Récit de la course : La 6000 D 2013, par Insigma

L'auteur : Insigma

La course : La 6000 D

Date : 27/7/2013

Lieu : La Plagne (Savoie)

Affichage : 2150 vues

Distance : 60km

Objectif : Se défoncer

3 commentaires

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La 6000 D, récit à froid d’une course très chaude !

Il est 3h25 ce samedi 27 juillet 2013 lorsque j’ouvre un premier oeil.
RAS tout semble aller mieux. Il faut dire que les jours précédents n’ont pas été reluisants ; gastro fulgurante à J-3 qui a duré 24h et hier, des nausées toute la matinée !
Les moqueries ont fusé sur Facebook.. C’est de bonne guerre, j’aurais fait de même !

Nous partons des Arcs à 4h15 avec Vanessa.
Quelques virages propices à une bonne digestion plus tard, nous voici à Aime, lieu de départ de la course. Il est à peine 5h et la formalité qui consiste à récupérer le dossard est effectuée en 1min chrono.
Il va certes faire chaud aujourd’hui – je n’ai mis qu’un short et un t-shirt léger -, mais tout de même, à 5h, il fait un peu frisquet à l’extérieur, je reste donc bien au chaud, somnolant vaguement en attendant mon heure.
A 5h30, j’entre dans le sas de départ et m’assois par terre. Un peu avant le départ, un retardataire se pointe à côté de moi, sa copine est de l’autre côté de la barrière et s’inquiète pour lui de savoir s’il est pas trop déçu d’être placé aussi loin des premiers. Vu la tronche qu’il tire, je me dis intérieurement « lui ça doit être un balaise ! ». Petite anecdote sans intérêt mais qui en trouvera un de longues heures plus tard ^^

Altitude : 673m // A 6h00 le départ est donné ; nous partons à bonne allure dans les rues d’Aime encouragés par bon nombre de spectateurs. Sur les 1365 inscrits, seuls 1207 sont partis au petit matin.
Ces 4-5 kilomètres de mise en bouche sont assez roulants, ils permettent d’étirer le peloton et à chacun de trouver sa place. Lorsque la pente commence à s’élever, je dégaine les bâtons et me met tranquillement en mode « rando ».

Les 63kms de la course sont composés ainsi : 30kms de montée, le reste en descente. Enfin.. en gros ! Il y a juste une petite grimpette dans la seconde partie qui vaut son pesant de cacahuètes.

La nouveauté 2013 est là devant nous, nous sautons dedans.. C’est la piste de bobsleigh de La Plagne à l’intérieur de laquelle nous allons remonter sur 1.7kms !
C’est assez fun de courir là-dedans à moins de 10km/h alors que les gars déboulent habituellement dans l’autre sens à plus de 100km/h !
En haut, ça bouchonne. Un contrôle est effectué ici mais il n’y a qu’une personne pour badger tout le monde alors c’est un peu le bazar.. Seul point à revoir pour l’an prochain selon moi.
Sans ça, il faut bien le dire, l’organisation est parfaitement rôdée. :)

Premier pointage après 13.6kms, je suis 481ème. // Altitude : 1675m
A la sortie de la piste de bobsleigh, ça redescend légèrement sur la route puis nous filons vers le premier ravito de Plagne centre après un rapide passage dans la station fantôme d’Aime la Plagne où il n’y a pas âme qui vive..

Plagne centre, 19.7km. 471ème. // Altitude : 1979m. C’est là que les choses sérieuses commencent..

Ne pas s’affoler, y aller tranquille. Le dénivelé jusqu’au glacier est important sur les 10 prochains kilomètres.

L’ascension vers la Roche de Mio nous donne l’occasion de croiser le chemin des concurrents du Trail des 2 Lacs qui grimpent eux aussi jusqu’à cet endroit. Manque de chance, je cherche mon père depuis de longues minutes mais je ne le rattraperai jamais. Après coup, on apprendra qu’il passait à la Roche à 10h12.. et moi à 10h15. Rageant !
L’estomac n’est pas au mieux, je ne parviens pas à manger. Pour mémoire, de ce que j’avais pris avec moi, j’aurais mangé en tout et pour tout l’équivalent d’une gaufrette. Et me serais gavé de quartiers d’orange aux ravitos. Frugal. Sympa les restes de la gastro…

Roche de Mio, 26.4km. 488ème // Altitude : 2680m
Avant d’attaquer le glacier, il faut redescendre vers le col de la chiaupe, lieu du ravitaillement où nous passerons 2 fois aujourd’hui. La première fois, frais et pas trop entamés avant l’ascension finale, la seconde, totalement décomposés après avoir enquillé 600D+/600D- sur 6.5kms, dans la pierraille puis la neige… Glupsss.
// Altitude : 2492m

Le début de la montée vers le glacier est commun avec le retour de ce même glacier de Bellecôte. Et c’est l’occasion pour moi de prendre un coup au moral lorsque je vois revenir et cavaler vers moi les meilleurs. Déroutants de facilité ! Enfin ils descendent aussi..
Allez !
Un gars interpelle sa compagne/femme/copine (?) et lui dit « attends stp, j’ai besoin d’une pause ». Plutôt amusante cette situation :)
Etonnament, je monte sans m’arrêter. Je crois aussi que je veux en terminer au plus vite et attaquer la partie où je me sens le mieux, c-a-d la descente.

L’accueil au glacier est exceptionnel. Beaucoup de personne nous encourage, c’est stimulant, surtout à plus de 3000m d’altitude !
// Altitude : 3047m 30.8kms. 462ème
Ragaillardi par un bon ravitaillement et la perspective de la descente annoncée, je me remets en marche. Difficilement d’ailleurs, car nous sommes dans la neige et j’ai bien du mal à conserver l’équilibre. Quelques glissades maîtrisées, d’autres beaucoup moins, et nous voici revenus sur le plancher des vaches. Plancher dont l’inclinaison est tout à fait favorable au doublement de concurrents.

Retour au ravitaillement du Col de la Chiaupe // Altitude : 2492m. A mon tour moi aussi de croiser des malheureux qui n’en sont qu’aux balbutiements d’une galère certaine.. J’encourage la plupart.
Le ravitaillement donc où je cherche désespéremment des oranges, seul aliment qui me convienne. Une bénévole à qui je pose la question ne trouve rien de mieux à me répondre.. ah ah ah.. oh oh oh… préparez-vous à vous rouler par terre… ah ah… « il n’y en a plus, il fallait courir plus vite ».
Qu’est-ce qu’on se marre, franchement ?! La grosse poilade à 2700m d’altitude.
Mon silence en dit long, je préfère m’abstenir de répondre et je trace la route. Sans doute qu’elle voulait plaisanter mais bon, faudra repasser pour m’arracher un sourire à ce moment-là.

La longue descente débute, je suis pas trop mal au début et me rend vite compte, dès que le chemin remonte que je suis bien cassé. Et plus nous descendons, plus la chaleur se fait ressentir. Le moindre ruisseau croisé est prétexte à s’asperger d’eau et à remplir sa casquette avant de la revisser sur la tête. Ca rafraîchit… 5″.

Au chalet du Carroley, on est à seulement 4kms de Plagne Bellecôte où je dois retrouver ma petite famille. // Altitude : 2050m
Le pesant de cacahuètes dont je parlais plus tôt, il est là. Col de l’arpette. 1.8km, 300D+…. effectué en 33min !!! Aïe, ça fait rudement mal ça.. Autant au moral qu’au physique // Altitude : 2337m
Cette montée m’a tué, j’ai vraiment souffert ici et la suite de la course va s’en ressentir… 42.2kms. 440ème.
Enfin, haut les coeurs, il me reste 3 fois rien pour retrouver les miens.

Plagne Bellecôte 45.5kms. 435ème // Altitude : 1924m
Tout le monde est là, c’est chouette. Je laisse mes bâtons à Vanessa, j’engloutis plein de quartiers d’oranges et je reprends des forces, tout du moins morales. Je reste ici près de 10minutes avant de donner rdv à l’arrivée dans « au moins 2 heures ».
Le bénévole avec son tuyau d’arrosage est le bienvenu, le soleil tape sérieusement. Je suis trempé de la tête aux pieds avec de l’eau glaciale, c’est nickel.

Il reste 18kms. Comme dirait Vincent « sur la fin du parcours, on peut envoyer » !
Oui, sauf que moi, j’envoie plus rien du tout là.. Cuit ! Je vais mettre 3h pour effectuer ces 18 derniers kilomètres très roulants voire très descendants !… 1300D- !!!!!!
Le chemin est très boisé, super sympa. Large au début puis tout en single tracks sur la majeure partie de la descente. Là où je devrais m’éclater et dévaler comme un dingue, je suis au ralenti accâblé par la chaleur, les efforts du matin et, même si c’est difficilement perceptible, l’affaiblissement général dû à la maladie des jours précédents.. C’est frustrant.

Rivière. Casquette remplie d’eau basculée immédiatement sur la tête tel un irrémédiable leitmotiv auquel chacun s’astreint. Jusqu’au bout.
A mesure que le temps avance (lentement donc..), l’altitude baisse, le thermomètre monte. Et comme un malheur ne vient jamais seul, notre arrivée au-dessus de Montchavin est un nouveau coup au moral. Pourquoi me direz-vous ? Tout simplement parce qu’il y a là une MAGNIFIQUE et très attirante piscine !!!!!!!!!!! Arghhhh je veux y aller !!
Dans Montchavin, pour se faire pardonner, ils ont installé en pleine rue.. une douche ! Mon prédécesseur s’avance timidement vers cette fontaine de Jouvence.. Euh OK l’ami, si c’est pour faire ta frileuse, tu DEGAGES !!! lol et je me fous complètement dessous sous le regard interloqué du gars. Bonheur !
Montchavin 53.90kms 458ème // Altitude : 1207m
Ravitaillement en oranges comme toujours, je repars du ravito après m’être assis par terre… Pour m’échouer 100m plus loin à l’ombre sur un trottoir. Décidément, la fin s’annonce compliquée.

Dernière portion avant l’arrivée, je croise plusieurs épaves au bord du chemin, certains clodiquant, d’autres se tordant de douleur sous l’effet des crampes et un dernier qui vomit toutes ses tripes !
miam miam…
Sans oublier de demander à tous ces gens s’ils ont besoin d’aide, je m’occupe de mes propres maux (crampes moi aussi depuis quelques temps) et j’alterne marche et lente course.
C’est là aussi que je vais doubler mon balaise du matin qui ne fait plus trop le cador ^^ Il est mal le gars ! Je ne suis pas beaucoup mieux, qu’on se le dise..

Nous voici sur les bords de l’Isère. Aime n’est plus très loin selon mon GPS. Et dire que depuis Plagne Bellecôte, j’ai regardé et compté TOUS les kilomètres. 18kms à regarder sa montre en permanence, pendant 3h, c’est long.
Les coureurs placés devant moi marchent. Ceux situés derrière marchent. Et moi dans tout ça ? Moi aussi, je marche. Assommé par la chaleur étouffante. 37° relevé à Aime ce jour-là…

J’entre dans Aime, mon calvaire va enfin s’arrêter. Je vois au loin mon papa qui se précipite vers moi, Eytan dans les bras. Je lui fais signe de le poser par terre n’ayant certainement pas la force de le porter jusqu’au bout – c’est déjà assez dur pour moi de bouger ma carcasse -. Et voilà que nous passons tous les 3 la ligne d’arrivée, main dans la main. Chouette finish !
Altitude : 673m // 10h33m17 de course, 480ème.

La barrière horaire est fixée à 12h00.. Et ben, c’était « juste » ! Au final, vu l’hécatombe, ils repousseront à 13h00 le temps de course. Nous avons donc au final, des 1207 partants, 929 finishers.

La douche est vite expédiée puisqu’elle est… Chaude (!!!!!!) et je repars en direction des Arcs non sans avoir fait arrêter mon père sur le bas-côté de la route, une crampe HORRIBLE m’ayant emparé le mollet droit et m’ayant fait littéralement hurler de douleur. Première fois que ça m’arrive, ça fait mal :/

trace : http://connect.garmin.com/activity/349472486

3 commentaires

Commentaire de L_Olive posté le 06-08-2013 à 22:53:50

très belle course, bravo ! On s'est loupé de peu ! je me retrouve un peu dans ton récit, je fini dans le même état aux mêmes endroits (à quelques détails près)

Commentaire de Tonton Traileur posté le 07-08-2013 à 09:37:42

salut Stan. La chaleur en aura fait souffrir plus d'un cette année, et pas seulement sur la 6000D ... faut dire que du point de vue "acclimatation" , on n'a pas été aidé et tout ça est un peu "brutal" ...
Bravo d'avoir été au bout et à bientôt. bonne récup :-)

Commentaire de MiniFranck posté le 07-08-2013 à 10:50:35

Bravo Stan, j'ai souffert ce même week-end sur les FIZ(10h51), cette chaleur m'avait anéanti aussi et j'avais fini au moral mais on a toujours la joie d'en finir et de remettre ça ;-) Merci pour ton CR
3 générations à l'arrivé, très sympa !!!
Bises l'ami

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