Récit de la course : La 6000 D 2005, par Gibus

L'auteur : Gibus

La course : La 6000 D

Date : 31/7/2005

Lieu : Aime (Savoie)

Affichage : 3605 vues

Distance : 55km

Objectif : Pas d'objectif

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Ca Plagne pour moi

 

Ca Plagne pour moi 

Réveil 3 heures. Ca y est faut se lever. Tiens j'ai bien dormi, cool. Un p'tit déj, comme d'hab et roule tes sacs dans la caisse et c'est parti direction La Plagne. 5 heures du mat, le jour se lève et se dessine autour de moi les montagnes escarpées sur l'autoroute. Laquelle vais-je monter ? Tout d'un coup, la pression monte. Dans quelle galère je me suis encore embarqué ? Bon de toutes façons, c'est trop tard. Arrivée à Macôt, direction le plan d'eau. C'est pas là le parking, mais tant pis, je me gare là, ça ne gène pas et je suis près du départ.

 

 

Retrait du dossard, sympa il suffit de dire son nom, sac avec dossard/puce, un bandana « Buff », une revue Endurance avec DVD, gel douche, ça commence bien. Retour à la voiture pour me préparer. Sparadra sur le bout des tétons, sur les talons, pommade anti frottement entre les cuisses, sous les bras. Ceinture porte bidon, sac à dos avec une autre bouteille d'eau, des barres de céréales, des barres et du gel énergétiques et l'appareil photo dans un gant de toilettes, pour les chocs, faut éterniser ça. Mince j'ai oublié ma casquette, il ne fait pas si chaud que ça, on supporte même le sweat. On discute 5 minutes le bout de gras avec les autres personnes garées à côté. Je traverse la voie ferrée et direction le départ.

 

 

  

Animation en musique pour patienter et je retrouve les 4 gars d'Ambérieu marathon dans la masse après le contrôle des puces. Photos souvenirs.

 

 

 - 8h00 : c'est parti pour 3 bons kilomètres de plat sur une piste cyclable. Je reste avec Jean Luc et Jean Louis, Fred est parti vite devant et Christophe est juste derrière. On nous a annoncé qu'il n'y avait pas de neige au glacier, dommage. Eh ! y a pas de neige, mais ils ont enlevé les côtes aussi, car elle est longue cette piste. Ca y est on commence à monter. Je reste avec Jean Luc. On ne court déjà plus. Tous à la queue leu leu, on chemine, regard bas et mains sur les cuisses. Les gars d'Ambérieu, 2 devant, 2 derrière, bon je suis bien là, pas trop vite. Arrivée au Montgilbert, c'est mon mont ça, je m'arrête pour les photos, Jean Luc continue. Jean Louis est derrière.

 

 

  

Je lui tire le portrait, lui aussi, on cherche après Christophe, on ne le voit pas. On repart. Je le suis plus doucement.

 

 

 

 

 

 

Je double, je me fais doubler, même par un chauffeur de salle qui chante à tue tête une chanson sur un vache.

 

 

1h30 de course et coup de barre grave. Qu'est ce qui m'arrive ? L'altitude, comme me l'avait dit Jean Marc, finisher il y a quelques années, ou bien la faim, là c'était les conseils d'Hubert qui m'avait dit, tu verras amène à manger t'as tout le temps quand tu marches. Debout depuis 3h du mat aussi, ça y fait. Bref je m'arrête car mes jambes flageoles, je vais peut-être abandonner, faire demi tour (ça m'a effleuré l'esprit). Allez plus que 8h00 max à en chier. Christophe me rejoint. Je le prends en photo,

 

  

je mange, je bois, je regarde le paysage pour me donner une contenance et je repars loin derrière Christophe.

 

  

Bon ce coup là, y a plus personne derrière moi que je connaisse, je vais peut-être aller mieux. Derrière ça rigole, car un gars déguisé en clown fait le pitre avec un jouet qui couine. Je m'arrête pour des photos encore. Eh ! mais le clown, je le connais, j'ai couru avec lui aux foulées du Mont d'Or et je l'ai aperçu aussi au trail des gendarmes et des voleurs de temps à Ambazac. Mais ce n'est pas possible ! Il est accompagné d'Eric, un gars qui court les cross avec moi chez les militaires. Le monde est petit. Je repars avec eux et ils me racontent qu'ils préparent le tour du Mont Blanc et qu'ils font la 6000d en prépa. ce ne sont pas des bleus. Ils me lâchent eux aussi petit à petit. On arrive au Téléski des Bouclets - 1h39'18 - 10,860 kms Allez ça continue à monter. Là j'en bave vraiment et il faut que je pense à ma famille. Peut-être font-ils pareil. Allez accroche, souffle bien. On arrive à Aime 2000. On redescend de 130m de dénivelé pour arriver au 1° ravitaillement à La Plagne centre, ah tiens je cours. - 2h08'39 - 12,660 kms Les gens nous applaudissent. Là y a tout, sucre, pain d'épices, produit énergétique, fruits secs, oranges, bananes. Les bénévoles nous proposent de remplir nos gourdes, nos camelbak, sympa. Un gars me demande de l'aider à remettre sa gourde dans le filet de son sac à dos. C'est un grand moustachu avec qui je vais faire un bon bout de chemin, je te double, tu me double, avec à chaque fois les encouragements, qui est arrivé premier des 2 ? Bon c'est pas tout faut repartir et ça grimpe encore.

 

 

 

 

On arrive au lac des Blanchets. Que c'est joli. Photos et ça repart.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On voit la Roche de Mio et les gens qui attendent les coureurs là bas tout en haut.

 

 

 

 

 

 

Ils y en a qui coupent pour aller plus vite, mais quel raccourci. A 4 pattes ils escaladent directement au lieu de suivre le chemin. Ils vont plus vite.

 

 

Je prends le chemin et en haut en effet, les coureurs (grimpeurs) que j'avais repérés ne sont plus là.

 

 

 

 

 

- 3h47'09 - 21,305 kms Point de contrôle.

 

 

Eh mais il y a pas mal de féminines quand même. C'est parti pour la descente de 3 kilomètres avec de superbes paysages, les monts enneigés.

 

 

 

Cette descente de la Roche de Mio est vraiment géniale. Quel pied. C'est trop beau. Je suis en train de faire la 6000d.

 

 

 

 

 

 

Et c'est larme à l'oeil que j'arrive au 2° ravito au col de la Chiaupe. - 4h02'51 - 24,325 kms

 

 

 

Ravitaillement commun avec le 34° kilo et on voit débouler les gars et les filles qui nous ont mis 10 kilomètres dans la vue et surtout qui redescendent déjà du glacier.

 

 

On fait le plein et on repart.

 

 

 

Y a des blessés et même des abandons de l'autre côté, ceux qui descendent (coude en sang pour l'un d'eux). C'est la terrible montée de 4 kms pour le glacier.

 

 

 

 

 

 

On s'arrête souvent pour reprendre notre souffle. Purée on a amené à manger dans les sacs et on n'a même pas faim.

 

 

 

 

Maintenant ce sont des ardoises coupantes sur lesquelles on glisse.

 

 

Quand on s'arrête, il faut mettre le frein à main pour ne pas redescendre.Il fait froid, j'ai le bout des doigts engourdis, je vois mon haleine, il y a du brouillard. Je vois pourquoi le logo de La Plagne a un bonnet. Allez courage, je comprends ceux qui ont mis des gants pour escalader et ceux qui ont pris des bâtons. Certains ont des coupes vent, d'autres des sweat. Je m'assieds pour prendre un cliché d'un pan de neige éternelle, quelqu'un me demande si je veux qu'il me prenne en photo.

 

 

L'ambiance est bonne. Bon, j'arrive à me relever, le sommet n'est pas loin.

 

- 5h08'20 - 28,325 kms - Température 1° Arrivée au glacier.

 

Eh Gilbert tu veux que je te photographie. Qui c'est celui là, je ne le connais pas. Je mets un temps pour m'apercevoir qu'il a vu mon prénom sur mon dossard.

 

Et toutes les dames de la table du ravito font pareil : Oh encore un Gilbert, Ca va Gilbert ? Si ça continue, je vais rester là, c'est cool ce bistrot. Allez on repart, c'est pas tout. La neige est à quelques mètres de nous, mais on ne court pas dessus.

 

  

Je suis en avance par rapport à l'année dernière, me dit un compagnon de fortune. Et tu avais mis 9h02, ok, donc on peut envisager les 8 heures xx. C'est pas un jeune le gars. Il en est à sa 13° participation sur 16 éditions. Mes respects. La dame à côté de moi regarde ce qu'il y a encore à monter. Bof 50 mètres après ce qu'on vient de faire.

 

 

 

 

 

 

 

Télésiège de la Traversée, ça y est, on ne montera pas plus haut 3050 mètres et la vue n'est pas belle, c'est couvert. - 5h22'52 - 29,240 kms

 

 

La descente, c'est ni plus ni moins que de la glisse contrôlée. Tient un passage dans la neige, cool. Un caillou dans les chaussettes me force à m'arrêter. J'aurais du en mettre des plus grandes. C'est reparti. C'est vraiment technique et il faut viser sa trajectoire et rester concentrer. Ravito du 34°, re col de la Chiaupe. - 5h56'21 - 34,240 kms Remplissage des gourdes et des bonshommes et on continue la descente jusqu'au chalet du Carroley. Descentes différentes sur des tous petits chemins piégeux sinueux.

 

 

 

 

 

 

Il y a des emballages de produits énergétiques partout, c'est dégueulasse, sont trop pressés ceux devant ou quoi. Ravitaillement en eau au chalet avec les agneaux, les chiens, les vaches, super.

 

 

 

Attention au jare, bon gardien. On attaque la dernière montée le col du Carroley. On remarche. Y en a marre des montées.

 

 

 

 

 

Col du Carroley. - 7h10'51 - 42,180 kms Presque le marathon, à 15 mètres près. On court. Mon compagnon en tee shirt bleu me suis. La descente est rude, il faut se retenir. Je m'accroupi un max et me penche en avant pour soulager les cuisses. Aïe une bouse de vache, du pied gauche, tant pis ça porte bonheur. Ah, je vois La Plagne Bellecôte. Attention chute à l'arrière. Me voilà sur les fesses. Mon poignet n'a rien, ouf. Dernier ravito, Ambiance sympa. - 7h37'07 - 44,380 kms Rassemblement de pas mal de coureurs au point d'eau : le tee shirt bleu, celui aux 13x la 6000d, sa fille en rouge qui en est à 2 participations, l'antillais avec les grandes chaussettes bleues. Eh c'est que j'en connais du monde maintenant. Allez reste 11 bornes tout en descente nous dit-on. Non fait gaffe c'est pas vrai, j'ai lu qu'au début il y a des faux plats montants. Bref on verra. C'est vrai c'est pas tout en descentes mais j'ai la forme, ça roule. Le chemin se rétrécit et ça descend de plus en plus pentu. Dernier ravito en eau, puis l'enfer. Au lieu dit Les Tuilles, c'est la tuile. Le chemin trace tout droit dans la descente et croise de temps en temps la route qui, elle, est en lacets. Combien il reste, je demande aux chasseurs alpins qui assurent la sécurité. 3 bornes encore. Purée c'est râpé pour les 8 heures. Je suis obligé de marcher, puis de m'arrêter. Mes cuisses me brûlent, comme au tour de France qu'y disaient. Je ne suis pas tout seul. On se tient les mains sur les cuisses en respirant fort et se mettant sur le côté. Y a pas faut repartir. Non c'est trop dur, les larmes me reviennent mais pas de bonheur. Faut-il y aller en marche arrière ? Non c'est trop dur. Arrêts aux lavoirs pour mouiller les cuisses. L'antillais au chaussettes bleues me double en ralant après ses genoux qui lui font mal, mais lui il court. Y en a marre des descentes. Arrive le lieu dit Sangot, un autochtone me donne de l'eau et me fait recourir grâce à ses encouragements. J'arrive, j'entends la sono. Eh je vois ma voiture : Ne t'en vas pas toi, j'arrive. Pas de train, on passe et c'est l'arrivée, tour du plan d'eau, le speaker annonce les coureurs, on est obligé d'être digne de franchir cette ligne d'arrivée.

 

 

 

- 9h19'51 - 55,000 kms - 6134 mètres de dénivelé cumulé - 595° Ravitaillement : alors t'as bien terminé. C'est le tee shirt bleu, la fille en rouge et son père, ils m'ont doublé pendant que j'étais à un lavoir en train de me masser les cuisses à l'eau froide, je ne les ai même pas entendu passer. Sympa, on discute un peu en rechargeant les batteries. Ca y est donc, je suis finisher de la 6000d, la course de montagne longue distance la plus dure en France. Après ça toutes les autres courses dures paraissent ridicules. On est tous un peu fêlés, mais notre victoire, c'est de finir la 6000d. Alors ça a été ? Les gars d'Ambérieu viennent aux nouvelles. 6h12 pour Fred, 7h46 pour Christophe et 7h48 pour Jean Luc et Jean Louis qui ont finis ensemble. Bravo les gars pour une première. On était tous des bleus et on a tous fini. Le Clown et Eric 7h13. Trempette des gambettes dans le plan d'eau, faute de douche. Les derniers concurrents arrivent encore dans les temps (- de 10h). Celui là avec son chapeau avec les plumes, il était avec moi dans la montée du glacier, il en bave vraiment pour finir. L'animateur le nargue un peu de loin, en lui signalant qu'il y a des podologues à l'arrivée. Bon ça se termine. Faut rentrer. Salut les gars, bon retour. Voiture, téléphone maison, puis viendra dodos, massage bobos et photos montages, racontages. Ca plagne pour moi. A bientôt Gibus.

 

 

1 commentaire

Commentaire de romook posté le 08-06-2009 à 16:39:00

Superbe photo et le CR donne une bonne idée des difficultés de la course... Bravo!

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