Récit de la course : Les Templiers 2014, par Siberian wolf 10

L'auteur : Siberian wolf 10

La course : Les Templiers

Date : 26/10/2014

Lieu : Millau (Aveyron)

Affichage : 3523 vues

Distance : 73km

Matos : Dernière course avec les chaussures Quechua Forclaz (Hélium ?), offertes en 2009

Objectif : Faire un temps

2 commentaires

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Une bonne leçon de gestion

Dimanche 26 octobre 2014. Après une nuit à l’ hôtel, j’ai participé pour la troisième fois Festival des Templiers à Millau (12), sur le Grand trail des Templiers d’une distance de 74,8 km  pour 3400m de dénivelée.

Le site de l'arrivée la veille de la course, lors de l'arrivée du marathon des Causses le samedi.

Le départ de la course est à 5h15 à la lueur des lampes frontales, avec la chanson traditionnelle d’Hera, « Ameno », pour donner le départ. Il fait assez froid au départ. Je suis dans le troisième et dernier sas il me semble mais dans les premiers kilomètres, je parviens à gagner des places en remontant sur le côté.

Départ imminent

Au-dessus de nous il y a une propriété et les chiens de garde aboient à notre passage. Mais à la sortie de Carbassas (477m) où commence la montée vers le Causse, un bouchon se forme sur le chemin. Nous sommes arrêtés un petit moment mais quelques coureurs coupent par l’herbe à côté un peu plus en hauteur. Mais bientôt c’est toute une nuée de coureurs qui arrivent de derrière qui coupe par l’herbe. Certains trailers qui sont dans le bouchon n’apprécient pas et on peut entendre des « ouh, ouh ! » ou encore « Fallait aller dans le premier sas ! », « Bien mal acquis ne profite jamais ! »… Le bouchon finit par se dégorger et la montée s’effectue en marchant.

Photo téléchargée sur Wikipédia Commons (auteur: Anthospace): première grosse montée avec les lamps frontales

Alors que nous sommes maintenant sur le causse noir, au maximum à 841m d’altitude, le jour se lève petit à petit et en arrivant près de la ferme du Sonnac, on peut éteindre les lampes frontales. Bientôt nous commençons à descendre du plateau.


La descente est parfois un peu engorgée par les trailers même si je gagne tout de même quelques maigres places. Il est 7h55 quand j’arrive au village médiéval de Peyreleau, au km 21,2.

Peyreleau

 Au ravitaillement de Peyreleau, les spectateurs sont là pour nous encourager. Je passe 9 minutes à ce ravito. Sur l’ensemble des ravitos, on a droit à une tartine de kiri, des fromages (gruyère, cantal peut-être), des mini-briques de lait chocolaté ou vanillé, de la soupe, du thé, du coca-cola, de la bierre blonde sans alcool, des tucs salés, des mini-pâtes de fruits, des morceaux de barres « Balisto », des rondelles de bananes, de la boisson énergétique. Pas d’orange contrairement à l’accoutumée.

Peyreleau

Après Peyreleau, nous remontons par une montée douce et irrégulière. Mais le début de cette ascension est marqué par un nouveau bouchon que seul les coureurs partis dans le premier sas ont dû éviter. Nous passons à côté de l’Eglise Saint-Jean de Balmes (850m d’altitude environ).

Eglise Saint-Jean de Balmes

La suite est assez facile jusqu’au ravitaillement de Saint-André de Vezines au km 31,3 où la foule est encore présente.

Photo téléchargée sur Wikipédia Commons (auteur: Anthospace): Saint-André de Vezines

Je double même une dizaine de coureurs en forêt sur un court passage plus large. J’y arrive alors qu’il est près de 9h45. Avant de repartir, j’enlève ma veste car désormais il commence à faire moins frais.  


Photo téléchargée sur Wikipédia Commons (auteur: Anthospace): après Saint-André de Vezines


Après avoir couru sur du plat, légèrement redescendu et remonté un plateau, nous passons par les rochers de Roquesaltes et le chaos du Rajol à près de 795m d’altitude, pas aussi grand que le chaos de Montpellier-le-Vieux. Les panoramas y sont splendides.



Photo téléchargée sur Wikipédia Commons (auteur: Anthospace): chaos rocheux

Arche du chaos du Rajol ou du chaos de Roquesaltes ?

Le parc naturel régional des Grands Causses est très beau mais malheureusement pas toujours respecté par les concurrents de la course. On trouve par ci par là des gels, papiers de barres énergétiques même si certains concurrents ne le font pas forcément exprès, je l’ai vu quand un a fait tomber un papier en en mettant un autre dans la poche de son sac. La suite est une descente jusqu’aux ruelles de La Roque Sainte-Marguerite (430m environ) mais je ne profite pas beaucoup de cette descente tout comme d’autres car les descentes sont pour la plupart monotraces et il en demeure alors difficile de dépasser surtout quand on a affaire à des groupes. Dans ce village, un large public nous attend encore mais ce n’est qu’un ravitaillement en eau où j’avale tout de même un gel. 

Vue sur La Roque Sainte-Marguerite en remontant.

Nous remontons ensuite jusqu’à 740m d’altitude dans les sous-bois pour redescendre légèrement ensuite jusqu’à Pierrefiche du Larzac (691m) au km 45 où un public encore plus grand nous encourage.

Arrivée à Pierrefiche

J’arrive dans ce village, à 12h15 environ, en progression de 81 places depuis Saint-André de Vezines mais je suis fatigué. C’est en plus un peu la cohue à ce ravitaillement à l’intérieur de la maison du ravito. Je bois ce que je crois être du panaché mais non c’est une bière sans alcool et je n’aime pas beaucoup donc je prends du coca-cola pour avoir un autre goût dans la bouche. Aussi, je remplis ma gourde d’eau car on ne sera plus ravitaillé en eau pendant 17 km et 21 km en solide.

 Quand je repars, j’ai vite un point de côté mais je parviens à l’effacer en respirant. Nous traversons une forêt et je parviens dans un premier temps à suivre un groupe. Mais je suis fatigué et je décide de m’arrêter 3 minutes pour manger une barre, un gel. Mais cela n’ira pas beaucoup mieux après et vers le sommet d’une côte, je m’allonge pendant cinq minutes. Des concurrents qui passent me demandent si cela va, je dis que je repartirai, ce que je fais. M’assoupir pendant cinq minutes m’a en effet permis de récupérer un peu et me sentir plus aéré mais cela ne durera pas… D’autres coureurs, depuis la mi-course, s’assoient ou s’allongent aussi pour se reposer. Il y a une descente après puis une nouvelle côte dans cette forêt. Mais à chaque fois que nous sommes vers le sommet, on a droit à des points de vue extraordinaires sur le Canyon de la Dourbie, les Grands Causses et le viaduc de Millau car le sentier longe en balcon les causses.


Photo téléchargée sur Wikipédia Commons (auteur: Anthospace): canyon nord-ouest de la Dourbie


Photo téléchargée sur Wikipédia Commons (auteur: Anthospace): vue sur un chaos rocheux dans les Grands Causses depuis l'une des côtes après Pierrefiche


Photo téléchargée sur Wikipédia Commons (auteur: Anthospace): vue sur une forêt des Grands Causses depuis le sommet de l'une des côtes après Pierrefiche.

Il y a par là suite une descente que je trouve longue jusqu’à Massebiau d’autant que nous guettons les délais même si nous avons une avance assez large. Il y a un village en bas où on entend des applaudissements mais ce n’est pas le bon, Massebiau est après.


Photo téléchargée sur Wikipédia Commons (auteur: Anthospace): on aperçoit Millau et son viaduc mais aussi le prochain plateau à grimper à droite ! 

J’arrive au point d’eau de Massebiau (390m) au km 62,5 à 15h50 environ, soit à 40 minutes devant les délais prévus (rallongés d’une demi-heure semble-t-il) alors qu’à Pierrefiche, j’avais 1h15 d’avance sur ces mêmes délais. J’ai donc régressé de 15 places depuis Pierrefiche et les douze kilomètres restants compte deux côtes bien difficiles…Je remplis à nouveau ma gourde. Je débute, en compagnie d’un groupe de vétérans participant pour la vingtième fois au festival des Templiers (soit depuis sa création en 1995 !) l’ascension de la côte de la ferme du Cade, une montée redoutable puisqu’il faut remonter sur le causse. C’est dur et je vois un moment un jeune concurrent téléphoner avec son portable en pleurant, disant à son interlocuteur qu’il ne repartira pas. Un coureur qui entend cela essaie de le remotiver en lui disant « viens avec nous » mais en vain je crois. Alors qu’à un moment j’arrive sur un court replat, j’ai l’espoir que le plus dur de la montée soit passé mais non celle-ci continue alors je m’arrête encore cinq minutes, usé par toutes ces montées. Je repars mais je n’ai pas récupéré alors environ 300m après je fais la même chose ! Je ne suis pas loin de m’endormir, je pense être resté dix minutes allongé ainsi sur le côté. C’est un coureur qui me tape le pied avec un bâton et qui me demande si cela va, me conseillant de manger (me croyant en hypoglycémie), qui me réveille. Il me restait un gel Red Tonic pour l’ultime montée mais c’est dans celle-ci que j’aurais mieux fait de l’utiliser. Cette fois j’ai pu récupéré un peu et je repars.

Vue depuis le plateau de la montée du Cade

La seule motivation est maintenant de terminer. Devant la montée se fait à la queue sur un monotrace pendant 200m avant qu’enfin elle ne laisse place à un léger faux-plat plus large. La ferme du Cade approche, enfin ! Entre Pierrefiche et la ferme du Cade, j’ai bu 2 gourdes d’eau entières ! C’est à 17h quand le jour commence à s’assombrir (passage à l’heure d’hiver), que j’arrive à la ferme du Cade (826m) au km 65 avec les applaudissements du public. J’ai ainsi perdu 50 places depuis le pied de la côte avec mes deux arrêts. La soupe et le coca-cola me font du bien à ce ravitaillement. Je mange aussi du gruyère.


Photo téléchargée sur Wikipédia Commons (auteur: Anthospace): la ferme du Cade

Je repars et je profite enfin d’une descente pour doubler un peu car celle-ci est caillouteuse et parfois elle laisse passer deux personnes. S’en suit une partie rocailleuse vallonnée et monotrace où je prends mon gel Red Tonic en vue de la dernière montée vers le Puncho d’Agasta. Mais cela n’a servi à rien car même si j’ai eu effectivement suffisamment de forces pour passer cette côte, il y avait des bouchons devant sur un sentier monotrace bien évidemment. La montée se fait donc au ralenti et j’aurais gagné du temps en le prenant dans la montée de la ferme du Cade. Une erreur de stratégie.

Montée vers le Puncho d'Agasta

Le Soleil se couche à Millau


Bon, après tout, je n’ai plus d’ambition de classement et d’ailleurs déjà la nuit commence à arriver et nous voyons Millau éclairée plus bas. Cette fois-ci, contrairement au marathon des Causses 2011, nous grimpons bien jusqu’à l’antenne du Puncho d’Agasta (841m).

 Commence maintenant la descente vers Millau à la lumière des lampes frontales puisque désormais la nuit est bien-là. La descente est technique et j’ai grappillé quelques places au début plus large pour limiter ma perte de temps dans les bouchons. Mais je suis content de voir que devant, ils descendent, sans courir certes mais plutôt bien donc c’est fluide. Nous remontons juste un court instant à la grotte du Hibou (ou Faux Monnayeur ?) et cela redescend après avec toujours cette descente assez technique sur le GR62.

Nous arrivons un moment au croisement avec la route du Causse noir ou celle qui va au Chaos de Montpellier-le-Vieux et là un motard tente de passer, les bénévoles lui crient d’attendre. Il y a alors une discussion houleuse, le motard disant « vous me faîtes pas peur ! », « je dois travailler moi ! » et un bénévole  quinquagénaire le menaçant « si vous continuez on donnera le numéro de votre plaque aux gendarmes ! ».

Je ne reste pas mais ça s’est sans doute calmé après. Et là, comme en 2011 sur le marathon des Causses et l’an dernier sur le VO2 trail, la portion finale de descente s’élargit. Je vais enfin pouvoir exploiter mon point fort, à l’exception que je ferai cette descente de nuit avec des lampes frontales contrairement à 2011 et 2013. Mais peu importe, je cours à vive allure sur des cailloux et double la plupart des concurrents passés devant moi lors des pauses dans la grimpeé de la ferme du Cade. Eux descendent plus prudemment et en file indienne malgré le chemin plus large. Les deux derniers kilomètres ont donc presque été effectués au sprint. Seul un coureur qui me suivait a pu me doubler.

C’est aussi au sprint que je passe devant la haie d’honneur des spectateurs et monte les courts escaliers qu’il reste pour franchir la ligne d’arrivée. J’ai mis 2h depuis la ferme du Cade. Cela n’a pas l’air fameux ( 4 ou 4,9 km/h selon le kilométrage) mais la file indienne m’a empêché de bien grimper la dernière ascension.

 J’arrive à 19h sur la ligne d’arrivée à Millau en un peu moins de 13h45 de course. J’ai re-gagné 59 places depuis la ferme du Cade. A l’arrivée, on nous remet une médaille et un sweet-shirt. Le vainqueur, Benoît Cori, déjà vainqueur de la SaintéLyon l’an dernier, l’a emporté un peu plus de 6h36 devant Sylvain Court, récent vainqueur du championnat de France de trail long. La première féminine, Nuria Picas, passe la ligne en 7h51 et devance de neuf minutes Juliette Bénédicto, vainqueur du trail du Ventoux cette année. Quant aux derniers, il ont franchi la ligne en 16h01. Mon classement à moi est anecdotique, à un peu moins de 70 % des arrivants. Il faut noter que sur les 2700 inscrits, on en a compté 2452 au départ. Qu’ont fait les 248 autres ? C’est mon second plus mauvais classement de la saison mais je n’avais pas les jambes entre Pierrefiche et la ferme du Cade. J’ai beaucoup plus souffert que sur Les Traces des Ducs de Savoie. Je suis parti avec 4 gels anti-oxydants et 4 gels types guarana ou caféine mais ayant mal étudié le parcours, j’ai mal géré leur prise. Il était inutile d’en avaler avant Saint-André de Vézines et c’est à partir de La Roque Sainte-Marguerite que les choses se corsent. De plus, c’est dans la côte de la ferme du Cade que j’aurais dû prendre le Red Tonic et non dans le puncho d’Agasta monté dans les bouchons donc au ralenti.

Arrivée à Millau alors que la nuit est tombée

Aussi, je n’ai pu exploiter que les dernières descentes à cause des bouchons dans les descentes monotraces.

 Je vais après prendre ma douche au camping. Elle était plutôt froide. Je mange le repas à 21h fait de soupe et d’aligot d’aubrac puis de yaourt. Il n’y avait plus de saucisse donc j’ai eu droit à plus d’aligot. J’ai ensuite bien dormi dans ma voiture avant de repartir.

2 commentaires

Commentaire de Mokiloque posté le 05-03-2015 à 09:26:57

Bonjour,

Bravo pour ta course, j'ai vécu à peu près la même que toi... blessé au pied j'ai enduré les 30 derniers km alors que j'avais la forme et j'arrive dans le même timing.

Très belle course, ça me donne envie de mettre mon récit (que je n'ai pas mis car j'avais du mal à digérer ma blessure...)

Je me souviens encore du départ :D

Commentaire de Siberian wolf 10 posté le 06-03-2015 à 18:53:02

Bonsoir.

Merci de ton message. Tu peux publier, les blessures, notamment au genou, sont fréquentes dans ce sport. J'en parlerai dans mes futurs récits. Au pied je connaissais pas : c'est une blessure articulaire ou suite à une chute ?

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