Récit de la course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 80 km 2019, par bubulle

L'auteur : bubulle

La course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 80 km

Date : 16/3/2019

Lieu : St Quentin En Yvelines (Yvelines)

Affichage : 2930 vues

Distance : 80km

Objectif : Pas d'objectif

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Tu marcheras, mon fils....

7 Ecotrails 80km, 9ème édition successive à laquelle je participe, sur les 12. Pas facile de retrouver de quoi se motiver pour faire cette course que je connais totalement par coeur.

Cela fait 2-3 ans que ça me titillait, depuis que Bert l'a fait une première fois en 2016, puis réitéré en 2017 : pourquoi pas en marche nordique ?

Ce sera pour cette année. Année un peu particulière où je réduis les distances et où je veux éviter le "trop" avant le gros test de l'Ultra de Madère fin avril.

J'ai donc prévu un intermède "faire mes trails récurrents en marche nordique" entre les 2 grosses courses boueuses de l'hiver (Raid 28 et Bouffémont), et Madère : d'abord l'Ecotrail, puis le Trail des 2 Amants.

Le timing de l'arrivée sur la base de loisirs (première fois en train pour moi, depuis notre déménagement) est parfait, pour ne pas trop attendre. Il ne fait pas trop froid cette année. Nous avons la chance d'avoir une petite fenêtre météo de temps dégagé et frais, au milieu de semaines très humides. Evidemment tout le monde se rappelle l'édition dantesque de 2018 : cela s'annonce bien plus calme de ce côté-là.

Bien sûr, nous faisons la traditionnelle photo des kikoureurs :



Facile aussi de se placer sur la ligne de départ. Après avoir souhaité bonne course aux amis, je me mets dans le no man's land derrière le peloton....que je laisse s'ébrouer.

La ligne est franchie parmi les derniers (il y a toujours quelques retardataires qui arrivent à l'arrache) et, au bout de 500 mètres, deux coureurs m'annoncent qu'ils me laissent la dernière place. Voilà, c'est lancé.....j'en ai en principe pour au moins 3 heures de solitude jusqu'à Buc...tout au moins 2 heures certaines jusqu'aux premières difficultés.

L'objectif est de tenir 7,5km/h (en MN, on compte plutôt en vitesse, allez savoir pourquoi) ce qui devrait amener en 3h10 à Buc, laissant un peu de temps pour le ravito avant la BH qui est à 3h30.

C'est un tempo rapide, mais pas démesuré, que j'ai essayé de régler ces dernières semaines. Evidemment, je n'ai pas grand-chose pour me caler, donc ce sera "au feeling".

En attendant, je fini par rattraper toute la queue du peloton, au bouchon habituel qui se forme au bout de la base de loisirs.

Là aussi, quand on connaît, c'est plus facile : ça avance toujours mieux par la droite. Du coup, je me retrouve à la sortie "dans le paquet", avec plusieurs dizaines de coureurs derrière moi.

Pas facile à gérer car, évidemment, ce n'est pas très simple de bien déployer le geste de MN avec des gens qui trottinent partout autour. Je me cale sur le bord extrême du chemin, quasiment dans les ronces et la boue.

Cela ne se passe pas trop mal, à l'exception d'une altercation avec un guignol qui me la joue "je vais t'expliquer l'esprit trail" en insistant sur le côté "dangereux" des bâtons. Je lui donne "aimablement" rendez-vous dans quelques heures.

Il est facile à repérer, ce zigoto, avec son sac de 15 litres qui déménage la maison. Je ne le reverrai pas. Dommage, ça m'aurait amusé.

Bref...en 500 mètres, la situation est redevenue normale. Je suis à nouveau le dernier..:-) (en fait, un peu plus loin, 2 ou 3 coureurs passeront : probablement certains qui auront pris le départ en retard).

Cela me vaudra d'ailleurs un moment de franche hilarité quand j'arrive sur la zone proche du départ. Un caméraman est posté là, il a dû filmer le passage de la course soit pour l'organisation soit pour un media local....il est en train de remballer....et je le vois précipitamment remonter sa caméra sur son pied pour filmer l'espèce d'olibrius qui se démène avec ses bâtons sur le chemin au bord de l'étang. Si on trouve cette vidéo, ça sera marrant.

En fait, je suis, à 10-20 mètres, une femme qui trottine exactement à ma vitesse. Cela me vaudra quelques vannes des spectateurs qu'on retrouve au niveau de la ligne de départ, quand on longe l'étang. La pauvre va entendre le "pic-pic" pendant environ 3 kilomètres avant que je ne finisse par la dépasser quand elle s'arrête quelque temps pour retirer son coupe-vent (là où tout le monde retire le coupe-vent...vers le golf).

Et donc, je commence à compter : 1. J'ai décidé de compter ceux que je dépasse entre les ravitos, pour m'occuper. Je dépasse même 2 ou 3 autres coureurs, aussi arrêtés pour cause de déshabillage, mais eux me re-dépasseront : 2, 3, 4.....3, 2, 1.

Ce qui est amusant, c'est que dans les lignes droites à l'opposé de la base de loisirs, je vois encore la queue de peloton, au loin...mais qui va s'éloigner progressivement.

Je reste quelques dizaines de mètres devant "ma" féminine, qui continue à trottiner derrière moi, à 7,5km/h.

Une "cible" apparaît toutefois progressivement, au loin : un coureur qui semble se faire des pauses en marchant. Il sera mon deuxième dépassé, au niveau du vélodrome, juste devant l'orchestre de percussions, qui continue toujours à jouer. Je le reverrai quand même bien plus tard, entre Buc et Meudon.

Le compte est donc de 2 au niveau de la passerelle de la N10, franchie en 1h16, pour 1h18 sur le roadbook. Puis 3 après la passerelle (il y avait une coureuse devant...:-)

Amusant de traverser Saint-Quentin absolument tout seul, on fait un peu extra-terrestre, surtout avec le "pic-pic" des bâtons sur le bitume (la distance est trop courte pour remettre les "pads" de caoutchouc).

Je vais ensuite faire le yoyo avec la "numéro 3" pendant un bon moment, jusqu'à la première côte, l'entrée du secteur de La Minière. Première côte qui préfigure ce qu'il va se passer ensuite : à chaque côte, je retombe en général sur un petit paquet de coureurs, qui sont promptement avalés. Parfois, ils repassent car ils courent toujours plus vite que je ne marche, mais le compte va inexorablement augmenter.

 

L'avantage est que ça permet de garder une motivation pour bien avancer. Ainsi, quand on fait le tour de l'Etang  du Moulin à Renard, je vais pousser fort pour ne pas laisser passer un gars qui revient (le "numéro 6")....avant que la longue côte qui suit ne scelle son sort..:-)

Longue côte montée à 6,5km/h, ce qui est à peu près dans mes prévisions, et me voilà en haut en 2h08 pour 2h10 prévues. Je me rappelle encore de ces valeurs de mon roadbook et je suis donc rassuré : cela va le faire à Buc.

Jusqu'à la "descente à Pat" vers La Minière, je porte le compte à 7 ou 8. Je vois désormais ponctuellement des coureurs devant, c'est moins solitaire.

Les deux grosses côtes qui se situent avant le ravito de Buc permettent de faire monter le compteur plus rapidement car c'est par paquets de 3 ou 4 que je dépasse les coureurs maintenant....et qu'il leur est plus difficile de revenir (dans les descentes). La deuxième côte, la plus raide, est avalée à 4,2km/h! Dans les descentes, ça tourne environ à 9....

Bref, me voici au ravito de Buc en 3h01, pour 3h11 prévues. J'ai compté 26 coureurs dépassés. Et je suis 2348ème. J'ai 6 minutes de retard sur Bert 2016, et 7 sur Bert/Bart 2017.

J'y fais en théorie un ravito rapide, mais j'y reste quand même 7 minutes car je prends le temps de regarder un point qui me soucie : une petite douleur à la malléole gauche, façon ampoule. Curieusement, alors que je ne fais pourtant rien de particulier, à part une vaine tentative de protéger cela avec ce que j'ai (un bout de PQ!).....je ne le sentirai plus.

Et c'est parti pour la section la plus accidentée, jusqu'à Meudon. Là, le compteur de coureurs dépassés (je repars à zéro) va s'affoler.

J'en suis déjà à 17 en haut de l'"Alpe d'Huez" au-dessus de Buc....puis à 42 au Petit Jouy pour arriver à 55 en haut de la côte qui amène à la forêt des Metz.

C'est pareil dès que la pente se relève : tous les coureurs passent à la marche....et se font croquer. Evidemment, ça a aussi un effet de boost pour moi : c'est quand même plus motivant d'envoyer du lourd quand on voit le résultat que si on est tout seul à se battre avec le terrain.

Et les organismes sont, là, clairement fatigués. Le fait que le terrain ait longtemps été roulant....mais quand même pendant 22 kilomètres, entame les réserves. Et ce n'est pas spécifique à l'arrière de la course : regardez les commentaires des divers kikoureurs...

C'est aussi un régal parce que, par ce beau temps, nos forêts sont superbes, même les lignes droites "barbantes" (il n'y en a pas trop ici).

Le Petit Jouy est atteint en 3h56 (4h06 prévues). J'ai gardé mes 10 minutes d'avance, mais à partir de là, je ne le sais plus : je n'avais pas tout mémorisé et j'ai oublié où j'ai mis le roadbook (encore un qui a été fait et ne servira à rien en course).

Comme la forêt de Versailles est un peu zappée après la passerelle A86 (1 seule côte au lieu de 2), mon pacman se ralentit légèrement, mais le rythme ne faiblit pas. Les voies du tram T6 sont franchies en 4h46 pour 4h59 prévues. L'avance continue à augmenter légèrement.

Après un petit moment passé avec un coureur qui m'avait demandé si je faisais le parcours entièrement ainsi (il y en aura peu, en fait, cela sera surtout au début...ensuite, de toute façon, beaucoup marchent....contraints et forcés), le compteur repart vers le haut. La descente vers l'étang aux Ecrevisses est un vrai point jouissif, j'y ai une pointe à 10km/h.... Le cap des 100 coureurs dépassés sera franchi à l'étang du Trou aux Gants....même si la longue descente roulante qui suit fait un peu redescendre le compteur....je savoure à l'avance l'arrivée du terrible mur du Précipice.

Là, c'est juste une tuerie : on part de 97 en bas et on arrive à....122 en haut. Bon, certes, j'en rajoute une couche pour le fun, je me sors un peu les tripes (les seuls moments où le cardio monte très haut en MN).

Et la passerelle N118 est atteinte en 5h31 pour 5h47  : 16 minutes d'avance, encore 3 minutes de grattées.

Bonne séquence, dans la foulée, sur l'enchaînement façon "montagnes russes" qui va amener en haut du Tapis Vert. J'ai aussi la chance de ne pas bouchonner dans les deux descentes un peu acrobatiques qu'elle comporte (l'une des deux était une horreur totale l'an dernier).

La descente sur l'étang de la Garenne est d'ailleurs assez "inventive" en allant chercher un chemin totalement défoncé par les travaux forestiers...ce qui est assez pour m'arranger. Cela nous amène à une boucle interminable dans le secteur des Montagnes Russes de Clamart. Intrinsèquement, c'est un circuit sympa, mais cela a le défaut....de ne pas avoir été totalement annoncé...et de reculer l'arrivée au ravito de Meudon, qui est en général très attendue (pas tellement pour le ravito lui-même, mais pour la coupure qu'il apporte). Les compteurs des 200 sera passé dans ce secteur là et.....c'est mon pote Steph le Givré qui aura l'honneur d'être le 250ème, retrouvé dans la dernière côte avant le ravito.

Il y a quand même du soulagement à arriver à Meudon (juste après Steph, repassé dans la descente). L'objectif est de remplir les flasques, par sécurité (je bois toujours peu....mais quand même régulièrement)...et surtout de prendre la frontale qui ne tardera pas à être nécessaire.

J'ai atteint le ravito en 6h43 pour 6h50 prévues : petit effet du "supplément" des Montagnes Russes qui n'était pas pris en compte dans le roadbook et a dû coûter 10 minutes. 11 minutes de retard sur Bert 2016, et 31 sur Bert/Bart 2017.

Je suis 1963ème, soit 385 places gagnées. Moi j'en ai compté 252, mais il faut ajouter les coureurs dépassés pendant le ravito de Buc et surtout les abandons à Buc...

Je repars aussi vite que possible, en 3 minutes. Et je redémarre le compteur du pacman à 0.

Ce sera un des petits moments de lassitude, que le trajet jusqu'aux terrasses de l'observatoire. J'ai un peu plus de mal à faire l'effort pour rattraper les coureurs, ce qui me motivait jusque-là.

Je pressens aussi que ce sera moins enthousiasmant car le parcours devient beaucoup plus plat et je risque de me faire pas mal dépasser (tout le monde ne marche pas encore).

Heureusement, au nouveau de la grille d'entrée du parc de l'Observatoire, les Dunes d'Espoir viennent de finir un des relais de leur joëlette et sont en train de repartir. Je vais les suivre, de loin, pendant toute la traversée du parc.

Et on peut dire que ça en fait du bruit et de l'animation ; "Et un, et deux, et Dunes d'Espoir !" braillé dans la forêt sombre et (un peu) boueuse.

Le compteur va assez longtemps stagner autour de 15 dans cette section très plate. Je fais le yoyo avec les coureurs qui font du Cyrano, je rattrape ceux qui ne font que marcher et...je suis dépassé par ceux qui courent.

J'ai un vague espoir qu'on zappe le crochet par le restaurant de l'étang de Villebon (qui nous fait faire une boucle telle, le long du mur du parc, qu'on repasse à un moment, à 10 mètres de là où on était passés 2 kilomètres avant). Mais non, on va se les taper jusqu'au bout, ces lignes droites le long du mur. La remontée le long de l'étang permettra juste d'améliorer le compteur....qui va par contre redescendre dans la suite.

En effet, le parcours, après avoir repassé la N118, va ignorer la jolie petite boucle des Fonds de la Chapelle et de l'Ursine pour une liaison toute plate jusqu'à la Tour Hertzienne. Sur le coup, je n'en suis pas trop fâché : on arrive au stade où on commence à avoir envie d'arriver le plus tôt possible...mais cela me prive d'un pacman supplémentaire sur une descente et une remontée bien bavante avec, entre les deux, un single zigzagant où la MN va aussi vite que la course trottinée.

L'arrivée sur Chaville est donc assez rapide avec "juste" une descente/remontée, qui me permettra d'amener le compteur à 34.

Belle ambiance encore, au ravito de Chaville. Il est vrai que la présence de la joëlette des Dunes n'y est pas pour rien.

J'y arrive, donc, en 8h11, pour 8h46 prévues. L'avance a donc bondi à 35 minutes (dont, quand même, environ 5 à 8 sont dues au léger raccourcissement du parcours. La BH que je prévoyais de passer avec 9 minutes d'avance, est à 50 minutes. Donc, d'ores et déjà, je suis tranquille pour la fin. Pour mémoire, je n’ai plus que 2 minutes de retard sur Bert 2016 (il avait eu un coup de mou dans ce secteur, il l’avait écrit) et 17 sur Bert/Bart 2017.

Reste toutefois à essayer d'avoir le droit de monter à la Tour Eiffel. Il n'était pas bien clair, sur le site, à partir de quelle heure on ne pourrait plus monter, si jamais cela se faisait encore ainsi. Assurer une arrivée avant minuit serait l'idéal, ce qui veut en gros dire de garder l'avance actuelle. A ceci près que je ne la connais pas, ne retrouvant pas le roadbook !

Bref, me voilà 1768ème avec encore 195 places de gagnées : 34 "sur le terrain"....et le reste par le jeudes abandons et de la durée de l'arrêt à Meudon.

Je prévoyais 5 minutes, je vais rester 6 : le temps de refaire le plein et de prendre une soupe (pour le salé) et quelques fromages (là aussi pour le salé).  J'ai peu consommé de mon ravito perso, mais je l'ai fait régulièrement, en prenant la compote/gel Aptonia qui me réussit pas mal.

Et, et je prends aussi un bout de banane, avec une pensée pour ma Magali qui me rappelle toujours de bien manger ma banane.

La minute supplémentaire, c'est le coup de fil à Elisabeth qui permet de donner d'autres nouvelles que le simple pointage Livetrail où le tracé cahotique de la balise Capturs. Je lui dis que tout va bien,  que j'ai les jambes un peu lourdes (c'est vrai) mais que ça envoie bien (j'annonce fièrement mon pacman de Buc à Meudon quand même!).

Chaville, dans ma tête, c'est la bascule : on commence à entrer en mode "finisher". Intrinsèquement, la section jusqu'à St-Cloud n'est pas très difficile, juste un peu longuette, notamment la descente dans le parc.

Je remets le compteur "pacman" à zéro et c'est reparti. Il est toujours à 0 quand on passe la route des Gardes, car les 5 coureurs que j'avais avalés en descendant comme un dingue me rattrapent parce qu'on attend le feu rouge pour traverser.

Du coup, la côte de la Femme Sans Tête, ça va grave chier....et bim, on est à 11 en haut. Faut dire que 4km/h sur un mur à 30%, s'pas mal....

Et vu que la Route de la Source est dévalée à près de 10 de même que la rue qui suit dans Chaville (ou Sèvres, je ne sais jamais). On est à 15 en bas. Re-bim.

Juste que le problème c'est qu'il y a une manif d'anti-pacman au bord de la route. Vlatipa que j'entends hurler deux hystériques depuis le pied de l'escalier. Eh oui, Bérénice et Nath75 ont attendu jusque-là, avec leurs fraises Tagada et même des nounours en guimauve. Il y a même une troisième figure connue, quoique beaucoup moins hystérique, en la personne du Grand Gardien des Fausses-Reposes, notre MOB vénéré, Maître Jacques. Ce qui me vaudra d'ailleurs la seule photo en course (hormis les photos vendues à prix d'or par les photographes officiels), avec un commentaire totalement dans son style :


 

Christian sort de l’hyperespace (c) MOB 2019


Par contre, bon, le temps de papoter et mon compteur revient plus ou moins à zéro....:-). Mais qu'est-ce que ça faisait plaisir d'avoir ce petit intermède, merci Bérénice (qui avait couru le 30km), Nath (qui avait couru le 45km!) et Jacques (qui a ensuite épaulé mon ami Stéphane jusqu'au Parc de Saint-Cloud).

Je retrouve ici le côté spécial de l'Ecotrail pour les kikoureurs parigots.... Cette course, on la connaît par cœur, elle est parfois chiante à mourir....mais on y revient chaque année entre autres pour ça (enfin, moi, en tout cas).

Mais c'est pas le tout, y'a du boulot et un compteur à faire tourner. Je recliquète les gants sur les bâtons, je mets les PADs pour que ça accroche bien dans la rampe et c'est parti dré dans l'pentu de la côte rue de la Source. bpoth9, le seul autre kikoureur que j'aurai croisé sur la course (il me rappelle qu'on s'est vus l'an dernier aux Deux Amants où il avait tenu compagnie aux serre-file!!) tente de prendre la roue. Il tiendra jusqu'au début de la côte de Morte-Fontaine.

Faut dire que j'ai le mors aux dents  et que je croque du trailer en route, avec la musique de pacman dans la tête. Compteur en haut : 22. Ils ont vu c'est qui Raoul ceux qui ont osé me dépasser pendant que je mangeais ma fraise et mon nounours.

Même si certains repassent ensuite en direction et le long des étangs, le moindre coureur qui s'avise de marcher est par contre dispersé façon puzzle sur le bord du chemin.

Sauf un. "Monsieur 26" m'emboîte le pas. En fait, il me dit gentiment que si ça me gêne pas, il veut bien "sucer ma roue". Comme c'est demandé gentiment,  pas de soucis, je vais même ralentir à 7km/h pour qu'il suive....

Non, j'déconne. Je suis aux taquets, à 7km/h, sur le petit kilomètre montant en pente douce...et Monsieur 26 s'accroche bien. Du coup, on passe à peu près autant de coureurs (ceux qui marchent) qu'on est dépassés (par ceux qui courent encore : je suis d'ailleurs surpris du nombre qui courent car j'ai presque toujours fait du Cyrano à cet endroit).

Enfin se présente à nous le dernier endroit où je peux mettre une grosse cartouche : la Route Royale, qui remonte à l'Etoile Royale.

Et évidemment, maintenant que je me prends pour le Roi Soleil, Nostre Majesté ne peut point tolérer que des manants Nous fassent de l'ombre sur Nostre Route.

Nous empoignons donc avec vigueur Nos Appendices Royaux et Nos Royales Cuisses sont sollicitées. Et ladite Royale  Coste sera avalée à 1,665 lieues à l'heure (Nous vous laissons faire le calcul, manants : sachez pour vostre gouverne, que Nous utilisons la nouvelle lieue de Paris, qui correspond à 2000 toises : le calcul devroit estre simple).

Nostre Royal Compteur de manants s'arrêtera à 42 à Nostre Etoile.

Lesquels manants vont toutefois se rebeller (cela semble être une habitude chez le manant, c'est détestable) et perfidement profiter du faux-plat descendant qui mène à Marnes la Coquette (qui n'estoit qu'un hameau de pauvres hères à l'époque de Nostre Royale Capitale) pour oser dépasser Nostre Auguste et néanmoins plus lente Personne.

Le compteur va ainsi redescendre à 32 à l'entrée du Parc de Saint-Cloud (qui fut agrandi et embelli pour Monsieur, Nostre Royal Frère).

Ce Parc de Saint-Cloud va être un long et pénible chemin de croix, du moins en apparence car en fait, de la grille au Fer à Cheval (3,5km), je tourne à 6,6km/h. Mais il y a quand même un peu plus de difficulté, surtout à se faire plus dépasser. Le compteur de dépassement sera, du coup, de 35...et encore, surtout parce que j'arrive à mettre une dernière mine dans l'ultime côte, qui mène au ravito.

Lequel ravito est atteint en 10h08 pour 10h48 prévues. L'avance est donc montée à 40 minutes (ce que j'ignore). J'y suis 1679ème, donc encore 89 places gagnées. Je suis désormais 1 minute devant Bert 2016, mais 12 derrière Bert/Bart 2017.

Je le zappe totalement. Je n'ai plus qu'une envie : me lancer à corps perdu dans la dernière descente où on peut faire des différences et continuer ensuite sur les quais. Cela pourra faire sourire, cette obstination à dépasser des coureurs, mais c'est en fait la seule motivation à bien avancer dans cet exercice de régularité qu'est la marche nordique.

Cela ne fonctionne pas trop mal puisqu’au niveau du tram du Pont de Sèvres, mon compteur est à 26 !! Compteur....dont je vais perdre le fil ensuite : mon esprit s'est maintenant focalisé sur une chose : arriver avant minuit. J'en perds d'autant plus la trace que la joëlette des Dunes me dépasse (je les avais rattrapés à leur dernier relais, au Pont de Sèvres)....et que ce n'est pas très simple à gérer, tout ce monde sur le chemin de halage un peu étroit.

Comme beaucoup de coureurs, ils sont un peu aux taquets et je vois donc défiler pas mal de monde : il est probable que le compteur redescende plus ou moins à zéro, mais je vais cesser de m'en occuper.

L'esprit est maintenant centré sur UN objectif : garder le "bon" geste, faire de la "belle" marche nordique en poussant fort. Comme je déteste un peu le vacarme assourdissant des pointes sur le bitume, je remets donc les PADs caoutchouc, même s'il faut les retirer dans le parc de l'Ile Saint-Germain.

Et je ne m'occupe plus des autres. Et de rien d'autre que de marcher...et bien marcher. La seule parenthèse sera pour chercher les "Panobert", les traditionnels panneaux de notre Capichef préféré, qui en avait prévu un spécial pour la "Mordor Team" :

 


Malheureusement, ils ont probablement été enlevés : probablement par l'équipe d'ouvreurs du 45km. Cette organisation de l'Ecotrail manque parfois vraiment d'imagination et de fantaisie.

Comme toujours, la bascule se fait au Parc de l'Ile-Saint Germain : une fois qu'on revient sur le quai, pour le long passage le long des bétonnières, cela sent l'écurie. Mais il est hors de question de lâcher quoi que ce soit. Sur l'ile, j'ai vu que je suis à 10h50 de course. Cela veut dire que les 11h45 restent possible...et donc que j'aurai peut-être la Tour qui clignote pendant la montée.

Entre le Pont de Sèvres et le pied des escaliers du Quai Branly, il y a 8,06km. Je les ferai en 1h10, donc à 6,9km/h. Le tout après 70km, ça le fait. En 2015, en gagnant (par erreur) la marche nordique de l'Ecotrail, j'avais mis 1h03 (j'étais un peu boosté par le deuxième marcheur qui était à quelques minutes). Il y avait donc encore de beaux restes, cette année.

Ah, ce pied des escaliers ! Elisabeth, postée "comme d'habitude" en haut des escaliers, y hurle des "Allez Bubulle" qui sont du coup repris par d'autres spectateurs, c'est juste le gros kif. Il n'y a que nous deux qui savons que je viens de terminer un truc un peu spécial, pour les autres, c'est juste un trailer de plus qui termine le 80km, mais pour moi, c'est la suite de la renaissance.

Et, en plus, c'est partagé une fois de plus avec celle avec qui nous réinventons encore et toujours notre vie et qui est quand même venue se peler de froid au pied de cette fichue Tour pendant près de 3 heures, juste pour ramener sa loque de Bubulle à la maison.

L'organisation a encore amélioré, cette année, le circuit au pied de la tour. Nous sommes à la fois isolés du flot de touristes et au milieu d'une longue haie de spectateurs et supporters (la plupart attendant "leur" coureur). C'est vraiment le pied...

Presque plus, d'ailleurs, que la montée au premier étage dont j'ai toujours un peu de mal à profiter (le côté compétiteur me fait continuer à monter le plus vite possible....alors que le chrono est arrêté au pied de la Tour). Et.....pari trop bien gagné! Les lumières clignotent....juste après que je sois arrivé. Je suis allé trop vite.

Je vais d'ailleurs filer très très vite sans trop vraiment chercher à rester : il n'y a plus de kikoureurs que je connais dans ce secteur du peloton (Steph arrivera 23 minutes après et bpoth9 30 minutes derrière moi). Je veux donc rentrer au plus vite, aussi pour Elisabeth que je vois mal attendre la litanie douche/repas.

De toute façon, le gros kif, c'était la montée des escaliers du Pont d'Iéna.

Au final, 11h41 pour 12h33 prévues et donc 52 minutes d'avance sur le roadbook...et même 9 sur le Bert 2016. Par contre, Bert et Bart, en 2017, gardent le record officieux de l'Ecotrail en marche nordique, en 11h28 (à supposer que personne d'autre ne l'ait fait, ce qu'il est difficile de savoir).

Alors, l'an prochain, je clique encore, vous croyez ?

13 commentaires

Commentaire de Stéph le givré posté le 17-03-2019 à 18:21:46

Félicitations Christian davoir été ton 250ème coureurs dévoré. J'ai croisé Elisabeth à l'arrivée. BRAVO

Commentaire de patfinisher posté le 17-03-2019 à 19:22:08

Bravo... Tu es vraiment incroyable ! Sacrée perf et mental pour s'y attaqué en MN... Récit comme d'habitude (immersion immédiate a la lecture... ). L'année prochaine ? Bien-sûr que tu y seras 😁😉

Commentaire de st ar posté le 17-03-2019 à 19:57:12

Woah chapeau Christian ! Je suis impressionné. Imprimer un tel rythme en MN sur cette distance, bravo !!

Commentaire de JiBête posté le 17-03-2019 à 20:31:30

Juste énorme, le récit comme la performance !

Commentaire de Bérénice posté le 17-03-2019 à 20:41:49

Tu as été énorme comme d’habitude ! Un grand bravo ! C’etait une super bonne surprise quand on a vu ton horaire passage à Chaville de se dire qu’on allait te voir. Tu peux remercier Raya, David et Patrick qui, à force de traîner, nous ont fait décaler notre venue à Chaville.
2020 ? Et si tu accompagnais un mal voyant ? Ça t’irait super bien...le défi serait de parler tout le temps :-)

Commentaire de TomTrailRunner posté le 17-03-2019 à 22:57:34

Et clic dans la besace royale du bubulle :)

Commentaire de L'Dingo posté le 18-03-2019 à 08:15:55

quel est le plus impressionnant: 80km en foulée MN ou un CR de 80 paragraphes dans la foulée ?
J' ai assisté au second par une lecture assidue, un régal !

Mais il manque juste le nombre exact de clignotements de la Tour pour féter ton arrivée :-))

Commentaire de BouBou27 posté le 18-03-2019 à 09:42:25

Bravo Christian !
Un super récit pour une course hors norme en MN

Commentaire de catcityrunner posté le 18-03-2019 à 21:28:38

Bravo Christian pour ce pacman géant :-)
Et le récit millimétré !

Commentaire de neofoxy posté le 19-03-2019 à 09:44:28

Bravo Bubulle. Un exemple parfait.
Un jour...je le tenterais ;)

Commentaire de Tonton Traileur posté le 20-03-2019 à 09:17:37

argggghhh, misère de misère de tabernacle ! Tu dois être le seul kikou que je n'ai pas réussi à croiser sur le parcours … et pourtant, c'est pas faute d'avoir essayé ! Après avoir marché un p'tit bout de chemin avec Steph, sur la portion de bitume dans la traversée de Buc, j'ai remonté le parcours en direction de l'Alpe d'Huez (où les fameux virages ont été zappés d'ailleurs - maudit traceur !), et … rien ! pas de Bubulle à l'horizon, même pas un pauvre petit 'pic,pic' à se mettre sous la dent. l'effet 'MN' sans doute ? … Les pavés madériens sont prévenus ...

Commentaire de a_nne posté le 22-03-2019 à 21:31:16

Une belle partie de pacman, bravo !!
Cela me rappelle de bons souvenirs...mais 4 'seulement' pour moi !
J'y reviendrai sans doute un de ces jour...
Bien joué en tout cas !

Commentaire de franck de Brignais posté le 23-03-2019 à 22:49:05

Vostre Royale Majesté a réalisé un sacré truc !! Tu ferais un carnage sur une STL en MN... je dis ça...

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