Récit de la course : Ultra Tour des 4 Massifs - 160 km 2014, par swade77

L'auteur : swade77

La course : Ultra Tour des 4 Massifs - 160 km

Date : 22/8/2014

Lieu : Grenoble (Isère)

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Distance : 160km

Objectif : Pas d'objectif

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Une belle aventure

Pourquoi l’UT4M ?

Après quelques aventures sympathiques dans les Pyrénées (GRP 2011 et 2013) et dans le Mercantour (Cromagnon 2012) l’idée d’un ultra trail autour de Grenoble de plus de 160 kms avec 4 massifs  (Vercors, Taillefer, Belledonne et Chartreuse) à arpenter me plaisait bien. Déjà une vingtaine d’années que j’ai foulé les sentiers menant à la Bastille (lieu pittoresque, incontournable et dernière étape du parcours) lors de mon trop court séjour (2 ans) dans cette ville. Comme beaucoup de traileurs, qui se reconnaitront, la prise de décision a été soudaine, pas forcément raisonnable et l’inscription bouclée dès le jour d’ouverture entre 2 réunions au boulot, histoire de ne pas être recalé.

 

Phases d’approche

Les fins d’année sont propices aux bonnes résolutions et l’échéance d’août laissait entrevoir de belles perspectives de préparations avec des objectifs intermédiaires sympas : l’Ecotrail de Paris, fin mars pour le travail de vitesse, et le raid Cromagnon (fin juin) qui devait me préparer à la montagne.

De nombreux coups de cœurs (maxicross de Bouffemont, trail de crève-cœur, saptrail d’Epinal, ultra du Morin, marathon de Sénart, maratrail du Ballon d’Alsace) ont permis d’agrémenter ce début d’année, de revoir les amis traileurs tel que Vincent qui m’aura permis de porter les couleurs de son superbe magasin Terre de Running (TDR) à Puteaux.

Par contre, il a aussi été question de douleurs aux tendons d’Achille. La préparation montagne a donc été oubliée et c’est un peu au feeling que cet Ultra sera abordé, sans objectif si ce n’est de finir en moins de 30 heures ce qui, à l’origine, me semblait naïvement être un objectif parfaitement tenable.

C’est donc 5 jours avant que toute la famille (Sandrine et les 4 loustics) prend la route, destination l’Alpe d’Huez pour une première semaine en ½ pension dans une résidence P. et V. accueillante : personnel sympa, choix de repas pas forcément très diététiques à la base (fondue, raclette, tartiflettes et pizzas) à quelques jours de l’objectif mais très gourmands et un personnel très arrangeant. Chouette, piscine chauffée et sauna sont également au RDV.

En guise de mise en jambe et comme on est à 1800m, je mets au défi les 2 grands (10 et 12 ans) de monter chaque jour pleine pente le petit sommet de la Sûre (2150m), visible des apparts et à 1,5 kms de là en démarrant en footing.

Ils signent et le plus petit monte régulièrement malgré le souffle court. Là je me suis dit que d’ici quelques années il pourra traiter son père de « vieux ».

L’avant-veille du départ on avait décidé de faire quelques sommets en famille en téléphérique et cela s’est transformé en rando glaciaire mais en short. Pour se refaire une santé, Sandrine et les enfants se sont fait un petit plaisir avec une excellente pierrade mais à l’approche de la course j’ai été plus raisonnable en optant pour une bonne pizza saumon et en me passant de crudités. Le lendemain ça sera patates, poisson, taboulé et pasta party.

 

Jeudi 21 août 2014

J-1, il est temps de retrouver Grenoble en faisant un petit saut au magasin TDR Comboire histoire de récupérer une batterie supplémentaire pour la frontale NAO. Aïe, ils me renvoient au 2ème magasin TDR à deux pas du centre de course. Gérante vraiment sympa et pas avare de confidence sur les trails de la région.

Nous voilà au parc mistral, un site sympa en plein cœur de la ville où les sportifs, les enfants et les familles peuvent profiter d’un espace vert avec tyroliennes, skate parc, balançoires, brumisateur… le bois de Vincennes en mini. L’accueil des coureurs y est bien organisé. Il est 15h et il n’y a pas trop d’attente. Récupération du dossard (16) et contrôle du sac dans les règles (y compris gants et pantalon qui resteront au fond du sac toute la course) sont bouclés en 10 minutes. Reste du temps pour profiter des stands, des exposants et risquer les dépenses de dernières minutes. Mais oh surprise, si Raidlight et Uglow sont bien présents, ça ne se bousculait pas dans le rang. Dommage c’est souvent l’occasion d’échanger sur du matos.

Le PC course est bien installé et le point info assez réactif.

 

Préparation des sacs :

Reste les sacs des bases vie à finaliser (deux sacs fournis par l’organisation) avant le rush des coureurs (le briefing est prévu à 17H30).

Un petit saut à la voiture garée à 5 min sur un parking réservé aux participants (coureurs ou bénévoles) : sympa, pour faire les derniers choix.

  • 1ère base vie : frontale NAO avec batterie pleine (2 mini frontales, plus légères dans le sac de course suffiront pour gérer une éventuelle arrivée la nuit (normalement peu probable sauf gros coup de mou)).

Des piles D…… costaudes au cas où la batterie NAO ferait défaut ou si Sandrine n’aurait pas pu charger la seconde batterie et me la remettre sur la course.

Pull plus chaud, que la veste technique du sac, bonnet, gants et chaussettes +maillot de rechange +   affaires de rechange (dont shampoing, serviette…) pour l’arrivée de course (sacs devant être rapatriés pour samedi 12h au départ).

Quelques compotes, gels et barres + 2 bidons au cas où Sandrine et les enfants ne pourraient assister à ma décrépitude à la première base vie.

Pour les baskets de rechange j’ai opté pour une paire de xt wings sans conviction de remplacer mes baskets au départ.

 

  • 2ème base vie : frontale Petzl RXP avec des piles tj pour prévenir une défaillance de la NAO et finir la nuit. Je suis traileur, un peu éco-responsable, mais consommateur n’ayant pas tj été raisonnable (ouf ma petite chérie me le pardonne) et ai donc accumulé plusieurs modèles de frontales pas tj au top qui peuvent dépanner.

Puis on se répète : 2ème veste imperméable au cas où, et une bonne réserve de compotes et gels pour le reste de la course .Sandrine et les enfants ne seront pas là à ce moment.

Si j’arrive à cette base vie, il devrait rester environ 43 km pour 2400 de d+ (soit 8h de course si je tiens le pseudo objectif de 30 heures).

 

  • Sac principal de course :

Si on doit réaliser une telle épreuve en mode course, l’important est de minimaliser les contraintes :

Tenue sur le dos, répartition des charges, ballotement (gourde ou réserve alimentaire), accès au contenu (poches zip si possible à l’avant), réglage, imperméabilité/séchage facile, et …le poids.

Vincent Viet (TDR de Puteaux) m’a proposé un sac Oxitis que j’ai rapidement adopté dès l’Ecotrail de Paris. Préférant les bidons aux poches (plus difficiles d’accès au cas de recharge, nettoyage pas tj optimal et surtout pas de visibilité du contenu restant en course) et même si les bidons fournis restent à améliorer, j’ai été surpris par le maintien notamment en descente, alors qu’en plus de 2 bidons à l’avant, 2 poches zippées viennent s’y ajouter. Par ailleurs un porte dossard est inclus sur la sangle avant. Seul bémol : il n’est pas étanche.

Concernant le matos :

ð  Poche centrale arrière : en partant du fond du sac : Pantalon de course puis gants, bonnet, pull chaud, 2 frontales de base + piles, coupe-vent imperméable chacun dans son sac congel pour les maintenir au sec

ð  Poche arrière : couverture de survie, bande élastique, pièce d’identité, 10 € au cas où et compléments alimentaires ne tenant pas dans les zips à l’avant (en cas de fringale)

ð  Zips à l’avant : téléphone + 2 lecteurs mp3 chargés + quelques gels, 1 compote et 1 barre

 

Choix des chaussures :

Voilà le dépôt des sacs fait. En échangeant avec quelques bénévoles et traileurs connaissant le parcours, j’apprends que le parcours est très gras. Pas de coup de flip mais une petite remise en question s’imposait sur le choix initial des chaussures de course dont le confort m’a ravi sur le dernier Trail Cromagnon : les Hoka Stinson. Si le confort est indéniable, l’adhérence n’est pas à son top.

Là sur un coup de tête direction le magasin TDR pour des Hoka mafat speed qui semblent être un bon compromis. Par hasard j’y croise JS Braun, second français au dernier marathon des sables et l’un des favoris de cet UT4M, finalisant ses emplettes.

 

Soirée :

Le briefing d’avant course démarre : rappel de quelques éléments de sécurité, d’éco-responsabilité et surpantalon imperméable non obligatoire (ça tombe bien je n’en voulais pas) mais dans l’ensemble rien de neuf, la messe est dite.

C’est l’heure de prendre possession de la chambre d’hôtel (à 5-10min du départ) mais aussi de quitter Sandrine et les enfants qui retournent sur l’Alpe d’Huez. Gros bisous et RDV pris pour le lendemain sur le ravito de Vif (42e kms).

Au programme ce soir :

1)      Pasta party : elle se déroule à la halle Clemenceau sur le parc. Le lieu n’inspire pas la convivialité (tables séparés par des cloisons) mais les bénévoles sont au top. Pas de grande gastronomie : raviolis, soupe et melon mais elle aura été l’occasion comme souvent de bavardage et belles rencontres. Ainsi j’ai eu la surprise de partager avec Jeff un Francilien de Créteil qui se lance sur son premier gros trail. Il n’a pas choisi la facilité mais son état d’esprit m’inspire un profond respect et je le vois bien aller au bout malgré ses près de 50 min au 10kms. Mais en ultra les cartes sont redistribuées et la volonté prévaut sur les qualités athlétiques pures.

2)      Atelier découpage plastification à partir de scans agrandis du profil du circuit de manière à avoir une visu détaillée sur le profil, les ravitos sur un bout de papier étanche et accessible (zip avant du sac)

3)      Manucure pour tenter de limiter les chutes d’ongles après la course

Et ….Dodo.

 

Vendredi 22 août 2014 

Petit-déjeuner :

Réveil à 6H20, une véritable grasse mat pour un départ prévu à 8 H !

Un saut dans la douche et un ptit dej non commun : gâteau sport, café au lait (suis encore accro à cette cochonnerie mais c’est de la faute du boulot), taboulé, œufs durs et Badoit pour l’hydratation + 500ml de boisson énergétique avant la course. Le but étant quand même que ce soit digeste et produisant le moins de déchets possible. L’estomac est chargé mais le plein n’a pas forcement été fait à la scandinave les jours précédents (un régime dissocié qui doit induire un surcroit de stockage de glycogène musculaire) et de toute façon ce n’est pas un sprint.

Dernier instant vaisselle et dépôt d’un sac à l’accueil de l’hôtel au cas où je n’en ai pas à disposition à l’arrivée de la course. Quelques échanges avec les hôtesses et hop c’est l’heure.

 

Sur la ligne de départ :

Parc mistral, il est 7H40 et on sent bien l’effervescence chez les coureurs, la tête ailleurs et le stress qui monte. Le pipi de la peur en attire un bon nombre dans la zone dédiée et ah qui voilà : Lucas Papi qui semble un peu pressé ce qui n’empêche pas de se souhaiter beaucoup de plaisir.

L’entrée dans le SAS de départ se fait facilement, le scan de la puce est fluide et je décide de me positionner à quelques mètres de la ligne de départ.

Petite interview du second de l’édition 2013 qui dans ses conseils dit que la course ne démarrera vraiment qu’à partir du 3ème massif : Belledonne c’est-à-dire après la 1ère base vie. Ses paroles resteront vaines comme on le verra.

Mise dans l’ambiance pour l’animateur et la ola des quelques spectateurs matinaux.

 

 

Pang ! C’est parti pour 167 kms.

 

Premier massif - Vercors : 45kms et 2500m de D+

On commence par 4,6 kms de bitume pour rejoindre le Vercors (ouest de Grenoble). La circulation a été interrompue et les agents de polices, pompiers et passants nous applaudissent.

Le rythme est déjà soutenu devant, vers 4 min/km, le peloton s’étire mais on reste assez groupé.

Puis viennent les premières hostilités 9km et 930 m de d+, sur du chemin assez roulant tout de même malgré les pluies de ces dernières semaines, avant d’attaquer le fameux tremplin : tout en escalier. Montée sèche sous une chaleur déjà présente. Je ne souhaite surtout pas me griller en rattrapant les 1ers et laisse passer quelques coureurs.

Premier ravitaillement (km 13,3) :   la digestion est terminée mais un bidon est encore à moitié plein. Je voulais prendre un verre de coca mais suis un peu surpris de ne pas voir de gobelet pour prendre coca ou eau. Normal cependant pour éviter de générer un surcroit de déchets. Mon gobelet pliable est au fond du sac et je ne compte pas l’utiliser.

Petit cafouillage : je ne sais pas où se trouve l’eau plate (elle provient en fait d’un tuyau à débit faible situé en fin de zone de ravitaillement. On n’est pas à 2min mais calcul fait ça pourrait générer 1/2heure à la fin. Je suis 8ème mais la tête de course est déjà à 14 min.

Le plein est fait pour environ 8 kms et 900m de d+ supplémentaire. La grimpette continue avec une alternance de monotrace – chemin. Pas de difficulté technique pour le moment et premier aller-retour à réaliser jusqu’au sommet de la Moucherotte (point culminant de cette première partie à 1880m) qui me permet de mesurer quelques écarts. Ahh voilà Jean Seb Braun (le gars croisé dans le magasin TDR de Grenoble) à qui je demande si ses PB de gastro sont circonscrits et lui souhaite une bonne course. Il a 12 min d’avance sur moi. L’arrivée au sommet est contrôlée et nécessite de toucher la table d’orientation. Pour les coureurs trop pressés ça aura au moins permis de leur faire profiter de la vue sympa.

Hop on redescend. Je tombe sur un gars du val d’Oise tout équipé en Hoka qui connait bien Aurélien (Collet le Francilien du Team et Sylvain Perrin). On échange un peu mais malheureusement la descente dans la caillasse le fait chuter plusieurs fois. Il s’arrête sur le côté. Je lui demande si tout va bien et lui souhaite bon courage pour la suite.

La descente continue et on croise le peloton qui monte à la Moucherotte. C’est à cette occasion que je revois Jeff, le gars de la Pasta Party. Une bonne poignée de main bien sincère comme je les aime et on se souhaite une excellente suite.

Après la caillasse, retrouvaille avec les monotraces plus souples qui me permettent de retrouver une relative bonne vitesse de marche.

Retour au ravitaillement pour faire le plein. Toujours quelques morceaux de bananes pour tapisser l’intestin et une excellente absorption. Un bidon coca-eau, l’autre (encore quasi plein), complété à l’eau seule.

Je poursuis ma remontée en toute aisance. Déjà 3h de course passées et toujours pas de fringale. Chouette, c’est que le rythme est raisonnable.

Par contre un premier couac vient gripper la machine. Je me foule bien le pied gauche déjà atteint 10-12 jours avant la course à l’occasion d’un mauvais footing en soirée, sur de la fatigue accumulée.

Grrrr, à peine 25-30 kms parcourus et la poisse qui guette. Et pourtant la zone est agréable, vallonnée, en sous-bois et sans trop de piège. Vite je me demande quoi faire car déjà pas excellent en descente ce souci va m’obliger à freiner et à verrouiller davantage la cheville au détriment des quadriceps qui risquent de faire véritablement souffrir.

Sandrine et les enfants devraient être à Vif (environ 44 kms suite à la rallonge sur le Vercors due aux travaux forestiers) et je décide de poursuivre pour voir.

On sort du sous-bois et on retrouve la civilisation sur un secteur goudronné. On nous annonce 3kms avant le ravitaillement de Vars. Malgré une petite foulée je reviens sur un concurrent du circuit solo, (dossard jaune contre dossard rouge pour les relais). A ce ravitaillement on nous annonce km 38 et environ 16 min sur le premier solo (pour 4h11 de course). Toujours quelques morceaux de bananes et des mélanges soupe –eau (pour la refroidir) et coca eau dans le second bidon. J’aurais peut-être dû commencer à prendre qlq chose de plus consistant car pour l’instant je n’ai pas encore consommé énormément.

Je pars à 300m après David Hennequin qui dans la première partie du circuit me semblait très bien grimper mais commence peut-être à souffrir. J’en profite pour le rattraper et on fera la course ensemble jusqu’à Vif (km 46) . Là grand plaisir à retrouver ma petite famille qui me propose des bidons de boisson énergétiques. Belles embrassades. Malgré une douleur persistante à la cheville je décide de poursuivre et donne RDV à Laffrey 12 kms plus loin.

 

Deuxième massif - Taillefer : 43kms et 2700m de D+

Tronçon bien difficile car il faudra passer le col de la Chal (860 m de d+) à une moyenne de 20% avec de la chaleur et des moucherons persistants. Après une portion de bitume, retour à un sentier forestier tantôt monotrace puis plus large. Certes gras mais l’adhérence est bonne. David H me lâche dès la première difficulté à la faveur d’un énorme coup de mou qui m’aura fait arrêté à plusieurs reprises. Bien que je sois plutôt bien hydraté (plusieurs pauses techniques) je n’ai pas été assez loin dans la prise de glucides et de rations plaisirs salés. Quoiqu’il en soit je titube et suis à 2 doigts de jeter l’éponge tant je suis mal. J’appelle Sandrine pour lui faire part de cette décision mais en me réalimentant immédiatement : barre chocolat, compote et gel. J’ai sans doute lâché pas mal de temps mais une fois mieux je me raccroche à l’idée de poursuivre et de ne pas donner une image de défaitiste aux enfants qui en attendent plus de papa. Alors une fois à Laffrey, je décide de poursuivre. Pas dans de bonnes conditions certes mais la présence de relayeurs pas non plus très frais me donne une base de travail. Vu le coup de mou précédent, j’ai rechargé un 3ème bidon en boisson énergétique qui restera malheureusement dans le sac jusqu’à mi-parcours. Jusqu’à présent pas de boisson énergétique sur les ravitos mais depuis peu des gels punch power assez fluides et plutôt simple d’usage qui seront utiles pour prévenir les prochaines fringales.

Départ le long d’un des nombreux lacs que nous aurons le plaisirs de croiser. Je décide d’emboiter le pas au relayeur et aborde la discussion. Il ne semble pas avoir beaucoup de répondant. Faute sans doute à la fatigue. Pas grave il y en aura d’autre. Le lecteur MP3 prend le relais avec de la Trance.

Au pointage suivant j’aurai le plaisir d’être accompagné sur 200m de prairies par mes 2 grands. Nous somme reçus dans une salle où les bénévoles sont toujours aux ptits soins.

Déjà bien entamé je me fixe comme objectif d’arriver avant 20h à la première base vie afin que je puisse revoir Sandrine et les enfants avant la nuit et qu’ils puissent reprendre la route vers l’Alpes d’Huez sereinement. Avant cela une ultime (petite) ascension, qui s’effectue non loin de la route doit nous mener vers le lac de Poursollet , dernier ravitaillement sur un site de moyenne montagne en sous-bois avec une série de monotraces très agréables.

J’espérais vraiment croiser les enfants mais il faudra patienter.

Enfin au lac et quelques moments très agréables. Des bénévoles nous ont concocté des parts de brownies et de cakes salés. Un vrai plaisir après quelques heures de sucrette. Ils méritent tous un gros bisou ! Sandrine me confirme qu’elle sera bien à Riouperoux à 11,5 kms de là. Les enfants vont bien et semble s’être bien amusé en marge du suivi. Ça fait plaisir.

Je suis bien dans les temps et toujours dans les pattes d’un relayeur mais ce dernier semble accuser le coup dans le petit raidillon qui suit. Je marche toujours et encore et ne vais pas tarder à passer au point de contrôle du chalet précédent la première descente test de 1330m en 4,5 kms.

J’en profite pour demander aux G.O. s’il y aura bien la possibilité de strapper la cheville toujours à l’agonie à la base vie.

Comme prévu, la descente en sous-bois est bien pentue et quelques points rocheux dangereux. Quelques relayeurs sympas me passent à bonne vitesse. J’évite tout excès de zèle en ralentissant pas mal et en laissant passer les plus valeureux. Tant pis pour les quadri qui me le feront sans doute regretter plus tard. C’est dans ces moments qu’on regrette de ne pas avoir fait ce qu’il fallait pour se préparer à la montagne : un minimum de 25 bosses, le GR20 Corse comme en 2011 et quelques séjours dans les Alpes ou les Pyrénées. M’enfin il est trop tard pour se lamenter. La course est belle et vaut cette peine.

De très nombreuses minutes de perdues mais la base vie est en vue. Sandrine m’explique que les plus petits sont restés dans la voiture (effondrés de fatigue) et que Willy et Alexis m’attendent non loin de là. Malheureusement ils ne pourront pas m’accompagner dans la zone vie : dommage.

Pas mal de relayeurs attendent leurs collègues pour s’élancer et le public applaudit au départ du canadien Jason Loutitt, champion du monde de trail 2011, qui sera contraint à l’abandon un peu plus tard. La base vie est composée d’une zone de ravitaillement classique avec soupes, des encas salés et sucrés et boissons, d’une salle de repos dans la semi obscurité (j’ai cru y apercevoir un gars allongé sur un lit picot) et d’une salle où on peut retrouver son sac(en cherchant un peu avec un peu de lucidité). Je m’y installe pour récupérer et mettre la frontale (il est déjà 20h et le ciel est couvert) qui fera la nuit, quelques piles, gels et compotes. On m’équipe d’une balise GPS (qui permettra à Sandrine de me suivre sur internet et de me localiser pendant la nuit).

Je ne m’attarde pas sur les affaires de rechange car même si ça ne sent pas la rose, je suis relativement sec. Avant le départ j’échange un peu avec mon grand (Willy) qui me donne un écart d’environ 1h avec le second. Curieux je m’attendais à bien plus. Je leur souhaite une excellente soirée en lui demandant au passage de bien chapeauter Maman car entre la voiture et le repas du soir, il y a toute l’intendance des petits encore tout excités par les vacances.

 

Troisième massif - Belledonne :40 kms et 2300m de D+

Démarrage vers 20h08 d’un beau morceau (1100m en 3,6 kms) de sous-bois à l’opposé de la descente vers la base vie. Les bâtons aident bien mais la marche est lente et peu efficace.

J’attends 21h10 pour allumer la frontale (c’est tj ça de pris pour la batterie). Du coup quelques bénévoles tj aussi sympathiques, bien emmitouflés dans leur sac de couchage au bord d’une falaise sont un peu surpris de mon arrivée. Pas de souci mais le sommet n’est pas encore atteint. Il me faudra 1H36 !!! Pfff et re pfff. Pause pipi et qui voilà un relayeur.

La croix de Chamrousse n’est pas encore en vue mais le coin est joli, des monotraces sur un mélange de rochers dans une zone encore arborée.

Bien que nuit, le point est pourtant bien éclairé par un immense projecteur qui se fait désirer tant la dernière partie, minérale et pentue est rude à gravir.

A Chamrousse, je prends le temps de m’assoir et à prendre plaisir à me faire dorloter par des G.O. toujours au service. On pourrait croire qu’ils se faisaient un concours du qui saura faire plus dans la bonne humeur pour ces pauvres forçats des montagnes ? Tj et encore un grand merci à eux.

Charles Sroczynski qui vient de me reprendre près d’1/2h depuis Riouperoux se fait masser. Il part dans ma foulée et me mettra plus d’1h à l’arrivée. Une bonne descente dans la piste de ski mais pas très technique puis une belle série de cours d’eau à franchir et des rochers (on se croirait presque sur le 25 bosses). L’obscurité est propice à la vue des frontales pour repérer les poursuivants ou les concurrents à reprendre. Arrivé au refuge du Pra (104 kms), je le contourne du mauvais côté, me gaufre et reste coincé dans une clôture avec mon sac à dos. Petit sourire de circonstance mais la fatigue est là.

Les GO me propose un peu d’eau que je décline pensant à tort que je n’ai que de la descente jusqu’à Freydières.

Si le départ est plutôt agréable, herbeux et roulant, un nouveau (petit) mur de 300m nous attend. C’est là que je retrouve David Hennequin (qui m’avait lâché vers le km 55) et qui n’est pas au mieux. Je l’encourage et lui souhaite une bonne suite. Enfin en haut, les GO me fournissent un petit verre de coca (très sympa de leur part les sachant également à court). Ils m’annoncent que la descente est légèrement technique. Ça s’est bien vérifié et jusqu’à la base vie suivante 22 kms et 2100m de d- comment dire j’ai beaucoup cogité et la musique a été un bon passe-temps.

3 kilomètres avant la base vie de Saint Nazaire (km 127) je me suis pris à recourir dans une zone de transit très roulante, alternance de champs et de bois et à repasser 2 relayeurs qui m’avaient pris dans la descente de Freydières. D’ailleurs leurs coéquipiers pas avares de compliments (le trail c’est magique) s’échauffaient à l’extérieur. Dans la zone vie une bonne douzaine de GO prêts à nous accueillir. C’est vrai que les coureurs ne se pressent pas encore. On me propose gentiment soupe, thé…

J’en profite pour échanger et notamment (je l’apprendrai bien plus tard en cherchant un peu sur le net) avec Véronique Billat, éminente physiologiste au génopôle d’Evry et vainqueur de la Sierre Zinal en 1982 qui me conseille vivement de consommer du fromage pour faire le plein de minéraux. Souci et tare majeure : je ne mange pas de fromage ! Par ailleurs, sous le coup de la fatigue je n’ai pas pris la mesure du sujet. J’aurai vraiment été ravi de l’entendre parler physiologie.

Quelques recharges (eau, coca) et changement de batterie de la NAO (qui ne semblait pourtant pas défaillir) pour les 2h de nuit restantes.

 

Samedi 23 août 2014

Quatrième massif – Chartreuse :40 kms et 2400m de D+

Avant de partir et à ma grande surprise, mon sac est contrôlé par un GO qui s’excuse presque de l’exercice qui est pourtant rapide et efficace. Tout est Ok et presque 21h de course. A l’entame du 4ème et dernier massif (la Chartreuse), je pense résolument à terminer cet UT4M. L’objectif de 30 heures semble accessible avec une bonne gestion de l’alimentation et des descentes : un beau 1050m de D- après le point haut de ce circuit (Chamechaude à 2020m).

La première partie est plutôt roulante sur une zone de transit composée de bitume (peu), de champs et de sentiers forestiers sur quelques kms avant d’attaquer les 1300m de d+. Si j’avais porté la veste imper coupe-vent une partie de la nuit j’ai eu un petit coup de chaud et je décide de la remettre dans le sac. La grimpette sera, à nouveau, longue et laborieuse et les écarts ont fini par exploser. La faute au terrain mais aussi, et c’est assez surprenant, une fatigue importante réduisant à la portion congrue la combativité. J’ai encore du mal aujourd’hui à me résoudre aux 3H et quelques qui m’ont été nécessaire à joindre le refuge de Habert de Chamechaude (environ 11km).

Le brouillard est tombé et le froid s’est mis de la partie et il a fallu sortir bonnet et veste. Je me suis mis à culpabiliser en me demandant si Jean Philippe, un bon pote et bon traileur grâce à qui je fais ce type de course, et Sandrine ont pris la peine de dormir cette nuit. Avec la balise GPS dont les GO m’ont dotée dès la première base vie, ils vont pouvoir constater les dégâts.

Mais trêve de rêveries, le fameux panneau 3 kilomètres avant le ravitaillement est passé et le premier sommet semble atteint. Mais voilà quelques relayeurs sont passés et le chalet se fait attendre. Mais une excellente ola est organisée par les GO sur place. C’est plaisant et vivifiant. Je m’attarde à l’extérieur quelques minutes avant de céder à leur invitation à prendre quelques chose de chaud à l’intérieur, où le pointage se fait également. La nuit a semble-t-il été bonne. Un reste de feu se consume encore dans la cheminée et la chaleur qui s’y dégage contraste un peu avec l’extérieur. Un bon thé, quelques échanges sur le trail du bout du monde avec entre autres le sosie d’Erik Clavery et déjà il faut reprendre le chemin. Une dernière difficulté de 470m de d+ m’attend. Avant cela nous contournons le sommet sur un monotrace sympa en sous-bois sans grande difficulté. Un contrôleur nous attend au pied de la difficulté en précisant qu’il faudra faire un aller-retour. Montée de 400m de d+ assez pentue. Le sentier est bien balisé et des banderoles invitent les marcheurs à préserver le site de l’érosion engendrée par la prise de raccourcies J’y croise Jean Séebastien Braun (qui sera finalement à 1H pointage pris à la descente) et Daniel Hernando Calleja à 40-45 min.

En haut à 2020m (super la suunto est bien réglée), 3 GO en tenue militaire nous pointent. Echanges chaleureux mais à nouveau victime d’un coup de moins bien, je décide de m’assoir 2 minutes.

La redescente sera à nouveau casse pattes (ahh si jean Phi était là il aurait été dans son élément !). Mais le réveil (partiel) aura été initié par la présence de 3 à 4 coureurs (entre 20min et 30 min de moi) montant vers le sommet (dont Lucas Papi qui aura fait une remontée spectaculaire du classement en reprenant 1h30 depuis la 1ère base vie : superbe gestion).

Le Top 10 ne sera pas évident à préserver. Sans m’affoler, j’attends des portions moins scabreuses (du chemin avec cailloux à 15-20%) pour me remettre à courir. Les Hokas semblent grincer. Je me demande s’il ne s’agirait pas de problème sur les crampons. En effet en début de course un gars m’a fait état de la fragilité de ce nouveau modèle. Mais finalement il ne s’agissait là que d’humidité dans la chaussure initié par quelques franchissements de cours d’eau.

7 kms à parcourir avant le Sappey (150ème km). Je reste concentré pour gérer au mieux la fin de course.

L’arrivée au Sappey me semble longue car indirecte. On contourne le village en remontant pour reprendre un sentier en descente mais on y arrive. Les écarts approximatifs pris (environ ¾ heure avec les poursuivants) montrent que les dés sont jetés.

Dernière pause et rechargements de liquide avant d’attaquer la dernière difficulté : la montée vers le fort Saint Eynard (340m de D+). Une marche plus efficace (que la nuit dernière) en montée et les ruines du fort, un vague souvenir de ma classe prépa, font leur apparition. La descente est à nouveau négociée en douceur car les quadriceps et la cheville sont douloureux. Par ailleurs, je dois laisser passer quelques vététistes qui profitent du site pour se faire une belle descente.

Dernier checkpoint à 8 kms de la fin. Pas besoin de recharger (c’était prévu), je repars de suite après le pointage. Dernière butte (110 m de D+) et arrivée à la Bastille où l’émotion commence à me submerger. Je décroche quelques larmes avant l’heure mais déjà je sens que la place est acquise. Même s’il devait y avoir un retour, la forme est au rendez-vous et une accélération est envisageable.

Dans la descente je suis surpris de revenir sur Jean Sebastien Braun qui semble avoir eu un gros coup de mou (1h de perdue sur le dernier tronçon !!).

Sa coach que je reconnais maintenant (Véronique Billat vue le matin même à la 2ème base vie) l’accompagne gentiment avec une bonne foulée. Je lui propose de finir ensemble. Mais pour nous assurer de préserver ces places il ne faut pas trop relâcher et les 3 kms au bord de l’Isère sembleront plus longs que raisonnables.

 

Sur la ligne d’arrivée :

Ça y est les enfants sont là à l’entrée du parc Paul Mistral et nous accompagne jusqu’à la ligne d’arrivée. Les bras en l’air nous sommes finishers de l’UT4M 2014.

J’embrasse Sandrine, la femme de ma vie et mes enfants. Le bonheur est total.

Et pour marquer davantage mon collègue de boulot et chef, Emmanuel, est présent pour partager ce bonheur : un véritable ami.

Dans cette bulle de bonheur je n’ai pas pris le temps d’échanger davantage avec JS Braun que je remercie également.

Belle surprise également, la gérante de la boutique TDR de Grenoble est également là pour nous féliciter.

 

Après course :

Une douche vivifiante bien méritée et un premier bilan délivrée par ma Suunto : 10300m de D+ et près de 12 000 kcal dépensés. Les promesses de d’ultra difficile ont été tenues.

Je retrouve, non sans quelques bonnes courbatures, les enfants pour leur course car eux aussi avaient droit à leur épreuve « Graines de traileurs » dans le parc Paul Mistral. Un vrai plaisir de les voir courir et de partager avec eux le plaisir de franchir la ligne d’arrivée. L’après-midi s’est poursuivie autour d’une glace avec Emmanuel et sa famille dans le centre historique de Grenoble.

 

J+1 :

Il a fallu se résoudre à quitter nos appartements sur l’Alpe d’Huez. Devant passer la semaine suivante dans le Massif Central, nous avons souhaité participer aux festivités de fin.

L’ambiance allait de pair avec celle qui régnait sur le parcours. Les gens étaient heureux et tous les bénévoles souriants pouvaient être fiers et remerciés pour leur implication. Sans eux nous ne pourrions pas être là.

Les derniers finishers (53h de course) ont été accueillis et acclamés à juste titre par tous les traileurs et bénévoles présents lors de la remise des prix et en guise de récompense un des sponsors leur offre une paire de bâton. Excellent !

Le buffet, offert par la ville de Grenoble allait également être une bonne surprise. On a pu profiter une dernière fois en famille du parc mistral.

Cette nouvelle expérience ne demande qu’à être partagée et renouvelée.

A l’année prochaine…

6 commentaires

Commentaire de Bacchus posté le 01-09-2014 à 00:07:52

Bon, là c'est tellement long, je vais prévoir la semaine
Mais je te promet je lirais ton CR et je ferais mon commentaire -;) faut juste me laisser le temps

Commentaire de Bacchus posté le 01-09-2014 à 15:09:04

Bravo pour ta gestion de course parfaite.
Magnifique compte-rendu !! en fait je l'ai trouvé très long au premier survol, mais tu as posté deux fois le même texte -;)) finalement il n'est pas si long que ça...
Encore bravo pour ta perf remarquable.

Commentaire de swade77 posté le 02-09-2014 à 13:35:47

Merci Bacchus. Cependant le gestion de course n'a pas forcement été la plus optimale tout à plus celle des aléas. Mais le contexte s'y prête bien et l'état d'esprit de tous (coureurs et benevles) est des meilleurs.
A très bientôt.

Commentaire de reynaldbavay posté le 04-09-2014 à 14:36:56

beau récit, belle maîtrise de la course et bel état d'esprit également.

Commentaire de PaL94 posté le 08-09-2014 à 14:56:46

Encore bravo Bacchus !

Commentaire de PaL94 posté le 08-09-2014 à 14:58:23

Bravo Swade !

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