Récit de la course : Marathon de Paris 2011, par Pierrot69

L'auteur : Pierrot69

La course : Marathon de Paris

Date : 10/4/2011

Lieu : Paris 16 (Paris)

Affichage : 1160 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Pas d'objectif

6 commentaires

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MDP 2011 - Ça, c'est fait !

Préambule :

Nous sommes mi Septembre, les inscriptions au 35ème marathon de Paris qui aura lieu 7 mois plus tard viennent d'ouvrir. Je saute sur l'occasion pour bénéficier des 1er tarifs ; c'est qu'il faut s'y prendre tôt... Le même jour j'en profite également pour m'inscrire en solo à la SaintéLyon en fin d'année. Une frénésie soudaine que je prends comme autant d'exutoires à un boulot devenu complètement dingue et qui me sort par les yeux. Il me faut évacuer d'une façon ou d'une autre et la course à pied est ce moyen qui me permet de faire le vide et retomber la pression. Là au moins je suis maître de tout, de mes choix, de mes erreurs, de mon implication et cela m'apporte un équilibre que je n'ai plus dans mon milieu professionnel...
Du coup je charge un peu la mule côté entrainement et évidemment mon corps à vite fait de me rappeler à l'ordre en m'infligeant une belle TFL courant Octobre. Me voilà donc à l'arrêt complet et mon 1er Objectif de fin d'année tombe à l'eau. Dommage, j'aurais adoré courir cette STL particulière mais j'ai pu la vivre d'une toute autre façon en passant de l'autre côté de la barrière et en passant ma nuit à faire le travail de l'ombre pour que tout se passe bien. Une expérience très enrichissante et à faire absolument au moins une fois.
Fin Décembre me voilà de nouveau d'aplomb pour une reprise toute en douceur et les quelques joggings entre les fêtes me confirment que la TFL a complètement disparue. 4kg de trop sur la balance mais ce n'est pas très grave, ils seront éliminés peu à peu avec la préparation.
Mi-Janvier, il est temps de commencer un plan (B. Heubi) en 13 semaines. Il aurait fallu gagner en vitesse avant mais je n'ai guère d'autre choix... Les débuts sont un peu laborieux mais au bout d'un mois les progrès sont déjà visibles et mon corps s'imprègne peu à peu du rythme et du volume des séances.
Ensuite, tout s'accélère, je dois jongler enter un emploi du temps complètement imprévisible, des déplacements pro aux 4 coins de la France et des entretiens pour un nouveau job. Eh oui, la chance a voulue que je tombe au bon moment sur l'annonce qui correspond à mon projet pro et ma motivation a fait le reste. Il faut juste assurer et ne pas se planter car je ne veux surtout pas passer à côté de cette opportunité ! 1, 2, 3, 4, 5 entretiens, des baskets dans mes valises, un temps hivernal, il en faut de la motivation pour tenir coûte que coûte le cap mais je sais que cela paiera forcément le jour venu.
Fin Mars c'est dans la poche, je peux démissionner ; côté entrainement, tout va pour le mieux ; côté physique me voilà affuté et à mon poids de forme, tous les voyants sont au vert. La fin de prépa est éprouvante mais je la gère en prenant garde de ne pas me blesser et puis vient le repos avant l'épreuve. Je sais le travail accompli et c'est sur-motivé que j'aborde ce marathon.
Objectif moins de 3h20', 3h15' si tout va pour le mieux et plan de repli à moins de 3h30' si ça va moins bien, ce qui ferait déjà ma meilleure marque sur la distance. Je n'envisage pas le pire...

 

Avant course :

C'est en famille que nous venons sur Paris avec ma femme et mes 2 enfants pour un week-end où l'on savoure tous la simplicité d'un moment de détente ensemble. Je peux dire que j'ai de la chance car ils ont supporté mon stress et mes absences sans m'en faire reproche et je suis aux anges qu'ils soient là à mes côtés. Lever tardif le Samedi, puis direction running expo pour le retrait du dossard. Casse-croûte sous la tour Eiffel allongés sur les pelouses du champ de Mars sous un soleil estival. De la marche à pied, du métro, je suggère finalement qu'on termine ce tour de Paris par une balade en bateaux mouche sur la Seine pour m'éviter de trop nombreux km. Retour à l'hôtel, puis restau avec traditionnel plat de pâtes. J'ai pris soin de bien m'hydrater tout au long de ces quelques jours, ce sera la clé demain avec la chaleur.
Lever vers 6h du matin pour un petit déj à l'hôtel. Café léger, un petit pain beurre confiture et un peu de poudre façon recette Aroche pour ne pas trop charger le ventre. Je pars avec mon sac alors que tout mon petit monde dors encore, je les retrouverai tout à l'heure. Le métro se charge de coureurs au fil des stations et arrivé à l'étoile c'est littéralement un flot de coureurs de toutes nationalités qui retrouve le grand air. Je me dirige vers les vestiaires avenue Foch puis viennent les derniers préparatifs. Ça y est, maintenant on y est ! Un passage par l'arc de triomphe pour saluer les kikous. Je ne connais personne mais l'accueil est chaleureux et les sourires et la bonne humeur est de mise sur les visages. Du coup, c'est assez tardivement que nous rejoignons la ligne. Petit coup de stress car mon sas 3h15' est bien en bas des champs et je crains la bousculade pour rentrer mais finalement tout se passe bien.
Un grand moment d'émotion m'envahit au moment de la minute de silence pour le Japon. Sensation bizarre que ces larmes qui me montent aux yeux, de joie d'être là bien sûr mais de tristesse également pour ce peuple meurtri. Vite que ce départ arrive que je puisse enfin libérer toutes ces émotions.

 

La course :

Et voilà, un peu plus de 2 minutes à peine pour franchir la ligne, j'ai l'impression d'être un privilégié quand je sens la masse de coureurs derrière qui mettrons bien plus de temps à franchir celle-ci. Il faut pourtant être bien concentré pour ne pas se mélanger les pinceaux avec les coureurs autour ou se prendre les pieds dans le tapis jonché de sacs plastiques et autres vêtements laissés là. Bon sang mais c'est qu'ils ne sont pas larges ces champs Élysées ! Rond point de la Concorde je me fais serrer contre le trottoir, faut le faire quand même ! Allez, maintenant je trouve ma place et peux me concentrer sur ma foulée. Rapidement je suis dans mon rythme, la balade promet d'être belle ! Je commence déjà à boire la petite bouteille d'eau que j'avais pris soin de prendre avec moi au départ. Du coup, no stress pour le 1er ravito que je saute, j'ai suffisamment pour tenir jusqu'au 2ème.
1er passage à la Bastille, je cherche un peu des yeux dans la foule mais ne vois pas les miens. Ils doivent émerger doucement et seront sans doute là au 2ème passage.
Petite montée rue Daumesnil qui annonce l'entrée dans le parc de Vincennes. Tout va pour le mieux, les jambes sont là, le cardio est bon, le rythme trouvé. Il faut maintenant profiter et ne pas s'emballer. Les km s'enchainent facilement, je suis très concentré, je repère quelques coureurs pour voir si l'un d'eux pourrait me servir de guide mais pour l'instant je préfère gérer mon rythme et n'ai pas besoin d'une quelconque aide. Je vois à quelques encablures les derniers fanions 3h15' mais ne cherche aucunement à les suivre.
La sortie de Vincennes annonce déjà la mi-course et je suis rassuré de voir que jusque là tout se passe à merveille. Je profite car je sais que ça ne va pas durer d'autant que la température est montée d'un cran. Grosse émotion à ce moment là, la foule est proche et nous encourage, je crois que j'évacue des mois de stress, mes yeux se mouillent à nouveau. Ça y est, enfin je suis là, tendu vers mon objectif. Vite je me reprends pour ne pas perdre trop d'énergie, je vais en avoir besoin par la suite. 2ème passage à la Bastille et cette fois-ci ils sont là, je les hèle, ils me voient et m'encouragent. Quel pied !

La suite, c'est l'arrivée sur les quais et là une autre course commence. Le soleil commence à taper bien fort, trop à mont goût... J'ai toujours une bouteille à la main depuis le début pour me permettre de boire à ma guise. A chaque ravitaillement, je saisis une nouvelle bouteille à la volée, m'écarte en maintenant l'allure puis me sépare de celle qui est vide quelques centaines de mètres plus loin dans les bacs prévus à cet effet. Le 1er tunnel pourrait être synonyme d'un peu d'ombre mais c'est au contraire une chaleur étouffante qui nous attend et nous tend un piège implacable. Je suffoque, transpire à grosses goutes et n'attends que d'être sorti de ce maudit endroit ! A partir de là la course va vraiment se durcir. Je passe sous les lances à eau pour me rafraîchir dès que c'est possible mais sens bien que mon rythme commence à baisser inéluctablement. Argh, 12km à faire, voilà le vrai marathon ! J'ai bien pris un gel en prévision mais ça ne fait pas tout. Il faut lutter, ne pas se laisser aller dans la spirale négative et faire le dos rond en essayant de maintenir une allure raisonnable. Je vois bien qu'autour de moi, ça commence aussi à être difficile pour les autres, d'ailleurs certains stoppent à cause de crampes. Chez moi ce n'est pas ça, un petit mur mais que je me dois de surmonter. Je trouve alors mon poisson pilote, une fille du club de triathlon de Villeurbanne à côté de chez moi. Elle ne le sait pas mais c'est grâce à elle et au grand gaillard qui l'accompagne que je vais me remettre en selle. De nouveau je retrouve un rythme un peu plus soutenu même si le doute s'installe sur ma capacité à le tenir. Au diable ces pensées ! Les kilomètres sont de plus en plus longs et je les compte un par un maintenant. Arriver au 36, puis le 37. Aller, il faut tenir jusqu'au 38 et alors ce sera bon.
Nous voilà maintenant dans Boulogne, c'est dur, je m'accroche, au chrono je sais que ça peut le faire mais la vraie défaillance peut survenir à tout moment ! Malgré tout, je vois bien que nous n'arrêtons pas de doubler depuis tout à l'heure, parfois avec un différentiel de vitesse surprenant. Ces km là sont fait de hauts et de bas, parfois ça à l'air d'aller puis c'est la grande détresse. J'ai de toute façon des œillères et mon regard n'est tourné que vers l'avant !
40ème, enfin, l'écurie n'est plus très loin, il faut tenir. Ce km là se passe bien. Plus qu'un ! Je devrais en remettre une couche mais c'est au contraire à nouveau très dur. Tenir coûte que coûte, la barre des 3h20' est maintenant à ce prix ! Je jette mes dernières forces dans la bataille.

Et voilà, enfin l'avenue Foch qui s'annonce, les miens sont de nouveau là pour m'encourager, je sprinte. Quels moments magiques que ces moments là...
La ligne est franchie, je stoppe machinalement mon chrono. Un coureur s'effondre devant moi. Marcher, reprendre son souffle, exulter. Ça y est, c'est fini. Je tourne mon poignet et regarde ma montre, elle affiche toujours le 19 des minutes, le 20 n'a pas eu le temps de s'y mettre, c'est gagné ! Quel pied !

La suite n'est que du bonheur, la médaille, le T-Shirt, les longues minutes à savourer et les retrouvailles avec ma femme et mes enfants avec qui nous allons fêter ça et terminer ce week end merveilleux.

 


 

 

6 commentaires

Commentaire de Génep posté le 16-04-2011 à 18:31:00

Bravo pour ta course et ton chrono, on l'a mérité ce t-shirt et cette médaille !

Commentaire de bubulle posté le 17-04-2011 à 07:37:00

Bravo, bravo. Presque pas de baisse de régime sur le deuxième semi (c'est relatif, mais la chaleur et le parcours plus difficile faisaient que c'était vraiment très dur de faire un negativ esplit).

Belle réussite que cette course surtout dans les circonstances où tu étais. À une prochaine, quelque part en France (STL 2012?).

Content de t'avoir croisé, même brièvement, avant la course...

Commentaire de franck de Brignais posté le 17-04-2011 à 20:41:00

Bravo Pierre ! Belle course, très joli récit et quel finish !!

Commentaire de Arclusaz posté le 18-04-2011 à 08:56:00

Bravo : quelle course !!!
merci aussi d'avoir expliqué la place qu'a pris la CAP pour toi dans un moment difficile au niveau professionnel : cette passion t'a permis de tenir et la double récompense (boulot+marathon) était au bout de la ligne droite.

Commentaire de francois 91410 posté le 19-04-2011 à 19:11:00

belle course vu les conditions, belle gestion ! François

Commentaire de Jean-Phi posté le 25-05-2012 à 15:39:33

Il n'est jamais trop tard pour lire un chouette CR. Je viens juste de tomber dessus par pur hasard et quel plaisir de le lire ! Bravo à toi et quelle perf ! Non pas que celle du marathon mais celle de pouvoir concilier nouveau job, nouvelle motivation et vie de famille. Bravo ! J'espère que tout roule encore comme ceci !
Au plaisir de te (re)voir bientôt !
JP

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