Récit de la course : Les Templiers 2005, par christianboronad

L'auteur : christianboronad

La course : Les Templiers

Date : 23/10/2005

Lieu : Nant (Aveyron)

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Distance : 66km

Objectif : Terminer

5 commentaires

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L’objectif de l’année.

Les templiers 2005
L’objectif de l’année.

C'est ma première participation à une course aussi longue et dure. Au printemps dernier j’avais terminé assez difficilement La Pénitentissime, un Trail de 30 km, en 4h20, mais en gardant toujours une motivation intacte (voir mon CR de l’édition 2005). Mes sorties d’entraînement « longues » duraient alors entre 1h 30 et 2h maxi… je décide donc de privilégier des sorties longues à dominante dénivelé en CAP et aussi en vélo tout en continuant à préparer le Triathlon d’Embrun courte distance qui devait être mon objectif de l’année. Malheureusement, une quinzaine de jours avant l’épreuve, j’apprend que ma candidature est refusée, car envoyée trop tard (en fait l’organisateur au dernier moment à limité l’épreuve à 400 places cette année). Je serai sur le site mais juste pour soutenir les courageux qui font l’Embrunman. Un peu par dépit, mais surtout pour retrouver la motivation, je me décide donc de me lancer dans l’aventure des Templiers en commençant une préparation spécifique pendant mes congés d’été. J’arrive alors à faire des sorties rando-course de 3-4h avec environ 1000 à 1500 m de dénivelé. A mon retour à Marseille j’arrive à m’entraîner 2 à 3 fois par semaine en CAP, soit 40 Km hebdo, principalement dans le massif des calanques, très beau certes… mais très dur aussi. Préparation quand même un peu légère au niveau kilométrage, comme on le verra par la suite.

La préparation :

Les deux semaines précédant la course sont dédiées à la récup : petite rando, natation, stretching… et surtout dodo ainsi qu’à la préparation de la course : alimentation, vêtements, frontale etc…. avec l’objectif clairement affiché de faire le maximum pour titiller mes limites mais sans forcément finir. Je teste en particulier une recette de gateausport trouvé dans un forum sur internet, c’est bon et digeste, ça ressemble à du pain d’épices. La veille de la course je tente de prendre contact avec quelques kikoureurs, pour essayer de se voir le jour de la course mais je ne rencontrerai que Steve JOY à l’arrivée du KinderTrail que nos filles respectives ont vaillamment couru. Au stand de l’Himal Race, je fais connaissance avec Dawa Sherpa, que je salue en népalais et du coup on se met a discuter un peu, il me dit qu’il n’est pas trop en forme et me souhaite bonne course…, moment génial et inoubliable ! Pour ceux qui ne le savent pas, Dawa est un immense coureur et un « magicien » dans les descentes, il terminera premier ex-aequo en 6h30 la main dans la main avec Christophe Jacquerot.

Le départ :



Presque pas de stress au départ, on arrive juste 5 minutes avant le départ, briefing raté -pas grave- on sera donc en queue comme d’hab, moi ça me va. Le temps est couvert mais il fait très doux pour la saison (au moins il ne neigera pas comme en 2003). Néanmoins j’espère que les nuages vont se dissiper car cette nuit il est tombé une de ces chavannes... Je me retrouve avec manu et laurent, deux copains qui étaient à côté de nous à table au gite, et pour qui c’est aussi une première. L’un d’eux n’a fait qu’un Trail : Le Grand Raid de la Réunion, OUF. N’ayant pas d’autre ambition que de finir, nous décidons d’essayer de rester ensemble. Petite photo de groupe, en famille, derniers réglages, derniers câlins à ma fille qui verse quelques larmes car elle ne veut pas me laisser partir… Le départ des Templiers est réellement émouvant, tant l’ambiance est surchauffée par la musique du groupe ERA passée à fond, les 2000 coureurs amassés sur la ligne de départ, la haie de feux de bengales rouges… et PAN le coup de fusil qui claque dans la nuit.



2 minutes 30 après le top on commence à bouger lentement alors que devant la course est lancée à plus de 18 km/h !

Nant-Sauclières - 2h02 (pause 8’) :
Trouver le bon rythme.

On démarre tranquille pour environ 1h30 de nuit, on observe le ruban de « lucioles » devant nous, c’est féerique, on dirait qu’ils ont des rollers tellement ça va vite. La route puis, la piste monte mais pas trop, et ce n’est pas technique, tant mieux car je n’ai pas l’habitude de courir avec la frontale.



Les sensations sont bonnes mais sans plus, j’ai rapidement le ventre creux (j’avais pas très faim à 4H30 !) et au bout d’une heure je croque un bon bout de chocolat ce qui me fait apparemment du bien. Vient ensuite le fameux embouteillage (rien de grave, un peu de marche en fait) puis les tunnels. En fait cette partie passe assez vite et au fur et a mesure que le jour se lève nous découvrons avec joie la campagne environnante.


Sauclières-St Guiral – 2h11 (pause 4’) :
Objectif le St Guiral.

Avec 13 ‘ d’avance sur la barrière horaire (je suis content car pour l’instant je suis dans le tempo prévu), nous arrivons au ravitaillement à Sauclières, alors que le jour tarde à se lever.



C’est un tout petit village, il y a peu de monde, juste une grand-mère qui nous encourage de son jardin : on la remercie de s’être levé si tôt pour voir passer la course.

Je mange un morceau de mon gateausport, fais comme manu et laurent quelques étirements, range la frontale et c’est reparti. Le sentier est plus vallonné, nous traversons maintenant des propriétés privées, la vue se dégage laisse apercevoir plusieurs sommets puis le Saint Guiral, pas impressionnant de hauteur mais bien bien loin… En fait le chemin subit une succession de bosses sur crête pas difficile mais ou les changements de rythme sont fréquents.
Au col de la barrière, hop un gel, vérification des chaussures (j’ai mis le pied dans la boue) et ça repart, je commence à prendre quelques photos car le paysage est de plus en plus beau, les couleurs d’automne sont magnifiques.



Mais ou est-donc ce sommet, le St Guiral ??? ça ne fait que monter-descendre, om n'a par l'imression d'avancer ! Maintenant, les jambes sont dures, j’ai même quelques prémices de crampes aux mollets car nous marchons beaucoup dans les montées, surtout vers le sommet ou nous rencontrons des passages carrément raides. Je commence à prendre des comprimés de sporténine en espérant que cela va régler ce petit passage à vide.

StGuiral-Dourbies – 1h10 (pause 14’) :
Enfin une belle descente.

Avec très peu d’avance sur la barrière horaire (4’), manu parti devant commence à stresser et ne s’arrête pas. Laurent et moi nous ne traînons pas non plus au sommet, pour attaquer la descente vers Dourbies, annoncée comme relativement technique. En effet c’est plus ou moins glissant par moment mais la pente est raisonnable, ce qui permet d’allonger un peu et de se faire plaisir (le seul endroit ou je doublerai un peu). Une petite portion de bitume me confirme dans l’idée que je ne suis pas fait pour ça (ça « tape »), je marche pour économiser les genoux. Donc dans l’ensemble j’ai trouvé cette partie plutôt sympa et ludique.



Très beaux sous-bois.

Dourbies-Trèves – 1h57 (pause 21’)
Le gros morceau !

Je retrouve manu au ravitaillement de Dourbies. Au ravitaillement je goûte pour la première fois à la spécialité locale proposé gentiment par les bénévoles : le pain d’épices au roquefort. Je dois bien être le 1500 ème concurrent à passer devant ces gens mais toujours autant de gentillesse et de sourires de la part de bénévoles. Je comprends pourquoi tant de monde revient sur cette course malgré la difficulté. Dans la montée, enfin un appel de mon épouse, je rassure la familia: tout va bien, pas de bobo, le moral est bon même si je ne sais pas encore si je vais pouvoir finir. Le soleil fait son apparition dans la rude montée presque « pavée » du Suquet, on dirait un chemin népalais! Par contre, dans la descente, assez raide, des zig-zag en sous-bois qui pourraient bien être amusants si j'avais la pêche, mais je réalise que je suis bien entamé lorsque je me fais doubler "à l'aise" par un marcheur.



Au fond, c'est Dourbies, baignée par le soleil. Dawa à du se régaler ici... moi je marche.

Trèves-St Sulpice – 2h03 (pause 10’)
On va finir!

A Trèves, beaucoup de monde, toujours une ambiance sympathique, mais malheureusement certains annoncent leur abandon, pourtant ils n’en sont pas à leur premiers Templiers. C’est comme ça, ç’est jamais gagné d’avance. Nous, on se dit que maintenant, sauf gros souci, rien ne peut plus nous empêcher de terminer. Je ne me rappelle plus trop de la montée mais sur le plateau, mais changement radical de paysage. Je découvre une zone plus dégagée, moins boisée, avec quelques chèvres dans un pré.



Plus de boue glissante ni de racines mais un bon chemin qui serpente agréablement. A cet instant je me rappelle les recommandations des organisateurs qui conseillaient de faire son effort à cet endroit, alors j’essaie de courir, et…oh miracle, après 50km et plus de 8h de course, ça vient petit à petit. Bien que faite quasiment toujours seul, cette étape me paraîtra finalement assez courte et agréable, d’autant plus que la vue est superbe, un Verdon miniature en fait.



Le sentier devient vertigineux et laise promettre une belle descente (le petit point blanc en bas c'est la tente du ravito à Trèves).



La descente sur Trèves est en effet, assez "gazeuze" et technique mais ça « passe bien» grâce aux cordes équipant les endroits glissants. Par contre on perdra beaucoup de temps car il est impossible de doubler dans cette zone.

St Sulpice-Nant – 2h50 (arrivée)
Une éternité !

A l'arrivée au ravoto de Trèves, ça sent la fin, c'est comme un soulagement, car nous savons que la fin est à portée de main, cependant cette dernière étape sera longue et difficile.



La fatigue accumulée, et la nuit qui commence à tomber, va transformer cette étape de 10 Km en rando d’enfer : je ne compte pas les fois ou j’interroge le chrono en me disant, « p…. ça n’avance pas » . En fait l’heure tourne, mais c’est moi qui n’avance plus, je dois être à 3-4km/h de moyenne, j’ai tellement mal sous la plante des pieds et au bout des doigts que j’ai pris un bâton pour me soulager, ça m’aide aussi dans les montées descentes car maintenant je n’arrive plus à plier les jambes dans les nombreux passages escarpés. Pour faire passer le temps je visualise l’arrivée, et me vois passer le sas d’arrivée, heureux : ça marche. Sur le plateau, 3,5 km avant l’arrivée, on croise dans la nuit un 4x4 qui transporte un blessé enveloppé dans des couvertures… je mesure la chance que j’ai de pouvoir encore trotter ici ! La descente du roc Nantais se fera de nuit en petit groupe, on ne parle plus, on ne pense qu’à une chose, ne pas glisser pour éviter les barbelés qui nous attendent au moindre relâchement quelques mètres plus bas. La vue plongeante sur Nant est très belle. Alors que le speaker devient audible, il annonce que la course n’est pas finie qu’il y en a encore qui arrivent (c’est nous !!!) cela me réchauffe le cœur de penser qu’ici les derniers seront acclamés autant que les premiers. Enfin l’arrivée se profile après plus de 2h45 d’efforts, le pont, la hola, et la dernière montée au village ou je croise mes trois supportrices.



Je prends la main de Laura ma fille et Marie sa copine pour partager avec elles cette arrivée tant attendue au bout de 13h46 d’efforts. Je félicite laurent, arrivé juste derrière moi avant de réaliser que j'ai droit au T-shirt finisher.

Conclusion :
Vu mon entraînement un peu juste, j’aurais déjà été satisfait d’accomplir 45 ou 50 Km sur ce type de parcours, alors terminer c’est que du bonus. Je réalise que j’ai eu beaucoup de chance car tout s’est bien passé pour moi, belle météo, pas de pb de genou : la forme était finalement au rendez-vous.
Voilà, l’ambiance, les bénévoles super sympas (toujours le mot pour rire), les paysages d’automne, les villages perchés, le balisage, etc… tout était au top.
Je n’ai qu’un conseil à vous donner : allez-y, vous ne serez pas déçu !

J+3 : l'euphorie de l'arrivée est toujours présente. Par contre même si les courbatures, jambes et dos ont pratiquement disparues j'ai pris froid : je me demande si les effets de l'euphorie de l'après-course ne cachent pas une fatigue plus profonde... D'ailleurs un petit footing ce matin montre clairement que ce n'est qu'apparent, il est nécessaire de bien récupérer avant d'envisager de nouveaux objectifs.

5 commentaires

Commentaire de joy posté le 26-10-2005 à 15:37:00

BRAVO A TOI FINISHER,
APPELLE MOI QUAND TU VEUX POUR DES SORTIES AVEC DES POTES SUR LA STE VICTOIRE.
ENCORE CHAPEAU ET VIVE LE SPORT

Commentaire de cigaloun dupuy posté le 27-10-2005 à 13:37:00

B-R-A-V-O

Toutes mes félicitations.
Superbe course, superbes photos et superbe CR

Commentaire de ALBANAIS posté le 30-10-2005 à 20:21:00

BRAVO ET SUPER CR

Commentaire de djemjy posté le 31-10-2005 à 18:37:00

bravo et j'espère à l'année prochaine pour ta 2ème et ma première

Commentaire de L'Dingo posté le 03-11-2005 à 10:18:00

Tres beau CR agrémenter de jolies photos.
Cela permet de retrouver l'ambiance et les paysages.Merci.

Quant à ta course, juste un mot, la première c'est pour découvrir et voir si on est cap d'arriver au bout. Tu l'as fait bravo, c'est ce qui est important.

Dans les editions futures tu sera "en pays" de connaissance et tu essayeras alors de gérer au mieux.

Pour ma 2eme participation, l'expérience n'a pas suffit je m'en tire juste un peu mieux qur la 2ème moitié car je "savais" où j'allais.

Mais ce qui est bien dans cette epreuve c'est qu'elle n'est pas jouée au départ, il faut la vivre.

Bravo encore , et peut etre à une sortie calanques ou ste victoire ?

l'dingo

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