Récit de la course : Marathon des Alpes Maritimes Nice - Cannes 2010, par Bruno CATANIA

L'auteur : Bruno CATANIA

La course : Marathon des Alpes Maritimes Nice - Cannes

Date : 14/11/2010

Lieu : Nice (Alpes-Maritimes)

Affichage : 1110 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Faire un temps

10 commentaires

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Le récit

POUR UNE REVANCHE, C’EST UNE REVANCHE

 

Dimanche 14 Novembre 2010, 5 Heures du Mat…la sonnerie du réveil me tire d’un sommeil lourd. Purée, je le crois pas je me lève encore plus tôt que dans la semaine, la veille j’ai parcouru 200 km en voiture pour gagner Nice, fait la queue pour retirer mon dossard. Et maintenant je vais prendre l’équivalent d’un train de banlieue, plus bondé qu’un RER à l’heure de pointe, tout ça pour parcourir 42 km EN COURANT. On me paierait pour le faire que je refuserai.

Faut-il croire que les coureurs à pieds sont gentiment fêlés ou alors est ce que les signes avant-coureurs d’un grand malade ?

 

Comme d’habitude, le « Gatosport » a du mal à passer, décidemment je me ferais jamais à manger avant d’aller courir. Les souvenirs de mes longues séances d’entraînement à jeun me reviennent à l’esprit, tout ça pour habituer mon corps à gérer la dette de glycémie. Voila 16 semaines que je m’entraîne 260 à 280 km par mois, jamais je n’ai autant couru, d’ailleurs j’ai déjà bouffé une première paire de running.

 

Il va sans dire qu’il fait nuit noire lorsque je sors de mon hôtel cannois pour gagner la gare SNCF, mais heureusement je ne suis pas seul, ça et là quelques silhouettes revêtues d’étranges tenues, des collants, des maillots manches longues, des sacs poubelles en guise de pardessus.

 

Je ne me suis pas trompé, les quais de la gare de Cannes sont archi-bondés, et la par hasard je tombe sur le premier kikou qui passe « CHANTHY » nous faisons rapidement connaissance. En plus de nous il doit bien y avoir 500-600 personnes. Mais bon en se serrant bien, en sortant les chausse-pieds et les bonnes volontés, les runneurs fous arrivent à se caser dans les voitures. Trépignant plus ou moins, chacun attend le départ…6h10 pas de départ, 6h15 le train n’avance pas, 6h20 c’est l’immobilité totale, 6h25 peut être un centimètre de déplacement, 6h30 rouge c’est rouge rien ne bouge. Finalement à 6h35 notre tortillard s’ébroue pour finalement s’arrêter à la gare suivante. Le stress commence à monter sérieusement, 6h40 le train repart et la voix « suave » mais néanmoins féminine d’un membre de la SNCF nous annonce que notre omnibus va se transformer en TGV et gagner NICE directement. Ouf, ce n’était peut être qu’un petit coup de stress histoire de faire monter le palpitant.

 

NICE, NICE…nous voilà, fini de rire, le temps de remettre nos sacs à la consigne, nous gagnons notre sas de départ. Même si mes dernières sorties m’inclinent à l’optimiste, avec SON ALTESSE MARATHON il faut savoir rester humble donc objectif premier « se faire plaisir », objectif second «terminer», enfin si ça veut bien sourire «faire un temps ».

 

La promenade des Anglais, lieu du départ est noire de monde, les organisateurs annoncent plus de 11000 inscrits, avec beaucoup d’étrangers, des britanniques, des italiens, quelques allemands, je croise même quelques danois ou norvégiens (les 2 drapeaux se ressemblent étrangement). Tandis que s’acharne le speaker pour faire monter l’ambiance, nous retrouvons CEDRIKOS et FRANCOIS91, chacun y va de ses ambitions chronométriques.

 

Suite à notre « léger » retard du à l’efficacité de la SNCF (oui c’est possible), l’organisateur a décalé le départ de 15 minutes, quelques minutes de plus pour faire monter un peu plus de stress. J’en profite pour gouter l’ambiance d’une course de masse, la musique, les encouragements des familles et des proches à « leur poulain », les plaisanteries des groupes qui fusent ça et là tout cela concourt à l’intensité du moment.

 

Voila le speaker engage le décompte, dommage désormais la musique n’est pas au diapason, moi j’aurais bien aimé, les Chariots de Feu ou la bande originale de 1492.

 

Et nous voila parti, en accord avec CEDRIKOS, nous nous sommes placés sur la partie « terre » de la Promenade des Anglais, bien moins « encombrées ». Le premier kilomètre est parcouru à allure jogging, pensez donc 5’41, mais finalement ça a du bon, inutile de se griser par un départ trop rapide.

 

C’est un pur bonheur, il ne fait ni trop froid, ni trop chaud, peu ou pas de vent, la promenade est suffisamment large pour accueillir tous les participants sans que cela ne cause de bouchon ni que nous marchions sur les pieds.

 

Kilomètre 2 : Après l’amusement du départ, il est temps de trouver le bon tempo, une petite accélération et nous voila CEDRIKOS et moi sur les bases de 3h35-3h40.

 

Kilomètre 3 à 5 : Nous avons un peu accéléré, je fais d’ailleurs part à mon compagnon de course que nous risquons de le payer plus tard, mais d’un commun accord, nous décidons de faire un premier état des lieux vers le semi.

 

Kilomètre 6 à 10 : Je profite, je goute chaque instant, je sais maintenant que cette partie d’un marathon est toujours la plus facile, alors autant en profiter. Qu’est ce qui me dit que je ne vais pas en baver après le 30°.

 

Kilomètre 10 à 14 : Nous avons quitté Nice depuis le 8° kilo, traversé rapidement Saint Laurent du Var, et voila Cagnes sur Mer. 51’23 de course au km 10 – soit une estimation d’arrivée à 3h36-3h37, peut être un poil trop rapide, mais bon cela reste raisonnable.

Il y a beaucoup de monde, sur la route, sur les bords et encore plus lorsque nous traversons les agglomérations à encourager leurs proches et tout les coureurs.

Une image me frappe à l’entrée d’une villa, une dame d’un certain âge simplement armée d’une casserole et d’une cuillère, frappant l’un sur l’autre et donnant de la voix à qui mieux mieux.

 

Kilomètre 15 : Villeneuve Loubet, nous nous sommes toujours au coude au coude avec CEDRIKOS, régulier en 5’02-5’05. Un anonyme profite de notre rythme constant et court en notre compagnie, cela devient d’ailleurs un sujet de plaisanterie entre nous. Je prends mon premier gel, que je fais passer avec un peu d’eau du ravitaillement.

 

Kilomètre 16-17 : le parcours fait une boucle dans Marina Baie des Anges, ce pur chef d’œuvre d’architecture, un souvenir des années 1970 où il fallait bétonner la côte d’Azur.

 

Kilomètre 18 à 20 : Les voyants sont au vert, nous longeons maintenant une partie un plus monotone en bordure d’une plage et le long d’une voie ferrée. Personnellement cela ne me dérange pas plus que ça, au contraire cela m’aide à rester bien concentré sur mon allure. N’empêche pour me rappeler que tout peut arriver, je croise une concurrente en pleurs, elle vient de se tordre la cheville et apparemment c’est fini pour elle.

Du coup un peu pour conjurer le sort, j’accélère et ce faisant, involontairement, je lâche mes deux compagnons.

 

Kilomètre 21 (1h46) : Je crois que je me suis un peu trop laisser griser, me voila sur la base de 3h32, bon il serait peut être temps de calmer un peu tout ça, sinon je vais exploser en vol dans quelques kilomètres. C’est donc à contre-cœur que je tente de ralentir, mais impossible je n’arrive pas à trouver le bon tempo. Advienne que pourra.

 

Kilomètre 22 à 27 : Nous traversons Antibes, que je connaissais pas, charmante petite ville, accrochée à sa presque ile et sa pinède. On ne peut pas dire que les organisateurs n’aient pas pleinement profité des atouts de leur parcours.

 

Kilomètre 28 : la voilà la fameuse côte dont tout le monde parle depuis le départ, celle qui doit marquer les organismes et constituer le juge de paix de la course. Pas bien haute, pas bien longue mais après 28 km, ne la sous-estimons pas, donc pour le coup, je ralentis franchement (5’39/km). Je profite éhontement de la descente pour me relancer. Nous apercevons au loin, le long de la côte, le port de Cannes qui va marquer l’arrivée.

 

Kilomètre 29 à 32 : Le mur, le mur, ces mots me reviennent à l’esprit sans cesse, ainsi que les souvenirs désagréables de  mes expériences précédentes à Pertuis et à Marseille. Mais pas l’ombre d’un mur, pas même d’un muret. A part bien sur ceux des villas qui nous environnent.

Si j’arrive au kilomètre 33 sans souffrir, je lâche les chevaux.

 

Kilomètre 33 (2h48) : c’est fait, c’est décidé, maintenant ou jamais, j’augmente le rythme, les jambes ont quand même du mal à suivre. C’est là que les sorties longues et le travail répété à allure marathon doivent me permettre de tenir.

 

Kilomètre 34 à 36 : le parcours se fait de plus en plus vallonné, et de plus en plus exigeant vu que je perds de ma fraîcheur physique. Pas vraiment le fameux mur, mais la sensation de m’étioler lentement. Tenir, tenir ne rien lâcher, je dépasse pas mal de monde, je sais c’est enfantin mais mine de rien ça fait du bien au moral.

 

Kilomètre 37 : Ce qui semble une dernière côte, à peine une rampe enjambant une voie ferrée, j’ai l’impression qu’elle est interminable. Mais ce qui me rassure c’est que dans la descente qui suit je regagne le temps perdu à monter , c’est que donc j’ai encore la capacité à accélérer.

 

Kilomètre 38 à 40 : Je plane littéralement, je ne ressent plus rien, ni les cuisses qui commencent à prendre la consistance du béton, ni les mollets qui pèse une tonne. Je ne regarde même plus ma GARMIN. Tenir, tenir le rythme, se concentrer sur l’allure.

 

Kilomètre 41 à 42 : La Croisette est noire de monde, des drapeaux italiens, allemands,  belges, britanniques, des encouragements dans toutes les langues. On se croirait sur une étape du Tour de France, au loin des flashs qui crépitent. Ca y est me dis-je, c’est l’hypoglycémie, mais non bougre d’idiot, c’est l’arrivée. Je franchis l’arche, les bras à l’horizontale, des frissons me parcourent. J’arrête rapidement le chrono et mes yeux se posent sur le chrono, il faut que je m’y reprenne à plusieurs fois pour réaliser le temps 3h37, performance pulvérisée de 34 minutes.

 

Je n’ai toujours pas atterri lorsque une bénévole me donne une couverture de survie, pour éviter le refroidissement. Encore à 10000 pieds, je récupère le tee-shirt de l’épreuve et seulement en approche finale pour retrouver mon sac de consigne.

 

Oublier aussi le poteau ravageur de Marseille, je tiens ma revanche sur la distance….

 

Que dire de plus, une organisation impeccable, je n’ai jamais attendu, ni au retrait du dossard, ni à l’arrivée. C’est en regagnant mon hôtel, qu’une image me revient en tête, car elle résume bien le Marathon, à l’arrivée, une jeune britannique tenait une pancarte à l’attention de son père :

« Pain is temporary, Pride is forever » (la souffrance est temporaire, la fierté est éternelle).

 

 

 

 

 

 

10 commentaires

Commentaire de Girith posté le 17-11-2010 à 07:41:00

merci pour ton cr, très intéressant, et belle course :-)

jolie devise en tout cas, je la note ^^

Commentaire de CROCS-MAN posté le 17-11-2010 à 08:01:00

je suis content pour toi Bruno, BRAVO.Tu as bien travaillé.
Merci pour ton récit et à très bientôt.

Commentaire de jp75018 posté le 17-11-2010 à 09:12:00

Bravo, sacrée progression!

Commentaire de RogerRunner13 posté le 17-11-2010 à 09:22:00

Merci Bruno pour ce récit haletant et me revient en mémoire les émotions que l'on ressent toujours sur cette épreuve mythique qu'est le marathon et j'aime bien la dernière phrase, il faudra que je m'en souvienne dans les moments difficiles.....

Commentaire de Cédrikos posté le 17-11-2010 à 11:10:00

Bravo à toi.
Encore bien sympa de faire ces 18km ensemble, mais je n'ai pas pu suivre la cadence et ai bien ressenti le mur après la montée du 28eme.
RDV sur une prochaine course.

Bravo encore à toi :)

Commentaire de Klem posté le 17-11-2010 à 13:06:00

Beau récit , merci.
J'aurais aimé te rencontrer, cela sera pour une autre fois. Félicitations pour ta course et ton chrono

Commentaire de La Tortue posté le 17-11-2010 à 13:53:00

bravo ! j'ai ressenti la même chose que toi : facile sur les 3/4 de la course et après lutter pour résister à la tentation de ralentir !

j'aime bien la maxime de la fin, je vais te la piquer !

sinon, pour 1492, il faut t'inscire à l'utmb ! là tu verras ce que c'est qu'une musique qui prend aux tripes ! à chaque fois que je l'entends, j'en ai la chaire de poule !

Commentaire de kkris posté le 17-11-2010 à 16:15:00

bravo Bruno pour ta perf, et merci pour ce beau récit.
tu vois,quand les poteaux sont signalés,tout va mieux pour toi!
à bientôt

Commentaire de chanthy posté le 17-11-2010 à 21:40:00

bravo Bruno, et le plaisir d'avoir un peu discuter avec toi dans le train:).
au plaisir.
la devise que je préfère: "avec SNCF,tout est possible" :)

Commentaire de laulau posté le 17-11-2010 à 22:25:00

Bravo, vraiment belle course très bien gérée.

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