Récit de la course : L'Endurance Ultra Trail des Templiers 2010, par sonicronan

L'auteur : sonicronan

La course : L'Endurance Ultra Trail des Templiers

Date : 22/10/2010

Lieu : Millau (Aveyron)

Affichage : 4140 vues

Distance : 111km

Objectif : Pas d'objectif

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L'EUT 2010 : Pas facile, facile...

L’EUT 2010….

J’avoue que c’était une course non prévue… mais qui est apparue comme une évidence suite à mon UTMB  loupé (uniquement les 21 premiers kms).

Du coup, j’avoue que j’étais très content de participer à cette course et revenir du côté de Millau, là où je m’étais fait énormément plaisir du côté de Nant 2 ans auparavant sur le parcours des Templiers. Mais cette année ce sera l’EUT avec ses 111 kms et 4500 m de dénivelés.

J’aborde cette course plutôt sereinement avec un entrainement un peu léger (beaucoup de relâchement suite à l’entrainement élevé du Mont Blanc). Les semaines avant la course ont surtout consistés à se reposer (d’une course que je n’ai pas couru ???), faire de l’escalade et s’occuper de la famille. En gros, j’ai couru quand j’en ai eu envie (entre 2 et 3 fois par semaine).

Jeudi  16h30 je passe prendre les petiots et ma miss et zou.. direction Le Rozier près de Millau. La route se passe bien et vers 23 h je suis au lit. Courte nuit en prévisions…

1h45 : Je me lève boit mon thé et mange un bout de mon Gatosport (ça convient très bien, quand on a pas trop le temps de profiter du p’tit dèj.). Je me prépare fissa : NOK aux endroits sensibles et grosses bandes de strap dans le dos.  J’ai décidé pour cette course de mettre de la NOK juste le jour de l’épreuve (sans préparation) et de manger essentiellement des Baies de Goji  avec des noix de Cajou et de la mangue et de l’ananas séché.

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A 3H toute la famille me dépose à Millau et me souhaite beaucoup de courage…ça me fait du bien. Il fait plutôt frais et je suis le 2ème à prendre mon dossard. L’ambiance est déjà à la course. Ca parle peu, les gens s’affairent et j’essaie de ne pas me refroidir en restant au chaud près du bar dans la grande tente. Vers 3h45 je rentre dans le sas de départ après avoir montré ma couverture de survie et ma veste. J’avoue ne pas avoir tout compris sur le matos obligatoire. Plusieurs listes différentes, avec des obligations un peu bizarre (collant long ???). Enfin, L’ambiance commence à monter et je discute un peu avec une personne autour de moi. Quelques photos et Hop les fumigènes et la fameuse musique d’ERA retentit. Les souvenirs des Templiers 2007 me reviennent, j’ai hâte de partir visiter ces Causses.

A 4 h , cela part sur un rythme tranquille, j’essaie de prendre mes repères et comme d’hab’ , je n’y arrive pas. Dès la 1ère côte cela court beaucoup et moi bêtement je suis le rythme… Nous redescendons un peu pour aborder la 1ère montée sur sentier. Je chauffe beaucoup et me rend vite compte que les jambes ne sont pas là. Je n’arrête pas de me faire doubler et pourtant je sais que je suis trop haut dans les tours…. « Qu’est que cela va donner dans quelques heures ? ». J’essaie de suivre à un bon rythme, mais ça ne va pas. Je me dis qu’une fois le raidillon passé ça ira mieux….  « Et bé non !»  . Les jolis sentiers de la forêt domaniale des Causses noirs sont très roulants et large et j’ai du mal. Le bide fait un peu des siennes et m’oblige  quelques arrêts. L’ambiance est toutefois magnifique… feutrée et presque féérique avec ces lucioles qui passent sans bruit. La redescente sur Peyreleau me donne de l’énergie… je suis en général, très à l’aise en descente et le ravito me fait un grand bien.

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Quand je ressors du ravito, j’ai fait un « reset » de la 1ère partie et c’est plutôt bien pour moi. La course redémarre sur de nouvelles bases. 1ère côte à la sortie du Rozier, je passe devant la porte de notre gîte et là ma douce m’attend pour m’encourager… ca me donne un coup de booste. Cette partie a été pour moi la plus belle. Dès le Rozier nous nous engageons dans un monotrace sublime, où nous croisons des maisons troglodytes à flanc de falaises. Ce sentier en balcon nous permet de voir un sublime lever de soleil sur les plateaux du larzac. La forme revient et je suis content de courir sur ce sentier. Le rythme est tranquille, nous sommes nombreux encore. Par endroit les sentiers sont plus larges, mais ça reste superbe. Assez tranquillement nous arrivons  au ravitaillement de St Rome de Dolan (joli petit village). Ca va super bien, cette partie s’est très bien déroulée. Je me ravitaille vite et me rend compte que je ne mange pas beaucoup : une pâte de fruit, un pain d’épice et une poignée de baie de Goji… c’est light. Je me réconforte en me disant que l’hydrixir de mon camel passe bien. A ce ravito je n’ai pas très faim et décide de ne pas m’attarder (c’est rare que je passe du temps).

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Je repars pour cette longue descente qui va nous mener vers le village des Vignes situé en fond de vallée. Le contraste est saisissant entre le village de St Rome au soleil et les Vignes qui est encore tout blanc de rosée avec un léger brouillard (un frigo quoi !). Assez rapidement, je me rends compte que je galère, les relances sont difficiles sur le plat. En descente ça va.. mais ça commence à être dur. Aux vignes, je sais qu’une longue montée m’attend, je suis accompagné d’une féminine avec qui je fais le yoyo, depuis quelques kilomètres. La montée est relativement rapide, mais raide par endroit. Je suis content d’arriver sur le plateau là haut. Les sentiers coupés à la machette par endroits sont très sympas… j’adore mais j’en bave.  Je commence à ruminer et broyer du noir. Le paysage est superbe, on croise des superbes points de vue, des arches naturels, des jolis champs tout dégagés… C’est magnifique et pourtant j’ai du mal à en profiter, car je commence à payer mon départ rapide et peut être mon contre-coup du Mont-Blanc. Beaucoup de personnes s’arrêtent pour manger un bout et profiter des points de vue. Pour la 1ère fois, l’abandon me trotte dans la tête… Je ne me sens pas prêt à passer à l’acte, mais je rumine. Je me fais un petit check point et je ne vois aucune raison d’abandonner  à part le fait que je n’arrive plus à me bouger  le c…. Après avoir traversé de sublimes paysages, j’arrive enfin au point d’eau du 60eme km. Je recharge vite et repart, il n’y a que 4 kms jusqu’au ravito suivant. Je ne veux pas trainer. Et pourtant… que cette partie va être longue !!! Je n’ai jamais vu 4kms aussi longs et pour cause, il y en aura 10… C’est dur, vraiment très dur. Je me dis qu’une fois arrivé au ravito, je m’arrête bien pour récupérer et surtout la section d’après je marche tout le long pour bien récupérer. L’année prochaine… je passe une année à dormir et je revends touts mes paires de chaussures.

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Enfin le ravito de Veyreau, je vois de nouveau la famille, cela me fait du bien. Je prends mon temps. L’appétit revient et je bois de la soupe (ah ! La soupe !). Ca me fait du bien, me connaissant un peu, je sais que je vais repartir. Au niveau kilométrage, j’entends des discussions autour de moi, comme quoi nous avons faits plus de kms que prévus. J’ai une joli montre avec tout dessus, mais je ne la regarde jamais pendant l’épreuve. Je ne veux pas me poser de questions, je veux juste avancer. Au bout de 10 minutes de pause, je repars. Je m’étais promis de marcher, mais là je ne peux pas… c’est sentier force véritablement à la course et je me rends compte que je m’oblige à relancer constamment. J’alterne course sur plat et descente et marche en côtes et j’arrive même à doubler quelques personnes. Je ne suis pas si mal que ça en fait.. pourtant, ce n’est toujours pas le Top. Les sentiers  en forêt sur ces plateaux sont toujours aussi beau. Je recroise la familia à St André de vézines.  Je sais qu’une fois ce long plateau traversé une belle descente m’attend pour m’amener à la Roque Ste Marguerite. Il commence à faire très chaud, mais je sais que bientôt la nuit va me cueillir et je veux être le plus près possible de l’arrivée quand cela va arriver (c’est bon pour le moral).

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A la Roque nous ne sommes pas très nombreux et sommes toujours aussi bien accueillis par les nombreux bénévoles. J’essaie de plaisanter un peu, mais je ne fais pas trop le malin car une grosse montée m’attend et je me sens encore tout mou… vraiment pas les cannes aujourd’hui. Je sais que je vais peiner et que ça va être long. La famille m’encourage et je sais que je vais finir. Très rapidement à la sortie du village, je m’engage sur un  joli sentier qui ne va pas cesser de monter et descendre. Nous allons monter jusqu’au pied du site de Montpellier le Vieux, pour redescendre ensuite puis remonter pour atteindre le plateau de la forêt domaniale du Causse Noir. Que ça va être long.. mais bizarrement, cette montée va bien passer et je vais reprendre du jus. L’arrivée sur le plateau est fabuleuse et fait beaucoup de bien. On croise du monde et on sait que maintenant la dernière grosse difficulté est derrière nous et ça… ça fait du bien. La forme revient et je suis de nouveau content de me retrouver là … c’est pas trop tôt. Je fais un brin de route avec un coureur sur cette section, c’est sympas et j’apprécie beaucoup cette section. La nuit nous rattrape à 4 kms du ravito, mais ce n’est pas un soucis car ça va bien.

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Le ravito de la ferme Le Cade est tout simplement fabuleux. Nous sommes au milieu d’une forêt et d’un coup nous rentrons dans une ferme en vieilles pierres avec un plafond vouté. L’ambiance est tranquille et chaleureuse. Les bénévoles sont extraordinaires. On me prend mon sac, on m’assoit sans que je n’ai le temps de rien dire. On m’apporte à manger… c’est trop… c’est génial, je discute, je plaisante. Ma famille est là. Enorme souvenir que ce ravito. Je repars et souhaite une bonne soirée aux bénévoles. Je sais que dans 15 bornes j’en aurai terminé et eux seront toujours là.

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Je repars et me fait plaisir sur cette dernière partie, c’est joli. Superbe vue sur Millau et son Viaduc. On peut courir, c’est très agréable. Assez vite, je rejoins un groupe de pompiers  (infirmiers) tout illuminé avec leurs bandes réfléchissantes qui nous indiquent que c’est la dernière descente… Comment ça ? Déjà ? Doit y’ avoir un loup. La descente qui suit est très technique. Je passe seul et me dit que pour les Templiers ça va être chaud. On remonte un petit coup pour visiter la sympathique grotte du hibou. Et on plonge direct sur Millau. Plus bas, j’ai encore la confirmation que l’arrivée est toute proche. Tant mieux, mais méfiat ! (comme dise les béarnais). J’ai énormément de mal à courir en descente car depuis quelques bornes une tendinite au périoste et au genou droit me lance très fortement dans les descentes. Je décide de serrer les dents et de finir en courant le plus possible.  Assez vite je me retrouve dans Millau sur les quais de La Dourbie et ça sent bon l’écurie. Mes chéris sont là, je récupère les enfants et termine avec eux. Ils sont heureux et moi aussi.

Ca n'aura pas été 17h38 de bonheur, mais ça aura été une grande course pour moi. Avec des hauts et de terrible bas. Je crois que j'en sors grandi. Je dédie cette course à ma douce qui aura été là tout le temps… Par contre, j’en ai jamais bavé autant.. Pourquoi ?? Je ne me l’explique pas forcément à par peut être une certaine fatigue mentale dès le départ.

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En tout cas, cette course possède un parcours sublime, c’est le plaisir des Templiers, mais en un peu plus long.

Le lendemain, ... quel plaisir de parcourir tranquillement les stands du salon des Templiers et de taper la discut' avec Mr MIC31 himself ! Ca m'a fait plaisir. 

SonicR  

 

1 commentaire

Commentaire de gmtrail49 posté le 02-11-2010 à 09:40:00

Salut Ronan,

Il y a des jours où le manque de sensations peut persister pendant quasiment toute une course et quand celle-ci est un ultra, et ben peuchère, on trouve le temps long ! Alors un grand bravo pour ta ténacité et ton mental qui t'ont permis de ne pas mettre le clignotant. On apprend sans doute beaucoup plus de ces jours sans que de ceux où tout a paru facile.
Au final, même si elle n'est sûrement pas en rapport avec ton potentiel, tu fais une belle place...
Merci pour les belles photos ensoleillées ; le surlendemain, pour les Templiers, compte tenu des prévisions météo, je n'ai même pas essayé d'apporter mon appareil ... et bien m'en a pris car je me serais lesté de 200 g pour des prunes et je l'aurais sans doute rendu à mon épouse un peu ... boueux.
Je garde un excellent souvenir de l'occitane...
JP

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