Récit de la course : Trail du Petit Ballon 2009, par JLW

L'auteur : JLW

La course : Trail du Petit Ballon

Date : 15/3/2009

Lieu : Rouffach (Haut-Rhin)

Affichage : 1901 vues

Distance : 45km

Objectif : Pas d'objectif

8 commentaires

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Trail du Petit ballon d’Alsace à Rouffach le 15 mars 2009 45 km de galère et 1800m de bonheur ?

          Pourquoi devrais-je vous infliger un récit fait de douleurs et de plaintes ?

Mais quelle idée ?

Ne vaut-il pas mieux taire ou éviter de parler de ses échecs ?

 

         C'est ce que je me suis dit en revenant de Rouffach, les pieds pétris de crampes et très déçu d'un trail qui, sur le coup, ne m'a procuré aucun plaisir, vraiment aucun.          Aucun ?

 

  A y réfléchir après coup, mais vraiment après coup, et à y regarder d'un peu plus près, enfin surtout de voir quelques photos, il y avait peut-être cet instant fugitif du passage au sommet ?  Et puis peut-être aussi cette descente qui suit, sur un sentier enneigé rendu très glissant mais tellement agréable ... Agréable ?  J'ai dit agréable ? Mais non, Ah ben si, c'était pas si mal que ça, cette descente là.

Et puis la suivante, celle qui n'en finissait pas, où j'ai dépassé une petite dizaine de coureurs ... Dépassé ? Ah oui j'étais un peu dépassé ce jour là !

 

        

Dépassé par des sensations qui sont parties, ou plutôt qui ne sont jamais venues, dès la 1ère petite côte, après seulement 3 km de course sur un sentier dit « de l'âne » ... C'est qui l'âne ? Je marche dès cette première côte et je décide d'adopter (c'est bon de se dire qu'on décide quelque chose !) ce rythme, à chaque petit dénivelé significatif. Et de significatifs il y en avait beaucoup ce jour là.

 

Tout là haut c'est le « Petit ballon »

 

 

Neuland, N.D. du Hubel, Osenbach, je rejoins ces premières étapes sans me préoccuper du chrono, rien qu'aux sensations et au « mp3 », mais en surveillant tout de même mon cardio qui confirme mes impressions. Je courotte bien un peu, dans un faux plat entre Firstplan et Boelensgrab et rattrape même quelques coureurs, partis probablement un peu trop vite, mais bon, le cœur n'y est pas.

Je croise des coureurs à l'approche du 3ème ravitaillement, mais que font-ils dans le sens contraire ? Manquerait plus que je me sois trompé d'itinéraire pour couronner le tout ! Heureusement le ravitaillement est tout près et me rassure de suite sur le parcours.

        

Je ne m'attarde pas et attaque (si on peut dire) la grosse montée de la journée, le Petit Ballon d'Alsace. J'ai des Yak Tracks tout neufs dans mon sac mais l'idée de l'effort à faire pour les sortir, les mettre ... puis peu après à nouveau les ôter, les ranger tout cela pour glisser un peu moins. Bof !

 

 

 

 

 

 

Je décide (décidément) de continuer ainsi. Inutile de vous rabacher que cette montée a été très dure pour moi, je sens que cela klaxonne derrière, mais finalement, je ferai cette boucle de 6km et 400m de d+, en 1heure tout rond. Pas si mal après tout.

 

Je passe au sommet à midi pile. J'apprendrai par la suite que Fred

est passé 2 minutes après et le reste de l'équipe, environ 15minutes avant.

 

La vue du sommet est magnifique, mais le vent souffle, et j'ai hâte d'en finir. Je ne m'attarde pas.

 

 

Alors que nous nous interrogions sur la bonne tenue de course pour affronter le sommet, j'avais discuté sur la ligne de départ avec ce traileur en débardeur blanc qui lui ne s'était pas posé beaucoup de questions.

 

 

 

 

 

 

 

 

A partir de ce sommet et jusqu'aux environs de Wintzfelden, nous aurons 10km de descente et 900m de d-. Je pense que je coure bien, ce sera bien la seule fois. Je me lâche et essaye de me détendre, autant que faire se peut. Je me ferai dépasser par un seul traileur courant d'une manière bizarre mais rapide, comme une espèce de pantin désarticulé, je n'avais encore jamais vu cela ! Terriblement efficace, j'essaye de l'imiter pour voir, je manque me casser la binette, je reviens à un style plus classique.

 

Aux dires de certains, le vrai trail ne commence qu'après Osenbach, c'est-à-dire au moment précis ou je suis rejoint par Fred qui est étonné de me voir là. Moi, non, enfin si ! Fred a réalisé une excellente performance qui a surpris tout le monde, y compris lui-même. Je pense d'ailleurs que Fred va continuer à nous surprendre. Il a trouvé là, je crois,  son terrain de prédilection, les longues distances. Il est fait pour cela comme moi je suis plus naturellement enclin aux 10kms ... C'est probablement à cause de cela que j'insiste tellement dans cette discipline, comprenne qui pourra !

Cela me donne évidemment un petit coup (s'il en était besoin) au moral, mais j'essaye de penser à Dawa Sherpa (Oh la grosse tête Jean-Luc ! ) qui semble-t'il est heureux pour ses adversaires (non ses amis traileurs)  quand ils sont devant lui. Ben tout pareil pour moi !

 

Nous arrivons ensemble au ravitaillement. Comme à chaque fois je ne m'attarde pas, toujours « quelques seconde de grapillées ». Je me surprends tout de même à boire beaucoup, je dois être déshydraté, je n'ai quasiment pas bu dans la descente. Fred, avec ses grandes jambes me rattrape dès la 1ère côte. J'irai légèrement plus vite sur les parties roulantes. C'est ainsi que je repars du ravitaillement de N.D. de Schauenberg (je n'ai pas vu les moines ...) quand Fred y arrive, convaincu qu'il me rattrapera. Ce ne sera finalement pas le cas mais cette dernière partie, faite d'incessantes montées et descentes, certes légères, sera pénible malgré une vue magnifique sur la plaine d'Alsace.  C'est dans ces derniers kilomètres qu'une féminine qui me suit depuis un petit moment, me lance un

«- Mais qu'est ce t'a mis dans ton sac ? T'as emmené ta boîte à outil ?» (réalisme féminin ...).

Cette question me scotche littéralement sur place ... je la laisse passer, je ne la reverrai plus. C'était peut-être une tactique pour me dépasser dans ce « single track » ?

 

 

 

La fin est dure, comme le début. Heureusement il n'y a plus de difficulté, tout est en descente, bon il y a bien ces 50cm de dénivelé au détour d'une vigne et pour lequel je fais un effort « surhumain » pour éviter de marcher !

 

 

 

 

 

 

 

 

La ligne d'arrivée est en vue au bout d'une belle ligne droite déjà empruntée 5h et 49minutes auparavant.

 

 

 

 

 

Sitôt la ligne passée je m'assieds. Propose mon dossard pour le Mercantour à mon voisin ... La tête me tourne, je vais m'allonger dans la tente des secouristes.

Je rentre chez mes parents. Je me couche, je n'avais pas dormi la veille.

J'apprendrai dans la semaine que je m'étais probablement chopé une « saloperie » de virus. Mes symptômes étaient assez similaires à ceux de plusieurs collègues. En tout cas cela me rassure de penser que c'était ça.

Je ne veux pas rester sur ces impressions.

J'y retournerai, et pourquoi pas dès 2010 ?

Jean-Luc

 

Merci aux photographes du site www.alsace-en-courant.com ainsi qu'à Fred, Jean-Marc, Rémy et Bruno.

D'autres photos sous ce lien,:

 

 

PS: merci aux organisateurs et à tous les bénévoles pour ce trail qui, même si j'ai souffert , mérite le détour pour son parcours et son organisation au top.            

8 commentaires

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 28-03-2009 à 20:01:00

Mais c'est justement les récits où l'on souffre qui sont les plus intéressants ! Si tout se passe bien, qu'a-t-on à raconter ? La prochaine fois, ça ira mieux !

Commentaire de jepipote posté le 28-03-2009 à 22:52:00

eh ben quelle aventure mon pauvre. notre sport est fait de jour avec et de jour sans.... souhaitons que la prochaine sera bonne.

Commentaire de zakkarri posté le 29-03-2009 à 15:09:00

Ton cr est en revanche pas un échec du tout, merci !
Remets toi vite ;)

Commentaire de calimero posté le 29-03-2009 à 17:11:00

Bravo d'avoir été au bout de ta souffrance, abandonner aurait été trop facile!

On gagne toujours quelque chose de ces moments de douleurs même si celà n'était pas de ton fait!

Commentaire de jilles posté le 29-03-2009 à 17:19:00

Aller toujours plus loin dans la souffrance c'est la marque d'un champion meme si le chrono n'est pas la.
Beau recit qui donne envie de decouvrir cette belle region.

Jilles

Commentaire de filipe68 posté le 29-03-2009 à 17:39:00

Partir pour 45 (voire meme 47) kilomètres avec un tel état d'esprit et terminer ce trail dans un temps que je trouve largement honorable, moi je dis chapeau, car la performance est là, et comme bien souvent c'est le meilleur qui reste apres course..
merci pour ce sympathique CR sur une course qui en manque trop je trouve...sans parler du circuit des grands crus qui ne dechaine absolument pas les écrits..dommage..

Commentaire de agnès78 posté le 30-03-2009 à 13:13:00

allez jean-luc, c'est seulement le début de saison. Je suis certaine que tu te rattrapera sur le prochain!
grosses bises
agnès

Commentaire de Akran posté le 02-04-2009 à 20:04:00

Belle bagarre malgré les circonstances défavorables ; la qualité de ton CR montre que tu as déjà relativisé en partie ta course ;)
L'année ne fait que commencer et il y a tant de superbes paysages à découvrir, tant de rencontres à faire, ... que tu oublieras bien vite cette déconvenue !

A bientôt sur une course j'espère !
Stéphane

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