Récit de la course : Sur les Traces des Ducs de Savoie 2014, par Siberian wolf 10

L'auteur : Siberian wolf 10

La course : Sur les Traces des Ducs de Savoie

Date : 27/8/2014

Lieu : Courmayeur (Italie)

Affichage : 939 vues

Distance : 119km

Objectif : Terminer

4 commentaires

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Que d'émotions mais ça se termine très bien !

Mercredi  27 juillet 2014. J’ai participé aux Traces des Ducs de Savoie, l’une des courses de la semaine de l’ultra-trail du Mont Blanc dont toutes les courses terminent à Chamonix (74). C’est une course de 119 km et 7250m de dénivelé.

Je suis parti le mardi 26 juillet 2014 vers 6h du matin. Une fois sur l’autoroute A49 dans le département de l’Isère, il pleuvait. C’était un peu dangereux avec ces autoroutes A49, A43, A41 et A40 détrempées et du coup je roulais moins vite, parfois à 95 km/h. Je suis arrivé vers 15h à Chamonix. Je suis arrivé en avance et heureusement car à la remise des dossards, mon k-way noir a été jugé non conforme, n’ayant pas de membrane respirante comme sur les vestes Gore-Tex. Le sifflet, le portable et la gourde étaient aussi contrôlés. Sur le village du trail étaient vendues des vestes Gore-Tex mais elles ne coûtaient pas moins de 160 €, pas moins de 105 € dans une boutique de sport à proximité. Cela me dégoûtait de devoir acheter une veste d’un tel prix juste pour deux jours d’autant que j’en avais une à la maison depuis moins d’un mois mais je ne l’avais pas pris car elle prenait plus de place que mon k-way noir dans un sac de trail. Mais écoutant la conversation entre un client et un vendeur de Sanglard Sports, j’ai cru comprendre que le client louait un sur-pantalon imperméable et une veste. J’ai alors attendu la fin de leur discussion pour demander s’il était possible de louer une veste et le vendeur me l’a affirmé. J’ai donc loué une veste grise foncée Eider pour 31 € sur deux jours (cela comptait à partir de mercredi). Revenu au centre sportif, j’ai alors pu obtenir mon dossard mais j’ai dû faire encore un aller-retour jusqu’au parking du Montenvers pour chercher mon sac Salomon car ils y attachaient une puce. De la perte de temps donc.

Après avoir mangé le soir, j’ai ensuite préparé mon sac de course jusqu’à 0h30 pour m’avancer. A 3h35, je me réveillé pour préparer les dernières affaires et prendre le bus à 4h45 du matin vers Courmayeur où se situait le départ. Je pensais avoir tout pris mais alors que nous étions entrés dans le tunnel du Mont Blanc, j’ai soudainement réalisé que j’avais oublié mes lampes frontales ! La journée commençait bien mal pour moi. . Arrivé à Courmayeur, en Italie, j’ai demandé à des chauffeurs s’ils retournaient à Chamonix pour retourner chercher des coureurs et revenir à Courmayeur mais ils répondaient que non. J’ai demandé à un dernier chauffeur et il m’a répondu qu’il retournait à Chamonix sans retourner à Courmayeur après mais il me disait que des bus partiraient encore certainement de Chamonix pour aller à Courmayeur. A 5h15, j’ai donc pris ce bus pour retourner à Chamonix mais non rassuré puisque sans être sûr de pouvoir revenir à Courmayeur. La vue de files de voitures attendant pour rentrer dans le tunnel du Mont Blanc marquant la frontière me laissait penser que j’allais encore perdre du temps, que je prenne un bus ou ma voiture. Le chauffeur, sympa, m’a déposé devant le parking du Montenvers où j’ai rapidement récupéré deux lampes frontales dans ma voiture. J’ai ensuite couru jusqu’à la place du Mont Blanc où, ouf, il y avait deux bus ! Je suis monté dans le premier et il retournait bien à Courmayeur ! Celui qui devait certainement être l’un des directeurs de la course est venu et était surpris de voir encore un coureur ici, me montrant sa montre. Je lui ai expliqué brièvement la situation et on m’a autorisé à prendre ce bus pour moi seul, à 6h environ, tous les autres coureurs étant déjà partis. Il m’a dit en plaisantant « et ne dormez pas ! ». Pas sûr qu’il ai compris que je prenais ce bus maintenant à cause d’un oubli.

Mais j’étais encore stressé car on était censé avoir jusqu’à 6h30 pour déposer les sacs d’allègement (pour que certaines de nos affaires soient envoyées au Cormet de Roselend) mais arrivé à 6h50 à Courmayeur (1220m), après avoir remercié le chauffeur, on pouvait encore déposer nos sacs. J’étais donc complètement soulagé. 


J’oubliais tout de même de mettre par précaution ma pommade anti-inflammatoire sur mes genoux et ce n’est que quelques secondes avant le top départ que je la mettais, à 7h du matin. Evidemment, arrivé tard et mettant ma pommade, je partais parmi les tout derniers de la course avec près de 1600 coureurs devant moi. Mais dans la traversée de la petite ville et sur le côté après la sortie de la ville, je remonte un peu devant. Dans la montée qui suit, je profite encore de replats ou de larges virages pour remonter en avant.

Photo téléchargée sur Wikimédia Commons (auteur : Anthospace) : Courmayeur plus bas


Je ne m’arrête pas au premier ravitaillement du col de Checrouit (1959m) au km 6,6, une bonne option puisque dans les 750 premiers à ce moment-là (plutôt surprenant sachant que je suis parti parmi les tout derniers), je vais être pointé parmi les 640 premiers à l’arête du Mont-Favre (2409m) au km 11,1 même si pendant cette ascension, je croyais être mal classé tant je voyais des coureurs au loin.


Depuis le début, j’ai monté à une moyenne de près de 5,2 km/h. J’essaie de doubler d’autres coureurs dans la descente technique vers le lac Combal mais je n’en double que 2 ou 3 car tout le monde est encore bien frais. Nous doublons même deux véhicules, un camion et un fourgon, sur un chemin caillouteux et plat. Au km 15, nous arrivons au ravitaillement du lac Combal (1970m), plutôt sec. Je commence par manger et boire. Il y a là du saucisson, du beaufort, de la tomme de Savoie, des barres énergétiques, des quartiers d’orange et de pamplemousse, des rondelles de bananes, du chocolat, de la soupe de vermicelle et du pepsi. Ensuite, je m’abrite sous une tente, à l’abri du vent, pour m’appliquer de la pommade anti-inflammatoire sur tous mes genoux (j’en ai appliqué juste avant de partir mais uniquement sur un côté du genou gauche où je ressens habituellement de petites douleurs). Je prends donc assez de temps à ce ravito ; du coup je repars au-delà de la 790ème place après un peu moins de 2h55 de course. Cela fait pour le moment ma plus mauvaise moyenne en début de course mais j’ignore à ce moment-là qu’il reste encore beaucoup de coureurs derrière.

Reparti, je suis obligé de sortir du sac ma veste louée au magasin de sport de Chamonix car le vent souffle fort.


On commence par monter avant d’avoir un replat et de monter à nouveau par des lacets.

 

Photo téléchargée sur Wikimédia Commons (auteur : Anthospace) : final de l'ascension du col Chavanne

J’arrive après un peu plus de 4h d’effort au col Chavanne (2603m) au km 19,7 classé environ en milieu de peloton. La suite est une longue descente de dix kilomètres avec des passages presque marécageux sur la fin.

Photo téléchargée sur Wikimédia Commons (auteur : Anthospace) : début de de descente du col Chavanne

On remonte ensuite en direction du col du Petit Saint-Bernard. Et là je ne me sens pas en forme dans la seconde partie de cette ascension. Je n’arrive pas à accélérer même si je perds peu de places. Je vois un jeune qui s’assoit sur le côté alors que nous passons à côté d’un lac avant d’aborder la rampe finale. Il abandonnera sûrement mais je ne suis pas beaucoup mieux. Des spectateurs m’encouragent sur le final de cette ascension, nous avons notre prénom inscrit bien visiblement sur notre dossard.


Mais cette fatigue était trompeuse puisqu’au ravitaillement du col du Petit Saint-Bernard (2188m) au km 36 à 13h30 environ, j’ai gagné 50 places depuis le col Chavanne. Des abandons ? Mais 36 km en 6h30 est à ce moment-là ma plus mauvaise moyenne horaire sur un trail (5,54 km/h environ). Je prends mon temps à ce ravito et mange de la soupe de vermicelle, du beaufort, du saucisson, du pepsi et je remplis ma gourde. J’évite le chocolat pour ne pas avoir trop envie d’aller au WC. Reparti, deux touristes me prennent en photo au col. Nous revenons désormais en France.



Désormais, il y a une grande descente de 13 km et 2 km de plat jusqu’à Bourg Saint-Maurice (837m). La descente va m’être profitable car je double une dizaine de concurrents, seul un me double et trois me rattrapent sur le plat un kilomètre avant le ravitaillement.


Au pointage de Bourg Saint-Maurice au km 51 j’ai gagné près de 100 places depuis le col du Petit Saint-Bernard. Une belle remontée même si je pense qu’il y a une part d’abandons. C’est vrai que le col a fait mal et qu’en plus il fait chaud à Bourg Saint-Maurice. Je fais une longue pause (près de 25 minutes) au ravitaillement, réappliquant de la pommade anti-inflammatoire, avalant des gels de mon sac, encore de la soupe de vermicelle, du pepsi. En repartant, des bénévoles contrôlent que nous ayons bien une veste et un portable.  


Nous repartons pour grimper le fort du Turc puis le fort de la Platte. Après 1 km, je mouille, comme d’autres, ma casquette à une fontaine, ce qui soulage de la chaleur. Je réussis à suivre après un groupe, sans chercher à le dépasser car je ne me sens pas les jambes pour cela. Trois coureurs doublent plus tard ce groupe et je finis par les suivre. Mais déjà, il y a des coureurs isolés arrêtés sur le côté dans la montée et ils seront de plus en plus à mesure que nous approchons du Fort du Turc. On se doute pour certains qu’ils ne continueront pas mais feront demi-tour jusqu’à Bourg Saint-Maurice pour prendre la voiture-balai. La chaleur est plus supportable en cette fin d’après-midi mais l’usure est là et l’ascension est pénible. Désormais les coureurs montent en groupes de files indiennes sans chercher à doubler.


Un type nous annonce vers le fort du Turc qu’il reste 20 minutes avant d’arriver avant celui de la Platte mais ce sera plutôt plus de 30 minutes !


Moi je m’arrête une minute vers ce second fort pour prendre un gel anti-oxydant. Arrivé à 17h50 au fort de la Platte (1995m) au km 56, je remplis ma gourde d’eau. Il y a là des chèvres. J’ai effectué la montée à 2,65 km/h de moyenne. J’ai gagné 38 places et je me rapproche des 600 premiers mais sans doute à cause des abandons.

Photo téléchargée sur Wikimédia Commons (auteur : Anthospace) : le Fort de la Platte

La suite est encore longue même si la pente est plus douce. Si longue que je demande un moment à deux types à combien de kilomètres se situe le Cormet de Roselend. Et l’un d’eux me dit qu’il reste 7 km selon sa montre. Je n’y suis pas arrivé déjà que cela paraît long ! Et ils ont raison. Après être parvenu à un lac, commence l’ascension du Passeur de Pralognan, impressionnante au bas de celle-ci.

Photo téléchargée sur Wikimédia Commons (auteur : Anthospace) : ascension du Passeur de Pralognan

Je reprends un gel au guarana. A mi-ascension, alors que nous tournons vers la crête de droite et que je suis une femme, un coureur redescend accompagné de deux bénévoles des secours. Une minute plus tard un hélicoptère vient et semble faire du surplace au-dessus de l’endroit où ils sont redescendus et remonte. Sans doute l’hélicoptère a dû embarquer le coureur. Pourtant, il ne me paraissait pas mal en point en redescendant, juste fatigué. Un autre bénévole qui descend nous dit que l’ascension est bientôt terminée. Mais non, elle est éprouvante et le col se dérobe toujours plus à mesure que nous approchons. J’arrive au passeur de Pralognan (2567m) alors qu’il est environ 19h40.

Au début de la descente, il y a un passage avec une corde où tous les coureurs s’accrochent même si moi je n’en ressens pas forcément le besoin.

Photo téléchargée sur Wikimédia Commons (auteur : Anthospace) : début de descente du Passeur de Pralognan

Il y a ensuite un sentier dans un pierrier où il encore difficile de doubler mais je suis parvenu à dépasser quelques coureurs plus bas tout de même. Ce n’est que 2 km avant le Cormet de Roselend que la piste devient large et que je me remets à courir un peu. Je double quelques coureurs mais d’autres me rattrapent quand j’atteins le Cormet de Roselend (1976m) au km 66 à 20h35 après 13h35 de course. 13h35 de course alors que je m’attendais à être en moins de 12h à ce point ! J’ai un peu sous-estimé la difficulté de cette première partie de course ! Je suis désormais parmi les 600 premiers, ayant encore gagné quelques places. La nuit commence à tomber. Je vais au toilettes sèches avant d’aller manger au ravitaillement. Sous les grandes tentes, je récupère mon bonnet et mes gants chauds du sac d’allègement transporté par l’organisation jusqu’ici. Je remets aussi pour cette nuit la veste Eider louée. Il fait bien plus frais depuis le Passeur de Pralognan. La grande tente est bondée et beaucoup de trailers qui n’ont pas de place aux tables s’assoient au sol. Je m’y assois aussi. On nous annonce à ce moment là que Xavier Thévenard a remporté la course alors que moi je n’en suis qu’à la moitié de celle-ci ! J’ai dû mal avec l’effort long à manger les aliments solides donc à part un peu de gâteau, je privilégie la soupe de vermicelle et le pepsi.


C’est dans la nuit noire et avec la lampe frontale que je repars. Cette chère lampe frontale que j’avais failli oublier au départ. Deux types me doublent et je ne tiendrais pas longtemps avec eux. Je vois toutefois la lueur de leur frontale devant tous comme les autres lucioles plus haut. Cela grimpe un peu et des bandes réfléchissantes nous guident sur le sentier. Mais parfois il y a de la boue, des passages avec des flaques et c’est beaucoup moins drôle qu’en journée. En effet, malgré les frontales, on ne voit pas aussi bien les obstacles que le jour. Il faut dire que mes frontales ne sont pas hyper puissantes non plus. Un moment je chute sur un endroit mouillé et cela m’agace. Une descente suit et je marche avec deux types mais je ne peux les suivre, ils semblent plus en confiance que moi dans cette descente de nuit. S’ajoute aussi le fait que sur un court moment, il manque de balisage. On devine toutefois le sentier et on voit des lucioles plus bas mais cette descente de nuit m’énerve.

Quelques coureurs reviennent sur moi et j’essaie de ne pas les lâcher. Après un contrôle, c’est toutefois seul que j’atteins le lieu-dit « La Gittaz » (1663m) au km 74 où il y a un pointage. On voit au-dessus des lampes frontales. Il va falloir encore grimper ! Je suis parmi les 550 premiers à ce moment-là. Malgré le fait de ne pas aimer ce tronçon, j’ai encore gagné 44 places. Encore des abandons sans doute.

Il s’agit juste d’un point de contrôle. Il reste encore 11 km avant le col du Joly. Cela peut sembler peu mais dans la nuit avec moins de visibilité malgré les lumières des lampes, ce n’est pas rien. Mais il n’est pas question de traîner car selon les délais, il faudra être parti à 3h30 de la Gittaz. Je suis en avance sur ce délai mais je ne peux pas attendre le petit matin. Je repars sur un petit sentier et deux gars finissent par me rejoindre. La piste devient plus large et c’est beaucoup mieux que les sentiers boueux précédents. Je les suis un moment avant qu’ils ne me distancent légèrement car ils marchent vite et je m’assois pour enlever un cailloux dans ma chaussure. Ce n’est pas agréable car celle-ci est pleine de terre encore humide suite aux passages boueux. Je finis l’ascension et commence la descente avec deux jeunes femmes. Un bon point car ces deux femmes descendent mieux que moi dans la nuit. J’essaie donc de copier leurs trajectoires.

Comme j’hésite un peu à courir à certains endroits, elles me distancent un peu mais je prends de bonnes trajectoires et de surcroît, le sentier, devenu moins large dans la descente, devient plus caillouteux et sec.

J’aperçois à nouveau des lumières sur un sentier qui semble monter d’abord puis redescendre en faux-plat descendant après. Je finis par rattraper dans la portion qui monte ces deux femmes et deux hommes qui les accompagnent. Deux coureurs me rattrapent aussi derrière sur la portion en faux-plat descendant assez rocailleuse. Nous passons juste à côté d’un petit troupeau de bovins et commençons bientôt à entendre de la sono au loin. Arrivé à un promontoire, nous apercevons plus bas le ravitaillement du col du Joly. Je m’arrête là quelques secondes pour prendre des photos de celui-ci et des lumières des frontales mais même avec le flash , cela ne rend pas bien dans le noir.


Arrivé à ce point, je me réjouis car même s’il reste une trentaine de kilomètres, je sais qu’il ne reste qu’une grosse difficulté à passer et je me vois mal abandonner à ce point. Pour moi, le plus dur est fait et tout va bien ! Reparti en descendant avec un petit groupe, nous atteignons le col du Joly (1989m) au km 85, précédé par un peu de brouillard. Il est 2h30 et ma vitesse été de 3,34 km/h depuis la Gittaz.


A ce ravito, je me remets à manger un peu (saucisson, fromage, cake marbré), pas seulement de la soupe de vermicelle et du coca-cola. Il y a là quelques sortes de matelas-brancards avec couvertures pour se coucher mais moi je me couche uniquement cinq minutes. Je veux arriver le plus tôt le matin à Chamonix.  

J’ai fait tout de même une longue pause puisque c’est vers 3h10 que je repars il me semble. Il y a 10 km de descente jusqu’aux Contamines. Ordinairement, j’adorerais cela mais là c’est la nuit et je vois moins bien le sol malgré la lampe frontale. Je fais donc une descente prudente malgré que je rattrape quelques coureurs. Nous arrivons en petit groupe à Les Contamines-Monjoie. Il faut toutefois traverser le village et des pistes sur plus de deux kilomètres pour rejoindre le ravitaillement.

Il est 4h55 au pointage des Contamines (1167m) au km 95 et j’ai encore légèrement progressé au classement. Je prends une barre énergétique, du coca-cola, un gel à la caféine et je prends mon temps pour m’appliquer de la pommade Diclofénac sur mes genoux pour la dernière partie de course. C’est aussi là une satisfaction de voir que la pommade a suffi et que je n’ai pas eu besoin d’avaler de cachet anti-inflammatoire pendant l’épreuve contrairement à des précédentes courses où ce fût nécessaire. Mes genoux, et en particulier celui de gauche où j’avais eu des douleurs, ont bien tenu. 

Photo téléchargée sur Wikimédia Commons (auteur : Anthospace) : ravitaillement des Contamines

Je repars et en sortant du village, j’attaque avec quelques coureurs isolés la dernière grosse montée du parcours, qui comprend une petite descente avant de remonter de plus belle selon le profil que j’ai pu voir. Un jeune trailer me rattrape et nous discutons ensemble au début. Comme moi, il est novice sur ce genre d’épreuve, n’ayant pas dépassé les 80 km, moi n’ayant jamais fait plus que la SaintéLyon (75 km). Je le laisse partir devant. D’emblée, la pente est vraiment très forte sur une piste plutôt large et goudronnée, la plus pentue depuis le début du trail car elle ne décrit presque pas d’épingles. Il faut attendre 2 km avant qu’elle ne soit un peu moins forte mais je passe bien. Deux coureurs me doublent au début mais comme ils ne me distancent que d’une vingtaine de mètres, je les redépasse avant qu’ils ne me redépassent à leur tour. Je me surprends à quelques somnolences et je pars parfois vers le côté gauche. Il est vrai que je ne me suis allongé que cinq minutes depuis le début et l’envie de sommeil se fait sentir. Mais je ne m’arrête pas et cela va passer. Aussi il m’arrive parfois d’avoir de courtes hallucinations par exemple le fait de marcher en croyant voir l’ombre grise d’un coureur marcher juste derrière moi et quand je me retourne, il n’y a personne ou encore croire qu’un coureur était assis à côté de moi au ravito précédent, toujours gris mais flou et me tourner pour voir que je suis seul assis sur le banc. Le jour commence à se lever. L’aube est bien là lorsque j’atteins les chalets du Truc (1750m d’altitude environ), pallier avant de redescendre puis remonter.


Une petite descente mène vers un autre hameau. Cette descente est boueuse au final. Les chalets dépassés, je m’arrête deux minutes pour ranger ma veste. Il fait encore un peu frais mais la montée qui s’annonce devant, abrupte, me réchauffera. Pendant ce temps, quelques coureurs doublés dans la petite descente me passent devant mais je les redoublerai quelques minutes plus tard.

Ma foulée n’est pas spécialement exceptionnelle mais je parviens  à doubler une dizaine de concurrents dans cette ascension qui décrit une série de lacets pédestres en allongeant au maximum les jambes. Seuls deux types me doublent, un vétéran impressionnant grimpeur, au début et l’autre avec des bâtons sur la fin. J’ai donc fait une bonne ascension pour parvenir au sommet du col du Tricot (2120m), au km 101,8 à 7h50 environ et dans les 530 premiers au classement. J’approche néanmoins les 25h de course maintenant, ce que je pensais faire au départ mais jusqu’à Chamonix !


Je ne perds pas de temps et gagne des places dans la descente qui suit, descente peu rapide avec des monotraces les uns à côté des autres. Je franchis après un pont suspendu au-dessus d’une rivière après avoir doublé un type avant l’entrée de ce pont. Oups, la faute de politesse peut-être car ce pont bouge vraiment dans tous les sens et le type que je viens de doubler attend que sois au bout pour y passer, par sécurité. Juste après ce pont, cela recommence à grimper alors que nous apercevons plus haut le glacier de Bionnassay. Je n’avais pas bien étudié le profil et je croyais qu’il restait uniquement de la descente et du plat ! La remontée est courte et laisse bientôt place à un faux-plat et plus tard un « coup de cul » accédant à la gare du tramway du Mont-Blanc de Bellevue. A la gare de Bellevue (1796m) au km 106, j’approche les 500 premiers, j’ai donc gagné des places malgré une progression lente de 3,93 km/h.

A ce moment, il ne reste que 12,6 km et plus aucune montée si ce n’est des faux-plats. C’est presque gagné ! J’aborde une descente de 4,7 km jusqu’aux Houches.  La descente est technique par endroits, parfois même chiante mais je reviens vite sur des coureurs devant. Elle devient large et goudronnée à la fin et lorsque je parviens au ravitaillement de Les Houches (1019m) au km 111, j’ai cru avoir doubler 12 coureurs dans la descente, descendu à 6,26 km/h en comptant une toute petite pause pipi et je suis cette fois-ci dans les 500 premiers au classement. A ce dernier ravito, je discute avec un coureur qui dit avoir vomi au Passeur de Pralognan tant il a souffert dans cette montée. Moi je lui parle de la montée vers les deux forts qui a éprouvé tant de concurrents. A ce ravito, je mange du fromage, des barres énergétiques et prend un dernier gel. Je reste trois petites minutes à ce ravitaillement puis repars.

Après une très courte descente, nous continuons sur une large piste. Au départ, je voulais finir les 8 derniers kilomètres en marchant mais je regarde derrière moi et deux coureurs qui marchent aussi semblent se rapprocher.

Alors je décide de courir sur les faux-plats descendants et marcher dans les faux-plats montants pour conserver mon positionnement. Avant d’arriver dans la ville de Chamonix, je double ainsi 4 coureurs (dont un groupe de trois) qui marchent mais je ne peux empêcher 5 coureurs qui courent même sur les faux-plats montants de me dépasser. Quelques marcheurs nous renseignent sur le nombre de kilomètres qu’il reste à effectuer. A 2 km de l’arrivée environ, je regarde derrière et remarque qu’un coureur revient et je me mets alors à courir un peu. Juste un peu plus loin, juste après une petite côte, j’observe qu’ils sont 2 coureurs. Progressivement, ils reviennent sur moi donc je me mets à courir dans le dernier kilomètre alors qu’ils ne sont qu’à 100m de moi. Au passage, je dépasse un autre coureur qui marche. Je cours vite sous les acclamations de la foule dans les rues de Chamonix (1035m) et termine presque au sprint. 

Je franchis la ligne d’arrivée alors qu’il est 11h en un peu moins de 28h et termine dans les 500 premiers sur 1076 arrivants, ce qui représente une belle progression sachant que j’ai gagné plus de 300 places depuis le col Chavanne dans la première partie de la course ! L’un de mes poursuivants ne termine qu’à quelques secondes. J’ai terminé les 7,9 derniers kilomètres à une moyenne de 6,01 km/h. J’ai perdu 6 places dans ces derniers kilomètres mais je ne m’en suis pas rendu compte. Le vainqueur, Xavier Thévenard, a gagné en 14h10 avec 35 minutes d’avance sur son poursuivant ! Le dernier classé a terminé en 33h13. On nous remet à l’arrivée un débardeur de finisher, plutôt chaud. Plus de 500 coureurs ont abandonné ou ont été mis hors-délais.


Pour résumer, je dirais que ma foulée n’a pas été exceptionnelle mais que mon endurance a été très bonne. Je n’ai en effet jamais faibli malgré la distance cumulée et c’est une très bonne expérience. Le moins bien a été l’ascension du col du Petit Saint-Bernard et la boue après le Cormet de Roselend, le meilleur a été la descente du Petit Saint-Bernard ainsi que celle vers Les Houches. Aussi, il faut signaler que l’environnement, d’une manière générale, a été bien respecté sur cette course. Je n’ai vu au sol qu’une dizaine de gels et papiers sur la seconde partie du parcours, quasiment rien sur la première partie de la course. Cela contraste avec Sierre-Zinal le 10 août où il y avait des déchets partout. Durant cette compétition, j’ai utilisé 9 gels (6 au guarana ou à la caféine puis 3 anti-oxydants).

Après quelques photos à l’arrivée, il est temps de ranger mes affaires de trail dans ma voiture et d’aller prendre une douche. Au passage, je rencontre quelques coureurs qui feront la CCC (101 km) le lendemain et qui me demandent comment la course s’est passée. Il fait chaud à Chamonix et certaines nuques sont assez rouges des coups de soleil que nous avons pris la veille et ce matin.


Je vais au centre sportif pour la douche. Il n’y a qu’un vestiaire pour les hommes de même que pour les femmes.

Le vestiaire est complet et j’attends un peu. Il faut dire qu’il y a aussi là un coureur italien qui prend son temps en se massant les jambes, ce qui agace un coureur venu après moi. Il dit à ce coureur qu’il est sans gêne mais le vétéran italien fait semblant de ne pas entendre (ou n’a-t-il rien entendu car ne parlant pas français ?). Quant aux douches, quand vient mon tour, elles sont bouillantes un peu comme sur l’Ardéchoise en 2011. Mais une douche ne suffit pas à enlever les traces noires sur les ongles des pieds. Je retourne ensuite à la voiture pour aller chercher ma veste louée et la rendre au magasin Sanglard Sports.

Après cela, je vais manger de la saucisse, de la pollenta, un yaourt et boit un pepsi dans la cantine d’un lycée à 200m du centre sportif. Après avoir récupéré un polaire et un pantalon du sac d’allègement de Chamonix, je m’allonge à l’ombre sur l’herbe comme quelques autres coureurs. Il faut dire que cela fait environ 34h que je n’ai pas dormi. Mais cette première sieste ne dure qu’une demi-heure, j’en ferai une autre de la même durée 2h après. Les arrivées se succèdent désormais sur l’OCC (53 km), la nouvelle et plus petite des courses de l’ évènement UTMB, et ce jusqu’à 22h. Le soir, vers 21h, je mange dans une pizzeria (plutôt bof le repas) pour 17,5 €. Mais je suis trop fatigué pour repartir après et je dors dans ma voiture, et ce jusqu’à 1h30 du matin.

Je repars ensuite de Chamonix mais j’ai après été obligé de faire une pause toutes les 1h sur l’autoroute jusqu’au matin car la fatigue revenait. Le matin, je me suis arrêté sur l’Aire de Saint-Rambert d’Albon (A7) pour prendre le petit déjeuner et aller sur internet, la station Leclerc captant la wifi. Ce n’est qu’à 12h que je suis rentré à la maison.

4 commentaires

Commentaire de st ar posté le 09-03-2015 à 05:49:46

Quel stress avant le départ...:-(
Tu as finalement bien géré ta course ensuite, bravo!

Commentaire de bubulle posté le 09-03-2015 à 07:04:22

On n'était vraiment pas loin l'un de l'autre ! Soit tu m'as passé dans la descente vers les Houches, soit entre les Houches et Chamonix puisque je n'avançais alors vraiment plus. Belle course en tout cas, surtout après ce départ de folie. Bon, ça servira pour les prochaines fois...:-). Il devait y en avoir, des litres, d'adrénaline dans la première montée..:-)

Commentaire de Siberian wolf 10 posté le 10-03-2015 à 21:54:41

Merci pour vos messages. Oui j’ai sacrément stressé mais déjà sur le marathon du Mont Blanc, j’étais arrivé au départ seulement 4 minutes avant celui-ci. D’habitude, je suis bien organisé, y’a qu’à Chamonix que ça m’arrive.
Dans la première montée, j’étais plutôt soulagé d’avoir pu prendre le départ même si je me suis senti obligé d’accélérer un peu par crainte des délais. Pas la meilleure manière de commencer pour gérer une longue course. Crainte infondée finalement.

Commentaire de Siberian wolf 10 posté le 28-03-2015 à 22:30:52

Voici un lien vers des photos trouvées sur Wikipédia commons, qui reflète assez bien le parcours.
https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Les_Traces_des_Ducs_de_Savoie?uselang=fr

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