Récit de la course : Raid Le Puy - Firminy 2012, par bubulle

L'auteur : bubulle

La course : Raid Le Puy - Firminy

Date : 18/11/2012

Lieu : Le Puy En Velay (Haute-Loire)

Affichage : 2393 vues

Distance : 70km

Objectif : Se dépenser

11 commentaires

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À nous la coupe de la ville de Firminy....

Vous avez du temps? Il est long, ce compte-rendu..:-)

Me voici donc de retour sur Le Puy-Firminy, après le grand plaisir que j'avais pris l'an dernier à faire cette course (enfin, ce « Raid », qui mêle marcheurs et coureurs).

Voici un an, c'était ma première sur cette distance et seulement mon deuxième ultra. Donc, je découvrais un peu tout et, malgré le grand plaisir, la fin avait été délicate à gérer. Je me revois encore assis sur un rocher au fond des gorges de la Semène, à attendre qu'il me soit possible de lever une jambe sans que les crampes ne se déclenchent dans les cuisses!

J'avais alors fini, vaille que vaille, en 9h15 ce qui, pour une première était tout à fait raisonnable et ce qui, surtout, m'avait confirmé que j'aimais ça..:-). Depuis, je viens de réaliser une année 2012 tout à fait honorable, avec une nouvelle première sur l'Ecotrail 80km et deux records perso améliorés sur marathon (deux fois) et semi.

LPF, c'est donc la conclusion de ma "saison" et son quatrième objectif important. C'est aussi spécial car, la course étant organisée par mon cousin, je me dois désormais de ne pas m'y planter. Qui plus est, j'ai tellement tanné la gent kikouresque avec que, là encore, l'échec n'est pas permis.

Personnellement, je ne suis pas rebuté par la course sur route et il vaut quand même mieux car une grande partie de la course se déroule sur goudron, ce qui peut légitimement rebuter les adeptes des sentiers et monotraces. On peut en cela remercier le bitumage progressif des campagnes françaises, où le moindre chemin agricole perdu dans la campagne se doit désormais de recevoir sa dose de dérivés pétroliers. Et donc, là où, dans les années 70, le tracé empruntait essentiellement des chemins de campagne, il emprunte désormais....de petites routes de campagne. Vous êtes prévenus..:-)

Bref, nous voici donc au Cercle Laïque Culturel et Sportif de Firminy où je retrouve joshua01, GillesR et patrovite avant de prendre le bus affrêté par l'organisation en direction de Firminy. Trois bus pleins de coureurs et marcheurs, les conversations vont bon train sur les objectifs des uns et des autres. Ne pas s'y tromper, d'ailleurs, LPF est une "petite" course dont la notoriété est surtout régionale, mais le niveau général est là et bien là et, devant, ça ne va pas être une promenade : trois coureurs termineront l'épreuve en moins de 6 heures pour 70km et 1400m de D+ environ. 5h43 pour le vainqueur, tout de même.

Je fais le trajet avec patrovite et le temps passe vite car nous dérivons rapidement sur notre passion commune, l'informatique. Course Generator, les environnements de développement, les projets d'informatique libre (mon autre passion majeure). Le temps passe vite. On n'oublie aussi pas d'évoquer la Saintélyon et les expériences de LSTL que patrovite et GillesR ont tous deux expérimenté.

Le Puy est rapidement atteint en 1 heure. Toujours un peu étonnant de se dire, en roulant, qu'on va refaire tout cela dans l'autre sens à pied, maintenant (heureusement pas via la RN88!). Animation au gymnase Massot : les 150 à 160 utilisateurs du bus retrouvent pas mal d'autres coureurs ou marcheurs venus par leurs propres moyens, ce qui nous amènera à 328 inscrits pour les 70 kilomètres (auxquels ajouter les 152 marcheurs de la randonnée Beaux-Firminy). Cela, plus les nombreux bénévoles présents au départ pour les inscriptions et la logistique (il y a 85 bénévoles en tout sur la course, un ratio bénévoles/participants tout à fait étonnant : c'est aussi cela, LPF).

L'attente se déroule tranquillement au gymnase Massot (et son superbe mur d'escalade). J'ai beau arborer fièrement ma casquette rouge avec pseudo, aucun autre kikou ne nous rejoint...et c'est donc un quarteron de kiks qui se dirige vers le départ. Pas de plans de course en équipe car nous avons tous des objectifs différents :  patrovite s'est planifié un 7h45, GillesR qui court Saintélyon dans 2 semaines se fixe 10h (et devra donc être le pied sur le frein) et joshua01 et moi visons autour de 9h (mais lui veut se ménager pour STL alors que de mon côté, je peux me lâcher si je sens que ça le fait).

Je me vois bien, effectivement, essayer de gagner un quart d'heure ou un peu plus, c'est déjà pas mal...et, surtout, je voudrais finir en moins sale état. Donc, j'ai planifié de partir sur les mêmes bases que l'an dernier pour le début, jusqu'à Confolent, et éviter de m'écrouler sur la fin: - Malrevers en 1h35 (idem en 2011) - Rosières en 2h12 (idem en 2011) - Beaux en 3h30 (3h39 en 2011) - Confolent en 5h15 (5h25 en 2011) - Monistrol en 6h05 (6h19 en 2011) - Le Chapelle d'Aurec en 7h (7h15 en 2011) - Lafayette en 8h10 (8h30 en 2011) - Firminy en 8h50 (9h15 en 2011) C'est même tout imprimé sur le joli profil créé avec CourseGenerator de Pierre....

Premier challenge : le début c'est tout facile. Petit chemin sympa le long de la Borne jusqu'à la traversée de la Loire sur la passerelle en pierre. C'est très facile de s'enflammer à cet endroit. Donc, calage autour de même pas 10 à l'heure et ne surtout pas se laisser démotiver par les coureurs qui dépassent. Pour cette raison, je me suis mis plutôt sur l'arrière....certes, on "perd" 1 à 2 minutes à passer le bouchon d'entrée sur la promenade de la Borne, mais ce n'est pas non plus le départ de l'UTMB ou du GRR..:-)

Donc, plan-plan jusqu'au pont....et c'est bon : 33 minutes pour 32 l'an dernier, tout va bien, je gère.

Deuxième challenge : continuer à ne pas s'enflammer dans les deux montées qui suivent. Elles sont relativement roulantes et on peut être tenté d'y courir le plus souvent. Mais, à mon niveau, cela sera irrémédiablement puiser dans des réserves précieuses qui manqueront plus tard. Donc, bien que de nombreux coureurs le fassent, je me force à ne pas courir en côte à part les faux-plats montants. Et finalement, on reprend assez vite ce qu'on a "perdu", dans les relances de haut de côte. On dirait un vieux routier de la course à pied qui vous cause, le bubulle, là....qui a commencé tout ça sérieusement voici juste cinq ans.

Le chemin de la RN88 est donc tranquillement avalé, puis le plat amenant sur la route de Malrevers également. 59 minutes au pied de la côte pour 58 planifiées. Un métronome, je vous dis. Un petit groupe me passe, avec deux filles et un gars qui se mettent à marcher d'un bon pas dès le début de la côte de 2km à 5% sur la départementale. Ils marchent solidement, légèrement plus vite que moi, mais je les prends comme repère en ne me souciant pas des inconscients qui abordent cette côte en courant. On se reverra plus tard, les gars (et les filles)..:-)

Après cette côte se profile un relief plus propice à la course, largement sur route, en faux plat descendant, qui va vous amener facilement à Malrevers pour le premier ravito.

J'arrête stupidement mon chrono en entrant au ravito, au bout de 1h30. Je ne m'en rendrai compte que 7 minutes plus tard, après être reparti et avoir fait 500m environ. Ça me contrarie, j'aime pas être contrarié..:-). Cela étant, c'est la seule raison d'être contrarié, je me sens tout bien, j'ai bien bu sur cette première étape (2/3 du bidon de 800ml : je n'ai pas pris la poche à eau car il y a suffisamment de ravitos). À ce sujet, la météo est idéale : il fait 7°C environ, un temps à moitié couvert, pas de pluie en vue et juste un petit vent frais sur les 15 premiers kilomètres. Pile comme l'an dernier, en fait.

De Malrevers à Rosières (deuxième ravito, annoncé comme succinct), il n'y a que 5km, d'abord en côte sur 1km, puis en descente légère, puis remontée au pied de Rosières, qui préfigure la grande côte vers le sommet de la course. Le "peloton" (qui n'a jamais vraiment existé) est déjà largement étalé maintenant et on commence à courir un peu seul, avec comme repère les gilets réfléchissants des uns ou des autres, ou les loupiotes diverses et variées que certains utilisent à l'arrière. Les positions se stabilisent, même si ponctuellement, je me fais passer dans les côtes par un inconscient qui s'obstine à courir pour gagner 20 mètres..:-)

Le ravito de Rosières est au bout du village, maintenant. Très bien placé car au pied de la longue côte de 3km qui va nous amener à 920m d'altitude. J'y refais le plein, salue rapidement Fabien et Karine qui le tiennent en indiquant à Fabien que je me sens super bien et pile dans mes temps de l'an dernier : 2h10 pour 2h12.

C'est le moment de mettre la machine en route....sagement. L'objectif est de gagner un peu de temps jusqu'à Beaux, qui me servira de matelas avant la descente sur la Loire, que je veux maîtriser. C'est en fait assez simple : il suffit de marcher solidement dans les côtes et de relancer dès que la pente se relâche. Cela fonctionne très bien et le point haut de la course est atteint en 2h32 pour 2h40 l'an dernier.

La pente s'infléchit alors d'abord en faux plat descendant puis en descente légère (3%) jusqu'à Malataverne. Là, le piège est de se détruire les genoux et cuisses à "taper" fort sur le bitume en accélérant trop. Je contrôle donc, en maintenant la distance avec les silhouettes qu'on aperçoit vaguement devant et notamment une belle lumière clignotante bleu/rouge que j'aperçois devant depuis Rosières et avec qui la distance se réduit très progressivement. 3h01 à Malataverne pour 3h16 l'an dernier...ça y est mon quart d'heure est gagné, sans gros effort.

La côte qui suit Malataverne est l'occasion de finir par dépasser "Monsieur rouge et bleu" (je lui glisse un mot pour lui dire qu'il me sert de répère depuis un moment et lui souhaiter bonne continuation) et, sur le chemin vers Beaux, 2-3 autres coureurs.

Beaux et son "gros" ravito sont atteints en 3h24 et quittés à 3h35, le temps de prendre une soupe, de saluer les super bénévoles, remettre un peu de poudre de perlimpinpin dans le bidon, et de voir un joshua01 qui peste contre le "trop de bitume". C'est bon de faire une bonne pause à Beaux et c'est un investissement pour la suite, qui va être le morceau qui décide un peu de tout.

La suite, justement. Plus de 5km de descente sur route (avec à peine un petit coup de cul au bout de 1km) pour atteindre les bords de la Loire. Pour moi, c'est le juge de paix de LPF, là où la stratégie de course est importante.  Si vous lisez ce compte-rendu pour préparer votre premier LPF un jour, pensez-y aux conseils du vieux sage Bubulle. La descente après Beaux, c'est là qu'on peut s'exploser sans s'en rendre compte. 5 km de « tape bitume » au bout de 35 bornes, ça ne peut pas ne pas laisser de traces. Le but est que ça en laisse le moins possible.

Donc, ne pas se laisser impressionner par les bruits de pas qui se rapprochent, par la silhouette devant qui s'éloigne, par les quelques dizaines de mètres « perdus ». Il faut descendre tranquillement en minimisant le plus possible les chocs, en gérant les dévers de la route (ce qui implique souvent de faire les extérieurs de virages). Je gère, donc, avec une vitesse qui tourne autour de 5'45 à 6' au kilo. Probablement le seul moment où suivre un peu le chrono est utile.

Le pont de Bransac est un peu un soulagement, quand même : ça finit de taper dans les cuisses et il sera temps de « souffler » un peu sur la rude montée qui suit. 4h14 en bas, pour 4h29 l'an dernier, j'ai gardé mon quart d'heure. Il fait un peu frais en bas, plus frais qu'à Beaux. J'ai en fait la même tenue depuis le départ : t-shirt et manchettes (Kikourou évidemment), plus la chasuble coupe-vent sans manche que je trouve plus adaptée à la course à pied que le gilet de sécurité vendu pour les automobilistes. Excellent produit Raidlight que cette chasuble orange. Cela, avec une deuxième couche dans le sac à dos, au cas où j'aie un coup de froid (et que je n'utiliserai finalement pas).

La remontée vers La Croix de l'Horme est une côte sévère à 7% sur environ 1,5km. Il faut y être patient. Pas question évidemment de courir (personne ne le fait), mais juste en maintenant un bon pas, je commence à grapiller des places. Mon seul regard sur le chrono dans une côte m'apprendra que je suis monté à 6km/h avec 1km en 10 minutes.

Dure relance une fois la route atteinte à la Croix de l'Horme, pour un faux plat montant vachard. C'est là que l'an dernier, j'avais commencé à sentir les cuisses se durcir, ce qui deviendrait plus tard les crampes assassines. Sur ce souvenir, je continue à boire largement sur ma méthode « 1 gorgée au kilomètre ou à peu près ». Ici, pas de douleurs, je continue à me sentir bien et à ne pas compter les kilomètres à l'envers. Je reprends encore quelques coureurs sur le début de la redescente vers la Loire. Un peu technique, cette descente, sur un chemin très caillouteux un peu piégeux où on risque à tout moment le mauvais appui. Donc, frontale à fond et on y va prudemment. Tout en bas, je rattrape presque un coureur à la chasuble réfléchissante très « bariolée » d'éléments lumineux, qui est facile à repérer. On se suit, du coup, jusqu'à Confolent, une fois passé le passage à niveau qui marque le retour le long de la Loire.

Confolent est atteint en 4h55, pour 5h15 l'an dernier et quitté à 5h (pour 5h25....j'avais alors besoin d'une grosse pause). Je déclenche le deuxième 405 car je sais que ces montres ne tiennent pas au delà de 6h30-7h. On ressort à deux du ravito de l'Amicale Bouliste et on va se tenir compagnie jusqu'en haut de la côte qui suit Pont de Lignon, en échangeant quelques mots et impressions. Le seul moment de la course passé avec un autre coureur, quasiment.

La « solitude » commence par contre à être marquée. Nous avons un seul coureur devant nous, que nous rattraperons à Pont de Lignon...et absolument personne, apparemment, derrière. Nous ferons la montée à trois, chacun à son rythme : mes deux compères commencent par me lâcher....puis j'en récupère un....et passerai l'autre en relançant dès que la pente se termine, près de l'échangeur de la RN88.

Un peu osé, mais j'attaque l'interminable ligne droite de plus de 2 kilomètres à l'entrée de Monistrol.....tout seul. Pas un seul coureur en vue à plus d'un kilomètre devant et juste mes deux compagnons derrière.

Cette ligne droite sera déroulée à 10km/h environ, y compris les deux mini-bosses au milieu. Résultat: au bout de la ligne droite, ils sont 300-400 mètres derrière. Joli...:-)

Le ravito de Monistrol commence à indiquer qu'il y a de la casse. Quelques coureurs un peu affalés ça et là, pas grand monde ne semble bien frais. Bon, c'est logique, on est à 50 kilomètres. Il est 6 heures du matin, je fais un petit SMS à la maison qui indique une arrivée prévue vers 8h30-45, je suis optimiste...

J'en suis à 6h de course, pour 6h20 l'an dernier. Le signe qui ne trompe pas : je n'ai pas vu la première boulangerie ouverte, cette fois-ci, j'ai juste senti l'odeur du pain frais...:-)

Je repars juste devant un couple de coureurs munis de bâtons, et derrière un groupe de trois coureurs, 200m devant moi. Pendant toute la côte (en marchant) sur la route de La Chapelle d'Aurec, je vais entendre le bruit des bâtons derrière...et avoir mes points de mire devant.

Relance en haut de la côte (en fait un peu avant, bon signe, ça). Pas très longtemps car....un coureur devant moi s'arrête, en maugréant. Je le passe...puis me ravise : il a un souci de frontale. Plus de piles...et changer des piles dans le noir, c'est pas simple. Vite, demi-tour, je vais l'éclairer. Pendant ce temps, le couple de coureurs aux bâtons nous passent, puis 2-3 autres. Bon, en fait, trois fois rien: ça fait à tout casser 1 ou 2 minutes d'arrêt.

En fait, ça va me booster car, instinctivement, je veux les rattraper. Donc, après une tape amicale avec mon coureur à la frontale, je repars, un peu le mors aux dents. Je me dis aussi que c'est le moment de tester comment je me sens vraiment..:-). On a environ 3-4km de plat légèrement descendant jusqu'au pont Tranchard, au pied de la Chapelle d'Aurec.

Et j'envoie...:-). Là, les coups d'oeil sur le chrono font plaisir : 5'30, 5'25, 5'15! Plus de 11km/h sur du bitume après 50 bornes, c'est le BuBulle Volant. Et, du coup, mes coureurs à bâtons, bien qu'ils avancent bien, se rapprochent insensiblement, tout en dépassant 2-3 autres, visiblement un peu plus en difficulté (tout est relatif : 4 bornes consécutives de bitume à ce stade de la course, ça attaque bien).

Et je les rejoins presque au Pont Tranchard, là où on attaque la sévère côte de La Chapelle : 170m de D+ en trois paliers sur environ 3 bornes. Là, j'ai clairement un objectif : ne pas me faire larguer par les bâtons qui, très manifestement, maîtrisent bien ce mode de marche. Donc, Monsieur et Madame envoient bien, mais ne peuvent se défaire de cette frontale bubullienne qui les suit à 10 mètres. Puis 5, puis 4, puis un seul.....et gnap. Croqués, les bâtons...

Relance immédiate en haut du premier palier pour 100-200m de course mais là, je sais que je suis Bien majuscule. Du coup, je vais jourer au grand Pacman sur cette fin de côte. Je me revois l'an dernier : le jour se levait, on entendait les coqs et je rangeais la frontale dans la côte. Là, c'est hors de question et le silence est assourdissant.

La Chapelle d'Aurec est totalement silencieuse quand je la traverse. Je ne force pas trop, car la route monte bien dans le village. Arrivée au ravito......5 bénévoles, pas un coureur!

Arrêt ultra-rapide: tampon, remplissage du bidon (je n'oublie toujours pas de boire et de le remplir conscienscieusement et je dois bien penser à continuer). Juste le temps d'envoyer un SMS "Arrivée à 14km". Et je repars au moment où les premiers dépassés dans la côte arrivent. Il est 6h52, je planifiais 7h. L'an dernier j'étais là à 7h15. Yo.

Je repars dans un désert total : il n'y a personne devant (logique, je suis arrivé dans un ravito désert, juste un coureur qui repartait quand j'arrivais)....et personne derrière. Impression quand même assez unique d'être en course, comme si j'étais en train de faire une sortie solitaire.

Je me sens bien, donc j'attaque le faux plat montant à la course et je peux même maintenir cela un petit moment sur la côte au dessus de La Chapelle, à l'exception d'un ou deux passages en mode marche...et du dernier coup de cul final qui est bien violent. Du coup, en haut de cette côte, j'aperçois la lueur d'une frontale et j'entends les chiens de la ferme de La Peyrouse située en haut de la côte : chic, je tiens ma prochaine cible..:-)

Le temps de changer la batterie du téléphone portable (la batterie 3500mAh commence à fatiguer avec le GPS et la 3G en permanence, utilisation de Runtastic oblige, geek oblige!) et je repars de La Peyrouse gonflé à bloc. L'an dernier, le vilain chemin caillouteux en légère descente m'avait semblé une éternité, à déguster le moindre choc dans les cuisses. Là, je vole litéralement d'un côté à l'autre et je dépasse deux coureurs transformés en marcheurs en n'omettant quand même pas de leur souhaiter bon courage pour la suite (s'ils marchent là, ils vont en avoir besoin).

Tout ce passage des crêtes au dessus de la Loire va passer comme dans un rêve. Le petit jour commence à pointer, la frontale devient de moins en moins indispensable (et finira dans le sac avant les gorges) et je ne sens aucune douleur forte. Bien sûr, la lassitude dûe à la distance est là, mais je cours cours cours (cours BuBullix'me, cours!) sur les chemins, toujours aussi seul.

Je passe presque en rigolant le chemin herbu où mes premières crampes ont explosé l'an dernier et j'attaque la descente sur Oriol à toute pompe. Dépassement au passage de quelques autres coureurs avec, bien egoïste (vilain que je suis), la satisfaction d'être un peu seul au monde. Ça va le faire, ça va le faire. Je n'ai pas trop regardé la montre, mais au feeling, je sais que les 8h45 sont dans la poche, et les 8h30 très probables. Et si j'essayais 8h15, grand fou que je suis?

Bon, avant cela, il faut passer les gorges. Quelle revanche, ces gorges que, l'an dernier, je descendais précautionneusement, comme si je transportais un bocal de nitroglycérine dans les cuisses. C'est donc en mode cabri que j'avale ce parcours de vrai trail, ludique à souhait. J'ai des chaussures de route et ça glisse : qu'à cela ne tienne, je suis le Roi du Monde qui dévale son Titanic de l'année précédente..:-)

Un coucou en passant au caillou de mes malheurs de l'an dernier, au pied du raidillon de Lafayette et je pars d'un bon pas dans la rude montée. Au pas de charge, Lafayette nous voilà ! Bon, là, je fais quand même monter le palpitant mais c'est très rapidement que j'arrive à ce dernier ravito. Au pointage, la bénévole m'annonce que je n'ai pas trainé en route, ayant mis 58 minutes depuis La Chapelle. L'an dernier, j'avais mis 1h15!

Bon, 7h53, ça va faire un peu chaud patate pour arriver à 8h15, mais on va quand même essayer. Après tout, il reste environ 5 kilomètres, pas plus (5 kilos en 22 minutes, je rêve un peu, mais je ne prends pas le temps de faire le calcul..:-)). D'ailleurs, hop, j'ai deux gars devant qui partaient quand j'arrivais, ça me fait de bonne cibles...:-). Je mets quand même un SMS à ma chérie : "Lafayette". Mais je ne prends pas de crêpe.

Redépart de Lafayette en marche soutenue (ça monte fort), relance sur le replat intermédiaire, puis remarche sur la dernière côte. Un des deux gars est aussi en mode marche, ce sera ma première cible. L'autre fait toute la côte en courant : chapeau, faut le faire à ce stade là même s'il ne va pas bien plus vite que nous, quand même. C'est que, même en marchant, j'y tire, sur ces bras et ces jambes....et, hop, le premier est avalé en arrivant au parking en haut de la côte.

Pas le temps de réfléchir, je me lance dans la descente sur Firminy. Je m'en rappelle bien de celle-là : un petit kilomètre qui tape très fort, sur du bitume, un peu de tout terrain en descente puis encore du bitume. L'autre coureur est à 300-400m devant, je ne le vois pas bien mais je me lance comme un dératé. Et, plus j'avance, plus je descends comme un fou furieux..:-). Quel plaisir de se sentir comme ça, de sentir l'écurie et de sentir qu'on va faire une perf! Du coup, dans la partie trailesque au dessus de Montessus, je dépasse l'autre coureur (il avance pourtant pas mal) mais j'en rajoute une bonne couche, histoire qu'il ne lui prenne pas idée de prendre la roue. On est quand même horrible dans ces moments là, je vais presque avoir honte de cet état d'esprit... À y repenser, c'est un peu inconscient, mon truc, car ce dernier chemin, il est piégeux et pourrait bien être propice à une belle gamelle mais, quand on est euphorique, on est un peu inconscient..:-)

Et zou, arrivé sur le haut de Fraisses, je dépasse un couple de coureurs: tiens, j'ai gagné une place de fille, du coup. Et un dernier juste en bas de la descente qui me lancer "elles ont l'air de bien marcher les jambes?". "J'en ai trouvé des toutes neuves en route", c'est ce que je trouve à répondre...

Ne reste plus que la remontée au CLCS. Je l'attaque d'abord en marche soutenue, mais juste avant la RN88, je vois mon dernier concurrent dépassé qui tente un retour (enfin, c'est ce que je me dis...) en revenant en petites foulées.

Du coup, c'est la dernière motivation et je repars à la course sur la N88, puis la rue Chanzy. Ah, là ça fait mal aux cuisses et ça fait mal partout, mais je ne lâcherai pas! Et, cerise sur le gateau, une voiture me dépasse : "Vas-y mon Kiki!". C'est ma chérie à moi qui vient pour l'arrivée avec ma maman à moi. Dopant supplémentaire, va pas falloir que j'aie l'air d'un mickey sur la photo finish!

Et, enfin le petit rond-point, on tourne à gauche, le boulevard de la Corniche, y'a plus qu'à dérouler! Tire tire tire sur les bras....et sprint final de la mort qui tue pour ma photographe préférée.

Virage de sauvage dans les escaliers, descente deux à deux (l'an dernier, c'était descente demi-dalle par demi-dalle, façon Tullius Fanfrelus dans Astérix chez les Avernes). L'arche d'arrivée en vibre encore.



Au fait, ne pas oublier qu'il faut *rentrer* dans la salle du CLCS pour faire tamponner finalement son petit carton et voir son résultat enregistré. Cela pourrait-il expliquer qu'il n'y ait que 184 classés sur 328 partants, ce qui fait un taux d'abandons impressionnant....et pas conforme aux "barrières horaires" très larges (et très virtuelles) ?

Bim. 8h22. Bon, c'est raté pour les 8h15, mais déjà, gagner 15 à 30 minutes sur l'an dernier eût été un beau résultat pour moi. Alors, 53 minutes!

Tout cela va se savourer pendant les minutes qui suivent, dans la sympathique ambiance du CLCS où chaque coureur qui arrive dans la salle est applaudi par les présents. Et où je profite, tout simplement, en buvant la meilleure bière du monde à cet instant là..:-)


Plus tard dans la journée, je suis bien sûr revenu pour la remise des prix. Je ne peux manquer cela : c'est le moment de délivrance pour mon cousin et tous les organisateurs. Le moment où les coureurs et marcheurs qui ont pu rester peuvent restituer le plaisir qu'ils ont eu à participer à cette course.



Bien sûr, la remise des prix est un peu longue, mais c'est un vrai plaisir de voir toute cette équipe récompensée par la chaleur humaine simple qu'il y a dans cette salle. Et aussi profiter de la présence remarquée de plusieurs personnalités, jusqu'à Laurent Wauquier qui a fait le déplacement et attend Madame qui faisait le parcours en marchant.



Cerise sur le gateau, "Kikourou.net" remporte la Coupe de la Ville de Firminy à cause, je pense, de notre bon classement par équipes! Bravo à ceux qui se sont inscrits sous la bannière Kikou. Je ne sais pas si c'est la première coupe qu'on gagne ainsi, je ne sais même pas ce qu'on va en faire. Mais la casquette rouge est brandie fièrement en allant la chercher (et en rappelant que nous ne sommes pas vraiment "Kirikou, club de la région parisienne", mais c'est pas facile à expliquer....).

La coupe des kikous!

Grande et belle journée, au final.  Pas seulement parce que j'ai "fait une perf" (à mon niveau) mais aussi parce que j'ai pu confirmer que j'aime cette course et les gens qui la font (ceux qui la courent et ceux qui l'organisent).

Rendez-vous au 45ème Le Puy-Firminy! Vous n'avez pas fini de m'entendre vous tanner à ce propos et, l'an prochain, on éclate le record de participation kikoutesque. On peut le faire, je vous promets...et ce n'est pas la 60ème Saintélyon qui va nous en empêcher.....:-)

Les super-bénévoles du CLCS

11 commentaires

Commentaire de francois 91410 posté le 20-11-2012 à 09:13:18

ça c'est du récit ! ciselé, détaillé, microraconté et mégacaptivant. Ya plus ka en faire un projet de rassemblement pour le prochain we Kikouroù en 2013 !?

Commentaire de Arclusaz posté le 20-11-2012 à 09:40:23

Quoi ??????????
Qu'est ce que je lis??????????

T'as pas pris de crèpes?

Ta course est donc complètement ratée....

Dommage, car le reste était formidablement réussi : le teasing LPF sur Kikourou,les rencontres d'avant course,la gestion de l'épreuve,la revanche sur ton caillou et la nitroglycérine,le superbe chrono et la coupe pour "le club de parisiens".

Et bien sur, la photo avec MamanBubulle : quelle photo !!!!!! très très émouvante, à garder très précieusement.

Merci pour tout ça Christian.

Commentaire de paulotrail posté le 20-11-2012 à 09:46:11

Quelle gestion de course : un exemple !
Bravo à toi, ton récit fait envie....j'étais hésitant pour cette année, du coup l'année prochaine, si ma vieille carcasse est d'accord : je serais au Puy sur la ligne de départ (et un peu plus tard, enfin franchement plus tard su la ligne d'arrivée à Firminy...).

Commentaire de Jean-Phi posté le 20-11-2012 à 09:49:37

Ah tu as de quoi être fier, pour sûr !!! Bravo à toi pour ta très belle performance et ton plaisir à nous raconter avant (pendnat ?) et après cette course qui semble être finalement devenue un peu ta madeleine de Proust...
Bravo et bonne récup !

Commentaire de DEXTER WARD posté le 20-11-2012 à 10:03:10

Je trouve totalement inconcevable le fait que tu n'es pas pris le temps de manger une crêpe au Nutella.... ?!
Un vrai Kikou ne laisse jamais derriere lui un ravito plein !

Commentaire de joshua01 posté le 20-11-2012 à 13:34:07

Tu me déçois sur les crêpes aussi Christian,bravo pour ta belle perf et peut être à l'année prochaine sur ces mêmes chemins, je n'aime pas rester sur une mauvaise prestation.

Commentaire de Mustang posté le 20-11-2012 à 18:27:28

Bravo pour ta course!!!

Commentaire de Byzance posté le 20-11-2012 à 19:54:58

Moi ce qui me déçoit, c'est qu'il a obligé sa maman à se lever très tôt le dimanche matin. Bravo à toi !

Commentaire de philkikou posté le 20-11-2012 à 22:05:25

Je te confirme que t'as fait un final de ouf !!! tant pis pour les crêpes mais bravo pour la gestion en mettant à profit l'expérience de l'an dernier.
Bonne récup. et bravo

Commentaire de Japhy posté le 21-11-2012 à 07:31:48

J'adore la photo avec ta mère (je la préfère à celle que Wauquier...), quelle prestance elle a!
Un très grand bravo pour ta course, si je compare à la STL, ça me paraît un super chrono non? Une bonne gestion, dont on peut s'inspirer!

Commentaire de TomTrailRunner posté le 06-09-2014 à 16:09:39

En fait, ce n'est pas un récit mais un teasing pour les lecteurs...


Merci de nous donner envie :)

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