Récit de la course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 80 km 2017, par SupermanEnTrail

L'auteur : SupermanEnTrail

La course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 80 km

Date : 18/3/2017

Lieu : St Quentin En Yvelines (Yvelines)

Affichage : 2736 vues

Distance : 80km

Objectif : Terminer

3 commentaires

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Le premier et.... pas le dernier...

Premier récit et premier trail au dessus du marathon… …

 

Faisons un état des lieux d’avant Eco trail si vous voulez bien. J’ai réalisé 7 marathons en tout depuis avril 2012, date de mon premier marathon en 3h59 avec sur le 32eme kilomètre, un fracassage dans le mur en bonne et due forme.

Puis le second, mon record en 3h30 suivi d’une baisse de regime sur chaque marathons qui ont suivi. Il faut savoir qu’après mon record, la naissance de mon 3eme enfant a ruiné mes temps… Enfin bref, le sommeil quand tu nous tiens.

Pour finir, les 2 derniers, j’étais déguisé en Superman et n’attendais rien de précis à part faire une sortie longue un peu fun…

 

Nous sommes plusieurs à courir à mon travail et un de mes collègues a décidé de monter en gamme et de faire la SaintéLyon. Un autre s’entrainait en augmentant aussi les distances afin de faire 3 ans après l’UTMB.

 

Il ne faut pas se leurrer, à la question qui a la plus g… on va dire que notre cerveau n’est pas très entrainé à refuser les défis.

Sachant que la SaintéLyon arrivait trop vite pour moi, on était en avril, j’ai décidé de participer à l’EcoTrail de Paris 80km. Moi qui me disais qu’en bagnole c’était chiant, alors à pied…

 

Bref, après un hiver studieux (seuil, fractionné, sortie longue, côtes, côtes, côtes etc…) Nous voilà au départ du 80km à Saint Quentin en Yvelines pour le départ.

Mon collègue qui a l’ambition de faire l’UTMB me propose de le suivre à 5’’20’/km jusqu’à BUC (23km) car nous avons vu que c’était très roulant.

Etant, un minimum lucide sur mes capacités, et sur le fait qu’au-delà de 42km, c’était un peu, beaucoup l’inconnu, je lui réponds que je suis mon plan, c’est-à-dire 10km/h (soit 6’’00/km).

 

Top départ !

 

Bisous à ma femme qui est au départ et qui doit être au ravitaillement de Meudon (45km) ainsi qu’un « à tout » à ma sœur qui fait partie de la partie car elle a peur pour moi (elle est medecin) .

Nous sommes partis, et j’ai déjà perdu mon collègue au bout de 200m. Je continue donc seul avec l’adrénaline du départ. Je passe ce moment de course jusqu’à BUC où au final, on écoute plus les autres parler qu’autre chose.

« Moi, j’ai fait le GRR en ayant juste couru des marathons »

« Tu as quoi comme chaussures ? »

« Il est sympa ton sac Raidlight, tu peux tout attraper »

« J’espère qu’il y a des toilettes aux ravitos »

 

BUC :

 

L’arrivée à BUC (23km) sans encombre en 2h08 soit 10.68km/h. Assez tranquille et roulant. Tout va bien sauf que…

En regardant mon camelBag, je m’aperçois que je n’ai presque pas bu alors que tous les 3kms, je tirais sur le flexible pour boire. Pas assez surement.

Je mange un peu, et bois un peu. Je remplis un peu ma poche d’eau et repars vers le prochain ravito (Meudon où m’attendent ma femme et ma sœur).

 

Go To Meudon (Aimer à se faire peur):

 

J’avais lu dans les récits que c’est à partir de BUC que les côtes arrivaient et effectivement, elles sont là. J’avais prévu de marcher dans les montées et courir sur le reste ce que j’arrive à faire.

Au 27eme km, nous croisons un gars, assez jeune, qui nous demande comment faire partir une tendinite. Sur ceux, je lui dis de s’étirer à la rigueur mais que ça ne va pas partir comme ça. Sur ceux, il me répond qu’in a mal sur l’extérieur du genou. Une TFL donc.

Ma réponse a été simple et brève car je lui ai dit qu’il devait serrer les dents.

50km à serrer les dents, ça doit être long quand même, d’ailleurs, je n’ai pas pensé à relever son numéro de dossard pour voir s’il a terminé la course.

Et là, ça a failli être le drame, 1km plus loin, je me tords la cheville et doit marcher en claupinant. Dans ma tête, plusieurs scénariis :

Si tu abandonnes au 23eme kilomètre, tu vas passer pour un con

Si tu abandonnes au 23eme kilomètre, tu vas passer pour un gros con

Si tu abandonnes au 23eme kilomètre, tu vas passer pour un débile

Si tu abandonnes au 23eme kilomètre, tu vas passer pour un naze

Au final, ça passe après 10mn et plus rien. Sur ce coup, j’ai eu chaud. D’ailleurs dans ce tronçon, j’ai croisé quelques personnes qui revenaient avec la cheville en vrac.

 

MEUDON (Oups !!):

 

J’arrive enfin à Meudon où ma famille est présente. On discute. Je dis que globalement ça va et que je suis dans les temps que je leur avais dit.

5h00 de course à Meudon et je suis à 5h03 de course.

Elles m’expliquent ce qu’il s’est passé en tête de course avec Manu Gault qui s’est arrêté longuement pour boire et s’alimenter pendant que Nicolas Duhault a tracé le ravito. Ce qui n’avait apparemment pas affolé Manu qui est reparti quelques minutes après tranquillement.

 Et là, c’est le drame, je vérifie une nouvelle fois ma poche à eau et… Bah, j’ai très peu bu en fait… Là, je me dis qu’après 5h00 de course, la déshydratation est latente. Je signale à ma femme et ma sœur que j’ai fait une boulette en ne faisant pas gaffe et que la fin sera surement compliquée.

Je prends mon temps pour l’hydratation et de manger car ça aussi, je n’ai pas été très bon.

Je repars enfin direction Chaville (56km de course). La prochaine fois que je devrais voir ma famille, est à St Cloud (69km de course)

 

Go To CHAVILLE (Maman, quand est ce qu’on arrive au ravito) :

 

Bon là je sens clairement que l’énergie diminue bien que j’arrive toujours à courir mais que les temps de reprise de course sont plus longs. Je sors enfin ma frontale car la nuit arrive.

C’est à ce moment aussi qu’on se rencontre que 80 lumens, ce n’est pas top pour un trail de nuit. Je suis jaloux de ceux qui arrivent à projeter mon ombre alors que moi, j’allume à peine mes lacets de godasses.

 

CHAVILLE (Les trailleurs sont… différents)

 

Enfin arrivé à Chaville où une bonne soupe nous attend. Je ne savais pas à quel point une soupe recharge ton organisme à vitesse grand V. Que ça fait du bien. Là je retrouve un gars (Christophe je crois), avec qui j’ai beaucoup parlé dans le RER nous emmenant au départ. Il était comme moi, un bleu dans les longues distances. Il me dit qu’il est content car les BH sont lointaines et que même avec un coup de mou, ça devrait passer.

A côté de moi, je vois un gars vomir toute sa soupe (et plus encore). J’aperçois un pompier qui arrive. Au fond de moi, je me dis qu’il va l’arrêter comme les fois où j’en ai vu le faire sur des marathons.

Pompier : ça va messieurs ?

Trailleur : Oui, oui (il revomit)

Pomier : Ok (et il repart)

Là, je me dis qu’on est dans un autre monde…

 

Je dis au revoir à christophe et repars avec ma frontale pourrie (il faut que je me renseigne sur les frontale la prochaine fois).

 

Go to St Cloud (c’est long):

 

Dans la nuit, je ne suis pas au mieux avec une sensation de fatigue. Par contre, j’arrive toujours à courir en me trainant certe, mais j’avance.

Je me remémore mes entrainements. Allez 14km jusqu’à St Cloud, c’est rien. Les kms semblent ne pas en finir puis la montée jusqu’au ravito qui est, dans mon état, très longuuuuuuue. Je vais enfin retrouver ma famille.

Ma femme et ma sœur qui sont au ravito depuis plus de 2 heures et qui m’attendent dans le froid.

En arrivant, le speaker me saute dessus en me demandant comment ça va, que j’étais attendu et que les BH sont très loins (2h30).

Sur ce, je lui réponds que ma femmes et ma sœurs veulent voir la fin de The Voice. Il regarde sa montre, et nous dit que pour le coup, c’est mort…

Je prends mon temps, bois de la soupe qui pour le coup, n’était pas bonne (est ce que mon corps en avait marre ?)

Et je repars pour la tour Eiffel…Je vais la finir cette P*** de course.

Ma sœur et ma femme descendent aussi et mon diront après coup, qu’elles ont voulus couper et se sont vautrées. Ma sœur a eu, d’ailleurs un doigt bien violet et enflé.

TOUR EIFFEL (j’arrive, tranquillement, mais j’arrive)

 

La descente se fait au mental et après… Plus rien, plus de jus, plus de force… Je vais terminer en marchant. C’est long des kilomètres à marcher. Je cours sur le dernier kilomètre.

Ma femme est là, m’encourage. Je n’arrive pas à  dire quoi que ce soit. J’ai le droit à un :

Pas de sourire, ça fait plaisir !!!!

Je monte les marche, ça y est je suis finisher !!!!!!!!!!!!!!!!!!!

 

Du monde à la tireuse à bière, pas grave, j’aime pas ça.

Je descends par l’ascenseur. Là un des coureurs s’excusent pour les touristes de l’odeur.

Je retrouve enfin ma famille et suis crevé.

Je suis toujours surpris de l’effet que ça fait au corps de passer cette ligne. Le cerveau aussi doit se dire

allez c’est fini, on éteint la lumière, rideaux.

Parce qu’après, pas possible de faire 20m sans me reposer.

 

Ma femme avait tout prévu et nous avions un hotel à 200m de la tour Eiffel.

 

EPILOGUE :

Le lendemain matin je suis allé chercher des viennoiseries à la boulangerie. Je me suis dit que j’étais plutôt pas mal quand même et qu’on pourrait aller se promener dans la matinée avant de reprendre le train.

Note pour moi-même, l’acide lactique arrive vite quand on marche…

 

Bref, cette aventure a été extraordinaire et m’a donné envie de recommencer.

Message que j’ai mis sur Facebook après la course :

 

Ça y est c'est fini...
Après 10 semaines de préparation, objectif premier atteint!
Merci à Emilie Elyseyan et ma soeur d'être restées dans le froid toute la journée à voir des gobelets, des gens malades et de m'avoir vu à chaque fois 5mn.
Grand merci particulier à ma chérie d'avoir tout organisé pour ce périple et de m'avoir suivi dans ce délire en me laissant faire mes sorties en forêt à 6h30 du mat' pendant de longues heures.D'avoir supportée (et de supporter toujours) mon alimentation stricte pendant cette prépa. Sans toi, rien n'aurait été possible...
Pour ceux qui s'inquiètent de la réalisation d'un tel projet, ne vous inquiétez pas,
"Je connais mes limites. C'est pourquoi je vais au-delà!" 😋

 

Sa réponse :

Je te suivrai au bout du monde , rendez-vous dans quelques mois pour le prochain avec toujours autant de plaisir et d'amour 

3 commentaires

Commentaire de Arclusaz posté le 21-06-2017 à 17:42:09

bien ça !!!!!

pour te suivre sur la STL, ta moitié et ta soeur vont un peu plus galérer en voiture, mais ça se fait......
Donc, ça nous fait déjà 3 personnes au Flore :-)

Commentaire de boby69 posté le 21-06-2017 à 23:31:46

CR plaisant à lire ,continues comme ça ! (et aussi à te faire plaisir en course) NO LIMITS !!

Commentaire de SupermanEnTrail posté le 22-06-2017 à 09:01:28

Merci beaucoup, en tout cas, pour les prochaines fois, je vais acheter un sac permettant de mettre deux flasques de 600ml-750ml devant afin d'avoir un œil dessus.
Par contre, on m'a dit d'éviter pour la STL car il semblerait que ça puisse geler ou faire de l'eau très fraiche au vue des températures.

De même, je vais planifier la prise d'alimentation durant la course avec la quantité.
Sur ce coup, j'ai fait preuve de trop d'amateurisme qui coutera cher quand je ferai des courses plus longues

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