Récit de la course : 100 km de Millau 2015, par lapuce92

L'auteur : lapuce92

La course : 100 km de Millau

Date : 26/9/2015

Lieu : Millau (Aveyron)

Affichage : 1656 vues

Distance : 100km

Objectif : Terminer

4 commentaires

Partager :

135 autres récits :

Mes 100kms de Millau

Vendredi 25 septembre

J'arrive à Millau avec maman en début d'après midi. Nous allons directement nous installer chez la dame qui va nous loger. Super sympa! On va être comme des coqs en pâte. Merci Claude et Stéph, spécialistes des bons plans! On sera beaucoup mieux qu'à l'hôtel.

On se dirige ensuite vers le bien nommé parc de la victoire, pour le retrait des dossards. J'y retrouve justement mes acolytes vosgiens Claude et Steph. Claude est enrhumée, ça tombe bien moi aussi! LOL Gros mal de gorge depuis 2-3 jours, et toujours un peu mal du côté droit de la poitrine, suite à un coup à la boxe la semaine précédente. Le retrait du dossard et du tee shirt se font très rapidement. On se donne rendez-vous pour la pasta party. En attendant, avec maman, on examine le road book et on prépare la journée du lendemain qui s'annonce très longue.

A 19h on retrouve Claude, Stéph, mais aussi Blandine et son homme pour manger. Très bonne soirée. Le repas est plutôt pas mal (spaghettis bolognaises, jambon), il y a même de la tarte aux pommes en dessert. Je suis au paradis! LOL Il y a un groupe de musique très sympa, ambiance jazzy. Ca nous change du vacarme du restau de Monteynard. Ici on peut parler tranquillement (de course à pied ...comment vous avez deviné??). Cela dit on se quitte quand même relativement tôt, c'est qu'il faut être en forme demain!

Dimanche 26 septembre

Réveil à 6h40, après une bonne nuit. Je fais les derniers préparatifs, remplis ma poche à eau. Le petit déjeuner a du mal à passer. Pas très faim ce matin. Je ne me force pas. Vers 9h on rejoint le parc de la victoire. On retrouve très vite Séverine. Elle vient spécialement de Grenoble pour m'encourager. Elle est partie hier soir, a à peine dormi sur la route, et elle compte refaire la même la même chose la nuit suivante. Cette fille est folle, mais merci, merci!! Claude, Steph (qui sera son accompagnateur vélo à partir du marathon) et Blandine nous attendent à l'entrée du parc. A 9h30 c'est le départ du traditionnel défilé dans les rues de Millau. C'est très sympa, ça met dans l'ambiance, et surtout ça permet de ne pas attendre 3 heures dans un sas de départ. On arrive avenue Jean Jaurès; Dernières photos, derniers encouragements, derniers bisous, et c'est parti!

J'ai fait le choix dès mon inscription de courir seule, sans suiveur vélo. Mon côté antisocial et vieil ours ronchonchon sans doute! LOL Je préfère gérer ma course "en solitaire", pouvoir être dans ma bulle. Mais je sais aussi que maman et Séverine seront là très régulièrement sur le parcours pour me soutenir, c'est important.

Au départ les sensations ne sont pas excellentes. Les jambes ne sont pas trop mal (pas les jambes de l'écotrail, mais elles sont l'air décidées quand même à faire ce pour quoi elles ont été recrutées, à savoir courir), mais je suis bien enrhumée, et avec le poids du sac sur les épaules mes côtes, et bientôt ma nuque et tout mon dos, me font très mal.

Le premier marathon a été annoncé sans grande difficulté, et effectivement c'est le cas. Quelques faux plats montants, quelques descentes, rien de bien terrible. Le parcours est très beau, le long des gorges du Tarn. La météo est avec nous en plus, il ne fait ni trop chaud, ni trop froid, le soleil brille. Bref, je profite! Au 7ème kilomètre la jonction se fait avec les suiveurs vélo. Je fais attention à ne pas me faire percuter, et à ne pas les déranger. Je suis sur ma petite planète mais ça ne m'empêche pas de papoter un peu avec mes copains d'un jour. Un cycliste me propose même, vu mon gabarit, de me mettre dans le panier qui est à l'avant de son vélo! A ce stade de la course je rigole mais pas sûre que s'il m'avait fait la même proposition un peu plus tard j'aurais refusé! Vers le 19ème Annhy est sur le bord de la route, et prend le temps de me faire une super photo. Merci pour ce beau souvenir! J'arrive au semi, au Rozier, en 2h30 environ. Maman et Séverine m'y attendent. Je les sens déjà un peu sceptiques par rapport au peu que j'ai bu et mangé. On papote et je reprends ma route. Le retour vers Millau est à l'image du premier semi, sans grosses difficultés. Simplement une petite côte que je négocie sans problèmes à la sortie du ravito. Il commence à faire plus chaud mais il y a toujours un peu de vent, c'est largement supportable. Le paysage est toujours aussi joli. J'ai beaucoup aimé notamment le petit village de Paulhe, au kilomètre 30 environ. On attaque ensuite la redescente sur Millau. Les jambes commencent à devenir bien lourdes. J'avais oublié combien le bitume tapait dans les articulations! En arrivant au 40ème kilomètre (entrée de Millau) le moral commence à baisser. Nous sommes au milieu des voitures, directement dans la rue. Physiquement je ne me sens pas très bien non plus. Je suis nauséeuse, fatiguée, mon dos me tire. A aucun moment je n'ai pensé à l'abandon, mais j'avoue que à ce moment là j'ai eu un gros coup de moins bien. Tant bien que mal je rejoins le parc de la victoire, km 42. Mes deux anges gardiens d'un jour sont là, et ça fait un bien fou de les revoir. Elles sont effarées de voir le peu que j'ai mangé et bu. Je me prends donc une soufflante en stéréo "tu manges!" "tu bois"! Tout juste si elles ne m'enchainent pas au ravito!! Non mais ça va bien toutes les deux oui, laissez moi tranquille!! LOL Mais je pense que ça a sauvé ma course! Séverine me donne un ibuprofène pour soulager la douleur. J'ai peur que ça ne passe pas mais j'avale 2-3 tucs (parce qu'il y a des fondamentaux dans la vie, et qu'un ultra sans tucs, c'est comme Roméo sans Juliette ou Batman sans Robin..juste inconcevable!), et surtout j'avise le pain aux figues sur la table. J'y vais prudemment, mais il me fait bien envie donc je goute. On verra bien. Pause pipi, et c'est reparti.

A ma grande surprise, ça va beaucoup, beaucoup mieux. Je ne suis plus nauséeuse du tout, le pain et les tucs sont bien passés, je me sens à nouveau pleine d'énergie. Je croise les lapins runners. Ils me font part de leur décision d'abandonner. Je suis super déçue pour eux mais j'essaye de ne pas me laisser envahir par les pensées négatives. Il me reste 57 kilomètres à parcourir! Un selfie, et c'est reparti. On traverse Creissels (km 47 environ) puis on attaque les choses sérieuses. La montée vers le viaduc. C'est à ce moment là que je croise les premiers, qui sont déjà sur le retour. Contrairement à beaucoup ça me booste encore plus. On s'encourage, un regard, un sourire, ça fait beaucoup de bien. La montée me parait très longue, le viaduc n'en finit pas d'arriver. J'ai toujours l'impression que je suis dessous, alors que pas du tout! En haut j'attaque bille en tête la descente sur Saint Georges de Luzençon. Les jambes sont encore bien. Elles ne font pas plus mal qu'au marathon, donc j'avance "épicétout!". A Saint Georges (km 53) maman et Séverine sont là, et surprise, elles ont dévalisé une boulangerie qui vendait des petits pains aux fruits. Je pense que le mec a du faire son chiffre d'affaires de l'année là! Qu'ils ont l'air appétissants! Je pourrai m'en régaler jusqu'au bout.

Je sais maintenant que je ne les reverrai pas avant Saint Affrique, au 71ème kilomètre. Avant cela je ferai un arrêt express à Saint Rome de Cernon (km 60) le temps d'un verre d'eau, avant d'attaquer la grosse grimpette vers Tiergues. J'aime toujours autant l'ambiance. Pas mal de coureurs sont étonnés que je sois seule. Un couple que je croise depuis un moment me dit même que si j'ai besoin de quoique ce soit, eau ou autre, je n'hésite pas. Super sympa! Les gens sur le retour sont de plus en plus nombreux. Il y a beaucoup d'échanges, d'encouragements. Ma montre me lâche au bout de 8h30 de course. M.... je pensais qu'elle tiendrait au moins 10h. Je me trouve sans repères, notamment pour manger et boire. Je respire un grand coup : pas de pensées négatives Fais confiance à tes sensations, à ton corps, il est là pour te guider. A Saint Affrique tu auras ta bonne vieille Garmin 305 qui t'accompagnera jusqu'au bout. En haut de cette grosse grimpette qui finalement est très bien passée, je croise Stéphane en vélo. J'ai du croiser Claude quelques minutes avant, on s'est loupées. Il me dit que tout va bien pour eux, je suis rassurée. Je descends un peu, et je pense être déjà à Saint Affrique. Ah non, on me dit dans l'oreillette que je ne suis qu'à Tiergue! Saint Affrique est 5 kilomètres plus bas! De dépit j'enclenche le turbo (enfin ce qu'il en reste) pour que ça passe plus vite. La nuit commence à tomber. Je n'aime pas cette heure, ça m'angoisse d'être dehors quand la nuit tombe. Je n'ai pas encore mis la frontale, la lune éclaire suffisamment. Sans montre ça me parait très long. D'autant que le ravitaillement n'est pas à l'entrée de Saint Affrique mais 1 kilomètre plus loin. Je suis donc ravie de le voir arriver! Séverine me dit que mon mur Facebook est pourri de commentaires, que ça se déchaine de partout. Maman m'informe de tous les coups de fil de la famille pour prendre des nouvelles. Merci à vous tous, amis et famille, pour votre soutien. C'est vraiment précieux!

Arrêt le temps de me mettre en tenue de nuit (tee shirt manches longues, coupe vent, frontale), de boire une bonne soupe (Séverine me dit que c'est un truc qu'on boit quand on est malade, mais je vous assure qu'à ce moment là c'était la meilleure soupe du monde!) et de refaire le plein de pain aux fruits. Il me reste environ 30 kilomètres.

C'est parti pour 7 kilomètres de montée. J'ai repris un ibuprofène, et les côtes vont mieux, la douleur est moins présente. Dès la sortie de Saint Affrique je met la frontale en route. Maintenant que la nuit est complètement tombée je me sens infiniment sereine. J'ai l'impression d'être dans un cocon. En plus la lune est magnifique, je n'ai quasiment pas besoin de ma frontale. Je sais que je vais être plus seule maintenant, que je ne reverrai pas mes suiveuses avant le 88ème kilomètre, donc je mets ma musique. Entre deux podcasts d'émission de radio, Manon Solo débarque sans prévenir. Gros frissons. Merci Japhy pour la bande son! Pour moi tout se passe bien, je suis toujours en pleine forme. Mais ce n'est pas le cas d'un concurrent que je devine plié en deux au bord de la route. Il peine à avancer. Je lui demande s'il veut que je prévienne quelqu'un, que je reste avec lui. Il me dit d'avancer, que de toutes façon on arrivera bientôt à Tiergues, au ravito. Sommet de la côte, j'entame la descente. Prochain point de repère, le panneau "km 80" que j'ai repéré dans la montée. Deux kilomètres plus loin je rejoins Saint Rome de Cernon. Deuxième petit coup de mou de la journée. Je sais que maman et Séverine m'attendent 4 kilomètres plus loin, mais tout à coup ça me parait le bout du monde, j'ai l'impression que ça n'arrivera jamais. Tant bien que mal j'arrive au kilomètre 88. Une silhouette noire dont ne dépasse que les yeux est au bord de la route : c'est ma Séverine qui m'attend en mode hooligan (ou Jason dans Halloween, comme vous préférez!). C'est qu'elle ferait presque peur comme ça! Il ne lui manque que la batte de base ball! Elle est frigorifiée, tout comme maman. Franchement quel courage de m'attendre des heures au bord de la route comme ça. Je ne vous remercierai jamais assez! Je n'ai pas chaud non plus donc j'ajoute des gants et un bonnet, puis je file prendre un verre de soupe au ravito.

Il me reste 11 kilomètre pour revenir à Millau, dont la grosse montée vers le viaduc. Pas d'euphorie pour autant, je reste dans ma course, concentrée sur mon but. J'y vais tranquillement, ça passe sans problèmes. Je ne sais pas si c'est parce qu'il fait nuit mais dans ce sens là j'ai l'impression que le viaduc arrive plus vite. Je relance dans la descente du mieux que je peux. Je visualise la fin du parcours : en bas ça remontera un peu vers Creissels, une petite descente, puis il restera un peu moins de 5 kilomètres en profil très légèrement montant jusqu'à l'arrivée. Je tente de me persuader que les jambes ne sont pas plus douloureuses qu'au marathon (méthode Coué ça s'appelle), mais quand je commets l'erreur de vouloir faire une petite pause en marchant, au 98ème, je ne peux pas redémarrer. J'ai très mal au genou gauche, je boitille, et les miss (mes jambes, faut suivre!) me font clairement comprendre qu'il serait temps d'arrêter mon délire maintenant! Tant pis, je finirai en alternant marche et trottinage très lent. J'aperçois le panneau du 99ème. J'avais dans l'idée de faire un selfie devant mais je ne suis pas la seule à avoir eu l'idée et j'ai la flemme de m'arrêter maintenant pour sortir l'appareil du sac.

Je rentre pour la dernière fois dans le parc de la victoire, à présent tout illuminé. Tout à coup Nadia m'aperçoit et me saute littéralement au cou. Elle est accompagnée par Francine et tous les joyeux dingos de l'AS Nandy. Séance bisous/photo mémorable! Vous êtes totalement bargeots mais c'était trop bon! Quel fou rire!

Encore quelques mètres; J'ai du mal à repartir, le genou grince beaucoup. Il est 2h25 du matin, nous sommes dimanche. Je franchis la porte de la salle des fêtes, un peu hébétée par la soudaine lumière et le bruit qui déferlent. Maman et Séverine sont là, fidèles au poste, comme toujours, 16h25 après mon départ hier matin. Quand je visualisais cette arrivée je me voyais pleurer, fondre en larmes, pleine d'émotions, mais je crois que je suis trop crevée pour le faire! A ce moment là je suis juste super contente de cette aventure, de la manière dont je l'ai menée, fière de faire désormais partie de la famille des centbornards, et surtout d'avoir partagé tout ces moments avec ma dream team. C'était magique! Millau est magique!

Quelques jours plus tard, pas de courbatures à déplorer (ni le lendemain, ni le surlendemain de la course). Je chouchoute mon genou à grand coup de glace et de voltarene, ça a l'air de lui faire du bien. Je suis toujours perchée tout là haut sur mon petit nuage, et pas décidée à en descendre de sitôt! En route vers le Sparnatrail (57 kms et 1400m d+) le 8 novembre prochain. Retour sur les sentiers cette fois ci!


Pour la version "avec les photos" c'est par là : http://lapuce801.over-blog.com/2015/09/100-kilometres-de-millau-26-septembre-2015.html

4 commentaires

Commentaire de Bérénice posté le 30-09-2015 à 14:29:59

Super et un grand bravo à toi ! Je suis vraiment contente que tu ais pu finir et je suis impressionnée par ta façon de gérer tout ça avec calme et serenité. Je te souhaite encore beaucoup de plaisir dans tes courses futures et continue tes récits !

Commentaire de lapuce92 posté le 01-10-2015 à 06:57:37

Merci beaucoup Bérénice! Je suis super heureuse moi aussi d'être allée au bout de cette aventure :)

Commentaire de Japhy posté le 02-10-2015 à 12:12:26

Bravo Mia ! Faut quand même avoir un sacré courage pour un truc comme ça !
Et très sympa d'avoir mis une photo de ta maman, depuis qu'on en entend parler, elle méritait un peu "d'exposure" ! ;)

Commentaire de lapuce92 posté le 02-10-2015 à 21:24:50

Merci Japhy! Eh oui d'habitude c'est elle qui prend les photos, forcément! ;)

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Votre annonce ici !

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version mobile - 0.14 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !