Récit de la course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 80 km 2014, par fifidumou

L'auteur : fifidumou

La course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 80 km

Date : 29/3/2014

Lieu : St Quentin En Yvelines (Yvelines)

Affichage : 3225 vues

Distance : 56km

Matos : - skin haut et bas
- sac et porte bidons salomon
- brooks cascadia 8
- attelles chevilel ZAMST A2DX
- casquette kikourou au nom d'EthanD mon fils adoré(TRES TRES IMPORTANT)

Objectif : Terminer

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Pas de récit cette année

Compte Rendu Ecotrail de Paris 80 KM du 29/03/2014

 

Et bien non ! je ne ferais pas de compte rendu cette année.

Tout d’abord je n’ai pas le temps cela fait 4 jours que la course s’est passée et je ne suis libre devant mon écran que ce soir .

Ensuite je ne publie jamais de compte rendu lorsque je ne passe pas la ligne d’arrivée (et je n’achète pas les photos non plus : je n’ai les photos que lorsque je termine la course) .

De toute façon c’est une petite course sans intérêt particulier, sans dénivelé énorme, sans arrivée au sommet de la Tour, sans mon parrain pour m’accompagner tout au long des trottoirs (voir récit de 2011), sans Gérald pour m’encourager à l’intérieur de la course, sans Marc pour prendre le départ avec moi, sans ma fille ou ma nièce pour m’attendre à Chaville : au total rien à raconter !

 

Ah bien sûr ! il y a Zine qui fait sa course à Meudon, mais il est loin de St Quentin. Il y a Guy qui l’accompagne sur le 30 km. Il y a Louis qui court avec nous par la pensée, tout en se faisant masser le dos à l’hotel par Marina pendant que nous caracolons déjà sur la terre sèche des sentiers de l’Ile de France. Quant aux 3 femmes du groupe elles ont oublié leurs baskets et ne seront pas au départ.


Le Transport :

 

Les quelques péripéties ferroviaires de mon arrivée sur l’aire du parc de loisir de St Quentin n’ont rien de palpitant. Train VICK, Champ de Mars, Viroflay rive gauche, ligne N du francilien ne m’ont laissé aucun souvenir digne d’intérêt. J’ai par contre eu beaucoup de plaisir à rencontrer un marathonien de l’Oise qui fera son premier grand trail de 50 km, et surtout qui m’a donné la bonne astuce pour avoir ses enfants près de soi sur les courses (les inviter à l’hôtel les jours de course, les faire participer à la préparation du voyage en week-end et leur faire visiter la France et l’Europe par la même occasion). Quel dommage que je l’ai pas rencontré le bonhomme il y a 20 ans, j’aurais peut-être fait moins de course tout seul ! (mais ce n’est pas si sûr malheureusement).

Quel grand bonheur aussi de retrouver Jean Michel Touron dans le même wagon !. Le monde serait-il petit ? Il me mitraille comme à son habitude, tout en me racontant ses Tor des Géant (4 finis tout de même), son UT4M et son Echappée Belle toutes les 3 faites en 2013 sur les 4 semaines de la fin de l’été. Il a pris quelques kg lors de ses 3 mois de blessure, mais cela ne l’empèchera pas de me doubler avant BUC de sa foulée souple, sans que je ne le revoie plus par la suite.


L'aire de départ de St Quentin :

 

Arrivé sur l’aire de départ il me faut vider ma vessie et je laisse filer Jean Michel et son ami pedicure-podologue-trailer aux bâtons. Je ne les reverrais pas mais ce n’est pas grave je suis concentré sur ma préparation .

 

J’avale un petit déjeuner avec 2 parts de quatre- quart, un café soluble pas terrible, et j’ajouterai plus tard un gâteau de riz puis un de semoule et mon traditionnel Cooky Punch Power dont la digestibilité m’est parfaite.

 

Je cherche un coin pour me préparer. La question du jour est à propos de la tenue . Il ne fait pas froid, mais va –t-il faire vraiment chaud ? Je sais d’expérience que je me dois d'avoir froid sur la ligne pour avoir chaud après. Très souvent sur l’écotrail je dois enlever une couche du haut soit en m’arrêtant, soit en courant (ce qui est une peu casse – cou), car la température de l’aire de départ remonte très vite dans les bois. Un petit tshirt technique devrait suffire , mais je n’en ai pas amené sur Paris. Je n’irais pas jusque à prendre un Tshirt coton que j’avais prévu de donner à Portes de Versailles pour le recyclage . Je n’ai que mon Skin compressif du haut et je vais essayer de tenir avec toute la course . La veste de protection du vent si fine soit-elle sera de trop. Je la mets dans le sac de retour en camion.

 

Je garde mon collant d’hiver sur le cuissard de course (Skin toujours). Il m’est bien utile pour supporter le double porte bidon à ma taille. J’ai peur que ce nouveau porte bidon ne glisse trop sur le skin. Oui ! je sais je ne l’ai pas encore essayé en course et ce n’est pas bien. Mais je l’ai acheté la veille du départ à Paris et je n’ai pas eu le temps de faire un essai. De toute façon je voulais mes bidons pour l’hydratation et mon sac Salomon 5 litres était un peu petit pour tout mettre pour 80 km. J’ai donc pris mon gilet Salomon (13 l) pour le haut du corps (vêtements de rechange, poche à eau, trousse de secours : tout cela ne rentrait pas dans le 5 litres).

 

Avant d’harnacher tous ces sacs sur mon dos, je commence mes étirements d’avant course . Ce sont des étirements activo-dynamiques que m’a conseillé Christophe Geoffroy : je ne vais pas à fond, je fais un muscle à la fois et je termine par des contractions de chacun des muscles par la suite (ischio, adducteurs, mollets , quadri). Il n’est en effet pas facile de sautiller avec le sac à dos .

 

Je suis bien chaud quand je vois bubulle pas trop loin de moi avec les nouveaux kikous de l’année. Je vais leur serrer la pince et claquer une bise à Caro que je reverrais plus tard ce soir .

Juste un peu plus tard c’est Laurent Le Bagnard à qui je « claque une bise aussi ». On se connaît depuis mon premier Ecotrail en 2009 , on a failli terminer ensemble bon dernier en 2010, et on a fait tous les 2 l’embolie pulmonaire de 50 ans « qui tue » (qui en l’occurrence n’y est pas arrivé ni pour lui ni pour moi) à 2 ans d’intervalle . Cela crée des liens.

 

Je retourne dans ma bulle (de préparation), après avoir salué bubulle. Bien hydraté, bien nourri, bien équipé je m’occupe alors de mes pieds. De la NOK, encore de la NOK. J’enlève les attelles et les chaussettes de protection et je badigeonne mes orteils sans prendre la peine de d’enlever les chaussettes de contention . Grave erreur .La peine sera pour moi dans 10 heures (et pour toute la semaine) . Bubulle m’avait dit il y a 5 minutes : « le terrain va dur… très dur!! . J’aurais du mieux l’écouter et doubler la dose de NOK . 10 heures de terrain dur cela ne s’oublie pas quand on es un orteil. Et les miens n’ont pas vu de terrain dur depuis 1 an . Dommage pour les mois à venir , il va falloir compter les ongles restant avec angoisse au fil des semaines.

 

Pendant ce temps là le chrono file . Il est grand temps de rentrer dans le sas . Je file donner mon sac 3568 au camion pour le retour en tentant un dernier allègement .

 

A propos d’allègement il faut que je vide ma vessie, ce qui est fait « illico presto » (enfin façon de parler car ma prostate ne connaît pas vraiment les formules italiennes … ou latines je ne sais pas ).


Le départ vers BUC :

 

 Me voici dans le sas . Un petit coup de fil au parrain de Marseille un autre à Gérald, un petit dernier à Pierre et c’est parti alors que je parlais encore. Pas de soucis ! j’ai le temps de perdre quelques secondes, j’ai un programme prévu pour 13 heures.

 

Le terrain de départ est toujours aussi irrégulier (terme poli pour dire «pourri»). Des trous, des bosses, des mottes d’herbe, des ornières, des arbres en travers et des coureurs à perte de vue. Voilà un spectacle qui me ravit chaque fois. Petit coté désagréable je me fait doubler, je double, et lors de chaque pseudo rencontre j’aimerai avoir le mot sympathique d’un ami. Malheureusement ce sont toujours des inconnus qui courent à coté de moi, et cela me désole un peu . Pire cela me déconcentre de ma course . Il me faudra quelques heures avant que cette sensation ne cesse.

 

Nous longeons le lac de St Quentin et sommes souvent encouragés par les spectateurs. Laurent Le Bagnard est très apprécié. L’année prochaine je lui propose un déguisement de flic ou de maton pour l’accompagner. Il est partant, mais il me faudra trouver un déguisement léger s’il fait chaud comme aujourd’hui.

Mon rythme est bien correct et je ne souffre pas trop contrairement aux années précédentes (mon équipement plus léger en est très probablement la cause). Je me fais tout de même doubler mais ce n’est pas grave. Parfois je passe en mode marche pour faire descendre le cardio . Il est à 165 et je le fait passer à 155 pour repartir. J’essaie de me ménager et de rester dans ma bulle et ma course, à l’écoute de mes sensations. Je n’essaie jamais de suivre un coureur ou une coureuse. Je marche dans les bosses «lettes» pour ne pas monter en fréquence stupidement, La chaleur commence à me gêner , et j’ai perdu mon aisance en arrivant à Trappes . Je suis tout de même mieux que l’année dernière au même endroit: j’ai du monde autour de moi, là ou j’étais tout seul en 2013 .

 

Jean Michel me rattrape à Trappes, et j’ai enfin le mot amical que je n’attendais plus de la part de mon « doubleur». J’aimerais rester avec lui un moment mais je m’efforce de le laisser partir pour ne pas m’asphyxier. Quelque tapes dans les mains de jeunes enfants des cités, et nous retrouvons les chemins de terre que nous affectionnons tous.

 

Ma première heure s’est passée à 9.5 km/h et c’est un peu beaucoup. Je risque de le payer plus tard. Je reconnais chaque sentier, chaque passage. Je pense à Gérald en 2009 sur les passerelles en bois qui ne surplombent plus les étangs maintenant asséchés. Je revois ma chute sur le genou en 2010 qui m’avait troué mon premier collant skin tout neuf.

 

En allant jusqu’à BUC je garde un vitesse correcte mais la chaleur se fait sentir . Mon collant ma bien vite passer dans le sac à dos, pour laisser mes genoux blafards s’encanailler le long des brindilles. C’est ce moment là qu’une tique plus intelligente que les autres a choisi pour me prendre pour un canasson. Elle aura fait au bas mot un voyage de 9 heures dans les bois d’Ile de France, un nuit d’hotel gratuite, un grand tour du parc de Versailles, un TGV de 600 km et une journée de consultation avant que je ne la détecte 3 jours plus tard. Elle finira dans mon évier, puis mon égout après 3 tours de tire-tique vengeurs .


Tiens les amis kikous ont mis nos nom sur des pancartes juste dans une descente. Génial ! il ya mon "nom" fifidumou. Trente mètres plus loin c'est Jack, patfinisher et Sab que je salue avec beaucoup de plaisir tout en les remerciant de leur présence amicale. Cela fait chaud au coeur car la forme n'ést pas au rdv à ce moment de la course .

 

 

Le parcours jusqu’à BUC est sympa, et connu. Je profite de l’absence de boue pour trottiner correctement. Je commence à faire l’accordéon avec quelques coureurs mais les langues ne se délient pas Tout le monde est concentré. J’ai moins l’impression d’être dans les derniers que l’année passée et cela me réconforte. Mais de toute façon je suis là pour me faire plaisir et j’ai décidé d’arrêter de gamberger stupidement pour savoir si je suis dernier ou pas .

 

Un bonne bosse, puis un autre et nous allons redescendre sur BUC là ou j’avais rencontré mon parrain en 2011. Je pourrais alors profiter du ravito car cela fait 3 h que nous sommes partis et mes 2 bidons sont maintenant vides.


Arrivée sur BUC et on repart vers MEUDON :

 

Nom d’une pipe!! nous ne descendons pas . Les balises remontent vers le village. Le ravito doit être ailleurs. Nous sommes sur du bitume . Je n’ai pas envie de recourir. Je marche. La ligne droite est longue. La rue nous emmène vers un parc, que nous traversons. La rue est vide. Il est 15 heures et il fait chaud . Maintenant ce sont des escaliers irréguliers qui nous font atterrir au dessus de l’école qui sert de ravito .

 

Je ne reste là que 4 minutes. Je n’ai pas de crampes contrairement à 2009 , et je suis vraiment bien aidé par la bénévole qui me remplis mes bidons . Nous avons fait 23 km ce qui est bien plus que les 21 de la première année . Je ne peux donc pas comparer les temps . En tout cas je suis dans la barrière horaire.

 

Je repars avec plaisir, en marchant. J’appelle mon parrain: personne, Emeline: Personne, Gérald Personne, Riad: c’est son fils qui me répond qu’il n’est pas là . Bon je range le matos et je repars.

Pas la peine de trottiner, la bosse qui m’attends est conséquente. Je n’arrive pas à la monter . Mon moral se met à fondre au soleil . Je me fait doubler par 2-3 coureurs dont une fille au Tshirt blanc dont le sac à dos ne constitue pas le seul surpoids génant pour monter les bosses.

Je ne suis pas bien, je marche. Les photographes sont juste au sommet de la cote qui arrive. L’année dernière j’avais accéléré pour faire bonne figure sur la photos ; le « joli coureur dans la montée». 15 mètre plus loin j’avais apprécié à sa valeur la crampe dans le mollet qui m’avais tenu une bonne partie de la course. Cette fois-ci je marchais avant les photographes, je marcherais après les photographes et donc « devant les photographes » JE MARCHE !

 

Je commence à ressentir un peu plus d’énergie. Je bois de l’ADEP salé goût poule depuis 30 minutes et je sens que je marche plus vite. Etonnement je recommence à courir. Ce n’est pas la joie mais je sens que les cuisses répondent. Je continue comme cela d'alterner course –marche pendant plusieurs heures. Il me faut tenir jusqu’à Meudon, pour le ravitaillement en eau. Nous somme à 27-28 km et Meudon est à 45 km. J’ai mes 2 bidons de 500 d’ADEP (déjà entammé) et mon litre dans la poche à eau . Il faut que j’arrive à MEUDON vers 7 h de course .

 

Après réflexion je me rend compte que je ne m’étais pas assez alimenté sur les 3 premières heures de course (2 x 500 ml de boisson à la menthe, 300 ml d’eau , ½ barre salée, 1 barre sucrée).

L’ADEP correspond bien mieux à mon besoin d’énergie liquide.

 

Au fil des heures ma marche devient plus tonique, et ma course arrive à rester correcte plus longtemps. J’arrive à tenir le 9.5 km/h et j’en suis tout étonné et vraiment ravi.

 

Au fond d’un vallon un coureur s’occupe d’un gars assis. Il me dit qu’il a fait un malaise vagal . Je m’arrête pour faire le point . C’est dommage car j’étais en pleine bourre, en train de doubler plein de coureurs . Le gars à terre n’est pas trop mal . Il veux arracher son dossard mais il lui faudra marcher un moment car nous sommes loin de tout. En fait il s’agit d’un kikou (Herisson) qui a déjà fait et terminé 3 fois la course . Il est dans un jour sans , il va arrêter. Et se relève pour téléphoner à sa femme. Contrairement à ce que l’on croyait ce n’était pas un malaise vagal mais juste un coup de mou. Pendant ce temps là tous ceux que j’avais doublé me redoublent. Damned !

 

Je reprend mon chemin. Mes forces ne sont pas parties . Mon moral est bon . Je sens que je vais passer Chaville. Si je passe Chaville les « 2 points » sont à moi, avec le tshirt finisher en plus. Mais je rêve et cela me déconcentre. Prochain objectif Meudon avec un bon ravito en eau.


Je reprend ma course et je gagne des places . Personne ne me rattrappe quand je marche et quand je cours personne ne me double . Cela me motive. Nous arrivons dans le petit jardin en dessous de la mairie de Meudon. Puis les escaliers qui sont terribles. Il y a au moins 100 marches en 3 fois . C’est horrible, mais beaucoup moins que l’année dernière .


Passage à MEUDON  pour filer vers CHAVILLE:

 

Me voilà au 45 km . Je prends de l’eau, remplis mes bidon de poudre salée et me voilà prêt pour rejoindre Chaville. Nous sommes entre chien et loup . Je prends ma lampe au front pour éviter d’être controlé sur le matériel obligatoire. Je suis avec la fille au Tshirt blanc , mais la discussion ne s'engage pas. Elle part devant . Le bus des abandons est là , juste à coté. Je lui crie avec délectation DE NE PAS M'ATTENDRE !!

 

Nous voici sur le parc de l’observatoire et je prend en photo la Tour. Elle n’est pas encore illuminée . Je me sens des ailes et je suis en train de photographier le loup avant de l’avoir tué. Je rêve de mon arrivée. J’ai presque 2 heures pour faire les 10 km de Meudon à Chaville (et j’en ai déjà fait 2 ).

 

Malheureusement la nuit tombe vite dans le coin. Ma lampe frontale est peu efficace, mais je n’ai pas le temps de changer les piles . J’utilise ma deuxième lampe pour signaler les reliefs (cailloux, pierres racines) à jour frisant. Mieux encore je décroche celle du front pour faire 2 faisceaux de lumière à jour frisant et le résultat est appréciable. J’arrive à courir, courir longtemps . Les coureurs de mon groupe précédent ne me rattrapent pas. Je suis seul devant .


J’ai l’angoisse de me perdre, miro que je suis avec mes lunettes de soleil en pleine nuit. Voici les dolmens et le menhir. Je les vois encore un peu et je me régale. L’année dernière ils étaient dans le noir total. J’avais fait une photo complètement ratée . Il y a 3 ans je ne les avait même pas vus . Cette fois ci je suis tellement motivé que je ne m’arrête pas .


Mes amis du groupe de derrière m’ont rejoins car je ne peux plus courir . J’en aurais la capacité mais je n’y vois pas assez bien . Je préfère marcher plutôt que de tomber . Nous arrivons à Chaville dans 10-15 minutes. Cela monte et ça descend. Une grosse bosse terrible nous décourage. La deuxième bosse sera celle de la délivrance vers le ravito. Je ne la prendrais pas avec mes amis du moment. Nous devons passer avant 21 h et il est 20 h40. Tout le monde est tendu . Mais je dois les laisser partir car c’est pour moi l’heure de la «détente». Mon mal de ventre depuis le départ se fait de plus en plus pressant. Je dois vider l’ampoule la plus distale de mon tube digestif. Le gros narbre juste là fera l’affaire, mais qu’il se dépèche!!!. J’éteins les ampoules (de mes lampes) pour rester incognito car je suis à 2 mètres du chemin passant. Les loupiotes des coureurs défilent. Je suis derrière mon arbre. J’attends une accalmie de loupiotes . Je pose mes sacs au loin (pour les protéger). Mais rien ne protège mes main . Je m’en mets de partout . Le ravito de Chaville va avoir un drôle de gôut cette année !!!

Ouf cela va mieux. Mince encore des coureurs. Un coureur s’étonne: «Ouh là Il doit y avoir une charogne dans le coin». Mince je ne suis pas aussi incognito que cela . Je me ressaisi (du bout des doigt) et reprend au plus vite ma course vers le Chaville salvateur.

 


Passage éclair à CHAVILLE :


20 h 50 Hip hip hourra .!! C’est tout bon pour moi.

Je me lave bien vite les mains avant d’aller ingurgiter 3 soupes au vermicelles et à la tomate,

Je rempli mes 2 bidons et à 20 h 59 je file vers l’aventure de l’arrivée,

J’ai 1 h 30 pour faire les 10 km vers l’entrée du Parc de St Cloud

C’est dans mes cordes . Je suis en pleine forme, je connais bien le parcours . Une grosse bosse, une descente sur Chaville ville que l’on traverse, une petite montée un passage autour d’un lac bien éclairé,

Puis les Fausse Reposses avec des chemin larges sans racine ou je pourrais courir à 9 km/h

.. et après à moi la Tour ! et le TShirt finisher!  et les 2 points ! 

 

Je descends avec précaution le chemin vers la route puis j'attaque la montée . Quel plaisir de monter facilement sans avoir les cuisses asphyxiée par les manchons trop court de 2011. J’avale la côte sans problème, puis je redescends vars la ville . Un petit pont au dessus de la voie ferrée et j’attaque la course victorieuse en pleine luminosité.


Le petit .. accroc dans le programme :

 

Tiens un « gros chien » par terre au bout du pont! C’est bizarre il a un sac jaune sur lui... Je m’approche en essayant de ne pas me faire mordre. Ah non c’est un bonhomme couché. Bizarre un clochard en plein milieu de la route . Il aurait pu trouver un meilleur abri.?

Je passe mon chemin quand j’entends 5 mètres plus loin un coureur qui téléphone au PC course . Il me dit que le « clochard » s’est tordu la cheville. Je l’entend gémir. Je m’approche pour en savoir plus .

 

Il me dit qu’il a glissé sur le trottoir, et qu’il a très mal. Je m’aperçois qu’il a un gilet fluorescent, et je n’ai jamais vu de clochard avec un gilet fluo . Je comprend qu’il est bénévole sur la course.

Il ne peut pas se lever si bien que je vais tout de même vérifier sa cheville avant de repartir. Ce doit être une petite entorse . Je le rassure et je repart illico,

 

Je me baisse péniblement pour voir cela. Cela m’a l’air bien tuméfié. Je baisse la chaussette . Mince une ecchymose des 2 cotés. J’enlève délicatement la basket (modèle des années 1970 très probablement fautive dans l’accident qui nous préoccupe).

OUH LA LA ça «craque » là-dessous ! . Le bonhomme à du se faire une belle fracture bimalléolaire.

 

Il faut que je l’immobilise . Je demande à la dame bénévole qui est là à 10 mètres de moi (comme si une fracture était contagieuse) de me trouver un journal ou un magazine pour immobiliser le pied. Elle n’en a pas . En fait ce n’est pas une dame mais un ...monsieur dont la petite taille m’avait induit en erreur : je lui adresse mes excuses les plus plates .

 

 

Tant pis je vais faire office d’attelle. Je m’allonge par terre car les crampes arrivent. Je bloque le tibia. Je tire sur le calca et l’astragale pour bloquer au mieux et je ne bouge plus . L'effort statique n'est en général pas facile mais ce n'est pas moi qui ai le plus mal des 2 . Je commence à avoir froid.

 

Pendant ce temps là je pose quelques questions au papy (son âge, son nom, les médicaments qu’il prend). Les habitudes du toubib reviennent vite, même à 22 h au fin fond de l'Ile de France. Ouf il ne prend rien de compliqué sur le plan cardiaque et pas d’anticoagulants.

 

Pendant que je lui tiens la jambe (juste retour des choses pour le coup : d’habitude ce sont mes patients qui « me tiennent la jambe »), je continue à lui poser des questions. Son visage me parait tout d’un coup un peu figé. Il ne répond plus, même à mes questions simples et il est assis. Il est en train de faire un malaise vagal avec la douleur de la jambe, et je n'ai pas envie qu'il aille dans la même chambre que Schumi. Vite avant qu’il ne se fracasse le crâne au sol, mettons lui un coussin sous la tête. Il n’y a rien dans le coin ! Mon sac à dos trempé fera l’affaire. La dame bénévole qui n’en était pas une, m’enlève mon sac à dos pour le mettre sous la tête de Robert*.

Voilà un trauma crânien qui n’aura pas lieu .

Mais notre homme est gelé . Ma couverture de survie est à portée de main . Un cycliste bienveillant s’en empare et entoure notre homme du papier brillant que nous connaissons tous .

Malheur le cycliste est le serre-file. Et il veut faire son travail au mieux. Il ne veut plus attendre et me laisse à mon rôle d’attelle vivante. Le gredin m’élimine de ce fait car je passe alors derrière le serre-file .

Je vais donc finir en bus comme d’habitude (refrain connu).

Pendant ce temps là mon téléphone sonne pour avoir des nouvelles de ma course. Je suis au pied de Robert*. Le téléphone est sous la tête de Robert*, dans mon sac. Je ne répondrais donc pas ! Et je ne sais toujours pas qui n'a pas eu de nouvelles à ce moment là.

 

Les secours arrivent. Un attelle gonflable sera la bienvenue pour soulager Robert*, et me soulager de mon rôle antalgique. Encore 10 minutes pour aller chercher l'attelle dans la voiture, puis la poser, et je peux enfin dégager mers mains et mes bras . Par contre après 9 h de course et 30 minutes d’exercice statique au sol, celui m’attire fortement au point de ne plus pouvoir me lever .

 

Par chance les bénévoles m’aident à me relever pour que je puisse aller saluer Robert* qui est en train d’appeler sa femme pour la prévenir.

Son rire en dit long sur sa connivence conjugale: « c’est bien fait pour toi ! » lui avait elle répondu avant de raccrocher (je traduis en bon français pour garder un peu de politesse dans mon récit).

 

 

5 minutes de marche douloureuse en descente vers le bus m’ont permis de reprendre mes esprits après ces péripéties.

Si j’ai récupéré mon sac et le portable, j’y ai perdu une couverture de survie, un t shirt finisher promis et le plaisir de finir de nouveau l’Ecotrail 80 km.

 

Mais qu’elle joie d’avoir pu rendre service à Robert*, et de lui avoir permis de vite aller revoir son épouse adorée ! (non sans être très probablement passé par la case bloc opératoire)

 

 

 

En conclusion :

  • merci de tout coeur aux bénévoles pour leur dévouement (sans limites !)

  • merci aux organisateurs de nous faire vivre du sport en pleine nature même si prés de Paris

  • à bas les barrières horaires !

  • à bas les serre-files (boutade) !

 

Philippe

 

Médecin qui fait du trail ?

Ou

Trailer qui soigne ?

 

Robert* : les prénoms ont été changé par l'auteur pour plus de confidentialité.

 

A l'année prochaine les amis !!!

22 commentaires

Commentaire de jpoggio posté le 08-04-2014 à 07:50:26

Hébé : pour un non-compte-rendu, il y a de belles péripéties.

(et je comprends maintenant l'origine de la Zone Interdite dans ce que l'on appelle depuis quelques jours le "Triangle Maudit" entre les routes du Pavé de Meudon,Morte Bouteille et Route Sablée...:D )

Commentaire de RayaRun posté le 08-04-2014 à 07:57:33

Bravo pour ton professionnalisme ! L année prochaine, tu reviendras avec une gniake renouvelée au top !

Commentaire de VieuxFred posté le 08-04-2014 à 08:46:11

'Robert' a une chance incroyable d'être tombé sur toi. Énorme bravo pour la gestion de l'accident. J'espère que les organisateurs t'inviterons gracieusement à la prochaine édition, ça me semble être le minimum.

Commentaire de jano posté le 08-04-2014 à 08:53:11

salut, dommage après une gestion de course pas si mal d'être arrêté comme ça.
une belle occasion manquée !!
Au plaisir de te croiser aux coursières dans 1 mois...

Commentaire de Bacchus posté le 08-04-2014 à 09:05:13

Merci pour ce CR plein de rebondissements,
Bravo pour ton dévouement, le tee shirt sera pour l'année prochaine. J'espère pour toi que les organisateurs t'offriront le dossard.

Commentaire de caro.s91 posté le 08-04-2014 à 10:05:59

Fifi, tu m'avais raconté ton aventure sous la tente au moment du dîner quai Branly. Je suis contente que tu l'aies publiée aussi...
Heureuse aussi de lire le récit de toute ta course avant (parce que ca tu ne me l'avais pas raconté).
Tu as fait passer ton métier avant le sport, c'est "grand" (mais normal me répondras tu!). Forcément déçu de ne pas avoir pu finir, mais au fond de toi tu sais pertinemment que tu serais rentré dans les temps. L'année prochaine sera la bonne et très franchement, l'orga pourrait t'être reconnaissante en t'invitant en 2015... Mais cela fait il partie de leur façon de faire?
Sinon, ravie de t'avoir connu "en vrai" !
Caro

Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 08-04-2014 à 10:50:30

Salut Philippe, un bien beau geste qui t'honore... Bravo et rdv au Connex !

Commentaire de dg2 posté le 08-04-2014 à 11:10:08

J'ai moi aussi été témoin d'un médecin ayant interrompu sa course pour raisons professionnelles, quoique sans lien avec la course (voir mon CR). Mais c'était sur le 50, et il a pu repartir, non sans avoir prévenu la première bénévole rencontrée de l'interruption temporaire, puis la reprise de sa course.

J'espère moi aussi que vous aurez un dossard gratuit de la part des organisateurs.

Commentaire de Mickey49 posté le 08-04-2014 à 11:20:16

La plus belle partie de ce récit en est la fin...
J'espère que l'organisation non seulement en aura connaissance, mais qu'elle saura compenser cette inversion des rôles : un trailer qui soigne un bénévole, devant "une dame bénévole" bien dépassée elle-aussi.
En voile, il est arrivé que des concurrents se déroutent pour porter assistance à d'autres : non seulement l'organisation compense le temps perdu (ainsi sur un tour du monde en soiltaire, ils ont même poursuivi un temps à deux sans disqualification), mais le saint-bernard bénéficie d'une aura particulière.
Je pense qu'outre un dossard en 2015, l'orga pourrait te rétablir dans cette course 2014 au temps moyen/ classement où tu étais au moment de l'accident plus une bonif de temps équivalente aux pénalités que le réglement prévoit en cas inverse.
Mais je rêve sans doute...on est passé d'épreuves sportives à des "business cases".
Surtout ne regrette pas ce que tu as fait, la communauté t'en saura toujours gré !

Commentaire de AldeBleau posté le 08-04-2014 à 11:39:19

Bravo Philippe,tu fais honneur à l'esprit de course.
Le "hors-temps" consécutif est bien futile face à la satisfaction d'avoir porté assistance à un concurrent.
Ce n'est sans doute pas la dernière fois que ce genre de péripétie aura coûté un "hors-course", et c'est un peu la rançon des queues de peloton : on se transforme vite en assistance mobile ! J'ai pour ma part été "hors-temps" suite à assistance
un coureur/se en difficulté sur rien moins que la CCC, le Merrel Challenge, le Sparnatrail, et le Tour des Glaciers de la Vanoise...
C'est sûr, quand on se voit retoquer à la barrière suivante, çà "gonfle" un peu,
mais ce n'est pas pour autant que la fois d'après on ne prêtera pas main-forte..
Et puis, dans l'absolu, si on flirtait moins avec les B.H., on aurait le temps
et d'assister si besoin, et de boucler le circuit dans les temps ! ;+)

(NB : le coureur qui s'occupait de Hérisson lors de son malaise", c'était moi.)

Commentaire de Hockeyeur posté le 08-04-2014 à 11:41:25

Un très grand bravo Philippe.
Je pense que tu as compris l'esprit du trail contrairement à ce serre-file ...
Encore merci aux bénévoles et organisateurs. Je leur tire mon chapeau !!

Commentaire de le_kéké posté le 08-04-2014 à 13:06:08

Et alors fifi toujours en train de faire l'intéressant ;-)
Dommage de pas avoir fini si prêt du but mais bon c'est ça de faire des trails super techniques on a forcément de la casse. De toutes les façons il parait qu'il restait plus que des T-shirts finisher xs alors ça valait pas le coup.
RDV du coté du Connex dans qq semaines, on essaiera de pas se tordre la cheville mais normalement pas trop de risque c'est moins technique.

Commentaire de Greg136 posté le 08-04-2014 à 13:55:52

Bravo pour ta solidarité! C'est vraiment chouette de ta part

Commentaire de nicou2000 posté le 08-04-2014 à 14:06:15

Bravo Philippe, quel bel esprit! Cela mériterait effectivement si ce n'est le T-shirt finisher, au moins le dossard 2015 pour service rendu à la nation ! (euh pardon à l'écotrail...)
A bientôt,

Commentaire de Jam posté le 09-04-2014 à 12:10:07

Chapeau bas !

Commentaire de Arclusaz posté le 10-04-2014 à 09:10:34

Félicitations.

Commentaire de Bérénice posté le 10-04-2014 à 10:27:44

Quel humour dans ce récit ! Bravo pour ta réaction et voilà au final une belle motivation pour le refaire l'année prochaine...!

Commentaire de Bert' posté le 10-04-2014 à 23:07:00

Quelle histoire !!
Dangereux d'être médecin trailer...

Bon plus sérieusement, chapeau bas pour ce très joli geste qui t'honore et mériterait d'être donné en exemple...

Et mon petit Panobert qui te disait : "Fifidumou : courage + tu finis !"... Je n'aurais imaginé un tel scénario ;-(

Commentaire de fifidumou posté le 05-09-2014 à 22:23:09

Bonne nouvelles les amis
en mai j'ai reçu le mail suivant de l'aquipe des organisateurs de l'ecotrail

Suite à votre assistance à un bénévole blessé lors de l'Eco-Trail de Paris 2014, nous ne pouvons malheureusement vous compter comme "finisher" de notre course.
Cependant il est important pour nous de vous remercier pour ce geste et nous vous invitons sur la distance de votre choix pour l'Eco-Trail de Paris 2015. Nous tenons également à vous envoyer le DVD de l'édition de cette année.
Pouvez-vous nous confirmer votre adresse postale ?


J'en ai été tout à fait ravi
et je serais donc là pour le 80 encore cette année
pour rencontrer de nouveau plein de kikous ...au depart
car ... pendant la course je suis souvent derrière tout seul

A bientôt

Philippe

Commentaire de Mickey49 posté le 08-09-2014 à 10:58:51

Oui, je suis content que ton devoir d'assistance ait été récompensé, même si tu n'as pas pu être déclaré "finisher".
Après avoir lu ton récit, je me suis permis de contacter les organisateurs dès début avril pour leur faire part de ton aventure. Tout d'abord pour les en informer, car je supposais qu'ils n'étainet pas forcément au courant, puis leur suggérer de faire un geste (en voile, mon sport historique, un solitaire qui se détourne pour sauver un autre en détresse au grand large n'est pas éliminé mais au contraire bénéficie d'un bonus). Ils m'avaient promis une réponse, puis après 2-3 relances et après réunion de leur bureau en mai m'avaient indiqué l'obtention d'un dossard 2015 etc..
Je suis heureux qu'ils te l'aient bien confirmé pour ton geste, et aussi pour servor d'exemple à l'avenir pour d'autres coureurs dans le même genre de situation.
Michel

Commentaire de bubulle posté le 22-03-2016 à 19:46:46

Comment étais-je passé à côté de ce récit ? Eh bien, déjà, merci à Arclu d'en avoir ré-envoyé l'adresse. Et, du coup, encore plus content que tu aies enfin fini cette année (je n'ai pas bien compris si tu l'as fait en 2015 ou pas)

Commentaire de fifidumou posté le 24-03-2016 à 19:23:59

Merci bubulle Je savais que tu finirai par me lire
j'ai bénéficié du 80 km 2015 gratuit
Malheureusement blessé je n'ai pas pu m'y présenter et j'avais fait le 30 km de marche nordique avec toi.
D'ailleurs j'en ai parlé en début de post Ecotrail 2016 avec l'épisode Bert particulièrement savoureux. A bientôt Philippe

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