Récit de la course : La 6000 D 2016, par zen77140

L'auteur : zen77140

La course : La 6000 D

Date : 30/7/2016

Lieu : La Plagne (Savoie)

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Distance : 63km

Matos : Hoka Challenger ATR2
Boisson : St-Yorre & Jus de pomme
Alimentation : quasi rien de la journée (je sais, c'est pas bien !)

Objectif : Terminer

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"6000D, la course des Géants, une première dans la douleur".

« Plus jamais ça ».
Tel aurait dû être le titre du compte-rendu de ma 6000D.
Puis quelques jours sont passés...
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« 30 Juillet 2016 : 6000D, la course des Géants, une première dans la douleur ».
Yes, ça sonne mieux.
« Une première » sous-entend à juste titre qu’il y en aura d’autres, et « dans la douleur », bah ça veut dire ce que ça veut dire !

C’est le 17 Mai, au hasard d’une visite sur ma page Facebook, que j’ai vu passer un nouveau jeu organisé par Magalie, Team Manager de Saint-Yorre Running, cette fois avec un dossard à gagner pour la 6000D, dite « La course des Géants », une belle promenade fin Juillet du côté de La Plagne, en Savoie.
Au programme, 65 kilomètres (3500D+), et un profil un peu particulier, une « bosse » qui fait que l’on débute les hostilités par une montée de quasi 32 kilomètres, avant de redescendre !

L’an dernier, j’avais participé à la 6D Lacs, mon premier trail en montagne, et j’ai souvenir d’en avoir bien bavé.
Un an plus tard, quel beau challenge ce serait que d’aller me frotter à sa grande sœur ! Magalie me proposant finalement gentiment de m’offrir le dossard, les dés étaient jetés.

Et de suite débuta, dans ma tête, la préparation.
« Dans ma tête » car une dizaine de jours auparavant, j’avais bouclé mon premier Ultra, à Sens, un 110 kms et 2600D+, et que celui-ci avait laissé des traces.

Je n’ai en fait repris doucement la course que mi-Juin, toutes les tentatives précédentes s’étant soldées par un échec, la douleur m’empêchant tout simplement d’avancer ! Ce sont des périodes très frustrantes que ces semaines de repos forcé, mais quand il n’y a pas le choix, il faut savoir être très patient ! Et puis il y a d’autres façons pour s’activer que d’aller courir, avec de la PPG par-ci et des séances de piscine par-là.

Bref, mi-Juin, je remets la machine en route et je sais déjà que cela va être compliqué d’être finisher d’une course sur laquelle tous les témoignages convergent : elle est très dure, il faut être prêt !

En guise de (pseudo) préparation, je me serais donc contenté de quelques sorties dans les bois du côté de Nemours, jamais plus de 15 bornes, mais aussi et surtout, d’une acclimatation à la montagne en partant en vacances mi-Juillet sur la station Montchavin / Les Coches, sur les sentiers de la 6000D.

Histoire d’ajouter un peu de piment, je m’étais inscrit avant le départ et sur un coup de tête pour mon premier Kilomètre Vertical, disputé mi-Juillet à Valmorel, et cela avait été la course la plus courte (2.8 kms) et la plus dure de toute ma vie !
Oui oui, la plus dure ! En ressenti immédiat, bien plus dure que mon Ultra de 110 kms !

Autant dire que malgré quelques randonnées avec mon fiston, quelques sorties en solo, du « vrai » dénivelé (+ et -), je n’étais pas forcément très rassuré en ce 30 Juillet à 06h00, à Aime, sur la ligne de départ. J’ai eu la chance de bénéficier des excellents conseils d’Olivier et Cécile, du Team Saint-Yorre Running, tout comme nous en vacances à La Plagne en cette fin Juillet avec leurs minots, Cécile participant comme moi à la 6000D. Je les en remercie une nouvelle fois ici.

Un objectif ? Finir ! Juste finir, aller au bout. Être finisher.
Un objectif inavoué ? Être finisher certes, mais en moins de 12 heures (seuls mon fiston et Olivier étant au courant de ce pari un peu stupide avec moi-même) !

Ma très grande appréhension : l’interminable montée jusqu’au glacier !
Ce n’est pas que je sois un « bon » descendeur, mais je ne suis surtout pas un grimpeur, et cette première partie de course s’annonçait comme un véritable contre la montre pour moi, un contre la montre face à la première barrière horaire située à la redescente du glacier (soit environ 35 kms), et après 7h30’ de course.
Je m’étais presque conditionné par rapport à ça : « Si je passe la première barrière horaire, je serai finisher ! »

Encore me fallait-il pouvoir aller jusque-là !

Après un départ plutôt rapide (pour moi) au regard de ce qui était à venir (les 4 premiers kilomètres en 21‘ !), la première partie de la montée, jusqu’à la piste de bobsleigh, fut tout simplement… horrible. Et quand je dis horrible, je reste très mesuré dans mon propos ! Je préfère ne pas entrer dans les détails des reproches et autres insultes que j’ai pu m’adresser, mais ils furent nombreux, car en plus de deux heures de galère, j’ai eu le temps !
En résumé, ce fut du « Mais qu’est-ce que je fous là ??? ».
En effet, si c’est pour n’avoir aucun plaisir, quel est l’intérêt d’une participation à une épreuve de ce genre ? Savoir ne pas être un bon grimpeur est une chose, s’arrêter tous les 200 mètres pour souffler en est une autre. Bref, pas vraiment au top du top le moral, et un mental défaillant !

A la sortie de la piste de bob, Titouan était là, accompagné d’Olivier et de ses enfants, qui allaient assurer l’assistance sur toute la course de Cécile.
J’étais au bord des larmes. Après seulement 14 kilomètres, et 960D+ ! Je me souviens avoir pensé à mettre fin à cette mascarade, avant de me reprendre, plus en pensant que j’allais passer pour un baltringue auprès de mon entourage qu’à autre chose.

Histoire d’être mal jusqu’au bout, plus rien à boire puisque j’avais décidé d’écouter certains conseils et de m’hydrater de façon très régulière, au contraire de mes mauvaises habitudes ! Le litre avec lequel j’avais pris le départ bu aussi « rapidement », une vraie grande première !
J’avais en tête un semblant de plan de marche que je m’étais fixé qui devait m’amener là en 2h30’ : d’y être en 2h23’ n’aura même pas réussi à me rassurer.

Sans trop traîner, je m’élance (au ralenti) vers Plagne Centre, premier ravitaillement de la journée. Il m’aura fallu un peu plus d’une heure pour gravir les 6 kilomètres (et 500D+) m’en séparant. J’arrive exténué, et je bois comme jamais à un ravito. Je pense à faire le plein des gourdes pour la suite, une nouvelle, redoutable et redoutée grimpette de 730D+ vers la Roche de Mio (et 7 kms). Bien qu’ayant vraiment pris le temps de souffler et de récupérer (un peu), cette nouvelle portion s’annonçait difficile. Il n’y eu pas de surprise, elle le fut ! Une heure et 40 minutes pour cette « étape », on peut parler de réelle baisse de régime !

La descente vers le col de la Chiaupe, deuxième ravito du jour, fut mon premier moment de plaisir de la journée. Il était temps, plus de 5 heures après le départ ! Une belle descente de deux kilomètres avalée en un peu plus de 10’, un court moment qui me rassura sur la suite des opérations : en réalité, je n’étais pas autant fatigué qu’une partie de mon cerveau voulait bien me le laisser penser ! Pour la seconde fois de la journée, retrouvailles avec Titouan, Olivier et ses enfants. Ça fait du bien au moral de voir des têtes connues, c’est un vrai coup de boost, et tous les coureurs qui peuvent bénéficier d’une assistance de ce genre ont vraiment de la chance !

Dans un petit coin de ma tête, je m’étais fixé dans la matinée, en plein délire, l'objectif d’être au sommet du glacier à 12h30 (soit 6h30’ de course), et il s’annonçait finalement possible à tenir…
Une heure pour une nouvelle montée, cette fois de 3 kilomètres et… 500D+ !
Que celui qui a eu cette idée ose se montrer : après presque 30 kilomètres déjà parcourus, la montée au glacier !!! La montée ? Le mur plutôt ! Avec des pierres, et des pierres, et encore des pierres. Ah oui, de la neige aussi. Beaucoup de neige ! Dans sa partie la plus compliquée, des % sans doute dignes des KV les plus difficiles que l’on puisse imaginer. Bref, pour quelqu’un comme moi, petit traileur seine-et-marnais pas vraiment entraîné, un enfer !

C’est dans ces moments-là que l’on va puiser dans des réserves aussi profondes que jamais explorées… Ces moments où l’on serre tout ce qu’on a à serrer, les bâtons, les dents, les fesses, sa bouche, ces moments durant lesquels on avance, comme par magie…

A 12h37’, pointage au sommet et un « point eau » plus qu’attendu pour refaire le plein. Je n’ai jamais autant bu, pas loin de 4 litres depuis le départ. La cerise sur le gâteau : une soupe chaude gentiment proposée par des bénévoles dont certains semblent avoir très froid. On est à 3000 mètres, il y a du vent, et ça caille. Le temps de remercier tout le monde, il est temps de repartir car la barrière horaire tant redoutée depuis ce matin arrive à grands pas (12h45 à ma montre, il me reste donc 45’ pour redescendre) !
On était donc en haut, on descend par où maintenant ? Comment ça faut d’abord grimper au sommet ??? Au sommet, mais quel sommet ??? Grrrrrr !!! Nous sommes quelques-uns à n’avoir pas correctement regardé le profil de la course, et j’avoue que cette petite montée (même pas 1 km pour environ 60D+) nous a bien fait mal au crâne !

Enfin, d’autres bénévoles nous indiquent que la descente, c’est tout droit maintenant. Sauf que tout droit, c’est plein de neige. On décide tous de prendre l’option « luge, mais sans luge », et nous voilà partis pour une belle glissade d’une cinquantaine de mètres. Après coup, plutôt rigolo et sympa d’avoir pu faire ça ! Après la neige, et dans une descente assez technique, retour des cailloux, avec quand même un peu de neige par moments, mais surtout beaucoup de cailloux…
Et une gamelle, une vraie belle et grosse gamelle.
Cheville tordue ? Simple torsion ? Forte douleur !
Ici a failli se terminer cette première 6000D, après un peu moins de 7 heures de course. 10’ sur place à reprendre mes esprits.
Souvenir des Templiers l’an passé, avec mon abandon sur blessure après avoir franchi la dernière barrière horaire, abandon toujours pas digéré.
Hors de question d’arrêter !
Hors de question !
T’as pas mal, t’as pas mal, t’as pas mal, et tu continues.
Bonne option puisque la descente se passera ensuite sans souci.

Il est 13h15, LA barrière horaire est franchie, je sais à cet instant que, sauf blessure, je serai finisher !

Presque 450 mètres de dénivelé négatif sont annoncés avant la dernière difficulté du jour, la montée vers le col de l’Arpette : le pied ! Je sais que je devrai être prudent à cause de ma cheville fragilisée mais aussi et surtout que je ne devrai pas m’enflammer dans cette belle descente (à mon petit niveau) pour garder des forces justement pour l’Arpette. Olivier me l’a assez répété !

J’avale les kilomètres jusqu’au Chalet du Carroley, puis arrive, fatalement, la montée du Col de l’Arpette. Je me sens bien, et j’en suis le premier surpris. J’emmène même un petit groupe derrière moi, en marche rapide ! Qui l’eut cru ?
Nous atteignons le sommet de l’Arpette à 14h45’, et il nous reste donc 45’ pour rallier Plagne Bellecôte, la deuxième barrière horaire de la journée. Il y a une vraie émulation entre tous les coureurs à cet instant car le calcul est vite fait : 45’, 3 kilomètres de descente, c’est cool, ça va le faire, on va tous le faire sans problème !
Trois kilomètres de descente, enfin pas vraiment car une petite, toute petite, mauvaise surprise nous attend avec quelques belles montées alors que nous pensions que s’en était terminé du D+ !

Après un rapide ravitaillement et un coup de fil passé à Titouan, je repars tranquillement vers Montchavin, où je sais être attendu. C’est dans cette très belle petite station que nous avons passé 15 jours de vacances. Avec Titouan, nous sommes montés sur le podium de la Family Race, j’ai gagné le tournoi de Ping, Titouan a gagné plusieurs lots à leur loto, bref, on est un peu connus. L’entrée dans le village est magique, avec un super accueil, et la petite interview avec Jean-Vincent, le responsable des animations. Je décide d’offrir mon maillot de course à un bénévole, histoire de remercier ceux sans lesquels aucune course ne pourrait être organisée.

A la limite d’être en pleine forme, je m’arrête pourtant un petit quart d’heure, je profite à fond, enfin, de cette 6000D !

Il ne reste qu’une dizaine de kilomètres avant l’arrivée à Aime, et je réalise rapidement qu’une reconnaissance du parcours n’aurait pas été inutile ! C’est un peu les montagnes russes, et sur des secteurs par endroits assez techniques.
Pourtant, alors que beaucoup marchent, j’ai l’impression de voler.

« Une seconde pour l’éternité »

Alors que je m’apprête à rentrer dans Aime, j’ai la super surprise de voir que Titouan est venu à ma rencontre, et que l’on va terminer ensemble. C’est vraiment quelque chose de très particulier comme sentiment que de pouvoir partager des instants pareils avec son fils, ou d’une façon plus générale avec ses enfants… Les applaudissements du nombreux public présent dans la ville font chaud au cœur. Il n’y a plus de fatigue, elle s’est envolée…
Arrive la dernière ligne droite, avec un visuel sur l’arche d’arrivée, puis la voix du speaker, lointaine, puis beaucoup plus claire, ses encouragements vers le coureur qui, 50 mètres devant moi, va passer sous les 12 heures…

Sous les 12 heures, mon (presque secret) objectif !
Encore possible ? Je pensais que c’était mort !
J’ouvre grands mes yeux : 11h59’53’’ au chronomètre officiel, et 30 ou 40 mètres jusqu’à la ligne d’arrivée ! Allez Titouan, on le tente ! Ensemble.
Un sprint, LE sprint de ma vie. Et une joie complètement hallucinante alors que le speaker m’annonce que, pour une seconde, une toute petite seconde, je suis passé sous les 12 heures !
UNE seconde. A la fois RIEN, et à la fois TOUT.
On se raccroche à ce qu’on peut, parce que ce temps n’a réellement rien d’extraordinaire.
Pour être très honnête, j’avais un peu zappé cet objectif, étant tout à ma joie d’être simplement finisher, et c’est Titouan qui me l’avait rappelé, quelques instants plus tôt !

Nous retrouvons ensuite Cécile, qui a fait une superbe course. Olivier et leurs enfants sont à juste titre très fiers d’elle, et il y a de quoi, elle a parfaitement géré sa course et terminé avec un très beau chrono.

Bien sûr quand même très fatigué à l’issue de la course, je suis très étonné de la vitesse à laquelle on peut récupérer après ce type d’effort. Dès le lendemain, je me suis senti assez frais, et j’ai pu recourir 3 jours plus tard, tranquillement.

Pour finir, j’adresse mes sincères remerciements à Magalie pour le dossard, Olivier et Cécile pour leurs conseils et tous les bons moments passés ensemble pendant nos vacances, à tous mes amis chez les TIF’s (Traileurs d’Ile-de-France) pour leur support et encouragements, à tous mes autres amis pour les mêmes raisons, et enfin à mon fiston Titouan pour sa présence et sa patience tout au long de la journée et grâce auquel j’ai pu passer par la plus petite des marges sous la barre des 12 heures.
Assez bizarrement, c’est ce dernier point qu’ont retenu pas mal de personnes sur ma course, cette fameuse « seconde pour l’éternité ».

Histoire de bien terminer cette année 2016, celle de mes (déjà) 50 printemps, un beau programme est maintenant à venir, avec en Octobre les 10 kilomètres de l’Odyssea, puis les 20 kilomètres de Paris, et enfin le Grand Trail des templiers à Millau, fin Novembre la No Finish Line à Monaco, puis, en Décembre, la SaintéLyon.

A très bientôt pour de nouvelles aventures.
En 2017, elles s'annoncent particulièrement croustillantes, à la recherche de 15 points pour... vous savez quoi :-)

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