Récit de la course : Marathon de Paris 2017, par ilgigrad

L'auteur : ilgigrad

La course : Marathon de Paris

Date : 9/4/2017

Lieu : Paris 16 (Paris)

Affichage : 1862 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Pas d'objectif

19 commentaires

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Une boucle non consentie en enfer

Ce devait-être mon objectif de ce premier trimestre; aller taper un véritable RP sur marathon. J'avais même secrètement quantifié la chose : 3h05 ou moins. J'avais calculé qu'en me consacrant sur une prépa adhoc et un affutage en conséquence c'était dans le domaine du possible. Trois courses de prépa sur route pour valider les acquis : un 10km à Cernay, un 15km à Charenton et le semi de Paris. Pas de côtes ou presque : l'hivernale et l'eco-trail 30 en sortie longue pour travailler des blocs de vitesse à allure spécifique et un p'tit Josas de 12km une semaine avant la course pour profiter de la paella sans fatiguer la machine.

Ça c'était le plan. 

Et puis il y a eu l'accroc. Une bête déchirure quinze jours avant le marathon de New-York et dont je ne me suis jamais remis. On s'arrête trois ou quatre semaines et puis on reprend comme si on n'avait jamais couru et dix jours plus tard la déchirure ré-apparaît. Je n'ai finalement couru ni le 15km ni surtout le semi à cause d'une violente pneumonie et le yoyo s'est prolongé jusqu'à la veille de l'éco-trail. Ces trente kilomètres furent un enfer et je le suis rendu à l'évidence : j'avais perdu ma vitesse et mon endurance. Préparer en trois semaines un marathon dans ces conditions c'était absurde et j'ai donné. Mon dossard à Anne. J'ai décidé de me focaliser sur l'étape suivante, l'ultra-trail de haute Provence et de re-commencer à travailler tranquillement le foncier et le dénivelé en enchaînant les kilomètres et les séries de côtes. De zéro pendant les trois semaines qui ont précédé l'eco-trail à 80km la semaine suivante dont un 38km au Trail du Josas qui a remplacé le 12 auquel je m'étais inscrit initialement, puisque je ne ferais pas le marathon.

J'ai fait du vélo le lundi et couru du mardi au jeudi.Ludovic m'a tiré sur une série de 400m pour que je réussisse à les passer en moins d'1'30" et je parvenais à courir des blocs de douze minutes en 4'40"/km. C'était loin de mes paramètres précédents mais je recommençais à courir, c'était magique. Un coureur étant nécessairement un  blessé intermittent,  Anne s'est blessée après une séance de Yogga bikram et m'a rendu mon dossard jeudi soir.

Bref j'ai su quatre jours avant la course que j'allais faire ce marathon. 

J'ai reposé la bête le samedi. À défaut de fraîcheur j'ai pensé que je parviendrais peut-être à ne pas arriver exténué sur la ligne de départ.

Levé à 5h15, j'étais en compagnie de quelques travailleurs matinaux, d'une poignée de fêtards attardés et d'une grosse horde de types et de filles en short, dans le métro 1h30 plus tard. J'ai retrouvé, un peu après 7h00, Ludovic dans les paddocks presque déserts, après avoir déposé mon sac à la consigne. Nous avons trottiné jusqu'au pilier sud-est de l'arc de triomphe pour rejoindre Bart et Jerome à qui nous avions donné rendez-vous pour une photo souvenir et nous encourager mutuellement avant nos départs respectifs . Nous sommes ludovic et moi repartis nous échauffer en faisant quelques aller-retours rue de Bassano et nous avons rejoint le sas préférentiel une dizaine de minutes avant le départ. Je n'étais, compte tenu de mon état, pas du tout à ma place au milieu de tous ces élites qui allaient s'élancer sur un Marathon à plus de 16km/h, mais la perspective d'avoir, une fois qu'ils auront tous disparus devant moi, les Champs-Elysées pour moi seul pendant quelques minutes, m'a décidé a entrer moi aussi dans l'espace auquel mon dossard me donnait droit.

On a beau joué les blasés, le frisson qui et l'adrénaline qui vous parcourent une fois que le signal du départ retentit sur une course pareille, est incomparable. Comme d'habitude on part beaucoup trop vite mais j'avais beau être à 16km/h sur les premiers mètres, je me suis fait rapidement distancé. Raya me dit souvent de ne pas m'enflammer; j'ai pensé à lui et j'ai ralenti. Me tenir tranquillemen entre 12,5 et 13km/h, ce serait parfait. J'avançais comme dans un rêve, facile. A partir du rond point, j'avais Paris pour moi tout seul. J'étais encore seul sur la place de la concorde et en longeant les Tuileries dans l'avenue de Rivoli. Mes poursuivants du sas 3h00 m'ont rejoint lorsque j'ai atteint le Louvre. Eux aussi m'ont doublé. Ils tournaient en moins de 4'30"/km et moi je maintenais mon allure entre 4'40" et 4'45". Je respectais le programme puisqu'à défaut d'espérer approcher les 3h00, terminer en 3h20 me semblait tout à fait réalisable. J'avais élabor samedi une tactique pour ma course: avancer en endurance jusqu'au vingt-sixieme et accélérer ensuite pour enregistrer un léger negative split sur la seconde partie du parcours. Pas grand chose; dix à quinze secondes et courir sur au moins seize kilomètres à peine moins vite que ce qui autait été ma vitesse si j'avais été correcte préparé.

Il faisait encore frais, aucun nuage n'encombrait le ciel, j'étais bien. Je pouvais courir encore des heures comme ça.

Jusqu'à Saint-Paul, la rue de Rivoli manquait de spectateurs et, sans les voitures qui encombrent généralement à cette heure les artères parisiennes, je devenais un de ces early-bird qui sillonnent Paris avant l'aube.

Hotel de Ville, Bastille. Ca crie, on applaudit, on encourage; On est encore loin de l'ambiance du Marathon de New-York mais ça commence à vibrer. Faubourg Saint-Antoine, rue de Reuilly. Daumesnil. J'ai  déjà 8km dans les pattes. J'ai bu quelques gorgées d'eau au cinquième; avec la chaleur annoncée, je suis résolu à m'hydrater à chaque ravitaillement. Porte Dorée. Neuf. J'aperçois Anne qui m'encourage. Elle court pendant une centaine de mètres à coté de moi jusqu'à nous franchissions le boulevard périphérique et la limite du bois de Vincennes. Elle me donne rendez-vous à la sortie du bois, 10km plus loin.

Dixième, onzième kilomètre. Le château de Vincennes. J'attrape une bouteille de Vittel au deuxième ravitaillement. J'en utilise une moitié pour m'asperger sur les bras et la nuque. Hippodrome de Vincennes, route du pesage petit faux-plat. En vélo c'est insensible; en course on perd un demi km/h. On approche du quatorzième; le soleil commence à taper. Je suis au top. Je pense à l'adage "quand tu te sens bien, c'est que tu vas trop vite." Je ralenti un peu malgré la descente dans l'avenue de Gravelle qui incite à dérouler. Troisième ravitaillement. Cette fois-ci je m'asperge les jambes qui risquent de chauffer pas mal d'ici l'avenue Foch. 

Seize, dix-sept. On longe Charenton je retrouve Anne à la porte du même nom. C'est bref, je suis déjà aspiré vers le vingtième kilomètre. J'ai été plutôt régulier. Je tourne, à quelques secondes près, chaque 5km en 24'15" et j'en ai encore pas mal sous le pied. Avec l'arrêt Vittel, je passe le semi en 1:42:30. Le timing est un peu juste pour 3h20 mais je me rattraperai sur la fin en lançant un super negative-split un poil plus tard, à partir du trentième kilomètre. On est revenu à la Bastille qui est maintenant noire de monde entre la chaleur des rayons du soleil et celle que fait naitre l'enthousiasme des supporters, la course bascule dans une autre dimension. On vit tout le long du boulevard Bourdon la fin d'une étape de montagne sur le tour de France.  On se faufile dans un couloir étroit. On frôle les spectateurs. Il y a dès banderoles; c'est dément; grisant. Il ne faut pas se laisser emporter il reste encore vingt kilomètres à parcourir. On atteint la rue Madras et les quais  "hauts" avant de plonger dur les voies sur berge. Je suis partout "chez moi" mais là ça devient paroxystique. J'ai couru et roulé sur cette voie des dizaines de fois pour aller et revenir chaque jour du boulot. C'est la que je mène bataille contre Nicolas pour essayer d'établir un record définitif sur strava grâce à min Felt. Je n'ai pas de vélo cette fois-ci mais je vais presque aussi vite. J'ai quand même perdu plus de trente secondes sur mon bloc de cinq kilomètres en franchissant le vingt-cinquième. 

Il reste dix-sept kilomètres d'ici à l'arrivée. Je calcule qu'il vaudrait mieux ne pas lancer mon super negative-split avant le trente-deuxième kilomètre. On pénètre dans le souterrain qui longe le Louvres. Je n'aime pas ce segment à vélo; en course à pied c'est pire. Tous ces corps en surchauffe enfermés dans ce tunnel font dangereusement monter la température. Je suis à la limite de l'ébullition. Je vois zu loon la lumière du jour et la promesse de la fin d'un cauchemar. Une petite pente à remonter et on débouche sur les tuileries et l'enfer. En un seul kilomètre la température extérieure a pris dix degrés au moins. J'espérais une sensation de fraicheur et c'est la fournaise qui m'attend. Heureusement l'organisation douche les coureurs à l'aide d'une lourde lance à incendie. Je suis trempé, c'est un bonheur. On repasse devant la concorde. J'appréhendais les kilomètres qui suivent le vingt-sixième. Je n'aime pas ces quartiers Alma, Iéna. Je suis cuit.

La tour Eiffel sur notre gauche. Les touristes sont fascinés. Je m'en fiche, je la vois tous les jours. J'attaquerai le negative-split au trente-cinquième. D'ici là il faut que je retrouve un second souffle. Bientôt le trentième. J'ai beaucoup perdu sur ce segment de cinq kilomètres. 27 minutes. Anne est déjà là. Je l'attendais devant la maison de la Radio. Ce n'était pas ce à quoi je m'attendais. C'est stupide mais ce détail me contrarie. Et puis 2h30 au trentième ce n'est pas bon. Il va vraiment falloir s'arracher pour passer sous les 3h30. Il reste douze kilomètres et je dois l'avouer, j'ai percuté le mur. Je paie cash la fatigue des 160 kilomètres accumulés les jours qui ont précédés la course et les 38km du Trail du Josas du dimanche précédent. Normalement on relâche dix jours avant pour arriver frais le jour de l'épreuve; là je ne suis plus frais du tout. Anne me suis en velib. Elle crie : "t'as encore du jus !" Le gars qui court à mes côtés me regarde en rigolant. "Moi, je n'en ai plus" me dit-il. Je lui réponds qu'il ne s'inquiète pas parce que je n'en ai plus non plus.

Encore un jet d'eau. Je profite de la douche. j´ai bu au moins mon huitième de Vittel à chaque ravitaillement. Je me demande si cela a été suffisant. Ou peut-être au contraire ai-je trop bu ? mon malaise n'aurait rien à voir avec la vitesse ou avec l'entrainement. Je souffre sans doute d'hyperhydratation, d'hyponatremie. Je risque un coma hydraulique si je ne retablis pas l'equilibre en sodium dans mon système sanguin. J'ai bien pensé à prendre un quart de banane au quinzieme et une seconde au trentiem, sans compter les deux abricots secs du dix et vingtième kilomètre, mais je manque de sel. Je prendrais une poignée de Bretzel sur le prochain ravito. On remonte le long des maréchaux vers la porte d'Auteuil. Une longue ligne droite ascendante qui n'en fini pas. Je dois composer avec des jambes en bois, voire en béton. On entre dans le bois de Boulogne. Un séjour en enfer. Ça commence par une rue pavée. Il fait cent degrés. Au moins. Une gamine de cinq ou six ans répète à tue-tête "encore sept kilomètres, courage les papas!". Sa mère l'encourage en frappant dans ses mains. Deux claques oui. Elle ferait mieux de la faire taire. Je hais les enfants. Leurs parents aussi. Sept kilomètre ! Les kilomètres ont cessé de défiler. Ils comptent double. Deux mille mètres pour chaque kilomètre. Je déteste le seizième arrondissement, Boulogne, Neuilly. Putain de soleil. Il faut me maintenir sous les 6'/km; ne pas marcher. Si on marche c'est foutu, on ne repart plus. Ils sont des centaines en déshérence. Ils marchent comme des zombies. Je suis dans walking dead. Ils ne m'auront pas. Quoiqu'il arrive je dous continuer à courir. Trente-sept. Encore cinq. Tant pis pour le negative-split. Je ceux juste finir. C'est foutu également pour le sub 3h30. 

38km. On aurait pu tourner sur la droite pour rejoindre Paris, la porte Dauphine et l'avenue Foch; mais non on part sur la gauche, on s'éloigne. Il faut encore aller visiter la fondation Louis Vuitton. Ils nous auront tout fait. Ce marathon va vraiment faire 42,2km. Quarante. Plus que deux. Je crois reconnaître ma soeur. Je crie salut Marie-Pierre n agitant la main. La femme en rose me prend pour un dingue. Elle a raison, j'agonise. trente-neuf, ou peut-être quarante, je ne sais plus. La fin est dans un siècl. J'attrape une poignée de Bretzels, tant pis pour la Vittel, je n'ai plus soif. Je recrache les Bretzels, c'etait encore une idée débile. Quarante c'est sûr. tous les spectateurs le hurlent. Il me reste un tour des buttes-Chaumont sans le dénivelé et on n'en parle plus. Manifestement je ne suis pas le seul à souffrir. 3h25. Si je pouvais faire ça à 12km/h je ferais au moins mieux que la dernière fois où j'avais pourtant marché du trente-sixième à l'arrivée. J'ai oublier de compter les deux-cents metres. Un marathon, c'est 42,195 km. On oublie toujours ce 0,195 mais quand on agonise coute au moins une minute. Je recalcule 10+1 ça fait onze, je rajoute la taxe de fatigue moins l'abattement de sprint. Ça devrait tenir en douze minutes. Je sais que la configuration de l'espace-temps dans ce coin de Paris, je vais vieillir de deux heures pendant ces douze minutes.

Marie-Laure me rejoint. Je savais qu'elle devait faire un tour dans le bois de Boulogne mais je ne pensais pas qu'elle me reconnaîtrait parmi une foule aussi dense. Je lui avais meme proposer de monter une table de pique-nique au bord du chemin. j'aurais fait une pause. J'essaie de faire bonne figure. Nous papotons jusqu'au quarante-et-unième kilomètre puis elle repart en sens inverse pour tenter de retrouver Bart qui doit courir quelques minutes derrière moi. Anne est là. Elle aura décidément fait autant de kilomètres que moi; plus peut-être. En courant ou en roulant sur un vélib elle aura sillonné Paris d'est en ouest et de Vincennes à Boulogne. Elle court devant moi et crie "ne lâche rien ! Encore 700m !" Forcément, ça m'énerve. "Et tu crois que je fais quoi là ? Ne me mets pas la pression !" Je ne suis pas sympa mais vu que je commence à avoir des crampes à la mâchoire à force de serrer les dents, je n'apprécie plus les encouragements à leur juste valeur. Je suis pourtant enchanté de la retrouver une fois encore. 

Je sais que la libération est proche.  On contourne la porte Dauphine. Anne se fait expulsé par des cerbères car elle ne porte pas de dossard. Elle aurait pourtant largement mérité son t-shirt et sa médaille finisher. Je mobilise tout ce qu'il me reste de ressources pour accélérer.

Avenue Foch. Enfin ! Je vois enfin la porte qui marque la ligne d'arrivée. 

Le tapis vert

La ligne.

J'arrête mon chrono.

3:37:40

Bien que les autres ne fussent pas fameux non plus, c'est mon plus mauvais temps sur Marathon. Je n'arrive pas à préparer et à courir convenablement cette distance. Un acte manqué peut-être ? Pour dire que je préfère courir des courses en nature ?

Je récupère le t-shirt que je ne quitterai pas pendant les deux jours suivants et la breloque dorée que je porterai jusqu'à chez moi pour impressionner mes vieilles voisines.

Je récupère mon sac. Ce changer relève de l'exploit. Retirer et enfiler des chaussettes quand les cuisses commencent à cramper nécessite une haute maîtrise yoguique. Vu que j'ai décliné les invitations à tous les cours de yoga bikram auxquels Anne a voulu me traîner, j'ai eu du mal pour les chaussettes. Et pour le cuissard aussi.

Je n'est pas pris le temps de sécher au soleil dans les paddocks. Je suis remonté jusqu'à l'angle de la rue de Presbourg où m'attendaient Ludovic, François. Ils ont respectivement terminés leurs courses en 2h47 et 3h08

Nous retrouvons Anne et Marie-Pierre puis Frédéric qui vient de finir en 3h43. Ouf ! J'ai tout donné pour finir devant lui. Un marathon n'a aucune saveur si il n'est pas suivi par une bonne pinte de bière au bar du coin. J'aurais bien passé le reste de l'après-midi à en siroter trois ou quatre autres. Mais nous sommes attendus le soir même en Bourgogne et je dois encore, après une courte sieste, conduire pendant quatre heures. 

Malgré la déception de mon chrono, je suis rentré chez moi la tête haute. Mon voisin Momo a mis cinq minutes de plus. Je garde cette fous encore, le record de la copropriété. ;-)

 

L'histoire a une morale.

un marathon se préparre et suivre un plan, c'est un minimum. Courir pendant quinze jours apres des semaines d'arret ne constitue pas un entrainement. Meme avec de l'experience. Il faut arriver frais voire très frais le jour de la course. Deux jours de break ne provoquent pas une surcompensation qui nous fera casser la baraque le jour de la course. On ne devient pas marathonien à deux jours du dépar. J'avais dit et ecrit que ce serait une sortie longue, j'aurais dû rester sur cette idée là. Les épingles, le sas préférentiel, les encouragements et le narcissime facebookien ne doivent pas nous laisser croire que nous sommes devenus meilleurs sans y avoir consacré un minimum de temps. On peut toujours en rêve, mais on ne fait jamais de negative-split sur un marathon. J'avais pourtant passé une bonne heure à expliquer cela, son pourquoi du comment, à Frederic, vendredi soir. Je pars trop vite. Même si c'est lent, c'est encore trop. La façon dont j'avais couru l'ecotrail et les 38km au Josas, malgré le denivelé et les changements de rythme montrait que je n'etais pas en mesure d´espérer mieux qu'un chrono autour de 3h45. Mes deux séances sur piste aussi. J'avais fini par me persuader que si je ne passais pas mardi mes 800m en moins de 3'15", c'était la consequence de ma course de l'avant veille. Je ne les passais pas parce que je n'avais toujours pas récupéré ma vitesse point. On a beau etre facile au vingt-cinquième, la chute n'en sera pas moins sévère. Un marathon c'est dur; très dur. Cela n'a rien à voir ni avec un dix kilomètres ni avec un semi et encore moins avec un ultra trail. Quand on n'arrive plus à tenir l'allure, on entre dans une spirale qui jamais ne cessera; on ne revient pas; il n'y a pas de second souffle possible. Si on marche on est mort et il n'y a aucune rédemption possible. Changer ses objectifs à mesure qu'on faiblit ne sert à rien : On croit avoir atteint le fond et on projette un chrono à partir d'une allure qu'on espère constante alors que le declin se poursuivra jusqu'à la ligne.

il faudra que je reussisse à courir au moins une fois un marathon. 

Il faudra aussi que les spectateurs en finissent avec cette expression debile : "on ne lâche rien !". Il faudrait le leur dire, ou l'interdire, ou forcer ceux qui l'ont crié à courir le prochain Marathon. Ils pourront toujours s'appliquer la formule à eux mêmes. On verra s'ils ne lâchent rien.

Le parcours de celui de Paris est, quoiqu'on en dise, sans doute l'un des plus beaux du monde. Je n'ecrit pas cela parce que c'est ma ville; meme si on traverse des quartiers sans interets, du seizieme à Boulogne où avec l'inflation les kilometres finiront par valoir le triple de ce qu'ils valent auhourd'hui, c'est vraiment sublime. Un petit tour rive gauche ou du coté de Montmartre et de Barbès me plairait davantage.

Je me reinscrirai en 2018.

 

 

 

19 commentaires

Commentaire de Bérénice posté le 11-04-2017 à 01:16:56

Très vivant ton récit ! Bon, vu ton entraînement tu t'en sors plus qu'honorablement donc la prochaine fois ça passera comme tu voudras !
Bonne recup à la montagne... petit veinard !

Commentaire de ilgigrad posté le 11-04-2017 à 19:12:28

Merci Berenice.
Comme je te l'ai déjà écrit en d'autres lieux, ton épopée fut autrement plus courageuse que la mienne. Je suis admiratif de ta volonté. J'aurais abandonné depuis bien longtemps si j'avais du supporter ce que tu as enduré, aux heures pendant lesquelles tu as courru...
Bravo. Repose toi bien. Et j'espere bien te croiser sous le pilier sud-est, le 8 avril 2018, avant le départ du prochain marathon de Paris.

Commentaire de Caracole posté le 11-04-2017 à 08:47:40

J'étais forfait cette année sur le MDP, à cause d'un souci de santé qui m'a empêchée de m'entraîner, et qui de toutes façons ne m'aurait pas permis de courir la distance.
Mais je guette vos résultats et vos récits avec envie.
Je n'ose pas dire que je me réinscrirai pour 2018 mais si je peux le faire, je ne manquerai pas de relire souvent ton récit, et surtout ta conclusion.
Cette descente aux enfers me rappelle cruellement celle que j'ai subie l'année dernière à partir du 25e.
Bravo, et merci de transmettre ton expérience.

A toi, Bérénice! Un récit!!!

Commentaire de ilgigrad posté le 11-04-2017 à 19:24:12

Merci caracole.
Je crois que la "souffrance" et la descente aux enfers est assez souvent consubstantielle du marathon. Ela dit, ce n'est pas non plus une fatalité et celui de Paris. J'avais suivi le recit de ton periple avec Sophie, l'an dernier. J'espère que ton forfait cette annee n'est pas la consequence d'un probleme serieux et que tu pourras te précipiter des la semaine prochaine sur les formulaires d'inscription pour 2018. Il faudrait que nous le fassions enfin l'un et l'autre dans de bonnes confitions.
À bientôt !

Commentaire de Alfy94 posté le 11-04-2017 à 08:59:44

Récit très.....vivant....on s'y croirait dans le dur...

J'aime beaucoup cet autodérision empreint de réalisme ;)

Commentaire de ilgigrad posté le 11-04-2017 à 19:25:56

Je te remercie pour ce sympathique compliment.

Commentaire de Vik posté le 11-04-2017 à 10:23:52

En te voyant faire une "reprise" à 80 bornes / semaine, j'avais peur que tu ne te blesse à nouveau. Au moins, ce ne fut pas le cas, ouf :-) !

Bon, ne lâche rien, je débarque t'entraîner ;-)

Commentaire de ilgigrad posté le 11-04-2017 à 19:31:05

Oui j'etais finalement résolu à preparer autre chose. Et ce marathon est tombé comme un cheveu sur la soupe. Mais bon, j'ai fini la soupe et le cheveu aussi, même si j'ai eu du mal à le faire passer.
Je t'attends. On pourra borner pendant que les filles bikrament. Tu debarques quand ?

Commentaire de trailaulongcours posté le 11-04-2017 à 12:37:45

Bravo pour ta course. J'ai adoré ton récit, je viens de poster le mien, j'ai l'impression que nos vies se sont croisées au cours des mois écoulées. Ca m'aurait fait plaisir de te rattraper sur la fin mais non, pas cette fois-ci.

Commentaire de ilgigrad posté le 11-04-2017 à 21:35:39

Ouf ! J'ai eu chaud.
Trois kilomètres de plus et j'étais fait.
On fera le prochain ensemble; on courra comme ça derrière le même chrono.

Commentaire de pinafl posté le 11-04-2017 à 12:43:28

Etant dans une état de forme similaire au tien lors de l'ecotrail 30 pour un resultat identique, il me semble que l'objectif initial était un poil ambitieux et le resultat final pas si mal, compte tenu du manqué de prépa.

Commentaire de ilgigrad posté le 11-04-2017 à 21:48:31

Tu avais pourtant l'air en bien meilleure forme que moi quand nous nous sommes croisés sur l'ecotrail. on se recroisera peut-être dans un meilleur état sur la pyrénéenne, non ? Sur le prochain ubbc, sinon ?

Commentaire de Rem posté le 11-04-2017 à 14:04:09

Merci pour ce beau recit ! il faudra qu'un jour ta course soit dans la même veine, fluide dans le style. Pour une quasi non prepa , c'est quand même très bien ! et , si j'en crois kikourou, tu as déjà fait moins bien(3h40 , 2012). Il en va du Marathon comme du golf ou la F1. Si c'est fer 7 , c'est pas fer 3. Si c'est freiner aux 100m, c'est pas à 80m , sinon tu loupe la corde.. ou pire. 3h20 c'etait surement trop. Mais avec une prepa idéale, tu sembles pouvoir approcher 3h10 . J'ai deja le titre de ton billet , "Une course parfaite". J'ai hate de le lire.

Commentaire de ilgigrad posté le 11-04-2017 à 22:01:59

J'avais fini un 20km en 1h27, un mois après l'utmb. Ca ne me semblait pas completement déraisonnable. C'etait en revanche beaucoup trop compte tenu du manque de prepa et de la surcharge des jours qui ont précédé. Mais bon se fixer un objectif au départ d'un marathon reste un exercice compliqué sans avoir travaillé une allure en particulier. Il ne s'agit pas de courir 42km en endurance mais d'optimiser ses capacités pour faire le mieux possible. Si on est "facile", on regrette de n'avoir pas tout donné et, réciproquement, un poil au dessus et c'est l'echec. Tu as parfairement raison, il n'y a pas dix combinaisons possibles, une seule est adaptée à la course qu'on doit faire et je n'ai pas choisi la bonne.
Cela dit c'est promis. L'an prochain je preparerai la course parfaite ;-)

Commentaire de Japhy posté le 12-04-2017 à 08:28:04

Je suis d'accord avec toi a propos du ''on ne lache rien'', c'est une expression qui ne m'a jamais correspondu et que j'ai toujours trouve assez violente. Certains peuvent se l'appliquer a eux-memes sans dommage mais beaucoup eprouvent de la honte apres avoir lache, ce qui est tellement dommage et stupide, quand on y pense.

A part ca, je suis comme Rem, j'aimerais bien que tu ecrives un CR d'une course ou tu n'as pas souffert et je trouve que ca fait trop longtemps...Puisqu'il parait qu'il y a du yin et du yang en chaque chose, je me fais le yin (ou le yang je sais plus c'est pas important !) de Vik sur ce coup - j'espere qu'il ne m'en voudra pas-, et me demande si quand meme tu ne pourrais pas en faire un peu moins une fois de temps en temps: un peu moins d'entrainement, un peu moins de courses courues, un peu moins de longues distances, un peu moins de comparaison avec d'autres ou avec ton toi d'il y a quelques annees, bref un peu moins d'auto-pression etc.
(un peu plus de yoga peut-etre ? ha ha !)
Mais c'est vrai que cette fois tu avais une bonne excuse, ce n'etait pas du tout ta faute !

Commentaire de Vik posté le 12-04-2017 à 10:07:35

aaaaah mais tu n'as pas compris ma solicitude pour Ilgigrad et la petite part d'ironie qui emprunt régulièrement mes messages à sa destination :-)
je ne l'encourage pas à en faire plus, et il sait très bien ce que je pense du marathon, etc (et du fait d'y aller blessé, comme celui de NYC)
un peu moins d'autopression, tout à fait !

Commentaire de Japhy posté le 12-04-2017 à 10:56:43

Chuis un peu bécasse, d'ailleurs tu disais qu'il t'avait fait peur avec ses 80 km hebdo en plus ! Bon ça va alors !

Commentaire de ilgigrad posté le 12-04-2017 à 10:08:15

Hello Japhy,
Je suis gourmand. Je choisis toujours fromage et dessert; deux fous du fromage, deux fois du dessert. Je m'ennivre de trop en faire mais c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour soigner proprement toutes mes névroses. Je n'en souffre pas; ces echecs n'en sont pas. Je n'ai, par exemple, pas investi des mois de préparation, de privation et de souffrance pour reussir cette course. J'y ai pensé deux jours avant, me suis donné un objectif dans le sas et j'aurai probablement tout oublié dans trois jours. D'ailleurs, ce fut penible sur la fin mais j'ai aussi pris beaucoup de plaisir sur cette course. Le parcours est somptueux, il a fait un temps magnifique (certes un peu chaud mais je préfère courir presque nu que de m'interroger pendant des heures sur le nombre de couches thermiques à enfiler) et j'avais de super-sensations jusqu'à ce que l'on passe devant le Grand Palais. Après, à mesure que nous nous eloignions des terres de Vernon et que nous nous rapprochions du siège de Z&V que j'ai quitté le mois dernier, ma forme a décliné. Ça n'aura duré qu'une petite heure; il y a pire. Je préfère juste écrire et parler des petits ratés que des moments de bonheur. Un narcissime des petits échecs du quotidien. Ceux sans consequences. Le reste on n'en parle pas.
Bref, comme toujours, je m'égare, mais rassurez-vous je suis malheureusement plus lucide que je ne laisse apparaître sur kikourou...
A propos Japhy, j'ai convaincu ma femme et mes fils de randonner cet été, autour du quinze août dans le Mercantour. j'ai dessiné une trace qui part de SMV, franchit la frontière italienne et redescend sur Sospel puis Menton en suivant le GR52. Si tu le permets, je t'enverrai la trace pour que tu me donnes ton avis quant à l'intérêt de ces etapes et leur faisabilité... quand je repense au mont Archas, 1000m de denivelé là bas coûtent infiniment plus cher qu'en haute-savoie...

Commentaire de Japhy posté le 12-04-2017 à 10:59:03

Alors tant mieux si ça ne t'affecte pas. Et c'est sûr que ça aurait été un dossard gâché.
Pour le Mercantour, nan mais est-ce que vous le faites exprès ???? Je reviens de Toronto le 15 août seulement ! On aura peut-être du temps pour un apéro. Oui envoie moi la trace, je te dirai.

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