Récit de la course : Ultra Trail du Mont Blanc 2007, par ISMAILI75

L'auteur : ISMAILI75

La course : Ultra Trail du Mont Blanc

Date : 24/8/2007

Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)

Affichage : 2778 vues

Distance : 163km

Objectif : Pas d'objectif

4 commentaires

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PORTION D'UTMB : CHAMONIX - ARNUVA

PORTION D’UTMB 2007 : CHAMONIX - ARNUVA.

ENTRAINEMENTS :
J’ai commencé mes entraînements pour l’utmb par ma reprise d’après les 6 jours d’antibes. Je n’y ai pas super brillé (431km, 24ème sur 40), mais les 6 jours d’Antibes ont été une grosse expérience très enrichissante qui me permettra entre autre de tenir un gros entraînement rigoureusement, sans trop de problèmes de fatigue ou de blessure. Ah si j’ai quand même décroché les French, European, and World Age Best Performance (21 ans) ... mais bon par unicité ‘faut dire hein ! On peut probablement faire bien mieux.
DATE DISTANCE DENIV TEMPS VITESSE
15/07/2007 10 0 en douceur
16/07/2007 15 0 en douceur
17/07/2007 15 0 01:05:15 13,79
18/07/2007 15 0 en douceur
19/07/2007 15 0 01:03:35 14,15
20/07/2007 15 0 01:01:08 14,72
21/07/2007 15 0 01:01:58 14,52
22/07/2007 15 0 en douceur
23/07/2007 15 0 01:01:15 14,69
24/07/2007 15 0 en douceur
25/07/2007 15 0 0:59:24 15,15
26/07/2007 15 0 en douceur
27/07/2007 15 0 00:59:36 15,1
28/07/2007 15 0 en douceur
29/07/2007 15 0 en douceur
30/07/2007 15 0 en douceur
31/07/2007 15 0 00:58:17 15,44
01/08/2007 0 0
02/08/2007 55 1300 06:28:00 8,5
03/08/2007 55 1300 06:58:30 7,88
04/08/2007 0 0
05/08/2007 0 0
06/08/2007 55 1300 06:22:16 8,63
07/08/2007 55 1300 06:10:34 8,91
08/08/2007 55 1300 07:27:43 en douceur
09/08/2007 55 1300 05:27:57 10,06
10/08/2007 0 0 VIN ! VODKA !
11/08/2007 0 0 6 heures de danse en boite
12/08/2007 0 0 ^^ ^^
13/08/2007 15 0 en douceur
14/08/2007 15 0 01:00:01 15
15/08/2007 15 0 en douceur
16/08/2007 15 0 00:56:45 15,86
17/08/2007 15 0 en douceur
18/08/2007 15 0 00:58:47 15,31
19/08/2007 15 0 en douceur
20/08/2007 10 0 00:37:40 15,93
21/08/2007 0 0
22/08/2007 5 0 00:18:47 15,97
23/08/2007 0 0
24/08/2007 0 0
25/08/2007 94 5578 UTMB
26/08/2007 0 0
Je ne me suis jamais entraîné aussi rigoureusement pour une course. Le tout en y allant cool la plupart du temps, dans la hantise de réveiller ma périostite ou ma TFL héritées des 6 jours d’antibes. De ces entraînements, je garde d’excellents souvenirs.
Du 01/08/2007 au 10/08/2007, mon parcours de 55km au ballon d’alsace vaudrait un CR à lui seul ! Je me lève les matins à 7h30, mange une tartine de nutella avec du café, remplis mon Camel back et part courir. Je pars de Vescemont pour descendre tranquillement vers Giromagny 2-3km plus bas. Puis viens la route du ballon. D’abord 4km de faux plat montant au travers des villages de Giro, Lepuix, … C’est tout le contraire de ce qu’il se passe en île de France : Chaque villageois, chaque cycliste que je croise me salue et je lui réponds. C’est sympa l’est, tout le monde se connaît ! Après la roche du cerf (ou du cygne ?) commence une première montée de 9km/600mD+, à faire en courant svp. Petit à petit je me retrouve près des cieux, dominant une bonne partie de la région. Il y a eu un jour où c’était tellement couvert que toute la montée s’est faite à l’intérieur d’un nuage. C’était la montée du nuage. Une fois en haut, je peux soit tourner à gauche pour attaquer le ballon, soit aller à droite pour descendre au lac d’alfeld. Droite. 2km de plat puis 5km de descente (500m D-). Du lac, on est au pied du ballon, dominant la région 700m plus haut. Faire le tour du lac est très technique. Il y a là de quoi se fouler 36 fois la cheville. C’est très agréable d’être ici en pleine nature, entre l’eau pure et les arbres. Mêmes les départementales que j’empreinte la majeure partie du temps sont poliment inscrites sur le flan des collines et ne gâchent rien de l’ambiance. Après le lac, le plus gros effort : passer de 600mètre d’altitude à 1247m sur le ballon, en une huitaine de km. Et toujours en courant. L’arrivée au sommet se fait au bout d’environ 4 heures. Et quelle arrivée ! Le plus beau jour, je me souviens être sorti de l’ombre de la forêt, pour être enveloppé de la lumière des pâturages du sommet, toujours courant vers le haut, entouré de ciel, et ayant la sensation de passer les portes du paradis. Et quelle récompense, une fois en haut, de pouvoir voir à des dizaines de kilomètres, d’être au point le plus haut à une centaine de kilomètres à la ronde ! Un autre jour, le ciel était couvert, mais comme je l’ai dit plus haut, j’étais près des cieux : Ce jour là, un immense nuage passa à deux mètres du ballon. Une fois au sommet, j’ai tendu les mains en l’air et celles-ci étaient à l’intérieur du nuage. Les mauvais jours, cette arrivée se faisait à l’intérieur d’un nuage, visibilité : 20mètres, tentions sur la départementale et ambiance de mystère. Le retour sur terre était ennuyeux : une heure de descente, une heure de plat… Mais à l’arrivée à Vescemont, chez mon Oncle, la fête recommençait autour des délicieuses tartes de ma tante ou autour d’une partie de poker avec mes cousins.
Le 16/08/2007, j’ai vraiment eu la sensation de voler. Sans oublier le prix des ailes : le courage d’affronter les douleurs induites par une telle vitesse (feu dans les jambes, nausées, essoufflement continu…) et la discipline de tenir régulièrement cette vitesse. C’est bon de savoir qu’on peut faire d’aussi grandes foulées !
Le 20/08/2007, je suis allé faire un 10km VMA standard sur une promenade de 500m longeant la seine au pied de la tour Eiffel (celle qui relie la tour Eiffel au pont de bir-hakeim, à droite vu du trocadero) Soit 10 allers-retours. Et là je croise une famille de touristes, probablement britanniques. Ils étaient 5 : Le papa, la maman, le fils aîné, la fille et une troisième, la cadette. Amusés de voir quelqu’un courir aussi vite, ils crient d’abord OONNNNIIINNNNOONNN à chacun de mes passages. (Le bruit que font les F1). Puis le fils aîné court 300mètres avec moi, puis la fille 200m. Ensuite, ils lisent probablement la douleur sur mon visage. Alors plutôt que d’aller voir la tour Eiffel, ils restent là, sur le bord de la promenade à m’encourager. J’ai même droit à une holà ! Ils sont trop gentils ! Je les remercierais en tendant la main sur ma dernière longueur, réussissant un quintuple tape m’en 5 en moins d’une seconde.
De tous ces entraînements, il n’y a que le dernier où je n’ai pas atteint mon objectif. Je voulais courir 10km, mais j’ai senti une crampe au mollet gauche (lieu d’une ancienne déchirure) à la fin du 5ième, alors j’ai arrêté, pour ne rien abîmer.

AVANT LE DEPART.
Ne connaissant personne sur Cham’, je finis par avoir un gros coup de chance : une promo SNCF : Je ferai donc le trajet Paris Cham en train de nuit couchette première classe, moins cher que seconde classe, dans la nuit de jeudi à vendredi. Elle est pas belle la vie ? Au lever du jour, c’est en train que je découvre les superbes reliefs des Alpes. Première réaction : Ouaaah ! Réactions suivantes et le reste du week-end : Ouaaah ! Et ce, jusqu’au retour en train dimanche soir. Le massif du mont blanc est un Goliath d’une autre envergure que mon fier ballon d’alsace. Au retrait des dossards, je fais un pitit bonjour à Emmanuel tout sourire au stand ufo. Et un autre petit bonjour à KLOUG qui organise le raid28 et m’a déjà vu aux 12heures de Bures. Moi qui étais tout fier de mes cuisses héritées des Vosges, découvre des hommes avec d’énormes quadriceps. Enfin, la chose qui m’intrigue le plus : je suis confiant quant à ma course. J’essaie de me remettre en cause, de douter, d’être nerveux, mais rien : je reste confiant et me tape une sieste sur le gazon.
Puis les 2200 trailers s’amassent devant l’arche de départ. Nous sommes prêts à avancer de 163km et à franchir 8900mètre de D+/- mais pas à reculer de 15 mètre !!! Mais y parvenons enfin. (On a un gros problème sur la marche arrière. ^^)

LA COURSE.
Mon plan est de régler son compte au monstre vite, genre avant ou après le coucher du soleil de samedi soir. Ça fait du 27-30 heures. Dans cette optique, l’idée est d’être aux Chapieux à 1h30 du samedi matin, à Courmayeur au lever du soleil et à Champex à 14heures, puis finir.
Après un départ riche en petites bousculades, nous quittons Chamonix sous les encouragements des habitants, sortis en masse pour l’occasion.
La montée du col de voza passe comme une lettre à la poste je m’y sens super bien et savoure la qualité de mon entraînement. Du haut, on peut voir la vallée de Cham’ en coucher de soleil… La surprise est dans la descente : mon dieux que c’est raide ! J’ai peur de me fracasser sur 200 mètres. Si toute la course est comme ça, ça ne va pas être une partie de plaisir. Les quadriceps servent de frein. Sur le dernier petit escalier arrivant à St Gervais, j’ai les cuisses très faibles. Elles tremblent. Mais 3 mètres plus tard, la foule me le fait vite oublier. Même au marathon de Paris il n’y a pas autant de monde pour t’encourager ! C’est incroyable ! Quel plaisir ! J’en profite pour faire des combos de tape m’en cinq et grignoter un peu. Aux contamines, pareil : La foule est en délire ! Ouaaah !
La montée du bonhomme est un peu difficile. Arrivé en haut dans les cailloux, j’ai froid et suis en hypoglycémie. Quelques biscuits en marchant plus tard, la fête recommence pour cette chouette descente aux Chapieux que nous avons tous eu le plaisir de connaître. Elle est bien glissante. Vous ne connaissez pas le plus grand toboggan du monde ?? Il est là ! J’y glisse plusieurs fois, toujours pour faire 2 ou 3 mètres sur les fesses dans le gazon. Tant que c’est une manière économique d’avancer, je garde le sourire. (C’est biomécanique, je vous le dis !). J’arrive aux Chapieux à 1h28, exactement dans mes temps. C’est l’heure de la récompense après le premier effort : deux bons gros bols de soupe avec des crackers, miam ! puis thé, puis café et cake ! Miam miam miam. J’ai même envie de danser. A ma grande surprise, je suis rattrapé par hémérodrome. (Hein ?? rattrapé par Hémé ?? J’ai fait fort là ! Je savais que tout ceux que je connais, étaient derrière moi, mais lui … !) Nan en fait il n’a pas l’air au meilleur de sa forme. Et je suis 137ème !!!
Je repars tranquillement, digérant au pied du col de la seigne. En marche rapide, j’arrive à doubler quelques personnes qui courent. Le col de la seigne est une vraie partie de plaisir ! Je n’ai mal nulle part, mon moral est top, tranquillement, l’esprit clair, je ne fais que doubler dans la belle chenille de frontales en zigzags. Encore une vraie partie de plaisir. Les étoiles sont très visibles. Que du bonheur.
Ensuite je fais toute la montée de l’arrête du mont Favre derrière un monsieur en short bleu. C’est une façon de s’économiser les nerfs en cette fin de nuit : il réfléchit, je suis.
Je suis contraint de faire un gros arrêt technique de 20 minutes aux WC du col Chécrouit. C’est ainsi que Cédric me rattrape. La descente vers Courmayeur se fait un peu après le lever du jour, toujours à peu près dans les temps prévus. Le versant Italien du massif du Mont Blanc se révèle petit à petit, dans toute sa splendeur. Là, il y a le choix : option zigzag, descente légèrement fracassante pour les plus frileux, ou bien option « je coupe tout », au travers des zigzags comme une tête brûlée. Je choisis la première. J’arrive à 7h00 du matin et suis 204ième ! Cédric me suit de peu. Là on se fait une bouffe à Courmayeur avec Cédric.
Je repars bien lentement. Alourdi par le précédent repas, dont la digestion me rappelle que j’ai fait nuit blanche. Ainsi, je me retrouve dans l’obligation de faire deux siestes de 10 minutes dans la montée au refuge Bertone, où Cédric me redouble. Là je prends deux café et repars toujours assommé vers le refuge Bonatti, où je me sens obligé de refaire une sieste de 15 minutes et ça repart enfin ! Je retrouve la pêche et suis dans le même rythme que les coureurs qui m’entourent. Mais la descente vers Arnuva est un vrai calvaire : Mes quadriceps sont crampés toutes les 30 secondes. On connaît tous la recette : crampe + effort = déchirure. Sauf les cuisses, là, j’ai retrouvé mon énergie et le moral. J’ai le grand col ferret en face de moi. Mes idées sont claires, mais peut-être un peu trop. Les seuls points d’abandon possibles autour sont Arnuva ou la Fouly. Je me vois très bien arriver au bout du grand col Ferret. Il ne fait que 800m D+. Mais la descente à la Fouly est quelque chose comme 4 fois plus grande que celle qui mène du refuge Bonatti à Arnuva. En somme : Si je vais en haut du grand col ferret, il est très probable que je me déchire un quadriceps dans la descente. Celle-ci semblait si gentille dans le Road book… L’idée de finir en plus de 30 heures ne me passionne pas non plus. Je prends ma décision et abandonne à 12h53, 423ème au classement. Je sais que j’ai pris la bonne décision, mais il m’arrive de regretter de ne pas être allé me planter au sommet du grand col Ferret, avec un sourire narquois communiquant toute ma situation : Je suis grillé, mais je suis au plus haut point de la course !

ANALYSE.
Je ne pense pas être parti trop vite : un UTMB en plus de 30h ne me branche pas. J’ai clairement manqué de quadriceps, donc pour la prochaine fois, il faudra que je me muscle les cuisses. La dernière nuit dans le train, même en première classe, c’est trop de stress et pas beaucoup de sommeil. Mes entraînements dans les Vosges étaient bien sympas, mais il faudrait que je les remplace par un off plus pentu. En plus, maintenant que j’ai découvert la montagne et que j’adore ça… Atlas ? Pyrénées ? Alpes ? Tibet ? Prenez garde ! J’arrive ! Aussi, je regrette d’avoir autant regardé mes pieds plutôt que profiter des fantastiques paysages. Maintenant, j’hésite : faire une perf pareil sur de l’aussi long que l’UTMB demanderait plus d’expérience. Il est probable que mes prochains 6 jours m’apportent plus d’expérience, particulièrement en gestion du sommeil. Maintenant, en faisant une équivalence entre ma première moitié d’UTMB et la CCC, j’aurais terminé la CCC en 13-14 heures et serait dans les 70 premiers. Ensuite comme j’ai 21 ans, j’ai le temps d’en faire encore plein. Je crois que le choix le plus intelligent serait de faire la CCC 2008 pour exploser le chrono et le classement, découvrir la seconde moitié du parcours, gagner de l’XP, avoir le temps de voir les potes après sur l’UTMB 2008 et ensuite faire l’UTMB 2009, pour aussi y exploser le classement et le chrono. J’ai le temps de voir d’ici janvier 2008… (Attention les cow-boys, sortez vos souris.)

APRES LA COURSE.
Après la navette Arnuva Courmayeur, je trouve Corinne à Courmayeur. Comme je ne savais pas trop où dormir, elle me propose le Gîte avec elle et gé-lafrite. Ensuite, malgré l’installation des lits au gymnase, je persisterai à rester avec elles pour pas être tout seul le reste du WE. (Scotchman-powaaaa !) Ainsi le reste de la soirée est reconverti à encourager runstephane et Phil.
Pour conclure, j'ai découvert la montagne (on y appelle "plat" toute pente de moins de 15%), de fantastiques paysages, la haute Savoie, l'Italie, la Suisse (en voiture), j'ai plein de nouveaux amis Ufos. Même si je n'ai pas fini, je suis fier de ma course. Si je devais retenir un mot qui résumerait bien cette expérience, ce serait : Ouaaaaah !

4 commentaires

Commentaire de laurent05 posté le 02-09-2007 à 12:19:00

salut anisse
encore bravo même si tu n'es pas allé au bout
ça sera pour la prochaine fois
je t’ai aperçu au dernier moment à saint gervais
j’ai eu juste le temps de t’encourager tu étais super bien placé
bonne recup
a+
laurent

Commentaire de agnès78 posté le 03-09-2007 à 09:48:00

Merci pour ce récit
Bonne récup et prends ton temps...
gros poutoux
agnès

Commentaire de JLW posté le 03-09-2007 à 22:15:00

Sympa tes sorties autour du Ballon d'Alsace endroit que j'apprécie particulièrement. Je pense que ton analyse est juste, tu es jeune, rapide, tes entrainement à 15 à l'heure (c'est bien ca ?) en attestent et tu devrais effectivement faire une bonne place sur un CCC avant de retourner sur l'UTMB plus tard.

Commentaire de Say posté le 04-09-2007 à 23:43:00

C'est vrai que ça aurait très fun de monter là haut mais oui, tu as eu raison de stopper. Récupères bien

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