Récit de la course : Trail des Aiguilles Rouges 2011, par kailasa

L'auteur : kailasa

La course : Trail des Aiguilles Rouges

Date : 25/9/2011

Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)

Affichage : 1019 vues

Distance : 50km

Objectif : Pas d'objectif

3 commentaires

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Le récit

  

Retour à Cham’ un mois après…

Un mois après une TDS arrêtée trop, beaucoup trop  prématurément du coté de Bourg Saint Maurice, avec l’estomac complètement bloqué.

2 jours après cet abandon ô combien difficile à digérer, j’avais arraché l’un des derniers dossards disponibles pour le Trail des Aiguilles Rouges.

Et en ce 25 juillet à 4h30, me voilà donc avec  700 collègues traileurs sur la ligne de départ Place de l’Amitié. Comme d’hab’ lors  des départs matinaux de course, je ne manque pas de me demander ce que je fais là. Boh… De toute manière, je suis là, donc, autant y aller hein ?

Température plutôt douce, ambiance plutôt très sympa, les filles devant (c’est pour motiver les zoms, hein, c’est ça ?) 5, 4, 3, 2, 1 et c’est parti dans les rues de Cham’ !!!!!!!!!!!!!

D’emblée, j’ai l’impression que ça va très vite. Le départ pépère dans les rues endormies avant d’attaquer la montée, on oublie. Je me force à ne pas trop me retrouver derrière pour éviter d’éventuels bouchons dès que le chemin se rétrécira. Ce qui n’est qu’à moitié réussi… Dès les premières pentes, malgré un chemin plutôt large (c’est le sentier final de l’UTMB, mais à contresens), je me retrouve à marcher, à me faufiler, à éviter les bâtons maladroits, à courir quand il y a la place ou qu’un petit interstice se libère. Passage à la Floria, le peloton commence à s’aérer un petit peu, et la pente à se redresser… J’alterne marche et course, no surprise, les sensations sont bof, on va faire avec. Je me retrouve dans un petit groupe, l’allure me semble correcte. En sortant de la forêt, j’aperçois au dessus de la Flégère les lumières des frontales de la tête de course, pas si loin que ça après tout. On continue à monter vers le lac Blanc. Le sentier devient  heurté et plus technique, le brouillard limite la visibilité, je ne suis pas super à l’aise by night  sur ces sentiers rocailleux. Je fais le mouton, je suis les autres. Passage au lac Blanc, pointé 22ème et… début du calvaire !!!

C’était technique ;  à partir de là, ça devient trop technique pour moi !!! Des marches, des échelles, des marches, des échelles, des coureurs qui me dépassent, encore des marches, et encore et encore et encore des coureurs qui me dépassent. Et je ne trouve pas ça rigolo du tout parce que je ne sais pas comment les passer ces  p…. de marches !!! Et je n’arrive à suivre personne !!! Et je n’y vois rien, et je ne comprends rien… Tiens, là, je reconnais, on descend vers le col des Montets, et encore et toujours  des wagons de coureurs qui me dépassent… Mouai… Gavant… Je tente un nouveau concept : pause pipi-reprise d’esprit et de concentration. Et ça marche un petit peu, j’arrive à attraper un autobus de coureurs et j’arrive à rester avec eux jusqu’au col des Montets ; puis je tiens un petit 13km/h jusqu’au hameau du Buet à Vallorcine, lieu du premier ravito.

Les ravitos, c’est l’un des 3 objectifs qui m’ont incité à participer à ce trail. Restant sur des échecs sur mes deux derniers ultras avec l’estomac bloqué à chaque fois, je dois régler ce problème. J’écoute donc mon estomac… Et il ne me dit rien de rassurant… Je ne le sens pas au top de sa forme, et le fait d’y penser et d’y être (trop) attentif ne doit pas arranger les choses. Bref,  il me semble attirer par les oranges. Donc  feu sur les oranges, de toute façon envie de rien d’autre. Aujourd’hui, j’expérimente aussi une boisson gazeuze « bicarbonatée », ça pétille dans la gourde, et il parait que c’est bon pour ce que j’ai…

Le jour se lève, à l’assaut du col de Salenton !!! 1200 mètres de dénivelé positif après les 1350 de la première ascension. Les 5 kilomètres qui mènent au refuge de la Pierre à Bérard sont assez roulants, j’alterne marche et course, et regagne tranquilou quelques places. Il fait jour, et le deuxième objectif du jour est déjà rempli : j’en prends plein les yeux, c’est beau, c’est sauvage, c’est dépaysant. Top.

Après le refuge, c’est toujours aussi beau, mais le bonhomme est moins en état d’apprécier à sa juste valeur le paysage. Ca coince. Et les 600 derniers mètres de dénivelé en deux petits kilomètres vont être looooooooooonnnnnnnngggggs. Mon rythme tombe à 20 mn au kil… Pas évident de progresser dans les éboulis, surtout quand les jambes sont un peu en dentelles…

Bref, le sommet est franchi vaille que vaille.

Descente technique. No comment’. Voir le paragraphe sur la descente vers le col des Montets, c’est la même chose… Puis c’est un long faux plat descendant vers le refuge de Moede Anterne, avec quelques petites  montées traitresses. Je cours, certes, mais le rythme n’y est pas. Dès que ça grimpe je voudrais bien courir, mais ça ne veut pas. Tant pis, une prochaine fois.

Ravito number two, quelques news de mon estomac… Toujours pas tip-top, mais point positif, je ne suis pas encore au bord du chemin, blême, sans aucune force, comme sur les Grands Ducs et la TDS. Et même, j’ai faim !!! Donc, j’expérimente : TUC+orange+soupe (trop bonne) et je me laisse tenter par le coca. On verra bien.

Je repars, c’est toujours de la descente jusqu’au pont d’Arlevé, 3km et -400 mètres de déniv’, un petit peu technique mais sans plus, un rythme autour de  11km/h, et toujours ce sentiment de sensations moyennes, qui vont être  confirmées par la montée vers le Brévent.

Cette avant dernière montée, 6km pour 1200 mètres de déniv’, sera un moment physiquement difficile, mais une belle expérience. D’abord par la beauté du paysage : waaaaaaa !!!

 Ensuite, par le sentiment d’être seul, très seul dans sa bulle, dans sa petite galère, dans sa petite souffrance ; on est livré à soi même avec comme objectif d’arriver tout là haut (et que ça semble loin « tout là haut » !!!) en se gérant à soi, et en sachant que rien ni personne ne pourra nous y aider.  Mais que c’est bon ces moments de solitude au final… Hum… C’était juste un petit extrait des pensées « philosophiques » qui m’ont occupé durant cette longue montée…

J’ai aimé également les quelques échanges avec les autres coureurs, un petit mot, un petit sourire, un petit regard qui en dit long. C’est bon de partager ces petits moments de galère dans des lieux aussi monumentaux.

Bref, ça monte. Et pour finir, des échelles !!! Finir ? Non !!!!!!!! Un large sentier bien pentu et bien décourageant nous attend et nous mène au 3ème et très attendu dernier ravito au sommet du Brévent, kilomètre 40.

On continue le fil rouge « estomac ». Il semble aller plutôt pas mal. Mieux : j’ai grand faim et grand soif. Sus aux TUC, oranges, brioches le tout arrosé de coca ! Mais où sont les produits énergétiques ???

Revigoré le bonhomme !!! Et good vibrations !!!

Descente 2 kilomètres sur des grosses pierres rêvées pour se faire une entorse, puis un peu de bonne pelouse alpine (C’est superbe !!!), et une petite montée vers l’aiguillette des Houches. Les jambes sont là (il était temps), l’estomac semble tourner correctement, je cours, je gère, et regagne deux places… Les 150 mètres positifs  de l’aiguillettes passent presque inaperçus.

L’aiguillette des Houches, donc… Le contrôleur me dit : « 7,5 kilomètres et 1500 mètres de dénivelé négatif ». Même pas peur. C’est raide et ça zigzague, mais ça va plutôt bien. Puis ça devient davantage du droit dans la pente, mais les jambes répondent, et je descends sans jamais mettre le frein à main.

Retour à la civilisation, avec quelques bouts de bitume… Le dernier kilomètre, dans le village de Servoz, sur la route et sur le plat, en pleine chaleur, est un peu « longuet ». C’est quand même « content d’en terminer » que je franchis la ligne  en 8h53 et 76ème position au scratch.

Le bilan de tout ça…

L’objectif n°1 : l’estomac a mieux tenu que lors de mes dernières sorties (pas abandonné, et j’avais très peur de ça…). Les boissons énergétiques, pour de courtes distances, c’est ok, mais pour le long, je crois que je vais dire stop. Les gels, ça a l’air de bien « passer » mais il faudra les espacer, et les prendre juste en complément des ravitos officiels. Le mélange Badoit-eau plate  a semble-t-il plutôt bien fonctionné. Le Coca sur les ravitos, c’était plutôt une bonne option (surprenant, je ne suis normalement pas fan de cette boisson). Mais j’ai encore beaucoup à tester pour trouver la juste formule…

L’objectif n°2, « découverte du massif des Aiguilles Rouges » est parfaitement rempli. C’était très beau, et j’ai maintenant très envie d’aller m’y balader et de mieux connaitre.

L’objectif n°3 était comptable, c’était m’assurer les points pour l’UTMB, et il me fallait donc finir. Objectif atteint.

Fin du weekend « Aiguilles Rouges »… Un joli trail, bien technique, convivial, avec une organisation bien rodée (rien à redire, de la super pasta party au balisage en passant par le repas d’après course), des bénévoles sympas et accueillants. Je conseille, mais il ne faut pas y aller en touriste : c’est un vrai trail de haute montagne !!!

eric,  www.team-outdoor.fr/

3 commentaires

Commentaire de @lex_38 posté le 03-10-2011 à 22:00:36

Merci pour ce petit CR
J'ai du te doubler dans la descente de nuit en direction du col des Montets
Tant mieux si tu as trouvé ce qui te convient bien côté alimentation!
Bravo et A une prochaine!

Commentaire de baudetch posté le 03-10-2011 à 22:38:19

effectivement un beau recit et je me retrouve dans tes descriptions des descentes ! je me suis même tomber avant le col des montets dans la pénombre ; j'en avait qui me collait au c.. (1 baton en carbonne cassé net) . c'était un superbe trail et j'y pense encore aujourd'hui... nostalgie !

Commentaire de chirov posté le 27-10-2011 à 16:12:40

Merci pour le CR, je me revoie encore dans cette descente de nuit en train de me dire "il ne faut pas que je lâche le wagon, j'y vois rien avec ma frontale" :-)

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