nous quitter. Paix à son âme, on va profiter de son dernier parcourt.

23h30, Light my way de U2, décompte, et c’est partiiiiiiii.

 

Saint-Etienne à Saint-Christo en Jarez : km 18.7 / 1h52’48 / 687e

Je décide de partir prudemment entre 5’00 et 5’15 au km. Nous sommes en fin de première vague, il faut que je me place et que je double ces centaines de coureurs.

Le parcourt a légèrement changé cette année, après 3km de plat on monte sur les hauteurs de Saint-Jean-Bonnefonds pour redescendre sur Sorbier. Ça reste très roulant et je cours tout le long. Je suis bien, je suis dans ma course, je continue à m’économiser. Ce n’est que le début, la nuit va être longue il va falloir gérer.

Arrivé à Sorbier on va pouvoir emprunter les premiers chemins… boueux. On ne le sait pas encore mais tous les chemins seront boueux. Du premier au dernier. Le début d’un long calvaire.

J’arrive à trouver ma place dans se long cortège de frontales. La magie de la Saintélyon a commencé.

La nuit va être magique, j’aime cette ambiance.

J’arrive plutôt très frais à saint Christo après 19km. Je remplis mes flasks, je mange 2-3 bricoles et direction Sainte Catherine.

 

Saint-Christo en Jarez à Sainte-Catherine : km 31.74 / 3h25’26 / 623e

Je ne connais pas bien cette partie du parcours mais que la première partie est exigeante !!! Jamais on n’aura autant grimpé dans ces 30 premiers km. Les chemins sont boueux, je perds beaucoup de temps dans les descentes. Il est hors de question de prendre le moindre risque. Une seule chute peut être fatale et te pourrir ta course. La pluie s’intensifie, je commence à avoir froid. Je n’ai pas de bonnet et le vent mélangé a de la presque neige fondue me glace le visage. Le ravito de Sainte Catherine n’est plus très loin. J’arrive à vraiment bien courir. Les jambes sont toujours au top. J’arrive assez rapidement au ravito. Je mets ma veste, je remplis mes flasks. Je prends un bol de thé bien chaud qui va me faire beaucoup de bien. Je prends un morceau de banane, une patte de fruit, un carreau de chocolat et c’est reparti.

 

Sainte-Catherine à Saint-Genou : km 46.52 / 5h26’02 / 545e

C’est la première année où je suis aussi frais en partant de Sainte Catherine. Les jambes sont presque neuves et je connais le parcourt maintenant pour avoir reconnu les 30 prochains km il y a 3 semaines.

5-6 km plutôt tranquille avant d’attaquer le gros morceau de cette Saintélyon. Le combo Rampeau-Signal de Saint André.

La descente du bois d’Arfeuille se fait doucement mais surement il ne faut pas laisser trop de force avant la difficulté surtout que ça glisse toujours autant.

J’arrive au pied du Rampeau et c’est parti pour 750m de marche avec 180md de d+. J’essai de marcher à un bon rythme sans trop forcer sur les cuisses. Pour l’instant tous les signaux sont au vert et je relance en arrivant en haut du Rampeau direction le signal de Saint André, point culminant de cette Saintélyon. J’alterne entre marche et course car la route est encore longue. Je sens que la fatigue commence à arriver dès que je marche. Quand je cours tout se passe bien mais dès que je marche les yeux se ferment doucement. Il est en gros 4h du mat et tous les ans je ressens cette fatigue. Je devrais peut-être plus dormir les semaines avant la Saintelyon. C’est vraiment un sentiment bizarre. Il a beau faire froid je sens que si je me couchais sur le côté je pourrai m’endormir rapidement.

Je me force à courir plus pour faire passer cet état de fatigue. J’ai hâte que le jour se lève car je sais que la fatigue partira. Arrivé en haut du signal il ne reste plus qu’a redescendre sur Saint Genou.

Le brouillard commence à pointer le bout de son nez, les chemins sont hyper gras, il va falloir être attentif dans la descente.

Une fois en bas le ravito est juste là. Je ne m’attarde pas. Je n’ai pas bu tant que ça. Je ne remplis pas mes flasks.

Un verre de Pepsi, un carreau de chocolat et un bout de banane feront l’affaire. Road to Soucieu.

 

Saint-Genou à Soucieu en Jarrest : km 60.7 / 7h20’53 / 551e

Quand on regarde le profil, cette partie n’est pas la plus dure. Profil plutôt descendant.

Mais je vais mettre 1h54 pour faire 14.3km. A cause de quoi ? De la boue encore et toujours mais surtout a cause de ce p….n de brouillard. On n’y voit rien du tout. Par moment je suis quasiment à l’arrêt à surveiller à la fois le balisage et le sol pour ne pas trébucher.

Je ne sais pas combien de temps j’ai passé dans le brouillard mais ça m’a paru être une éternité.

Vivement qu’on arrive au Marjon et qu’on redescende sur Soucieu, les route y sont plus large et il ne devrait pu y avoir de brouillard.

C’est toujours cette portion qui me parait être la plus longue. Est-ce que c’est par ce que j’ai hâte d’être à Soucieu car après je connais tout par cœur ? Est-ce que ça colle avec un horaire entre 6 et 7h du mat que j’ai du mal à gérer ? je ne sais pas.

En tout cas ce que je sais que les jambes sont toujours bonnes et une fois arrivé au Marjon, je galope sans arrêt jusqu’à Soucieu.

Une bise a mes parents à l’entrée du ravito. Je ne remplis qu’une seule flask parce que Chaponost n’est pas loin. Je mange rapidos 2-3 bricoles et je ressors aussitôt.

Ma mère me demande si je ne m’arrête pas un peu. Je lui réponds que non, les jambes sont bonnes et je veux en profiter.

 

Soucieu en Jarrest à Chaponost : km69.23 / 8h24’19 / 507e

 

A partir de là une nouvelle course commence. Le parcours est hyper roulant et j’ai des cannes.

Je dois en profiter. Je ressors du ravito aussi vite que j’y suis rentré et je redescends en direction du cimetière où repose Alain Souzy dont on a parlé au début mais surtout où repose mes grands-parents. Une grosse pensée pour mon petit pépé et ma petite mémé en passant. Je vous aime, vous me manquez. J’espère que d’où vous êtes, vous êtes fier de moi. Allez revenons à nos moutons, je cours le bon faux plat montant et en avant pour 3km de descentes et de plat. J’arrive à courir plutôt pas trop mal même si les jambes commencent doucement à tirer. J’arrive au chemin des lapins, mon segment préféré pour mes séances de côtes. Comme chaque année c’est en marchant que je parcours ces quelques 65m de dénivelé positif avant de se forcer à relancer direction le dernier ravitaillement à Chaponost.

Belle surprise en arrivant au ravito. Le plus grand de mes deux petits frères est là. Il m’a raté de 10 secondes à Soucieu. Merci à lui de s’être levé si tôt. Ça fait vraiment du bien de voir des têtes connues. En discutant avec lui dans le ravito je prends de quoi manger un tout petit peu, je bois un verre et je repars en oubliant de remplir au moins une flask.

 

Chaponost à Lyon : km 80.64 / 9h51’38 / 526e

Il reste entre 10 et 11km et j’ai en gros 1h35 pour finir sous les 10h.

Je ne vous le raconte pas depuis tout a l’heure mais j’ai des repères chronométriques a chaque ravito pour finir en 9h48.

J’avais basé ce temps par rapport a ma course de 2016. En mettant la même allure entre chaque ravito.

Ce temps était prévu pour un parcours sec, comme en 2016. Ce qui n’a pas été le cas cette année avec tous ces km de boue.

Pour ne rien vous cacher voilà ce qui était prévu :

Arrivé à Sainte Catherine en 3h24 : temps réalisé 3h25

Arrivé à Soucieu en 7h21 : temps réalisé 7h21

Arrivé à Chaponost en 8h26 : temps réalisé 8h24

C’est dingue d’être aussi proche de chaque temps de passage au vu des conditions.

C’est vraiment une victoire car sans toute cette boue et ce brouillard j’aurais pu vraiment faire un temps canon.

Bref la course n’est pas finie il reste une dizaine de bornes avec 2 grosses montées : les aqueducs et le parc de Sainte-Foy.

Cette partie n’est vraiment pas intéressante mis à part que ça sent bientôt l’écurie. Je retrouve mon frère en bas de la montée des aqueducs. Nous montons ensemble. Je lui demande des nouvelles de Gerald, il regarde sur son portable. Il est environ 35 minutes derrière et est en train de faire une superbe course.

En haut des aqueducs il reste 5km et c’est là que les jambes vont commencer à me lâcher.

Je n’arrive plus vraiment à avancer. Sur le plat je suis péniblement à 5’50 au km et les 4 derniers km vont vraiment être aussi long qu’inintéressant.

Descentes du parc d’accrobranches, beau petit coup de cul derrière.

J’arrive en haut des escaliers en espérant y voir le bon Laurent des Bauges, que dalle, monsieur doit dormir 😊. Les petites feuilles qu’il a laissées dans les escaliers me font bien rire. Ça ne parait pas grand-chose mais la fin est tellement longue que ça fait vraiment du bien de sourire. Merci Laurent.

Me voilà sur les quais, le pont Raymond Barre, le dernier km, la délivrance est proche.

Je regarde la montre, les moins de 10h seront là je peux en profiter.

J’avais demandé à ma femme de se mettre à une cinquantaine de mètre de la ligne d’arrivée avec ma petite Nono pour passer la ligne main dans la main avec ma fille.

Je les vois au loin. On me donne ma fille. Je vais pouvoir faire une belle arrivée quand tout a coup un gilet jaune se met devant moi. Pas un gilet jaune qui bouche les ronds point ou les péages. Un gilet jaune avec un talkie-walkie.

« La petite ne peut pas rentrer de ce côté »

« Comment ça elle ne peut pas rentrer ? je passe juste la ligne d’arrivée avec elle et après je la redonne à ma femme »

« Non monsieur ce n’est pas possible »

Avec le recul j’aurais dû insister mais là avec la fatigue je l’ai laissé gagner et ma fille est revenu dans les bras de sa mère. Quelle déception, pour moi et pour elle…

Voilà, je passe la ligne en 9h51’38 à la 526eme place sur 6601 partants et 5208 finishers.

 

Il n’y a que du positif à tirer de cette course. La prépa de coach Fabien m’a fait un bien fou. Je pense avoir super bien géré ma course. Mis a part les 4 derniers km je n’est jamais vraiment été dans le dur.

Il ne me reste plus qu’à bien récupéré maintenant.

Une semaine sans sport, une semaine de vélo et la semaine du 17 décembre on rechaussera les baskets pour de nouvelles aventures.

Le planning 2019 n’est pas encore bouclé même si je pense faire du 35km du Lyon Urban Trail mon premier objectif.

Prochaine course le 13 janvier à Saint-Martin-en-Haut avec le 31km des coursières.

Sur ce, bonnes fêtes de fin d’année à tous !!!

 

Romu

 

 

7 commentaires

Commentaire de franck de Brignais posté le 06-12-2018 à 18:56:02

Bravo Romuald ! Mission SainteLyon accomplie ! Quelle perf' !!

Commentaire de Mazouth posté le 06-12-2018 à 20:04:52

Ca c'est du beau boulot et une sacrée perf ! Bravo et sûr que ça va envoyer fort en 2019. A bientôt sur l'Hivernale ;)

Commentaire de Katman posté le 06-12-2018 à 21:23:36

Bravo!! Quelle belle gestion de course! Avec une maîtrise comme celle là tu peux largement espérer finir du plus long sans problème!

Commentaire de _Romu_ posté le 07-12-2018 à 09:11:59


Edit: pas de trail des coursieres le coach trouve ça trop tôt.
Plus probablement je vais prendre une bonne branlee au cross départemental

Commentaire de Mazouth posté le 07-12-2018 à 10:39:43

Tant pis pour les Coursières. Tu vas prendre cher au cross ^^

Commentaire de Benman posté le 08-12-2018 à 15:28:07

Yeah. Superbe maîtrise du chrono et des éléments. Voilà, c'est fait! Bravo.

Commentaire de Arclusaz posté le 21-12-2018 à 13:56:13

Ben non, je ne dormais pas !!! j'étais à la Halle quand tu es arrivé mais par un de ces grands mystères propres à ce sport, je ne t'ai pas vu...
Quelle science des prévisions et quelle course : bravo !

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