Récit de la course : 100 km de Millau 2011, par Eponyme

L'auteur : Eponyme

La course : 100 km de Millau

Date : 24/9/2011

Lieu : Millau (Aveyron)

Affichage : 2029 vues

Distance : 100km

Objectif : Pas d'objectif

8 commentaires

Partager :

135 autres récits :

100 bornard !

Ce fut long, ce fut dur. Je n'ai jamais ressenti ça en course, jamais eu de passage à vide comme ce que j'ai vécu samedi, mais jamais non plus de retour de forme comme ça. J'ai réussit, en prenant un peu plus de temps que prévu, mais là n'est pas le principal. Je suis 100 bornard !

Vendredi 23 septembre :
C'est bien entouré que je pars vendredi matin direction Millau. Mon frère, qui sera mon suiveur vélo, ma mère et Solen, qui seront mes supportrices attitrées, même si elles n'ont pas lésiné sur les encouragements pour les autres coureurs. Nous partons donc tous les 4, je passe rapidement sur le trajet "quasi sans encombres", et nous voilà garé dans le parc de la Victoire, pour aller récupérer les deux dossards (un pour le coureur, un pour le suiveur). Il y a du monde, il fait chaud, très chaud, et la pression monte... J'essaie de ne pas penser distance, en effet, me dire que je vais me balader pendant 14H me fait moins peur que de me dire que je vais courir 100 bornes... Je retire le dossard, l'organisation est au poil, que ce soit pour le parking, les dossards, les t-shirts, ou même simplement pour répondre aux questions ! Je reçois un message d'Anne, coureuse de la RUMBA, pour m'avertir qu'ils arrivent dans le parc. Elle sera suivi par Annette, tandis que Daniel sera suivi par Philippe. Nous les attendons au stand des dossards, et discutons 5 minutes. Tout le monde a l'air en forme, mais la chaleur nous fait pas mal réfléchir... Finalement, nous nous quittons et nous allons prendre un petit verre en terrasse (il fait chaud je vous dit !!!).
Ensuite, retour à notre gite, situé à 17 km de Millau, à Saint Beauzély. Le stresse est un peu descendu, je vais pouvoir me consacrer à préparer mes affaires pour le lendemain. D'un coté l'équipement avec lequel je compte partir, d'un autre ce que je veux emporter, et enfin, tout le reste dans un sac qui sera dans la voiture, au cas où... La grosse interrogation porte sur le haut :  à manches courtes ou sans manches ? Et quoi mettre dans la sacoche du vélo ? Je me déciderais le lendemain, avant de partir, pour ce que je porterais. Pour le reste, je décide de charger la sacoche : 1 t-shirt manches longues pour le soir, un manches courtes et un sans manches ! Je pourrais me changer dans l'après midi quoi qu'il arrive comme ça. Je prends également une paire de chaussette "compression" Kalenji (je partirais avec une autre paire) mais j'ajoute aussi une paire de chaussettes basses en cas de forte chaleur, ou si simplement je ne supporte plus les hautes (je n'ai jamais couru plus de 3H15 avec...). La frontale, 3 MuleBar, ma poudre Hydrixir (répartie en deux sachets), appareil photo, brassards réfléchissants, une deuxième casquette, lunettes de soleil, les manchettes et le profil de la course, qui prendra place derrière le dossard de Toto. La sacoche est prête, on ajoute un petit sac sous la selle pour la mini trousse à pharmacie (compeed, NOK, sparadrap et strap), et mon matos est prêt ! Tout le reste (1 t-shirt manche longue, 1 coupe-vent, un corsaire notamment) prennent place dans un autre sac, et restera dans le coffre de la voiture, pour dépanner en cas d'imprévu sur un ravito.
Toujours un casse tête de préparer son sac... En tout cas pour moi !

Samedi 24 septembre : 
Peut même pas se crémer les pieds tranquillement ici...
6H30, la nuit a été bonne. J'étais plutôt crevé par le voyage, et heureusement, le stress m'a laissé tranquille. Direction le petit dèj, café et gâteau sport maison (tiré du livre Secrets d'Endurance, toutes les infos ici). Un petit bout de pain aussi. Je laisse tout le monde en plan pour aller me préparer... Nokage en règle pour les pieds et les adducteurs, le traditionnel sparadrap sur les seins, cuissard, chaussettes hautes (ça comprime pas des masses mais ça maintient), t-shirt marathon de Paris, lentilles, casquettes, GPS et montre chrono... Plus qu'à mettre tout ça dans les chaussures et ce sera parti pour cette course !
A 30 minutes du départ, la pression monte !
On arrive à se garer pas trop loin du départ. Toto prépare le vélo, moi, je troque mon manches courtes pour un sans manche, change la configuration d'affichage de mon GPS (je remplace le chrono par la fréquence cardiaque, car, l'autonomie de mon GPS étant limitée, je cours de toute façon avec un deuxième chrono). On discute un peu avec un coureur venu lui aussi des Yvelines, et finalement, la petite troupe rejoint le parc de la Victoire, pour le départ cette fois-ci ! Le départ est donné en deux temps, voir trois si on compte les vélos ! En effet, les suiveurs doivent rejoindre Aguessac, située au kilomètre 6. Des zones sont mises en place en fonction du numéro de dossard (4 zones, impaires coté gauche, paires cotés droit). Photos avec Thomas pour immortaliser le moment, puis il part rejoindre sa zone.
Je dois ensuite remonter l'allée du parc, passer sous l'arche  (à quelques mètres de l'arrivée...), puis redescendre entres les barrières, afin de prendre part au départ fictif. En effet, la tradition veut que les coureurs rejoignent la ligne de départ en cortège, derrière la fanfare ! En attendant, je papote avec mes deux spectatrices, quand arrivent Anne et Daniel. Du coup, je les attends avant descendre au plus bas. Lorsqu'ils me rejoignent, Maman et Solen partent se poster au départ, et nous nous plaçons sur la ligne. Nous sommes loin de la première vague, mais pas de souci, on va pas se stresser pour ça ! On discute, je rencontre quelques kikoureurs (facile avec Anne et son buff aux couleurs de l'association), puis le "départ" est donné. Nous marchons donc une dizaine de minutes, avant d'entendre le coup de pistolet annonçant le départ ! Plus de deux minutes après, nous franchissons la ligne...

La boucle 1 correspond au marathon, avec l'aller retour à Peyreleau en longeant le Tarn des deux cotés (rive droite puis gauche)
Le départ est donné ! Je débute mon premier cent bornes ! Le stress disparaît et laisse place à l'émotion. Je suis juste content d'être au départ, une petite revanche sur ma première moitié d'année. Avec Anne, nous sommes d'accord : maximum 6'/kilo. Sauf que je commence à la connaître, "maximum" est souvent synonyme "d'égale", je la laisse donc partir sur ce rythme. Moi, je fais le premier kilo pépère, à 7 au kilo, puis me stabilise autours de 6'30, sur un rythme tranquille. Il y a du monde, je profite d'être là, du temps clément pour le moment.
Mes supportrices donnent de la voix au départ, pour preuve, je ne suis pas le seul à les regarder !
Au semi-marathon
Les premiers kilomètres se passent bien, on ressent cette excitation dans le peloton, tout le monde est heureux d'être là. Un message de Toto me confirme qu'il est bien en place et m'attends. La route est belle, faux plats montants succèdent aux faux plats descendants... Pas de plat, même sur cette première portion, la plus plate du 100Km ! Le premier ravitaillement arrive, dans Aguessac, aux environs du 6ème kilomètre en un peu moins de 40 minutes. Je décide d'éviter la foule en ne rejoignant le ravito qu'à la moitié, manque de bol, pas d'eau ici, que de la boisson fluo que je préfère éviter. Je prends quand même madeleine et chocolat qui me font de l'oeil, et je repars doucement en mangeant. La zone A des suiveurs vélo se trouve juste à la sortie du village. Il va falloir ouvrir l'oeil et ne pas se louper ! Dès que j'aperçois Toto, je l'appelle, il me voit à son tour, tout baigne ! Je me mets au centre de la route (là où il y a moins de monde) et continu. Il me rejoint vite. Je bois direct, et continue sur mon rythme. Il faut être vigilant, il y a encore une grosse densité de coureurs et de vélos. On discute un peu, on prend surtout nos marques et on essaye de recaler le rythme travaillé à l'entrainement pour la boisson. Je crois que je ne mange pas grand chose sur cette portion, c'est là que se situera mon erreur. Je suis bien, encore frais. Je bois régulièrement, tout me semble aller pour le mieux. Je sais que mes spectatrices seront à Peyreleau, j'attends de les voir. Au ravito juste après le 20ème, je mange un peu, mais toujours pas grand chose. Rien ne me tente, le sucré ne me fait pas envie, et le salé bof... Je prends quand même une ou deux tartines de St Môret, et bois. On arrive dans Peyreleau, alors que la route devient étroite et qu'elle commence à monter, j'entends Solen et Maman sur le lacet juste au dessus ! Yes ! Je continues à courir dans cette première vraie montée (vraie montée mais courte), je suis vraiment super heureux de les voir. Plus tôt sur le parcours, j'ai "passé commande" via Toto d'une petite bouteille d'eau, pour pouvoir me mouiller le visage. Un bisou et je repars, je laisse Toto récupérer la bouteille et deux petits gâteaux au chocolat.



Toto s'occupe de la logistique, moi, je suis reparti, sourire aux lèvres !
Le rythme est toujours tranquille. Il commence par contre à faire vraiment chaud, je m'arrose de temps en temps la tête et les bras avec de l'eau, ça fait du bien. Je discute à droite à gauche avec Toto ou d'autres coureurs. Les messages arrivent régulièrement sur mon téléphone, et celui de Toto, ça fait toujours plaisir. Solen tweet régulièrement des nouvelles sur mon compte Twitter et me relaye les encouragements qu'on m'y laisse. Montées et descentes s'enchaînent maintenant, mais elles restent courtes. Je marche pour la première fois dans une montée sèche autours du 26ème, histoire de me préserver. La plupart des coureurs font de même d'ailleurs. Je passe le tiers de la course en 3H42. Et puis, petit à petit, je commence à plus me sentir aussi à l'aise. La boisson a du mal à passer et pour la nourriture, c'est encore pire. J'ai comme des points de coté, bref, la machine se dérègle. Je me sens oppressé, je décide de retiré la ceinture cardio, même si tout est encore gérable. Je continue à boire, mais je sens que quelque chose ne va pas. Malgré tout, je reste sur mon rythme tranquille du début, mais sans avoir la sensation de forcer. Je décide de m'appliquer à bien boire, et de laisser de coté momentanément le solide... Grosse erreur, même si je ne le saurais que plus tard. A partir de maintenant, la course tourne au vinaigre, et chaque kilomètre effectué m'enfonce un peu plus. Je ne parle plus (comme beaucoup de coureur d'ailleurs), je dis à Toto que je suis un peu dans le dur, il me répond qu'il a remarqué, "tu regardes beaucoup tes pieds depuis quelques kilos"... Le mur du marathon en pleine face quand on court un marathon ok, mais se le prendre quand on part pour 100 bornes, dur. On arrive bientôt au 40ème, où il y a un point d'eau. On décide avec Toto de vider un des bidons de boisson isotonique pour ne prendre que de l'eau et ainsi pouvoir alterner, car l'eau semble mieux passer. Je demande à Toto si il a eu des nouvelles de Maman et Solen, j'ai besoin de les voir. Le moral continue de dégringoler, à cela s'ajoute la nausée, un dégoût pour le liquide et le solide. J'ai hâte d'arriver au marathon, j'ai l'impression que passer cette étape me permettra de repartir sur de nouvelles bases. J'ai eu des nouvelles d'Anne et Daniel qui carburent bien, c'est le point positif. On entre dans Millau, et là, nouvelle déconvenue. Les routes sont ouvertes, beaucoup de voitures, du faux plat montant, et toujours pas de spectatrices. Je ne crois plus en rien, je ne sais plus pourquoi je cours. Je croise Anne sur le boulevard qui mène au parc, elle a 2Km et un ravito d'avance. Elle a l'air péter la forme, je lui dit que ça va moyen, c'est un euphémisme. Toto bifurque avant le ravitaillement, qui se trouve dans le gymnase. Les marathoniens s'arrêtent, les autres continues. Je sors presque aussitôt du gymnase, le ravito me donne envie de vomir. Je sors, complètement perdu. Je commence à sangloter, quand Toto me rejoins. Être comme ça à même pas la moitié de la course, je n'y crois plus, mais il arrive à me rassurer. Et oui, comme il me l'a dit à ce moment là, on sait qu'on aura des coups de moins bien, et même si celui-là arrive tôt, il faut s'accrocher et il finira par passer. Je finirais cette première boucle de 42 kilomètres en 4H53, 1521ème au temps scratch.

La deuxième boucle, l'aller retour vers Saint Affrique et le passage sous le viaduc
Ca va mal !
Je repars, je veux rejoindre Solen et Maman. C'est ça qui me fait repartir. Je marche, je trottine, les voitures me gênes, j'ai froid. Elles sont à la sorti de Millau, Toto les a prévenu que j'aurais besoin d'elles, je suis heureux quand je les aperçois, mais encore complètement perdu.
Elles essayent de me rassurer, mais je n'entends rien. Comment faire, alors que je n'ai pas parcouru la moitié de la distance ? Quitter Millau pour y revenir me paraît impossible. Un suiveur d'un autre concurrent s'approche de moi, me touche le bras, et me dit qu'il m'a vu tout à l'heure, que je dois manger et me réchauffer. Il me donne même quelques noix salés. Alors que la nausée est toujours là, je décide de l'écouter, comme je l'ai dit plus tôt à Thomas, si tout ressort, cela me permettra peut être de repartir sur de nouvelles bases... Je me change, t-shirt manches courtes et manchettes. Je m'assois, mange comme je peux. Je me réchauffe, et après 5 ou 10 minutes, on décide de repartir. Etape par étape, sans regarder le chrono. La prochaine étape justement, c'est le ravito de Creissels, juste avant la première difficulté, la montée vers le viaduc. C'est donc reparti ! Merci monsieur le suiveur anonyme, merci Solen et Maman, merci Toto. On peut pas dire que tout deviens rose, mais je sens que manger m'a fait du bien, et j'ai chaud. On repart, en marchant, en continuant de manger les noix, simplement pour avancer et voir jusqu'où ça nous mènera. La ravitaillement arrive, en haut d'une petite cote. Je reprends du salé à manger, que je fais passer avec de l'eau. 
On fini par repartir...
Une légère descente dans laquelle je cours (j'ai l'impression que ça fait une éternité que je n'ai pas couru), puis nous voilà au pied de la première montée, et toujours pas à la mi-course ! Je monte, toujours dans le dur, même si je refais surface petit à petit. Je ne sais pas à combien je monte, mais j'ai l'impression de ne pas avancer... Je le dis à Thomas, qui lui positive et me dit que pas grand monde nous double. C'est pas faux comme dirais l'autre... Je passe enfin sous le viaduc, on peut dire qu'il se sera fait attendre celui-là ! Et puis, c'est maintenant la mi-course ! Enfin ! La photo officielle est dans la boîte, tandis que nous doublons Actarus (oui oui, Actarus a couru les 100 bornes !) et que la pente (en descente cette fois-ci) s'accentue. A mi-pente, on aperçoit les voitures officielles ! Michaël Boch, vainqueur l'an dernier, participant aux championnats de France de 100Km il y a 15 jours est en tête, et largement en plus ! Impressionnant comment il avale la montée... Moi, je revis petit à petit. C'est maintenant les cuisses que je commence à sentir ! Une douleur physique, connue, ça me change, ça me rassure presque. Nous arrivons au ravitaillement de St George de Luzençon (51ème). Comme on l'a décidé lors de notre "nouveau départ" avec Toto, je prends mon temps, mange et bois. Toto lui refait les pleins des bidons. On alternera d'ailleurs boisson isotonique et eau plate sur tout le reste du parcours. Je croise un coureur avec le t-shirt du semi-marathon de Bois d'Arcy, l'interpelle. Il l'a couru en prépa avec d'autres amis, pour la seconde fois, et ne m'en dit que du bien ! Ca fait plaisir ! Je lui donne rendez-vous l'année prochaine (à Bois d'Arcy, pas à Millau...) et repart du ravito. Une grosse portion nous attend avec un long faux-plat (6-7Km pour 80-90 D+) suivi de la montée de Tiergues (5km pour 200D+). Je sens vraiment les forces revenir, et surtout le moral qui repart dans les tours. J'alterne marche et course sur ce faux plat, pressé d'arriver au ravitaillement de St Rome, car mes supportrices y sont déjà. Et j'ai vraiment à coeur de leur montrer un autre visage. La page "42ème" est définitivement tournée, je suis de nouveau dans ma course. Le plaisir est de retour, je profite du soleil, de la vue, de tout. Le panneaux du 60ème kilomètre à l'entrée de St Rome me fait exulter ! J'avais vraiment hâte de finir avec la série des "50". Je ne sais pas, mais j'avais l'impression d'être scotché à la mi-course...
Serait-ce un sourire sur le visage de ce coureur ?
Maman et Solen m'attendent sur la droite, au tout début du ravito. Thomas fait le plein des bidons, et on mange. Sandwich jambon et st Moret, je reste sur du classique, mais je commence à me dire que j'aurais aimé du potage, ou un truc de ce genre. Quelques étirements, je me pose par terre deux minutes, puis on sonne le rappelle et on repart. La fameuse cote de Tiergues nous attend, je sais qu'elle sera costaude, mais c'est la dernière difficulté avant St Affrique ! Mes supportrices m'annoncent qu'elles restent là, de peur de me rater à St Affrique et au retour ici. J'aurais aimé les retrouver là-bas, mais preuve que la roue a tourné, ça ne me met pas de coup au moral, et je repars en leur donnant rendez-vous dans quelques heures...

Quelques étirements...
C'est donc reparti en courant vers St Affrique. En courant certes, mais pas pour longtemps. La cote attendue est déjà là, et je me remets à marcher, comme la grosse majorité des concurrents. Sauf une, qui nous double en courant d'une super foulée, tandis que son suiveur lui sort "Franchement, tu serais parti à 10H et pas à 12H, tu aurais pu faire quelque chose"... Info ou intox, je sais pas, mais je le remercie pas pour ce commentaire !!! En tout cas, elle, elle court, et plutôt bien... On prend des nouvelles des deux copains. Daniel est dans la montée de St Affrique, tandis qu'Anne va faire demi tour. On ne va donc pas tarder à se croiser. C'est à ce moment que Thomas me pose une question sur le moment existentielle : "est-ce que tu vois une vache là-bas ?" Je tourne la tête dans la direction qu'il me montre, et j'aperçois une vache énorme, on a l'impression qu'elle fait la taille d'un arbre ! On se marre un bon coup, en se demandant quand même comment ça se fait qu'on la voit si grosse (cherchez pas, on a pas la réponse ! :)... On continue de monter, la route fait quelques lacets maintenant, et toujours pas de Daniel... Un peu préoccupé quand même, je demande à Toto s'il a des nouvelles. Comme il me dit non, je lui demande de renvoyer un message, finalement, ils sont au ravito à Tiergues, on ne s'est pas loupé ! Je discute un peu avec des coureurs, un très bonne ambiance ici aussi, et finalement, on croise Daniel et Philippe (déguisé en lapin rose). Daniel pioche un peu, il me fait signe et continue. Je m'arrête à la hauteur de Philippe et on discute 2 minutes. Les nouvelles pour Daniel sont moyennes, il a eu des crampes dans la montée et est dans le dur... Je lui souhaite bon courage et repart, direction le ravito à 1 kilomètre de là.
Au ravitaillement, je prends comme d'hab, et là, je tombe sur un potage ! Même si j'ai déjà mangé, je prends un verre et m'assois par terre tandis que Thomas refait les pleins. Ca me fait du bien, je me sens en forme, on repart rapidement. Je trottine dans la descente, sans remonter trop de monde car la plupart trottine aussi. On croise Anne et Annette, elles sont l'air d'avoir une pêche du tonnerre. Je les rassure en disant que la machine est repartie, et les encourage pour poursuivre leur effort. On repart tous content de s'être croisé, vive l'aller-retour ! Thomas s'aperçoit que Papa a essayé d'appeler et le rappelle. J'insiste pour lui parler deux minutes, histoire de lui dire que malgré le coup de mou, tout va bien maintenant et qu'on finira, quelque soit le chrono. La descente me parait un peu longue, je m’essouffle même à un moment. Je décide de marcher 2 petites minutes, puis je reprends la course. On arrive dans Ste Affrique (très jolie ville !), après une petite hésitation sur le parcours, nous entrons dans le gymnase. 71ème kilomètre ! Je suis content d'y être. Je suis parti depuis 9H43 et suis 1774ème quand j'entre dans le ravitaillement.

Potage, st môret, mais surtout, changement d'équipement. Je troque mon t-shirt manches courtes et les manchettes contre un manche longue, change de casquette et de chaussettes, sors la frontale. Nouveau crémage des pieds, et inspection : tout va bien ! Pas la moindre trace d'ampoule ou d'échauffement... Je parle avec un concurrent assis à coté de moi, tous ses ongles ont sauté, ça a vraiment l'air douloureux... Il change lui aussi de chaussettes, chapeau d'être reparti avec les pieds abîmés comme ça... 
Petit tweet en live de Tiergues
Je retrouve Thomas à la sortie. Je trottine car le tout début, avant de sortir de la ville, n'est pas trop pentue. Puis je marche, Thomas aussi marche à coté de moi en poussant le vélo, histoire de changer (comment ça je ne vais pas assez vite ?!?!). Il fait maintenant bien noir, la frontale fonctionne bien, toujours étonnant de courir dans ces conditions. Je décide de courir malgré la montée, car j'ai l'impression d'arriver sur un passage un peu plus plat. Je me fixe des petits challenges, "allé, tu rattrapes le groupe là-bas", et j'alterne ainsi marche et course durant la plus grosse partie de la montée. J'en suis assez fier car j'ai doublé pas mal de monde, peu de concurrent courant dans cette montée. J'ai même droit aux encouragements de mon suiveur dès que je recommence à trottiner, c'est bien, ça me boost encore un peu plus, et on arrive comme ça de nouveau au ravito de Tiergues. Nouvelle pause soupe, mais rapide cette fois, car il ne fait pas chaud et je ne veux pas me refroidir. Nous repartons, Thomas contacte Solen pour qu'elle prenne le sac de secours à St Rome. En effet, j'ai peur d'avoir froid et souhaite prendre avec moi mon coupe-vent. On finit la montée en marchant, et je reprends la course dès que la pente s'inverse. J'ai pas trop de souvenir de la descente, à part qu'elle passe bien. Je bois régulièrement, mange des madeleines que nous avons pris sur un ravito précédent... On discute de tout et de rien avec Toto... On croise le panneau 80, cool ! Finalement, on commence à apercevoir un peu de lumière, puis les premiers lampadaires ! St Rome, nous voici de retour ! Solen et Maman ont changé de place, juste avant le ravito. Je leur dit en les dépassant d'aller au ravito, j'y vais directement pour prendre des potages et des tartines. Quand je reviens, je ne vois personne ! Heu, problème... J'appelle Thomas, pas de réponse, puis Solen, pas de réponse non plus... Je me demande bien où ils sont pu aller, mais j'aperçois finalement Solen, ils sont sur le coté, Toto est occupé à échanger des affaires entre la sacoche du vélo et le sac de secours.
Encore 5 minutes passées sur ce ravito
Et c'est reparti ! La remise en route de la machine est un peu difficile... Je commence par marcher doucement, puis un peu plus vite, pour ensuite trottiner. On se fait "rapidement" rattrapé par un concurrent qui finalement reste à notre hauteur. On finit par engager la discussion, premier 100Km pour lui aussi, sans suiveur. On fera toute cette portion entre St Rome et St George comme ça, en trottinant et en remontant pas mal de gens car, malgré le faux plat descendant, la plupart des concurrents marchent. Je suis passé en mode automatique : les jambes tournent toutes seules, sur un petit rythme. La tête ne s'occupe plus de rien, je n'arrive pas à me situer dans cette portion, et je n'arrive pas non plus à estimer mon allure. De toute façon, maintenant, je connais la route, et je ne me souci pas de l'allure, je cours, c'est tout ce qui m'importe...
Nous voilà arriver à St Georges ! Mon compère y repartira plus tôt, et je ne le reverrais pas, j'imagine donc qu'il est bien arrivé à Millau ! L'organisation est bien rodée, je prends 3 verres (2 potages et un avec des tartines) et commence à manger pendant que Thomas refait les pleins. Il fait chaud ici, et très peu de monde. Je ne veux pas trop m'attarder, et surtout, j'appréhende un peu la remise en route des jambes... On repart donc, avec la dernière difficulté devant nous, mais aussi le panneau "90ème kilomètre" qui nous tend les bras ! Après quelques centaines de mètres de plat, la pente commence. Moins de 10 bornes, c'est comme si c'était fait maintenant ! La montée se fait en marchant et en discutant. Il faut faire un peu attention car les routes sont de nouveau ouvertes à la circulation, mais les automobilistes croisés sont très respectueux et prudents. Le viaduc est maintenant bien visible, mais je ne passe toujours pas dessous ! Finalement si, c'est bon, je bascule dans la descente ! Je reçois des nouvelles de Philippe, qui m'annonce les résultats d'Anne et Daniel, bravo à tous les deux ! Anne demande à ce qu'on la prévienne quand on sera au 97ème ! Je sens que les copains seront sur le parcours, je savoure ce moment d'avance... La descente se passe bien, même si elle fait bien mal aux cuisses. On arrive au dernier ravitaillement, mais il est à 4 kilomètres de l'arrivée, et à l’extérieur  je décide donc de tracer et de manger de nouveau une madeleine. On repasse sur le rond-point où je n'étais que l'ombre de moi-même il y a quelques heures, et entrons dans Millau, pour la dernière fois ! Je cours, et remonte pas mal de concurrents qui marchent, en les encourageant. Je suis sur un nuage... J'entends crier, Annette et Philippe sont là en guetteur et courent quelques mètres avec moi, Anne et Daniel sont justes derrières, merci beaucoup d'avoir fait l'effort de ressortir pour m'accueillir, mile mercis ! Je continue ma progression, remercie mon super suiveur pour cette journée passée en sa compagnie, tu as été très bon Toto, merci beaucoup ! Et puis c'est l'entrée dans le parc de la victoire, la remontée du chemin, je vois Solen et Maman, je lève un bras, tellement content ! Solen crie à Thomas de lui laisser son vélo pour m'accompagner, mais je ne réfléchis pas et continue, je double un dernier concurrent quelques dizaines de mètre avant l'entrée du gymnase... Estrade, photo au pied de la borne 100 kilomètre, remise du diplôme et d'un cadeau surprise (sac à dos). Je n'en reviens pas, je suis 100 bornard, en 14H44min03 (à ma montre) ! 

Je l'ai fait !
Je ressors rapidement, je veux prendre tout le monde dans mes bras ! Je vois Maman, je lui saute dessus, puis Thomas, et enfin Solen qui arrive avec le vélo. Je suis heureux, je me sens bien. On fait quelques photos, puis je me change rapidement, pour ne pas avoir froid. Au moment de se relever de la chaise, aïe, les cuisses ont bien compris que c'était fini, et je galère vraiment pour marcher. Je suis même obligé de m'appuyer sur Solen ! On prend rapidement un repas à l'intérieur, puis Maman et Solen vont chercher la voiture. Je laisse tout ce petit monde se dépatouiller avec le porte-vélo et m'assois dans la voiture... J'ai du mal à me rendre compte, mais je l'ai fait ! 

Les 100Km de Millau est vraiment une superbe course. Les paysages sont très chouettes, l'ambiance y est très bonne. Mais rien n'est plat, vous l'aurez compris ! Les bénévoles sont vraiment aux petits soins, et l'organisation au top. Le seul petit point négatif, c'est sur le salé aux ravitos. Je trouve que ça manquait de petits trucs pouvant être transportés facilement par les coureurs, mais bon c'est un détail...

Je voudrais remercier tout pleins de monde... Tout d'abord Thomas, parce que je pense que ce n'est pas si facile d'être suiveur. Tu as parfaitement remplis ton rôle, tu m'as soutenu, encouragé, et on a trouvé une bonne organisation pour les ravitos ! Alors merci ! Ensuite, c'est bien sur Maman et Solen, pour avoir été là, avoir donné de la voix et taper des mains pour m'encourager, pour m'avoir soutenu quand ça n'allait pas. Merci aussi Solen pour le Live Tweet, tu as assuré ! :) 
Merci aux 4 compères de la Rumba d'être venu m'encourager à l'arrivée, merci pour tous les sms, la famille, les amis, merci pour tous les tweets de soutien, d'encouragement... Solen (pour les tweets) et Thomas (pour les sms et FB) m'ont relayé tout ça, et on peut dire que ça fait vraiment du bien !
Quelques minutes après l'arrivée...


A bientôt Millau !

8 commentaires

Commentaire de chanthy posté le 27-09-2011 à 20:38:15

merci pour ce beau récit.
très bonne course et un mental de fer!
au plaisir.et bonne récupération :)

Commentaire de lapinouack posté le 27-09-2011 à 20:57:22

bravo à toi !! :-) et bonne récupération

Commentaire de Arclusaz posté le 27-09-2011 à 22:23:33

bravo !!! un vrai 100 bornes avec des moments de doute, de souffrance puis sans savoir pourquoi ni comment la renaissance.
Mince, ton truc, là, ça fait envie, ça fait en vie..... quand je serais grand !!!

Commentaire de Vivien (100bornard1022) posté le 28-09-2011 à 21:53:16

Bravo à toi. Joli récit d'une épreuve où il faut savoir gérer les coups de bambou. Tu as su le faire avec succès et ça donne donc ce joli chrono à l'arrivée...

Commentaire de kkris posté le 29-09-2011 à 10:10:33

bravo ,tu as bien géré les moments faibles,pour ensuite revenir et profiter de la course!
merci pour le récit.

Commentaire de diegodelavega posté le 29-09-2011 à 17:14:16

Bravo, il faut le faire .. un 100 borne c'est une vrai aventure intérieure ... mais qui se vit souvent en équipe. Bonne récup

Commentaire de a_nne posté le 29-09-2011 à 23:32:39

J'ai déjà tout dit sur ton blog, mais ca ne fait pas de mal de le réentendre : Bravo !! Bravo d'avoir su rebondir après le marathon !
Contente d'avoir pu partager cette expérience ensemble.
bizz

Commentaire de bubulle posté le 06-10-2011 à 22:19:00

Bravo, bravo! J'espère y arriver un jour et, certainement ce jour là je penserai à ton coup de mou de mi-course et au fait que c'est possible de repartir après! A se revoir un de ces jours sur une course des Yvelines, en tout cas sûrement au semi de Bois d'Arcy l'an prochain!

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Votre annonce ici !

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version mobile - 0.14 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !