Récit de la course : Trail de Jouques - 14 km 2011, par Bruno CATANIA

L'auteur : Bruno CATANIA

La course : Trail de Jouques - 14 km

Date : 16/10/2011

Lieu : Jouques (Bouches-du-Rhône)

Affichage : 2125 vues

Distance : 14km

Objectif : Pas d'objectif

14 commentaires

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PARCE QUE DES FOIS ON TERMINE FRUSTRE

Salut les Amis,

 

Vous me direz qu’un fondu de la route comme moi, élevé au bitume et nourri au sein du macadam, quelqu’un qui ne jure par des temps moyens au kilomètre et dont les parcours d’entrainements ne le conduisent qu’aux détours d’une grande ville, n’a rien à faire sur les parcours pentus, les chemins monotrace, les descentes casse g…(euh techniques ).

ET VOUS AURIEZ CENT, MILLE, UN MILLION DE FOIS RAISONS.

Oui mais la course à pieds est une grande famille, qui va du cross court à l’ultra trail. Et que donc quand on aime, il faut gouter à tout. C’est pourquoi, je m’étais mis au défi de « me faire un trail ».

Un peu pour ne pas mourir idiot, un peu par gout du challenge [car comme chacun le sait « les traileurs ne sont pas des coureurs ;) ] j’avais commencé à réfléchir à gouter au côté obscur, quelques runs  d’entrainement sur les parcours de la 6000D ont achevé de me convaincre. Il était temps se pencher sur la question.

Certes s’entrainer au trail quand on habite dans l’hyper centre de Marseille ce n’est pas vraiment  simple, coté D+ certes quelques belles montées : vers ND de la Garde, le Boulevard Périer. Une autre solution aurait été de prendre mon véhicule pour gagner les parcours de Luminy ou du massif de la Sainte Baume. Mais courir est un espace de liberté, prendre ses runnings par pure envie, partir de chez soi au gré de ses caprices et aller  là où nous mènent nos pas et utiliser une voiture va à l’encontre de l’idéal que je m’en fait.

C’est évidemment peu entrainé pour la discipline et pour le moins peu familiarisé avec les parcours casse g….(euh techniques ) que je me décidais de m’aligner sur le 28 km (et 1000 m D+) du trail de Jouques (ben oui parce que en plus j’aime pas les débuts faciles), puis « raisonnablement » sur le format inférieur 14 km (et 400 D+).

Donc dimanche plein d’allant et gonflé à bloc par une forme renaissante après mon début d’année difficile (doux euphémisme ) que je pris le chemin de ce petit village de l’arrière-pays aixois, niché sous les premiers contreforts du Lubéron, entre Plaine de la Durance et Pays varois.

Retrouver les potes kikoureurs est toujours un vrai plaisir , certes la tribu est un dispersée sur les différents étapes de la course et sur les épreuves de la région. Il n’empêche je retrouve Yannick (Rudyan) et Kkris (Christophe) et nous devisons gaiement en écoutant le briefing de départ.

Tiens voilà une pratique nouvelle pour moi « Le Briefing », pourquoi il faut aussi nous expliquer comment courir (parce que courir moi je sais, c’est mettre un pied devant l’autre, se propulser le plus loin possible avec sa jambe d’appui et recommencer le plus vite possible ) , ah non on vous nous expliquez où courir , là aussi moi je sais «c’est sur la route » (mais t’es bête Bruno le propre d’un trail c’est que des routes…. ya en pas ). Le parcours est balisé (avec des trucs de chantiers ). Il faut pas couper la trace (l’érosion machin tout ça ), si on se fait mal les suivants doivent vous signaler au bénévole le plus proche (des fois que les coureurs aient envie de laisser le blessé agonisé ).

Bon trêve de plaisanterie, le parcours fait 14km au lieu de 13.5km annoncé (ah zut moi qui avais optimisé mon entrainement pour la distance ) et 400m de D+. Soyons clair, le D+ ne m’a jamais fait peur bien au contraire, le problème en ce qui me concerne c’est les descentes. Sur le bitume, je ne suis pas un descendeur extraordinaire, mais sur les parcours accidentés c’est moyen moyen . Bref, je compte surtout sur les montées pour faire un temps et limiter la casse dans les descentes.

Ce qu’il y a de sympa, c’est le petit nombre de participants, à peine plus de 200 et visiblement pas mal d’habitué, beaucoup de tee-shirts de club, des camels backs, des ceintures portes bidons (moi aussi j’en ai une ça fait très traileur )….

Donc c’est à l’ombre des platanes de la place du Village que le départ est donné, pas de corne de brumes, pas de coup de pistolet, c’est un coup de sifflet qui va le matérialiser. Fidèle à ses habitudes de départ prudent Kkris nous gratifie d’un sprint pour gagner les premières places, inutile de m’accrocher je ne le reverrais pas.  Rudyan et moi, enfin surtout Rudyan sommes moins enthousiastes dans l’effort (enfin en ce qui me concerne plus prudent).

Km 1

Le parcours reste bitumé, m’aurait-on menti ? ah non finalement cela laisse la place au bout de 500m à un chemin de terre battu et au détour de virage à gauche sur une belle montée bien caillouteuse.

Ca y est je double, je double, sur les traces de Yannick que je finis par rejoindre et doubler. La ou ça devient difficile c’est que certains portions sont très étroites où il est difficile de dépasser.

 

Km 2 :

Ça monte toujours, «pourvou que ça doure » me dis-je en mon for intérieur, et je double et je double, Yannick m’a rattrapé, me dépasse et je me cale à quelques mètres de lui (après tout c’est moi le newbie ), franchement c’est vraiment roulant, chemin de terre bien stabilisé, petite montée coup de cul, les descentes régulières et pas trop pentu, que du bonheur. Un petit coup d’œil au GARMIN, mais rapide, ce serait trop bête de se taper un poteau-voir le marathon de Marseille comme ça tout seul au milieu de la campagne, me donne une allure moyenne de 12 km/h.

 

Km 3 :

La descente est régulière, bien rectiligne, au milieu d’une pinède, il fait beau, le parcours est super sympa. Mais restons prudent,  le D+ y doit bien être quelque  part, et forcément tout se monte finit par se redescendre

Km 4 :

Au détour d’un coin de garrigue et en rentrant dans une pinède, je lève la tête, superbe vue sur la vallée de la Durance, on voit jusqu’aux Alpes . De quoi regretter de ne pas avoir pris mon appareil photo, je m’arrête quelques instants pour profiter du panorama, après tout le trail c’est aussi ça non ? Le temps de me ré-immerger dans la course, « Attention » me prévient une bénévole « la descente est un peu raide ». UN PEU RAIDE ? Non mais c’est une plaisanterie , elle est où la corde de rappel, désolé mais j’ai laissé mon baudrier dans la voiture . Un truc  comme ça, je le fais en rando avec des bâtons et doucement, surement pas en courant. Mais je crois que je n’ai pas le choix faut plonger, t’as payé pour ça. Mais c’est vraiment casse gueule (ah oui ILS appellent ça techniques), je ne sais pas trop comment m’y prendre, à regardant les autres qui me doublent deux options s’offrent à moi se laisser emporter par son poids et gérer les appuis ou multiplier les appuis brefs et réactifs Enfin maintenant me faire doubler en descente et s’écarter pour laisser passer je saurai ce que cela signifie.

Ça reste vraiment très casse gueule, avec des passages très abrupts et étroits (dire qu’il y a en qui aime ça), on peut tout sauf courir la dedans.

Km 5 :

Youpi c’est fini, je relance dans la montée, un beau passage bien pentu à flanc de pinède. Mais quand même, ils sont beaux les traileurs, avec leurs passages techniques, dès que ça remonte hop, on se met à marcher, en plus ça bouchonne. « Ça » pousse dans les descentes et «ça » oublie de s’écarter dans les montées, je profite pour prendre une petite revanche et rattrape tout ce beau monde qui m’avait enrhumé dans la descente. Que l’on se méprenne pas, aucune animosité dans mes propos, mais le reflet d’une énorme frustration de ne pas pouvoir « envoyer » comme j’aime le faire dans les courses sur route.

Km 6 :

On poursuit dans une pinède, que la campagne est belle, la lumière, la douceur des verts se mélange à l’ocre des terres, tiens pour un peu je me sentirais l’âme poète. Le parcours s’est aplati cela me permet de retrouver un peu de vitesse, même si le « revêtement » ne permet pas des appuis francs.

 

Km 7 :

« Faites attention, descente dangereuse » m’annonce un bénévole. Si la fois précédente elle était un « peu raide » c’était déjà dur pour moi alors si elle est « dangereuse », qu’est-ce que cela va être ?

Ben en réalité, un vrai cauchemar, obligé de marcher pour négocier les passages les plus raides, n’empêche visiblement je cours toujours à 10 km/h certes mais je cours. Bon allez un dernier moment difficile, après ça remonte et c’est plat.

Km 8 :

Montée sévère, tout le monde marche. Tout le monde, hé, hé , sauf moi, je rattrape les morts comme on dit sur les pistes (d’athlétisme), la voilà ma revanche sur les parties techniques.

 

 

Km 9 :

Le ravito annoncé pour le 7° kilo est là, petit arrêt bienvenu, car avec l’alternance, grosse montée, belle descente pour le tout ramassé sur quelques kilomètres, mes quadriceps commencent à crier « miaou ». N’empêche je relance un peu histoire de grappiller quelques places.

 

Km 10,11,12,13, 13.5

Le parcours alterne passage sur chemins semi-goudronnés, sentier et DFCI, je peux reprendre une allure plus conforme à mes récentes sorties. Mais ça reste difficile, je suis pas mal émoussé, j’arrive quand même à accélérer avec un kilo en 4’30. Il reste un peu de moins de 1 kilo, allez ce sera fini.

 

Km 13.5

La galère de chez galère, un passage à flanc de colline, le passage d’une barre rocheuse, des changements de pentes, des devers, mais où on peut courir dans un truc pareil. J’en ai plein les runnings, gérer mes appuis, faire attention à mes chevilles (que j’ai tordu au moins quatre ou cinq fois sans compter les fesses par terre) fragilisées depuis l’apénovrosite plantaire, ça devient fatiguant nerveusement (et dire que il y en a qui font ça pendant 100,200,300 km- des kikous calus comme dit ma fille).

200 derniers mètres.

On a retrouvé le bitume, au milieu du village. En passant par un petit jardin privatif entre deux murs, un peu à la dérobé. J’envoie tout ce qui me reste, ça y est c’est fini. Je termine étonnement frais, preuve que je n’ai pas vraiment envoyé, JE SUIS FRRRUSSSSTTTTREEE, moi qui termine comme un fou en me vidant les tripes, je n’ai rien pu me faire. J’ai subi le parcours, trop subi, trop de lacune, trop d’appréhension dans les descentes. Pourtant mes temps en montée me laissent entrevoir des courses plus heureuses.

Ah oui j'ai un peu honte 1h25 pour 14 km (une moyenne de 9.7 km/h) je sais ça fait un peu "je me la pête" mais j'ai ma petite fierté...

Remarquer, c’est un peu comme l’arrivée d’un marathon « QUAND EST-CE QU’ON REMETS CA » (comme dirait le schtroumpf grognon –« moi j’aime pas subir »).

Prochaine étape : « la Course des Iles du Frioul »

 

 

 

 

 

 

 

 

14 commentaires

Commentaire de KikourOtreize posté le 17-10-2011 à 22:59:06

Bravo Bruno, après Algernon les barres rocheuses pas évident. Bonne récup.

PS: Les Iles du Frioul, rien à voir plus course nature, mais belle course tout de même.

Commentaire de Marion_35 posté le 17-10-2011 à 23:01:51

Preum's sur le commentaire!! Héhé y a pas de raison!! Bon alors d'abord les descentes TECHNIQUES c'est absolument génial quand on se laisse emporter! Ensuite bravo à toi car passer de la route à ce genre de trucs qui n'a absolument rien à voir c'est loin d'être évident. Merci pour ton super récit et surtout continue le trail!!!
A très bientôt!

Commentaire de Marion_35 posté le 17-10-2011 à 23:02:16

Mince je me suis fait griller pendant que j'écrivais ^^

Commentaire de patmar13 posté le 17-10-2011 à 23:02:24

Bravo Bruno! Pour une première, ce n'était pas simple du tout et toi qui adore les descentes ''techniques'' tu sembles avoir été servi au delà de tes espérances...;)
Blague mis à part, chapeau!! Malgré les difficultés décrites et mon entrainement qui est à revoir complètement dans ce type d'épreuve , tu me donnerais presque l'envie d'essayer un Trail court en 2012!! A bientôt

Commentaire de patdours posté le 17-10-2011 à 23:08:00

Salut Foxdiver
merci pour ce récit, un bon et agréable moment de lecture.... et surtout felicitation pour cette première (bienvenue au club....).
En espérant qu'il y en ait plein d'autres et que j'ai le plaisir de t'y rencontrer
Patdours
PS : il t'arrivera parfois de devoir mettre 3 h voire plus pour faire 15 bornes....

Commentaire de Mustang posté le 18-10-2011 à 07:29:21

merci pour ce récit initiatique plein d'humour!!! bonne suite maintenant que tu as mis le pied dans le trail.......... !!!!

Commentaire de lapinouack posté le 18-10-2011 à 07:44:07

héhé bravo Fox ;) la prochaine fois tu prendras ta revanche , bises :-)

Commentaire de montevideo posté le 18-10-2011 à 08:09:49

Brrr moi qui voulais m'essayer au trail tu ne m'as pas rassuré, je vais plutôt rester sur les courses nature :)

Commentaire de chanthy posté le 18-10-2011 à 09:04:48

bravo Bruno et "bienvenu" dans le coté obscur de la force!! :)
récit toujours génial,et ta vitesse moyenne n'est pas si mal que ça.....
.......
.....
pour une première xD
bonne récup' et à bientôt.

Commentaire de Matchbox posté le 18-10-2011 à 10:35:58

Bravo Foxdrive pour cette première qui, j'espère, t'as donné envie de t'investir d'avantage en trail.

Passer de la route au trail, c'est un autre monde, d'autres règles et usages.

Un usage justement, concernant les dépassements sur les singles, veut que c'est celui qui double qui fasse l'effort de s'écarter. Pour éviter tout problème, il suffit de prévenir celui de devant qu'on va le doubler en précisant à droite" ou à gauche.
Si celui qui te précède est bienveillant, il peut te proposer de te laisser passer.

Sur les trails longs, y'a de fortes probabilités que celui de derrière se retrouve devant quelques kilomètres plus loin et inversement, autant se faire de son compagnon de route un ami ;)

Commentaire de RogerRunner13 posté le 18-10-2011 à 11:33:02

Bravo Bruno, un bien beau récit pour un trail initiatique, bon je vois qu'il n'y a pas que moi qui déteste les descentes en trail, faudrait que des montées LOL!!!

Commentaire de Vestale posté le 18-10-2011 à 15:59:17

Excellent! Un récit plein d'humour. J'ai bien rigolé. Merci

Commentaire de kkris posté le 18-10-2011 à 16:01:52

t'as raison Bruno,il faut insister,s'accrocher,et tu verras tu finiras par adorer les descentes!!:)))
merci pour ce récit plein d'humour,et on se revoit peut être au Frioul!

Commentaire de Rudyan posté le 18-10-2011 à 21:34:52

Héhé...sacré Bruno! Je me revois qqs temps auparavant. Mais tu verras, on prend vite de la bouteille et par conséquent du plaisir au file des descentes! Nul doute que je te retrouverais sur d'autres trails ;)
En tout cas content de t'avoir revu...si je bosse pas je serais aussi au Frioul.
Tchô!

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